Surge glaciaire
Une surge glaciaire est un phénomène glaciaire brutal et bref qui consiste en une avancée très rapide d'un glacier.
Caractéristiques
Une surge peut durer de quelques heures à quelques semaines et faire avancer le glacier de quelques dizaines à plusieurs centaines de mètres par jour (contre quelques centimètres à quelques dizaines de centimètres en temps normal).
Certaines surges glaciaires sont périodiques (intervalle de quelques années entre deux surges) et on en rencontre dans le Svalbard, en Alaska, dans le grand nord canadien, en Antarctique et au Groenland.
Le phénomène reste mal connu mais une théorie proposée par Meier & Post en 1969 suggère que de l'eau s'accumulant dans le glacier sous la forme d'une nappe phréatique de type karstique lui fait atteindre une masse critique au-delà de laquelle le glacier ne peut plus supporter son propre poids. Le front du glacier se disloque alors et le centre du glacier avance extrêmement rapidement, entouré par des masses de glace avançant à allure normale. Au cours de ce phénomène, d'énormes quantités d'eau peuvent être libérées en charriant des blocs de glace de plusieurs centaines de tonnes (pouvant former par la suite des kettles au-delà de la moraine frontale) et des rochers qui deviendront des blocs erratiques.
D'autres surges peuvent être provoquées par un déséquilibre du glacier à la suite d'un apport de neige trop rapide (avalanches, etc), un arrêt de l'avancée d'un glacier qui se met alors à s'épaissir, un substrat rocheux trop meuble,...
Une fois la surge terminée, on assiste en général à un retrait glaciaire temporaire dû au déficit en glace.
Il ne faut pas confondre surge glaciaire et jökulhlaup.
Exemples de surges glaciaires
Surge du glacier Kutiãh
La surge glaciaire s'est produite en 1953 au Pakistan dans la vallée de même nom et a donné naissance au glacier Kutiãh le 21 mars en trois mois seulement à la faveur de la réunion de trois glaciers dans une vallée commune[1]. La vitesse du glacier Kutiãh était de 113 mètres par jour en moyenne.
Dans un premier temps, seuls quelques champs détruits ont été à déplorer. Mais lorsque le glacier Kutiãh a barré la vallée Stak en , il a créé un lac qui a obligé les habitants en contrebas à évacuer.
Le glacier Kutiãh a continué à avancer jusqu'au , date à laquelle il occupait les 12 kilomètres de la vallée Kutiãh et 2,5 kilomètres de la vallée Stak. Il a ensuite régressé très rapidement.
La surge aurait été provoquée par des apports de neige sous forme d'avalanches sur les trois glaciers qui ont donné naissance au glacier Kutiãh. Ces apports de neige ont déséquilibré les glaciers qui sont entrés en surge et se sont ensuite rééquilibrés.
Surge du glacier Variegated
Le glacier Variegated est situé en Alaska. La surge s'est produite au début de l'année 1982 et s'est poursuivie jusqu'en 1983 à raison d'une avancée de 80 mètres par jour pour le front du glacier[2].
Le glacier est dit « tempéré » (sa glace est proche du point de fusion) et il avait déjà connu d'autres surges (1906, fin des années 1920, 1947, 1964-1965). Il était sous observation depuis de nombreuses années et des forages ont permis de démontrer le lien entre pression interne de l'eau et vitesse d'avancée du glacier.
Dans une première phase, seule la surface du glacier s'est déplacée (10,4 mètres par jour) puis à partir d', c'est l'ensemble du glacier qui s'est mobilisé (65 mètres par jour pour le glacier, 80 mètres par jour pour le front du glacier).
Surge du glacier Hubbard[3]
Le glacier Hubbard est aussi situé en Alaska et la surge s'est produite en 1986.
Au printemps 1986, le glacier a commencé à avancer à raison de 34 mètres par jour (cent fois la vitesse normale) jusqu'à boucher l'accès à la mer du fjord Russel. L'eau de fonte s'est accumulée dans le fjord et le niveau de l'eau a augmenté de dix mètres ce qui a noyé les rives et fait baisser la salinité des eaux du fjord. La faune et la flore marine emprisonnées commencèrent à péricliter faisant craindre un désastre écologique.
Le glacier a continué à avancer jusqu'en juillet puis il a régressé. La surge aurait pu être provoquée par une « lubrification » du glacier avec des eaux de fonte.