Structure automatique
En informatique théorique, une structure automatique[1] est une structure définie à partir d'automates finis. L'intérêt principal de ces structures est de représenter de manière finie des objets infinis, ce qui offre un cadre « naturel » à la décidabilité de problèmes.
En particulier, la vérification de modèles de formules de la logique du premier ordre est décidable sur les structures automatiques.
Introduction
Structures
On considère des structures de la forme où :
- est un ensemble (dénombrable) ;
- sont des prédicats sur d'arités ;
- sont des fonctions (partielles) sur d'arités .
Quitte à remplacer les fonctions des prédicats caractérisant leurs graphes, on peut supposer que les structures sont purement relationnelles.
Structures récursives
Il semble naturel qu'afin de décider des propriétés logiques sur une structure, celle-ci doive posséder une représentation finie.
C'est l'idée que généralisent les structures récursives[2] : l'ensemble de leurs éléments est récursif, et les ensembles de r-uplets définis par les relations le sont également. On peut donc représenter de telles structures par une collection finie de machines de Turing.
Néanmoins les nombreux résultats d'indécidabilité[2] sur ces structures très générales montrent qu'il est nécessaire de se restreindre à certaines sous-classes, comme les structures automatiques.
Définition formelle
Structures automatiques
Une structure relationnelle est dite automatique s'il existe un alphabet fini , un langage et une fonction de décodage surjective tels que :
- , le domaine de , est un langage régulier de ;
- (qui caractérise les défauts d'injectivité) est reconnu par un transducteur synchrone (sans -règles) ;
- Pour tout prédicat d'arité , le langage est reconnu par un transducteur synchrone.
Représentations automatiques
Toute structure automatique possède une représentation automatique sous la forme où :
- est un automate fini sur qui reconnaît ;
- est un transducteur synchrone qui reconnaît ;
- Chaque est un transducteur synchrone qui reconnaît .
C'est à partir de cette représentation que l'on va décider certaines propriétés de la structure.
Exemples
- Les structures finies sont automatiques.
- L'ensemble des entiers naturels muni de l'addition est automatique. On code les entiers en base 2 avec le bit de poids fort à droite et l'addition est représentée avec un transducteur synchrone.
- On peut étendre la structure précédente avec une relation de divisibilité restreinte : si est une puissance de qui divise . Pour tout , la structure est automatique.
- Les groupes automatiques sont des cas particuliers de structures automatiques qui sont des groupes.
Représentation automatique de
Le langage est l'ensemble des mots finis sur l'alphabet {0, 1}. La fonction de décodage associe à tout mot fini m l'entier dont la représentation binaire avec le bit de poids fort à droite est m. Par exemple, le mot 00101 se décode en 4+16 = 20. L'addition est représentée par l'automate à deux états donnée dans la figure de droite.
Décidabilité de la vérification de modèles
Étant donné une représentation d'une structure automatique, la vérification de modèles d'une formule logique du premier ordre sur le langage des prédicats de la structure est décidable.
En particulier, étant donné une formule de variables libres sur ce langage, il est possible de construire un transducteur synchrone reconnaissant l'ensemble des codages d'éléments vérifiant la formule :.
Il est possible d'étendre la logique du premier ordre avec un quantificateur dont la sémantique est définie comme « il existe une infinité ». Grâce au lemme de l'étoile, on peut montrer que la vérification de modèles de cette logique étendue reste décidable sur les structures automatiques.
Propriétés remarquables
Injectivité de la représentation
À partir d'une représentation automatique d'une structure, il est possible d'en construire une représentation injective.
Une telle représentation vérifie que la fonction de décodage est injective, ou de manière équivalente, que .
Clôture
La classe des structures automatiques est closes par :
- mise à une puissance finie ;
- quotient par une relation définissable au premier ordre ;
- ajout d'un prédicat définissable au premier ordre ;
- restriction à une sous-structure dont le domaine est définissable au premier ordre.
Extensions
Par définition, les structures automatiques sont finies ou dénombrables. Il est possible d'étendre la définition à des ensembles ayant la puissance du continu via un encodage par des mots infinis, on parle alors de structure -automatique.
Notes et références
- Achim Blumensath et Erich Grädel, « Automatic Structures », Proceedings of the 15th Annual IEEE Symposium on Logic in Computer Science, IEEE Computer Society, lICS '00, , p. 51– (ISBN 0769507255, lire en ligne, consulté le ).
- (en) T. Hirst and D. Harel., « More about recursive structures: Descriptive complexity and zero-one laws », Proc. 11th IEEE Symp. on Logic in Computer Science, , p. 334-348 (lire en ligne).