AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Stencil (analyse numérique)

En mathĂ©matiques, un stencil est une reprĂ©sentation gĂ©omĂ©trique d'un rĂ©seau nodal illustrant les points d'intĂ©rĂȘt utilisĂ©s dans un schĂ©ma de discrĂ©tisation pour la rĂ©solution numĂ©rique des Ă©quations diffĂ©rentielles, notamment des Ă©quations aux dĂ©rivĂ©es partielles combinant variables temporelles et spatiales.

Le stencil de la méthode de Crank-Nicolson en une dimension.

Les stencils peuvent ĂȘtre compacts ou non, selon les niveaux utilisĂ©s autour du point d'intĂ©rĂȘt.

Étymologie

Les reprĂ©sentations graphiques d'arrangements nodaux et les coefficients associĂ©s sont vite apparus dans l’étude des Ă©quations aux dĂ©rivĂ©es partielles. Certains auteurs utilisent des termes diffĂ©rents, comme "schĂ©mas de relaxation", "instructions opĂ©rantes", "logenzes", ou "schĂ©mas de points"[1] - [2]. Le mot "stencil" a Ă©tĂ© retenu pour de tels schĂ©mas pour reflĂ©ter l'utilisation d'un stencil sur une grille de calcul afin de repĂ©rer uniquement les points utiles[2].

Calcul de coefficients

Les coefficients de diffĂ©rences finies pour un stencil donnĂ© dĂ©pendent du choix des points. Ils peuvent s'obtenir par le calcul des dĂ©rivĂ©es des polynĂŽmes de Lagrange interpolant ces points[3], par rĂ©solution d'un systĂšme linĂ©aire obtenu Ă  partir d'un dĂ©veloppement de Taylor autour de chaque point[4] ou en imposant que le stencil est exact pour chaque monĂŽme jusqu'au degrĂ© du schĂ©ma[3]. Dans le cas des points Ă©quirĂ©partis, on peut Ă©galement utiliser efficacement l'approximant de PadĂ© de xs (log x)m, avec m l'ordre de dĂ©rivation recherchĂ© et s la « distance Â» entre les nƓuds de calcul les plus Ă  gauche sur les deux Ă©tages du stencil[5].

Avec les polynĂŽmes interpolateurs de Lagrange

Un moyen d'obtenir les poids des diffĂ©rences finies est de passer par la dĂ©rivation du polynĂŽme interpolateur de Lagrange aux nƓuds de calcul du stencil choisi. Pour un stencil de longueur n, on note les polynĂŽmes d'interpolation :

On obtient ainsi un polynĂŽme pn(x) de degrĂ© n interpolant ƒ(x) en ces n points

et de son polynÎme dérivé

Ainsi, on a l'approximation de la dérivée premiÚre au point xc avec :

Le calcul des coefficients permet de retrouver les coefficients obtenus auparavant.

On remarque que la formule est totalement définie sans un pas de discrétisation, ce qui la rend directement applicable aux grilles non uniformes.

Avec les approximants de Padé

Les coefficients de pondĂ©ration des schĂ©mas peuvent ĂȘtre Ă©galement dĂ©terminĂ©s par un approximant de PadĂ©, dans le cas oĂč le schĂ©ma est semi-implicite.

On considĂšre un stencil de la forme :

oĂč les points xi sont sur une grille rĂ©guliĂšre de pas h, soit donc xi = x + ih. On remplace f (x) = eiωx :

On pose Ο = eiωh. Le schĂ©ma se rĂ©Ă©crit alors, par abus de notation :

Les coefficients optimaux s'obtiennent donc en calculant l'approximant de PadĂ© d'ordre [n,m] autour de Ο = 1.

Compacité du stencil

Un stencil compact 2D utilisant le nƓud central (en rouge) et les 8 nƓuds adjacents.

Un stencil compact n'utilise que neuf points pour la discrĂ©tisation en 2D, en l'occurrence le nƓud central et les nƓuds adjacents. Ainsi, sur une grille structurĂ©e utilisant un stencil compact en dimension 1, 2 ou 3, le nombre maximum de nƓuds utilisĂ©s est de 3, 9 ou 27 respectivement.

Les stencils compacts sont couramment utilisĂ©s et sont au cƓur de plusieurs solveurs basant leurs modĂšles sur des Ă©quations aux dĂ©rivĂ©es partielles[6] - [7]

Un stencil non compact 2D.

À l'inverse, un stencil non compact peut faire intervenir tout nƓud du voisinage du nƓud d'intĂ©rĂȘt. Le principal dĂ©savantage est que l’utilisation de points Ă©loignĂ©s va augmenter le temps de calcul nĂ©cessaire Ă  la rĂ©solution.

Stencils en une dimension

À deux points

Le stencil à deux points pour la dérivée premiÚre d'une fonction est donné par :

.

qui est obtenu classiquement par un développement limité autour de x0 :

À trois points

Le stencil à trois points pour la dérivée seconde d'une fonction est donné par :

Ce stencil compact est le plus usuel pour cette dérivée.

À cinq points

Le stencil Ă  5 points en une dimension s'Ă©tend sur la grille

Le stencil pour la dérivée premiÚre est donné par :

Il est obtenu Ă  partir des dĂ©veloppements limitĂ©s autour de x0 de ƒ(x0 ± h) et ƒ(x ± 2h) jusqu'Ă  l'ordre 3 (5 si on cherche Ă©galement une estimation de l'erreur) et en recombinant les quatre Ă©quations obtenues. On remarque ainsi qu'on a :

dont on tire :

Formellement, on devrait avoir des O(h 5) mais on peut l'écrire ainsi sans perte de généralités dans ce cadre.

Le jeu de coefficients (8, -8,-1,1) obtenu ici est un cas spécifique de l'algorithme de Savitzky-Golay.

Estimation de l'erreur

En utilisant les termes d'ordre supérieur (négligés pour l'obtention du stencil), on a une estimation de l'erreur de ce schéma [8] :

Dérivées d'ordres supérieurs

Sur un schĂ©ma Ă  cinq points, on peut obtenir des formules centrĂ©es (avec une symĂ©trie dans les coefficients autour du nƓud central) pour les dĂ©rivĂ©es d'ordres supĂ©rieurs[8] :

Deux dimensions

Sur une grille rĂ©guliĂšre 2D, le stencil Ă  5 points autour du nƓud (x, y) est donc donnĂ© par :

Il forme donc un quinconce.

Il apparait dans le calcul du laplacien discret d'une fonction Ă  deux variables[9]:

Stencils des schémas numériques usuelles

Les stencils sont reprĂ©sentĂ©s graphiquement sur une grille : le nƓud (j,n) correspond au point u(xj,tn) utilisĂ© dans le schĂ©ma.

  • SchĂ©ma d'Euler 1D (dĂ©centrage aval)
    Schéma d'Euler 1D (décentrage aval)
  • SchĂ©ma d'Euler 1D (dĂ©centrage amont)
    Schéma d'Euler 1D (décentrage amont)
  • SchĂ©ma d'Euler 1D (centrĂ©)
    Schéma d'Euler 1D (centré)
  • SchĂ©ma d'Euler implicite 1D
    Schéma d'Euler implicite 1D
  • SchĂ©ma de Crank-Nicholson 1D
    Schéma de Crank-Nicholson 1D

Références

  1. Howard W. Emmons, « The numerical solution of partial differential equations », Quarterly of Applied Mathematics, vol. 2, no 3,‎ , p. 173–195 (DOI 10.1090/qam/10680, lire en ligne, consultĂ© le )
  2. (en) William Edmund Milne, Numerical solution of differential equations., Wiley, , 1re Ă©d., 128–131 p. (lire en ligne)
  3. Bengt Fornberg et Natasha Flyer, A Primer on Radial Basis Functions with Applications to the Geosciences, Society for Industrial and Applied Mathematics, , 221 p. (ISBN 978-1-61197-402-7, DOI 10.1137/1.9781611974041.ch1, lire en ligne), « Brief Summary of Finite Difference Methods »
  4. (en) Cameron Taylor, « Finite Difference Coefficients Calculator », sur web.media.mit.edu (consulté le )
  5. Bengt Fornberg, « Classroom Note: Calculation of Weights in Finite Difference Formulas », SIAM Review, vol. 40, no 3,‎ , p. 685–691 (DOI 10.1137/S0036144596322507)
  6. W. F. Spotz. High-Order Compact Finite Difference Schemes for Computational Mechanics. PhD thesis, University of Texas at Austin, Austin, TX, 1995.
  7. Communications in Numerical Methods in Engineering, Copyright © 2008 John Wiley & Sons, Ltd.
  8. Abramowitz & Stegun, Table 25.2
  9. Abramowitz & Stegun, 25.3.30
  • (en) W. F. Spotz., High-Order Compact Finite Difference Schemes for Computational Mechanics. PhD thesis, Austin, University of Texas at Austin, (lire en ligne).
  • Communications in Numerical Methods in Engineering, Copyright © 2008 John Wiley & Sons, Ltd.
  • (en) Milton Abramowitz et Irene Stegun, Handbook of Mathematical Functions with Formulas, Graphs, and Mathematical Tables [dĂ©tail de l’édition] (lire en ligne). Ninth printing. Table 25.2.

Voir aussi

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.