Stencil (analyse numérique)
En mathĂ©matiques, un stencil est une reprĂ©sentation gĂ©omĂ©trique d'un rĂ©seau nodal illustrant les points d'intĂ©rĂȘt utilisĂ©s dans un schĂ©ma de discrĂ©tisation pour la rĂ©solution numĂ©rique des Ă©quations diffĂ©rentielles, notamment des Ă©quations aux dĂ©rivĂ©es partielles combinant variables temporelles et spatiales.
Les stencils peuvent ĂȘtre compacts ou non, selon les niveaux utilisĂ©s autour du point d'intĂ©rĂȘt.
Ătymologie
Les reprĂ©sentations graphiques d'arrangements nodaux et les coefficients associĂ©s sont vite apparus dans lâĂ©tude des Ă©quations aux dĂ©rivĂ©es partielles. Certains auteurs utilisent des termes diffĂ©rents, comme "schĂ©mas de relaxation", "instructions opĂ©rantes", "logenzes", ou "schĂ©mas de points"[1] - [2]. Le mot "stencil" a Ă©tĂ© retenu pour de tels schĂ©mas pour reflĂ©ter l'utilisation d'un stencil sur une grille de calcul afin de repĂ©rer uniquement les points utiles[2].
Calcul de coefficients
Les coefficients de diffĂ©rences finies pour un stencil donnĂ© dĂ©pendent du choix des points. Ils peuvent s'obtenir par le calcul des dĂ©rivĂ©es des polynĂŽmes de Lagrange interpolant ces points[3], par rĂ©solution d'un systĂšme linĂ©aire obtenu Ă partir d'un dĂ©veloppement de Taylor autour de chaque point[4] ou en imposant que le stencil est exact pour chaque monĂŽme jusqu'au degrĂ© du schĂ©ma[3]. Dans le cas des points Ă©quirĂ©partis, on peut Ă©galement utiliser efficacement l'approximant de PadĂ© de xs (log x)m, avec m l'ordre de dĂ©rivation recherchĂ© et s la « distance » entre les nĆuds de calcul les plus Ă gauche sur les deux Ă©tages du stencil[5].
Avec les polynĂŽmes interpolateurs de Lagrange
Un moyen d'obtenir les poids des diffĂ©rences finies est de passer par la dĂ©rivation du polynĂŽme interpolateur de Lagrange aux nĆuds de calcul du stencil choisi. Pour un stencil de longueur n, on note les polynĂŽmes d'interpolation :
On obtient ainsi un polynĂŽme pn(x) de degrĂ© n interpolant Æ(x) en ces n points
et de son polynÎme dérivé
Ainsi, on a l'approximation de la dérivée premiÚre au point xc avec :
Le calcul des coefficients permet de retrouver les coefficients obtenus auparavant.
On remarque que la formule est totalement définie sans un pas de discrétisation, ce qui la rend directement applicable aux grilles non uniformes.
Avec les approximants de Padé
Les coefficients de pondĂ©ration des schĂ©mas peuvent ĂȘtre Ă©galement dĂ©terminĂ©s par un approximant de PadĂ©, dans le cas oĂč le schĂ©ma est semi-implicite.
On considĂšre un stencil de la forme :
oĂč les points xi sont sur une grille rĂ©guliĂšre de pas h, soit donc xi = x + ih. On remplace f (x) = eiÏx :
On pose Ο = eiÏh. Le schĂ©ma se rĂ©Ă©crit alors, par abus de notation :
Les coefficients optimaux s'obtiennent donc en calculant l'approximant de PadĂ© d'ordre [n,m] autour de Ο = 1.
Compacité du stencil
Un stencil compact n'utilise que neuf points pour la discrĂ©tisation en 2D, en l'occurrence le nĆud central et les nĆuds adjacents. Ainsi, sur une grille structurĂ©e utilisant un stencil compact en dimension 1, 2 ou 3, le nombre maximum de nĆuds utilisĂ©s est de 3, 9 ou 27 respectivement.
Les stencils compacts sont couramment utilisĂ©s et sont au cĆur de plusieurs solveurs basant leurs modĂšles sur des Ă©quations aux dĂ©rivĂ©es partielles[6] - [7]
Ă l'inverse, un stencil non compact peut faire intervenir tout nĆud du voisinage du nĆud d'intĂ©rĂȘt. Le principal dĂ©savantage est que lâutilisation de points Ă©loignĂ©s va augmenter le temps de calcul nĂ©cessaire Ă la rĂ©solution.
Stencils en une dimension
- Ă deux points
Le stencil à deux points pour la dérivée premiÚre d'une fonction est donné par :
- .
qui est obtenu classiquement par un développement limité autour de x0 :
- Ă trois points
Le stencil à trois points pour la dérivée seconde d'une fonction est donné par :
Ce stencil compact est le plus usuel pour cette dérivée.
- Ă cinq points
Le stencil Ă 5 points en une dimension s'Ă©tend sur la grille
Le stencil pour la dérivée premiÚre est donné par :
Il est obtenu Ă partir des dĂ©veloppements limitĂ©s autour de x0 de Æ(x0 ± h) et Æ(x ± 2h) jusqu'Ă l'ordre 3 (5 si on cherche Ă©galement une estimation de l'erreur) et en recombinant les quatre Ă©quations obtenues. On remarque ainsi qu'on a :
dont on tire :
Formellement, on devrait avoir des O(h 5) mais on peut l'écrire ainsi sans perte de généralités dans ce cadre.
Le jeu de coefficients (8, -8,-1,1) obtenu ici est un cas spécifique de l'algorithme de Savitzky-Golay.
- Estimation de l'erreur
En utilisant les termes d'ordre supérieur (négligés pour l'obtention du stencil), on a une estimation de l'erreur de ce schéma [8] :
Dérivées d'ordres supérieurs
Sur un schĂ©ma Ă cinq points, on peut obtenir des formules centrĂ©es (avec une symĂ©trie dans les coefficients autour du nĆud central) pour les dĂ©rivĂ©es d'ordres supĂ©rieurs[8] :
Deux dimensions
Sur une grille rĂ©guliĂšre 2D, le stencil Ă 5 points autour du nĆud (x, y) est donc donnĂ© par :
Il forme donc un quinconce.
Il apparait dans le calcul du laplacien discret d'une fonction Ă deux variables[9]:
Stencils des schémas numériques usuelles
Les stencils sont reprĂ©sentĂ©s graphiquement sur une grille : le nĆud (j,n) correspond au point u(xj,tn) utilisĂ© dans le schĂ©ma.
- Schéma d'Euler 1D (décentrage aval)
- Schéma d'Euler 1D (décentrage amont)
- Schéma d'Euler 1D (centré)
- Schéma d'Euler implicite 1D
- Schéma de Crank-Nicholson 1D
Références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Stencil (numerical analysis) » (voir la liste des auteurs).
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Compact_stencil » (voir la liste des auteurs).
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Five-point_stencil » (voir la liste des auteurs).
- Howard W. Emmons, « The numerical solution of partial differential equations », Quarterly of Applied Mathematics, vol. 2, no 3,â , p. 173â195 (DOI 10.1090/qam/10680, lire en ligne, consultĂ© le )
- (en) William Edmund Milne, Numerical solution of differential equations., Wiley, , 1re Ă©d., 128â131 p. (lire en ligne)
- Bengt Fornberg et Natasha Flyer, A Primer on Radial Basis Functions with Applications to the Geosciences, Society for Industrial and Applied Mathematics, , 221 p. (ISBN 978-1-61197-402-7, DOI 10.1137/1.9781611974041.ch1, lire en ligne), « Brief Summary of Finite Difference Methods »
- (en) Cameron Taylor, « Finite Difference Coefficients Calculator », sur web.media.mit.edu (consulté le )
- Bengt Fornberg, « Classroom Note: Calculation of Weights in Finite Difference Formulas », SIAM Review, vol. 40, no 3,â , p. 685â691 (DOI 10.1137/S0036144596322507)
- W. F. Spotz. High-Order Compact Finite Difference Schemes for Computational Mechanics. PhD thesis, University of Texas at Austin, Austin, TX, 1995.
- Communications in Numerical Methods in Engineering, Copyright © 2008 John Wiley & Sons, Ltd.
- Abramowitz & Stegun, Table 25.2
- Abramowitz & Stegun, 25.3.30
- (en) W. F. Spotz., High-Order Compact Finite Difference Schemes for Computational Mechanics. PhD thesis, Austin, University of Texas at Austin, (lire en ligne).
- Communications in Numerical Methods in Engineering, Copyright © 2008 John Wiley & Sons, Ltd.
- (en) Milton Abramowitz et Irene Stegun, Handbook of Mathematical Functions with Formulas, Graphs, and Mathematical Tables [dĂ©tail de lâĂ©dition] (lire en ligne). Ninth printing. Table 25.2.