Statue équestre de Léopold II (roi des Belges) à Ostende
La statue équestre de Léopold II à Ostende est une statue érigée en la mémoire du deuxième roi des Belges.
Ruiterstandbeeld van Koning Leopold II
Type |
Statue équestre |
---|---|
Style |
Art déco |
Architecte |
Courtens Antoine |
Sculpteur |
Courtens Alfred |
Matériau |
Bronze |
Construction |
1929 |
Inauguration |
18 juillet 1931 |
Commanditaire |
La ville d'Ostende |
Pays | |
---|---|
Division administrative |
Région flamande |
Subdivision administrative |
Flandre occidentale |
Commune |
Ostende |
Adresse |
Promenade Roi Baudouin |
Coordonnées |
51° 13′ 38″ N, 2° 54′ 16″ E |
---|
Inauguré en 1931, ce monument a été réalisé par deux artistes belges : Antoine et Alfred Courtens. L'un étant l'architecte et l’autre le sculpteur.
Cette statue, ainsi que d’autres monuments représentant le roi Léopold II, sont aujourd’hui au cœur de nombreuses polémiques. En effet, les représentations du souverain font débat en raison de sa colonisation du Congo.
Contexte historique
Dès son accession au trône, le roi Léopold II a la volonté de doter la Belgique d’une colonie. Il était désireux de valoriser ses capacités commerciales et d’acquérir des matières premières. Dès 1875-1876, Léopold II porte donc un intérêt particulier pour la partie centrale du continent africain. C’est pourquoi il choisit un journaliste, Henry Morton Stanley, pour explorer l’Afrique. Il l’envoie dans le but de conclure des accords, traités avec les chefs des tribus. Ces accords serviront à constituer un État le long du fleuve Congo[1].
Dès le 19e siècle, le continent africain est convoité par plusieurs puissances européennes comme la France, la Grande-Bretagne et le Portugal. Mais, lors de la Conférence de Berlin, entre novembre 1884 et février 1885, Léopold II fait reconnaitre sa souveraineté sur le Congo parmi les autres pays européens. Il constitue alors l'État indépendant du Congo (EIC) dont il en était le chef. Le Congo était sa colonie personnelle.
Dans un objectif de rentabilité, Léopold II exploite la force de travail des indigènes. Cette époque fut horrible pour les locaux, certains en ont même perdu la vie, voire leurs mains. Cette exploitation sera le sort réservé au Congo jusqu’à ce que la Belgique en fasse sa colonie, au détriment de Léopold II. En effet, le 15 novembre 1908, l'Etat indépendant du Congo devient une colonie belge via la loi sur le gouvernement du Congo belge (Charte coloniale)[2].
Léopold II était considéré comme un grand roi, c’est pour cette raison que plusieurs statues sont exposées dans les villes belges, et à Ostende, un monument a été érigé en son honneur. L'inauguration de cette statue à sa gloire a eu lieu le 18 juillet 1931.
Au niveau national, une partie de la famille royale (le roi Albert I, la reine Elisabeth, le prince Léopold, le prince Napoléon et la princesse Clémentine) ainsi que des membres du gouvernement étaient présents. Le président de la Chambre, de la Cour de cassation et celui de la Cour d’appel ont également participé à cette cérémonie. Des représentants étrangers étaient là : l’ambassadeur espagnol, français et hongrois ainsi que des consuls généraux italiens et français étaient eux aussi présent. Une énorme foule était présente afin d’acclamer le roi.
Cette statue a été faite sur la proposition d’un des échevins de la ville d’Ostende qui voulait « consacrer le souvenir de son éminent bienfaiteur par un monument digne de ce grand monarque ».
Après avoir écouté le discours du bourgmestre d’Ostende et avoir prononcé son discours, le roi Albert I a dévoilé la statue érigée en l’honneur de son prédécesseur[3].
Localisation
Cette statue est localisée sur la Promenade du Roi Baudouin à Ostende, dans la province de la Flandre Occidentale en Belgique, sur la digue face à la mer du Nord.
Description
Cette statue équestre est également connue sous le nom de « De Drie Gapers »[4].
Ce monument est une statue en bronze de Léopold II à cheval. Il est placé sur une colonne verticale qui se trouve au centre afin de le mettre en avant. Celui-ci est représenté en uniforme militaire en train de regarder la mer du Nord. Lorsque nous sommes de l’autre côté de la digue, nous ne voyons que le roi sur son cheval, pas le reste de la statue. Cela n’est pas anodin. C’est fait dans le but que peu importe où l’on se trouve sur la digue, nous pouvons admirer la représentation de Léopold II.
La forme de la statue n’est pas sans importance. On peut constater que la colonne sur laquelle est placée la statue équestre est entourée par deux figures qui forment chacune un "L". Cela s’explique par le fait que le monogramme du deuxième Roi des belges était deux "L" détournés l’un de l’autre.
- Monogramme du Roi Léopold II
- Vue de face de la statue de Léopold II
Ce monument est divisé en 4 grandes parties :
Au centre Léopold II sur son cheval. Sur la colonne, figure l’inscription : « Ostende à son génial protecteur LÉOPOLD II ». À gauche, le peuple congolais qui remercie Léopold II de les avoir libéré de l’esclavage arabe. Cette partie de la statue est l’« Œuvre coloniale »[5]. Y figurent un colonisateur casqué, un homme vu de dos, deux femmes aux chaînes brisées, des enfants cueillant du cacao. A l'extrémité droite de cette partie, une trompe d'éléphant fait allusion au commerce de l’ivoire[6].
A droite, la population d’Ostende, plus précisément les pêcheurs de la Région qui rendent hommage à son roi. Différents personnages sont représentés dans une barque de pêche : deux hommes ainsi que trois femmes avec quatre enfants qui lèvent leurs yeux admiratifs vers le souverain en reconnaissance de la population ostendaise envers Léopold II[7]. Devant le roi, la Belgique rend hommage à son roi[8]. Elle est représentée par une figure allégorique[9].
Auteurs
Les auteurs de cette statue sont les frères Antoine et Alfred Courtens. Antoine est l’architecte de cette statue et Alfred en est le sculpteur.
Alfred Courtens vient d’une famille d’artistes. En effet, son père (Franz Courtens) était peintre comme un de ses frères (Hermann Courtens). Son autre frère, Antoine Courtens est quant à lui architecte.
Alfred se forme à l’Académie de Bruxelles. Son enseignant est le sculpteur Charles Van Der Stappen (1843-1910) et ensuite à l’Institut supérieur des beaux-arts d’Anvers avec du sculpteur Thomas Vinçotte (1850-1925)[10].
Alfred Courtens est assez connu dans le domaine des statues royales. En effet, il a sculpté plusieurs monuments en l’honneur de la Reine Elisabeth et Astrid.
Controverses
En raison du passé et des actions entreprises par le deuxième Roi des Belges au sein de l’État indépendant du Congo, les diverses statues à l’effigie de Léopold II suscitent des controverses. Certains sont pour l’enlèvement de toutes les statues de Léopold II, alors que d’autres, défendent le maintien de celles-ci.
Ce phénomène émerge à la fin du XXe siècle et au début du XXIe siècle et s’illustre plus particulièrement sous l’idée de « la décolonisation de l’espace public ». Ceux, en faveur de l'enlèvement de ces monuments, invoquent le mépris dont a fait preuve Léopold II envers le peuple congolais et que sur l'espace de près de trente ans, il a tué 10 millions de Congolais sans n'avoir jamais été au Congo. Quant à ceux qui défendent le maintien de ces sculptures représentant le deuxième roi des Belges, ils invoquent le fait qu’il faut respecter l'Histoire et qu’il faut défendre le patrimoine belge. D'autres, proclament également des discours nostalgiques et glorificateurs de la période coloniale[11].
Ces dernières années, ces monuments historiques ont été vandalisé à de nombreuses reprises afin de protester contre les symboles coloniaux qu’ils représentent.
Ainsi, en mars 2022, la statue équestre située à Ostende a été vandalisée avec de la peinture rouge[12]. Le groupe de militant a fait cela dans le but de dénoncer le passé colonial de la Belgique. Cependant, l’autorité locale, plus précisément le bourgmestre Bart Tommelein, a déclaré que si les vandales recommençait ou enlevait la statue, il en replacerait une. Il ne compte pas participé à ce genre d’actions[13]. Il y a donc une prise de position de la part de la Ville d’Ostende en ce qui concerne la décolonisation de l’espace public. En effet, ces statues sont révélatrices d’une certaine vision promue par les pouvoirs publics. Les opposants au maintien de ces statues invoquent une forme de légitimation du passé.
Cette même statue avait déjà été vandalisée en 2004. Un groupe militant avait coupé une partie de l’édifice située au pied du roi Leopold II qui constituait la main d’une personne congolaise[14]. Cet acte a été commis pour dénoncer les exactions commises sous le régime colonial du souverain[12]. Par la suite, les vandales ont proposé de rendre la main à une seule condition que la Famille royale s'excuse pour les comportements entrepris durant la période coloniale[15].
En 2020, des manifestants s’étaient rassemblés au pied de la statue pour soutenir le mouvement Black Lives Matter[13].
Des pétitions ont également été dressées pour enlever les statues représentant ce roi colonial belge[16].
Références
- « Etat Indépendant du Congo - Tourisme RDC Congo », sur www.congo-tourisme.org (consulté le )
- Jules Gérard-Libois et Benoît Verhaegen, « Le Congo », Courrier hebdomadaire du CRISP, vol. n° 1077, no 12, , p. 3 à 11 (lire en ligne, consulté le )
- « Article de presse de la Nation belge », sur uurl.kbr.be, (consulté le )
- (nl) « De Drie Gapers Oostende », sur Bezienswaardigheden.be (consulté le )
- « Article de presse du journal Le Soir », sur uurl.kbr.be, (consulté le )
- « Monument à Léopold II – Groupe des Congolais – Oostende (Ostende) | BE-monumen », sur be-monumen.be, (consulté le )
- « Monument à Léopold II – Groupe des Pêcheurs – Oostende (Ostende) | BE-monumen », sur be-monumen.be, (consulté le )
- « Monument à Léopold II – Allégorie de la Belgique – Oostende (Ostende) | BE-monumen », sur be-monumen.be, (consulté le )
- « Article de presse du Vingtième siècle », sur uurl.kbr.be, (consulté le )
- « Statue équestre du roi Léopold II – Oostende (Ostende) », sur be-monumen.be, (consulté le )
- Azzedine Hajji et Renaud Maes, « Symboles coloniaux dans l’espace public : la statue qui cache la forêt ? », La Revue Nouvelle, vol. N° 5, no 5, , p. 7–12 (lire en ligne, consulté le )
- « La statue équestre de Léopold II sur la digue d'Ostende a été recouverte de peinture rouge », sur RTBF (consulté le )
- Le Vif, « La statue équestre de Léopold II sur la digue d'Ostende recouverte de peinture rouge », sur Le Vif, (consulté le )
- Lancelot Arzel, « Les « sanglants trophées » de la conquête », Monde(s), vol. 17, no 1, , p. 109 (lire en ligne, consulté le )
- (en-US) « Equestrian statue of Leopold ll in Ostend Belgium », sur Equestrian statues, (consulté le )
- « Une pétition demande d’enlever l’ensemble des statues de Léopold II à Bruxelles », sur Le Soir, (consulté le )