Stanislaw Makowski
Stanislaw Makowski (1914-1944) fut, pendant la Seconde Guerre mondiale, un agent du Special Operations Executive, section F (française).
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(Ă 30 ans) Romorantin-Lanthenay |
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Sous-lieutenant (en) |
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Distinctions |
Identités
- État civil : Stanislaw Makowski
- Comme agent du SOE :
- Nom de guerre (field name) : « Dmitri »
- Nom de code opérationnel : MACHINIST (en français MACHINISTE)
- Autres pseudos : Maurice, capitaine Maurice
Parcours militaire : SOE, section F ; grade : captain ; matricule : no 204697
Éléments biographiques
NĂ© le en Pologne. Fils de Henryk et de Stefana Makowski, Pologne. Mari de Alice Makowski, Kensington, Londres. RĂ©sidence : Pologne.
Capt. Stanislaw Makowski est parachuté près d'Issoudun dans la nuit du 8 au , en même temps que Muriel Byck « Violette », opérateur radio, capt. Sydney Hudson (« Marc », « Albin »), chef du réseau HEADMASTER et capt. George D. Jones (« Lime », « Isidore », « Gaston »), opérateur radio du réseau HEADMASTER. Ils doivent attendre l'arrivée de Philippe de Vomécourt, le chef du réseau, qui sera déposé par Lysander le lendemain. Makowski reçoit comme tâche la préparation d'un maquis à Souesmes, le sabotage des lignes de communication allemandes dans le Loir-et-Cher et l'instruction des maquis du Loir-et-Cher en sabotage.
Fin juin, les Allemands attaquent le maquis, avec 2 000 hommes. Après avoir tué 50 Allemands et en avoir blessé 80, Makowski se retire avec ses hommes. Mais il retourne seul sur le site du camp pour détruire les munitions qui y sont restées.
Il met en place plusieurs petits maquis à Romorantin. Ils détruisent des ponts, sabotent des voies ferrées, coupent des lignes téléphoniques et, de manière générale, disloquent les communications allemandes.
Le , à l'occasion d'un engagement, Makowski est blessé au combat et arrêté. Il décède dans la nuit suivante des suites des mauvais traitements subis, à Romorantin (Loir-et-Cher)[1].
[Dans ce texte, « Maurice » et « Dimitri » sont deux pseudos de Stanislaw Makowski]
[P. 141-143] Maurice venait de Romorantin à bord de sa voiture Citroën dont les flancs étaient blindés avec des tôles de 3 mm et portait aux groupes de la Résistance du Blésois[3] des tracts imprimés clandestinement à Romorantin, contenant la proclamation du colonel Dufour. Il était au volant et avait à sa droite son fidèle compagnon Bernard Rohmer, et à l'arrière Auguste Mauny dit « Le Légionnaire ». Entre Romorantin et Neung-sur-Beuvron ils croisèrent une voiture allemande sur laquelle ils tirèrent et dont ils tuèrent un des occupants. La voiture arrivant à toute allure à Neung se heurta au convoi stationné dans l'agglomération ; par un réflexe qui lui est habituel, Maurice fonça sur l'adversaire, espérant le prendre par surprise et passer ; mais, arrivé à la hauteur du second pont du Beuvron, sur l'ancien bras, à quelques mètres de la place, comprenant la situation désespérée dans laquelle il s'engageait, il donna un violent coup de frein, qui fit pivoter d'un demi-tour la voiture placée désormais en direction de Romorantin ; malheureusement cette manœuvre hardie ouvrit la portière, et la force centrifuge projeta sur la chaussée Bernard Rohmer, qui se trouva en présence de deux sentinelles qui protégeaient le convoi ; il ouvrit le feu sur celles-ci, tandis que Mauny, à genoux à l'arrière de la voiture tirait à la mitraillette. La voiture s'arrêta à cinquante mètres plus loin pour attendre Rohmer, mais elle avait essuyé le feu de la mitrailleuse en batterie à l'entrée de l'agglomération : Mauny avait été tué et « Dimitri » blessé à l'épaule et au genou. Les sentinelles allemandes se rendirent rapidement près de la voiture et le firent prisonnier, pendant que Rohmer tentait d'échapper aux Allemands en se jetant dans le Beuvron avec l'espoir de gagner l'autre rive à la nage ; il fut atteint de plusieurs coups de feu et achevé à la grenade ; son corps resta dans l'eau pendant toute la journée. Tiré de sa voiture, Maurice fut interrogé sommairement par un officier et maltraité par les hommes. La figure tuméfiée, il fut conduit dans le parc du colonel Marais, soutenu par deux boches, et étendu sur la pelouse qui précède le château. - « Connaissez-vous cette maison, et les habitants ? » - « Non », répondit-il, et il affecta de ne connaître personne, bien qu'il soit venu la veille au château. Le colonel Marais, à son arrivée, était parti à bicyclette se réfugier dans la campagne. Madame Marais et sa famille reçurent l'ordre de se retirer au premier étage, tous volets fermés, avec défense de regarder ce qui se passait sur la pelouse. Traité sans ménagement par les Allemands, Maurice leur dit : « Vous n'avez pas le droit de ma brutaliser ; car je suis officier anglais ». À cette déclaration, les Allemands changent brusquement d'attitude, et se précipitent à la maison demander à Madame Marais des pansements, de l'alcool et un brancard. Faute de brancard, elle prête un transatlantique afin d'étendre la jambe de Maurice ; les Allemands cherchent un véhicule et finissent par réquisitionner la camionnette de M. Legourt, pour transporter le blessé à Romorantin.
Pendant cet interrogatoire, les soldats allemands, furieux de l'attaque dont ils ont été l'objet pendant l'après-midi, se répandirent dans l'agglomération, se livrant à des scènes de pillage et de terreur, tirant des coups de feu pour effrayer les habitants qui s'enferment prudemment, jetant des grenades ici et là ; ils enfoncent les volets d'un café que le débitant venait de quitter après en avoir fermé les portes ; un jeune homme étant sorti dans la cour voisine reçut un coup de mitraillette dans le ventre, et mourut deux jours plus tard ; plus loin une bagarre éclate sur la place de l'église.
Le jeune André Gavary, blessé, fut poursuivi jusque dans le parc de la Chauvellerie, au-delà de la rivière, et il échappa aux recherches, mais un peu plus tard ses cris « À boire ! » attirèrent l'attention des Allemands qui circulaient sur la route, et l'achevèrent. Enfin l'officier allemand, voyant que ses hommes étaient fatigués, fit rafler toutes les bicyclettes du bourg, afin de les aider à continuer leur marche, et la colonne partit en direction de Romorantin, où elle arriva à 21 h 30.
Le convoi défila à bicyclette dans la rue principale qui descend vers la Sauldre. Dimitri était étendu sur le transat, la jambe allongée, le bras bandé, et la veste passée sur l'épaule.
[P. 98-99] [...] De retour à Romorantin, Fouquerière, surpris de n'avoir pas vu Dimitri - celui-ci n'ayant jamais manqué un rendez-vous - eut vers 21 heures la stupeur de voir passer sous ses fenêtres, parmi un convoi allemand, sur une plateforme, affalé dans un transatlantique, son chef, le bras en écharpe, la jambe recouverte d'un important pansement. Sans un geste pouvant le trahir, Maurice jeta vers son ami un dernier regard plein de souffrance. Toute la nuit le jeune agent de liaison Boneyds surveilla les allées et venues de la Feldgendarmerie. À 5 h 30, il vint prévenir Jean Fouquerière qu'une demi-heure plus tôt la voiture des gendarmes allemands était sortie en direction de Salbris, emmenant vraisemblablement un corps roulé dans une couverture, et qu'elle venait de rentrer vide. Les recherches commencèrent alors, et vers 7 heures le corps de Maurice était retrouvé abandonné, affreusement mutilé [la figure transpercée d'un coup de baïonnette à travers les joues de part en part de la mâchoire], chemin des Gentils, à Lanthenay, à deux kilomètres de Romorantin. La Résistance le fit admettre à la morgue de l'hôpital ; le jeune étudiant en médecine Marc Segret, fils du capitaine Segret, photographia la figure estropiée de ce héros. (Voir planche 7).
Peu avant sa mort, son ami Jean Fouquetière, lui avait fait confectionner un costume spécialement conçu pour lui, puisqu'en plus des poches ordinaires, il comportait plusieurs cachettes secrètes pour y dissimuler des papiers ; les agents de la Résistance ont pu retrouver le fameux veston, qui contenait encore dans les poches secrètes les papiers qui échappèrent aux Allemands.
Les secouristes de la Résistance l'ont transporté à l'hôpital. La Résistance l'enterra clandestinement dans le cimetière de l'hôpital, où il repose encore. Sur sa tombe fut placée, après la libération, une plaque de marbre aux couleurs britanniques, avec cette inscription :
- CAPITAINE MAURICE
- Officier britannique
- MORT POUR LA FRANCE
- Le
- CAPITAINE MAURICE
[...]
Le maquis de Souesmes tend une embuscade à une colonne allemande, et blesse 150 Allemands. Lui-même a cinq hommes tués au combat, et quatre pris, torturés et exécutés. Deux chars sont détruits sur la route de Romorantin à Vierzon.
Reconnaissance
Distinctions
- Grande-Bretagne : Mention in Despatches.
- France : Croix de guerre 1939-1945
Monuments
- En tant que l'un des 104 agents de la section F morts pour la France, Stanislaw Makowski est honoré au mémorial de Valençay, Indre, France.
- À Neung-sur-Beuvron, une stèle est dressée près du pont sur le Beuvron, avec l'inscription « À LA MÉMOIRE DE TROIS HÉROS DE LA RÉSISTANCE - CAPITAINE MAURICE, ROHMER BERNARD, MAUNY AUGUSTE, TOMBÉS LE POUR LA LIBÉRATION DE LA FRANCE ». Capitaine Maurice est l'un des pseudos de Stanislaw Makowski.
- À Romorantin, un monument est érigé en l'honneur des résistants morts pour la libération de la France. Il est situé quai de l’Île Marin. Il mentionne « MAKOWSKI Dimitri, capitaine MAURICE ».
- Le mémorial de Souesmes, situé à quelques kilomètres du village, est érigé en l'honneur des maquisards morts pour la France le . Il mentionne également « Capitaine MAKOWSKI, RHOMER[4] BERNARD, MAUNY AUGUSTE » morts deux mois plus tard (voir le récit plus haut).
- Pornic War Cemetery, France, 2.AB.17
Notes, sources et liens externes
Notes
- Date selon site SFRoH.
- Source : Paul Guillaume, pages 141-143 et 98-99.
- Jean Fouquerière aux maquis de Sologne ; Audebert et Segret (Sables d'Or ; M. Massault (Veilleins)
- L'orthographe exacte est ROHMER.
Sources
- Fiche Makowski, Stanislaw, avec photographies sur le site Special Forces Roll of Honour.
- Le MĂ©morial de la section F, Gerry Holdsworth Special Forces Charitable Trust, 1992
- Michael Richard Daniell Foot, Des Anglais dans la Résistance. Le Service Secret Britannique d'Action (SOE) en France 1940-1944, annot. Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Tallandier, 2008, (ISBN 978-2-84734-329-8). Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London, Her Majesty's Stationery Office, 1966, 1968 ; Whitehall History Publishing, in association with Frank Cass, 2004. Ce livre présente la version officielle britannique de l’histoire du SOE en France.
- Paul Guillaume, La Résistance en Sologne, J. Loddé, sans date (1946 ?).