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Sophie Doin

Sophie Doin (née Mamy à Paris le , où elle est morte le [1]) était une romancière et essayiste française dont les écrits ont contribué au renouveau de l'abolitionnisme en France au cours des années 1820[2]. Elle s'est attaquée aux abus commis dans les colonies françaises, notamment en Guadeloupe et en Martinique, où l'esclavage s'est maintenu pendant des décennies après la déclaration d'indépendance d'Haïti en 1804. Dans ses divers écrits anti-esclavagistes, notamment le roman La Famille noire, ou le Traité de l'esclavage, elle a attiré l'attention du public français sur les injustices commises par le système négrier[3]. Elle a appelé à un traitement plus humain des Noirs, à l'abolition de la traite des esclaves et à un enseignement religieux et pratique qui préparerait les esclaves à une émancipation éventuelle[4].

Sophie Doin
Biographie
Naissance
Décès
(à 46 ans)
Paris
Nationalité
Activité

Biographie

Sophie Doin était la seule enfant d'une riche famille parisienne, arrière-petite-fille du sculpteur Nicolas-François Gillet[5]. En 1820, elle épouse un médecin, Guillaume-Tell Doin, en mauvaise santé et financièrement irresponsable. Des conflits ont éclaté au cours des dernières années de leur mariage, que Doin raconte dans ses œuvres autobiographiques[6]. Jusque-là, cependant, Sophie et Guillaume Tell ont travaillé ensemble pour faire avancer un large éventail de causes philanthropiques et sociales, y compris l'indépendance de la Grèce. Ils étaient protestants, à l'instar d'autres écrivains anti-esclavagistes, tels qu'Auguste de Staël et sa mère Germaine de Staël[7].

Au cours des années 1820, lorsqu'un mouvement anti-esclavagiste se développa en France, Sophie et Guillaume Tell s'associèrent à la Société de la morale chrétienne, qui fournissait des informations sur l'esclavage, provenant en grande partie de sources britanniques, où l'abolitionnisme était beaucoup plus développé qu'en France. Les membres de la Société étaient des libéraux qui soutenaient généralement une monarchie constitutionnelle[8].

La Famille noire ou la Traite de l'esclavage est l'œuvre abolitionniste la plus importante de Sophie Doin[9]. Écrite dans un style polémique, La Famille noire s’appuie sur des sources britanniques pour plaider en faveur de la fin de la traite des esclaves et de l’amélioration du sort des Noirs vivant en esclavage. Elle attire l'attention sur leurs liens familiaux forts et leur aptitude à l'éducation. Elle plaide pour l'abolition de la traite des esclaves sans toutefois revendiquer une pleine émancipation des esclaves, qui ne sera présente dans les discours abolitionnistes en France que dans les années 1840[10]. Dans ses nouvelles Blanche et Noir et Noire et Blanc, elle promeut le mariage interracial[11]. Elle célèbre l'indépendance acquise par les Haïtiens en 1804 et voit en Haïti un symbole d'espoir pour les Noirs du monde entier. Dans la nouvelle Le Négrier, comme dans ses autres écrits, Sophie Doin exprime son point de vue selon lequel l'empathie et la supériorité morale des femmes leur confèrent un rôle particulier à jouer dans la lutte contre l'esclavage[8].

Sophie Doin reste une figure mineure de l'histoire de la littérature française du XIXe siècle. Ses œuvres sont éclipsées par les écrits français les plus connus sur les esclaves, notamment Ourika de Claire de Duras et Bug-Jargal de Victor Hugo. Le mérite littéraire de ces œuvres justifie indiscutablement la plus grande considération littéraire qu’elles ont reçue. Les arguments de Sophie Doin contre les abus de l'esclavage sont toutefois beaucoup plus directs et complexes que les leurs. Ses écrits méritent donc une étude sérieuse en tant que contributions à l'histoire de la pensée abolitionniste française[8].

Œuvres

  • La Famille noire ou le Traité de l'esclavage, 1825
  • Cornélie, nouvelle grecque, suivie de six nouvelles, 1826
  • Cinq Chansons, 1831
  • Poésies, 1931
  • Théâtre, 1832-1838
  • Quelques pensées d'une femme sincèrement dévouée à la royauté de juillet, 1835
  • Le Christianisme, journal populaire, 1836-1838
  • Avis au public, 1842
  • Mémoire simple, 1842
  • Un cri de mère, 1843
  • Ma semaine, 1845

Notes et références

  1. Paris, État civil reconstitué, vue 42/51.
  2. Doris Y. Kadish, Pères, filles et esclaves du monde francophone, Liverpool, Presse universitaire de Liverpool, 2012.
  3. Doris Y. Kadish, La Famille noire suivie de trois nouvelles blanches et noires, Paris, L'Harmattan, 2002, introduction.
  4. Kadish, « Haïti et l'abolitionnisme en 1825: l'exemple de Sophie Doin », Yale French Studies, 107 (2004), p. 108-30.
  5. Sophie Doin, Simple Mémoire, 1842
  6. Doin, Avis au public, Simple Mémoire et Un cri de mère.
  7. Kadish, La Famille noire, suivie de trois nouvelles blanches et noires, Paris, L'Harmattan, 2002, introduction.
  8. Kadish, Pères, Filles et Esclaves dans le monde francophone, Liverpool, Presse universitaire de Liverpool, 2012, chapitre 5.
  9. Cora Monroe, « Le sujet noir de La Famille noire », Esprit créateur, 47, 4 (2007), p. 105-17.
  10. Kadish, « Haïti et l'abolitionnisme en 1825 : l'exemple de Sophie Doin », Yale French Studies, 107 (2004), p. 108-30.
  11. Roger Little, « Du tabou au totem : homme noir, femme blanche dans Caroline Auguste Fischer et Sophie Doin », Modern Language Review, 93, 4 (1998), p. 948-60.

Liens externes

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