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Solresol

Le solresol est une langue construite inventée par François Sudre (né à Albi en 1787, mort à Paris en 1862), dans le but de pouvoir parler à n'importe qui dans le monde (même aveugle) avec des mots composés du nom des notes de musique : do, ré, mi, fa, sol, la, si (la note si étant parfois notée ti selon la méthode de Sarah Ann Glover).

D'abord nommée Langue musicale universelle, dans le livre de Sudre publié en 1866 (soit 4 ans après sa mort), cette langue fut appelée définitivement Solresol (pour « langue en Solresol ») après la parution, en 1902, de la Grammaire du Solresol, ou Langue Universelle de François Sudre de Boleslas Gajewski.

En enchaînant les noms de notes, on crée des mots. Chaque mot a plusieurs traductions possibles (synonymes) et s'écrit soit par les notes entières soit par leurs initiales (sauf pour sol qui est noté so pour se différencier du si noté s). Cependant, la volonté de Sudre (d'après l'ouvrage de 1866) est claire : la langue se veut d'abord et surtout musicale, pour ainsi tendre à être universelle.

Elle privilégie l'écriture musicale, le livre de Sudre définissant chaque mot dans son écriture musicale. Seul le dictionnaire inverse qui s'adresse au public francophone est écrit en translittération francophone du nom français des notes musicales. La première version de cette langue (vers 1820) ne comportait que 4 notes, parce qu'elle ne s'adressait réellement qu'au clairon (avec lequel il est difficile de jouer plus de 4 notes) et n'avait pas du tout à être vocalisée.

Vocabulaire

Le vocabulaire de la langue est fondĂ© sur un arrangement avec rĂ©pĂ©tition des sept notes de musique. Les mots sont divisĂ©s en plusieurs catĂ©gories, d’abord rĂ©partis selon leur nombre de notes : les petits mots, particules usuelles et pronoms utilisent 2 notes (soit 72=49 mots), les mots souvent utilisĂ©s en utilisent 3 (73=343 mots). Ă€ partir de 4 notes, les 2 401 mots possibles sont rĂ©partis par thĂ©matique[1] :

  • Do → L’homme physique et moral, ses qualitĂ©s, ses facultĂ©s intellectuelles, son alimentation ;
  • RĂ© → Les objets de la maison, de toilette, de mĂ©nage, et la famille ;
  • Mi → Les actions de l’homme et ses dĂ©fauts ;
  • Fa → La campagne, les voyages, la guerre, la marine ;
  • Sol → Les beaux-arts et les sciences ;
  • La → L’industrie et le commerce ;
  • Si → La ville, le gouvernement et l’administration.

Exemple de vocabulaire

D'abord les mots de base :

  • do → non, pas, point, ne, ni ;
  • sol → si (condition) ;
  • rĂ© → et, ainsi que ;
  • la → le ;
  • mi → ou, ou bien ;
  • si → oui, soit, volontiers, d'accord ;
  • fa → Ă , au.

Ensuite les composés :

  • dorĂ© (dr) → je, moi ;
  • dola (dl) → on, quelqu'un, le prochain ;
  • domi (dm) → tu, toi ;
  • dosi (ds) → autre ;
  • dosol (dso) → soi, soi-mĂŞme ;
  • rĂ©do (rd) → mon, le mien ;
  • rĂ©sol (rso) → notre, le nĂ´tre ;
  • rĂ©mi (rm) → ton, le tien ;
  • rĂ©la (rl) → votre, le vĂ´tre ;
  • rĂ©fa (rf) → son, le sien ;
  • rĂ©si (rs) → leur, le leur ;
  • mido (md) → pour, afin de, afin que ;
  • misol (mso) → bien.

Grammaire

Une des caractéristiques du Solresol est que les mots ayant des sens contraires ont leurs syllabes inversées l’un par rapport à l’autre. Par exemple : fala (bon) et lafa (mauvais), midoréfa (avant) et farédomi (après).

Des variations à partir du mot de base, généralement le verbe, sont créées en accentuant une note : nom abstrait (1re), agent (2e), adjectif (3e), adverbe (4e). L'accentuation peut être remplacée par les dièses par commodité. Exemple :

  • rĂ©solmila → continuer ;
  • rĂ©solmila ou rĂ©#solmila → continuation, continuitĂ©, continuum ;
  • rĂ©solmila ou rĂ©sol#mila → continuateur/trice ;
  • rĂ©solmila ou rĂ©solfala→ continuel, continu ;
  • rĂ©solmila ou rĂ©solmila#→ continuellement, continument.

Les temps sont formés par ajout d’un mot (une répétition de deux notes) :

  • dodo → passĂ© ;
  • rĂ©rĂ© → plus-que-parfait ;
  • mimi → futur ;
  • fafa → conditionnel ;
  • solsol → impĂ©ratif ;
  • lala → participe prĂ©sent ;
  • sisi → participe passĂ©.

Exemple d'utilisation

La langue musicale universelle est un « héros » invisible[Note 1] mais audible dans Rencontres du troisième type, film de Steven Spielberg (1977).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Notes

  1. Pas tout à fait en réalité, car les notes sont régulièrement accompagnées soit de gestes précis de la main soit de lumières colorées spécifiques.

Références

  1. François Sudre, Langue Musicale Universelle, (lire en ligne [PDF]).
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