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Solidarité (mouvement)

Le mouvement Solidarité (Solidariteit Beweging en afrikaans) est un réseau rassemblant un ensemble d’organisations afrikaans dans le but de promouvoir l’autosuffisance des Afrikaners ou défendre leurs intérêts en tant que minorité ethnique et groupe communautaire dans l'Afrique du Sud contemporaine. Constitué officiellement en 2012 autour du syndicat Solidariteit, il est présidé par Flip Buys.

RassemblĂ© autour du concept de Selfstanderpolitiek (la politique de se tenir debout[1]), le rĂ©seau comprend une vingtaine d'organisations et partenaires, reprĂ©sentant selon les dirigeants du mouvement, 1 000 000 de familles (pour 340 000 adhĂ©rents en 2015[2]). La plus importante de ces organisations affiliĂ©es est Afriforum, par ailleurs la plus importante ONG afrikaner du pays.

Organisations affiliées au réseau du mouvement Solidarité

Etudiants de Sol Tech sur le site de Centurion

Une vingtaine d'organisations, indépendantes ou autonomes, mais juridiquement distinctes, sont membres du mouvement Solidarité. On y trouve notamment les organismes suivants [3]:

  • Solidariteit, syndicat dont le premier dirigeant, Flip Buys, est Ă  l'origine du mouvement;
    • S Leer, centre d'apprentissage et de formation continue pour les personnes actives (subdivision du syndicat SolidaritĂ©) ;
    • Solidarity Building Fund, un groupement de collecte de fonds, crĂ©Ă© sur le modèle du mouvement Helpmekaar et de l'association Reddingsdaadbond pour financer l'autonomisation de la communautĂ© afrikaans;
    • Le Fonds juridique de solidariteit, organisme juridique du rĂ©seau, gĂ©rĂ© par le syndicat Solidariteit ;
  • Afriforum, organisation non gouvernementale de dĂ©fense des droits civiques et culturels de la communautĂ© afrikaans, fondĂ© en 2006. Il s'agit de la plus importante organisation afrikaner d'Afrique du Sud en nombre de membres (environ 7 % de la population afrikaner en est membre[4]);
    • De Goede Hoop, rĂ©sidence universitaire privĂ©e, chrĂ©tienne et afrikaans pour les Ă©tudiants et Ă©tudiantes de l'UniversitĂ© de Pretoria. Elle a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e par AfriForum en 2017 ;
    • Forum Films, une sociĂ©tĂ© de production de court, moyens et longs mĂ©trages en afrikaans pour la tĂ©lĂ©vision et le cinĂ©ma, lancĂ© officiellement par AfriForum le ;
  • Solidarity Helping Hand, fondĂ© en 1949, financĂ© par des dons. Sur le modèle de l'association Reddingsdaadbond, intervient dans le domaine social en aide aux communautĂ©s afrikaanophones (aide Ă  l'Ă©ducation, lutte contre la pauvretĂ©) et principalement, de fait, aux Afrikaners en situation de pauvretĂ© ;
    • Studiefondssentrum : subdivision de Solidarity Helping Hand, il s'agit d'un organisme de crĂ©dit visant Ă  fournir des prĂŞts sans intĂ©rĂŞts pour effectuer des Ă©tudes supĂ©rieures.
  • la FĂ©dĂ©ration des organisations culturelles afrikaans, association culturelle et pĂ´le de rĂ©flexion communautaire afrikaner Ă©litiste. CrĂ©Ă©e en 1929, elle est Ă  la tĂŞte elle-mĂŞme d'un rĂ©seau national et international comprenant une vingtaine d'association ;
    • Le Fonds d'histoire, crĂ©Ă© en 2016 et gĂ©rĂ© par la FAK, vise Ă  soutenir les projets d'histoire concernant l'histoire des Afrikaners ;
  • Akademia, un Ă©tablissement d'enseignement supĂ©rieur privĂ©, permettant l'enseignement en ligne en afrikaans ;
  • Sol-Tech, un Ă©tablissement d'enseignement technique en afrikaans, situĂ© d'abord Centurion puis Ă  Hermanstad Ă  Pretoria West ;
  • Skoleondersteuningsentrum, Ă©tablissement de formation privĂ© axĂ© sur le dĂ©veloppement professionnel et personnel des enseignants. Il apporte une aide logistique et juridique aux Ă©coles afrikaans et Ă  leurs enseignants, et apporte une aide au dĂ©veloppement de nouvelles Ă©coles chrĂ©tiennes de langue afrikaans ;
  • Wolkskool, Ă©cole en ligne disposant un enseignement en afrikaans ;
  • Kraal publishers (Kraal Uitgewers), maison d'Ă©ditions crĂ©Ă©e en 2007, spĂ©cialisĂ©e sur l'histoire de l'Afrique du Sud ;
  • Maroela Media, mĂ©dia d'information en langue afrikaans et plateforme d'Ă©changes communautaires Ă  visĂ©e culturelle;
  • De Kock Trust, Ă©tabli en 1998, vise Ă  mobiliser les investissements dans des projets communautaires afrikaans ;
  • Pretoria FM, anciennement Radio Pretoria, une station de radio indĂ©pendante et communautaire de langue afrikaans, partenaire du mouvement SolidaritĂ©.
  • South African Agri Initiative (Saai), rĂ©seau d'intĂ©rĂŞt agricole, partenaire du mouvement.

Financement

Le mouvement se finance au travers de ses quatre organisations financières et par les cotisations de ses membres (individus ou organisations).

Historique

La création du mouvement est l'épilogue dune fragmentation de l'identité afrikaner débutée au cours des années 70 et amplifiée avec la déliquescence du parti national qui avait soutenu et porté le nationalisme afrikaner jusqu'à son paroxysme en mettant en place, à la fin des années 1940, l'apartheid entre les blancs et les communautés noires (majoritaires) d'Afrique du Sud.

Après les élections générales sud-africaines de 1994 qui mettent fin à la domination politique afrikaner de l'Afrique du Sud, la mythologie narrative de l'identité afrikaner doit être réformée et débarrassée de ses stigmates résultant de son étroite association avec l'apartheid. Si certains Afrikaners se tournent complètement vers la culture anglophone sud-africaine et renient leur origine ethnolinguistiques[5], d'autres s'attachent à leur identité qu'ils perçoivent comme menacée par les politiques (économiques, culturelles, linguistiques) menées par un gouvernement sud-africain hostile à l'afrikaans et qui les traite, selon eux, en citoyens de seconde classe. Ainsi, plusieurs activistes tels Dan Roodt alertent régulièrement leur communauté pour défendre activement leur identité et spécificité afrikaans contre l'avancée de la langue et culture anglaise dans l'éducation, l'édition, l'administration et l'entreprise (Roodt évoque notamment le risque d'un génocide culturel de leur communauté[6]). L'historien Hermann Giliomee (ancien opposant à l'apartheid) évoque de son côté la frustration et la désillusion sans cesse croissante des Afrikaners qui s'estiment aliénés dans l'Afrique du Sud post-apartheid notamment par les politiques de quotas et de discriminations positives. Par ailleurs, la forte criminalité, la délinquance et la déliquescence des services publics les rendent amères. Giliomee note particulièrement l'impact du traitement réservé à la langue afrikaans, évincée des écoles publiques et des universités et remplacée par l'anglais, y compris dans les autres secteurs publiques, devenant de facto la lingua franca d'un pays qui compte 11 langues officielles. Pour Giliomee, la vitalité des Afrikaners en tant que communauté distincte peut leur permettre de relever les défis, de se réinventer et de ne pas disparaitre[7].

C'est dans ce contexte que le mouvement Solidarité se constitue, rassemblant en un réseau plusieurs organisations afrikaners. À l'origine se trouve le syndicat Solidariteit dirigé par Flip Buys. Comme l'objet social du syndicat Solidariteit est le droit du travail et la négociation collective, il ne peut mener en son nom un projet qui va bien au-delà de l'activité syndicale. En s'inspirant des différentes institutions d'entraides créées au début du XXe siècle pour sortir les Boers de la pauvreté et développer une autosuffisance communautaire face à l'impérialisme britannique et à des gouvernements pro-britanniques, Buys va donc constituer un réseau activiste communautaire qui est officiellement lancé en 2012. L'objectif affirmé par le mouvement est de créer un avenir pour la communauté culturelle afrikaner et la communauté de langue afrikaans, un avenir où ils pourraient être « libres, en sécurité et prospères »[8].

En , le mouvement rassemble ses membres au Voortrekker Monument pour réfléchir sur le sort de la minorité afrikaner dans l'Afrique du Sud contemporaine. Une motion est adoptée pour étudier les possibilités d'autodétermination des Afrikaners en Afrique du Sud. Un plan de 3,5 milliards de rands est alors conçu pour mettre en place toute une série de prestations pouvant être proposée à la minorité afrikaner et qui ne le seraient pas ou plus par le gouvernement d'Afrique du Sud (formations diverses en afrikaans, recours à des sociétés de sécurité, financement d'activités artistiques et culturelles, aides à la préservation du patrimoine culturel et historiques des Afrikaners, aides juridiques ...).

Ce projet global communautaire est critiqué car il mettrait à l'écart les Afrikaners de la réalité sud-africaine [9] et de la «nation arc-en-ciel» et effacerait ou limiterait leurs liens sociaux avec leurs autres compatriotes sud-africains. Néanmoins, le succès de Solidarité et de ses mouvements affiliés soulignent l'existence d'un fort soutien à la base à ce projet postnationaliste chez les Afrikaners en le sens qu'il n'a pas d'ambition sécessionniste et que son objectif est d'assurer la sécurité culturelle, physique et psychologique des Afrikaners (un volkstaat spirituel[10]).

Notes et références

  1. Joanie Thibault-Couture, Le Solidarity Movement et la restructuration de l’activisme afrikaner en Afrique du Sud depuis 1994, Université de Montreal, 2017, p 11
  2. Esté Meyer Jansen, Toekomsberaad: Doenplanne wat sal werk., Maroela Media, 2015
  3. What is the Solidarity Movement?, Solidarité Movement, 24 juillet 2020
  4. Joanie Thibault-Couture, Le Solidarity Movement et la restructuration de l’activisme afrikaner en Afrique du Sud depuis 1994, Université de Montreal, 2017, p22
  5. Herman Giliomee, The Afrikaners: Biography of a People, Cape Town: Tafelberg, 2012, p 692
  6. Dan Roodt, Die oorlog teen Afrikaans is deel van die volksmoord, Praag.com, 2015, cité par Adriaan Steyn, voir infra, p 18
  7. Herman Giliomee, The Afrikaners: Biography of a People, Cape Town: Tafelberg, 2012, (ISBN 978-1849041485) p. 715
  8. cité par Adriaan Steyn, A new laager for a new South Africa Afrikaans film and the imagined boundaries of Afrikanerdom, Université de Leyde, 2019, p 20
  9. Johan Van Rooyen, The New Great Trek: The Story of South Africa’s White Exodus. Pretoria: Unisa Press, 2000, p 17
  10. Chris Brink, Lesser Place: The taaldebat at Stellenbosch, Stellenbosch: SUN PReSS, 2006, p 79

Liens externes

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