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Société d'agriculture et de commerce de Caen

La Société d’agriculture et de commerce de Caen est une société savante fondée au XVIIIe siècle dans le but de diffuser l’innovation technique pendant la première industrialisation.

Société d'agriculture et de commerce de Caen
Histoire
Fondation
Cadre
Type
Domaines d'activité
Siège
Pays
Organisation
Présidents
Paul de Longuemare (d), Louis Doynel de Saint-Quentin, Gabriel Hébert (d) (depuis )

Histoire

XVIIIe siècle

La première société de ce type, la Society for improvement of husbandry, a été fondée à Dublin en . En France, c’est en , à Rennes, qu’a été constituée la première société d’agriculture, la Société d'agriculture, de commerce et des arts de Bretagne. Devant le succès de cette dernière, Henri Léonard Jean Baptiste Bertin, contrôleur général des finances de Louis XV, publie une circulaire le pour enjoindre aux intendants de créer des sociétés sur le même modèle dans leur généralité ; une vingtaine sont créées entre 1762 et 1765[1]. La Société d’agriculture et de commerce de Caen a, quant à elle, été instituée par un arrêt du Conseil d’État du ; les premiers membres de la société, au nombre de 27, ont été directement désignés par Louis XV[2]. La première réunion a lieu le [3].

Les membres de ce type de société, composée de membres associés et de correspondants, se cooptent au sein des grands propriétaires fonciers; les simples cultivateurs y sont rares. On y débat de questions diverses ayant trait aux maladies du bétail ou des végétaux, à l’utilisation de cendre comme engrais ou à la liberté de commerce du grain. On y écrit et lit des correspondances et on publie des mémoires. En lien avec l’académie d'équitation de Caen, la société mène également des travaux sur l’amélioration des races de chevaux normands[4]. Mais ces débats restent théoriques et laissent peu de place à l’action pratique[1]. Du fait de son manque d’activité et de son inefficacité à donner une impulsion nouvelle à l’exploitation des sols de la généralité de Caen, son intendant, François-Jean Orceau de Fontette se désintéresse de l’institution[3]. Ainsi en , Charles-Nicolas Desmoueux écrit-il au nouvel intendant Charles d'Esmangart : « Il faudrait réveiller tout à fait cette société qui s’est adonnée à un sommeil trop long, l’aiguillonner fortement et renouer avec tous ses membres une correspondance trop longtemps et mal à propos interrompue[3] ». Comme les autres sociétés savantes de la ville, elle cesse ses activités pendant la Révolution française.

XIXe siècle

Le , le préfet du Calvados, Charles Dugua, installe à nouveau la société ; Antoine-François Fourcroy prononce un discours à l’occasion de son inauguration[5]. Le , un décret a reconnu cette institution comme étant d’intérêt public[6].

Lors d’un congrès scientifique en 1842, l’institution est présentée ainsi : « La Société d’agriculture et de commerce de Caen s’occupe, comme son titre le fait connaître, de tout ce qui peut contribuer au développement et à l’amélioration de ces deux branches importantes de l’économie sociale. Culture des terres, éducation des bestiaux, extension du commerce, tels sont les points capitaux autour desquels elle développe toute l’activité et tout le zèle dont elle est capable[7]. »

Dans la lignée du mouvement physiocrate, la société d’agriculture, qui réunit dans le Pavillon des sociétés savantes (ancien bureau de la police de la foire)[2], vise à diffuser les découvertes agronomiques permettant d’améliorer la productivité dans les riches contrées agricoles de Normandie. Pour cela, la société publie des périodiques (bulletins et mémoires), organise des concours agricoles et prodigue un enseignement agricole. En , s’appuyant sur l’exposition des produits de l'industrie française qui se tient à Paris, la Société en organise une propre au Calvados[8]. Les 26 et , la Société a également organisé les premières courses de chevaux sur la Prairie, qui a par la suite été aménagée en hippodrome[9].

En ce qui concerne le commerce, la société savante a œuvré pour améliorer l’accès à la ville de Caen et notamment celle de son port. Elle a ainsi contribué à l’aménagement des docks[7] sur l’Orne et sur l’Odon, transformé en bassin Saint-Pierre. Elle a également appuyé le projet d’aménagement de l'Orne visant à rendre navigable le fleuve de son embouchure jusqu’à Argentan et à creuser un canal pour le relier au bassin de la Loire[10]. Ce projet a échoué, mais la Société a néanmoins encouragé la réalisation du canal de Caen à la mer[7], finalement inauguré en 1857. La société a également proposé en 1855 un projet de tracé pour le chemin de fer de Granville à Paris en passant par Caen[11].

Membres

Ont été membres ou associés de la société d’agriculture et de commerce de Caen (ordre chronologique de naissance) :

Présidents
IdentitéPériodeDurée
DébutFin
Georges de Mathan
( - )
20 ans
Gabriel Hébert (d)
( - )
David Beaujour (d)[19]
( - )
46 ans
Jules Morière
( - )
4 ans
Louis Doynel de Saint-Quentin
( - )
Paul de Longuemare (d)
( - )

Notes et références

  1. René Pillorget et Suzanne Pillorget, France baroque, France classique, t. 2, Paris, Robert Laffont, (lire en ligne), p. 1169.
  2. Guillaume-Stanislas Trébutien, Caen : précis de son histoire, ses monuments, son commerce et ses environs, Caen, A. Hardel, .
  3. Robert Patry, Une ville de province : Caen pendant la Révolution de 1789, Condé-sur-Noireau, Charles Corlet, , p. 67.
  4. A.-J. Bourde, « L’Agriculture à l’anglaise en Normandie au XVIIIe siècle », Annales de Normandie, vol. 8, nos 8-2, , p. 227.
  5. Grégoire-Jacques Lange, Éphémérides normandes, t. 1, Caen, Imprimerie de Bonneserre, , p. 299–300.
  6. Collection complète des lois, décrets, ordonnances, règlements et avis du Conseil d’État, Paris, (lire en ligne sur Gallica), p. 640.
  7. M. Le Cerf, « Contribution de M. Le Cerf, délégué de la société d’agriculture et de commerce de Caen, au dixième congrès scientifique de France, tenu à Strasbourg en septembre et octobre 1842 », dans Mémoires et procès-verbaux, vol. 10, partie 1, (lire en ligne), p. 134.
  8. Société d’agriculture et de commerce de Caen, Catalogue des produits des arts du Département du Calvados, Caen, A. le Roy, , 40 p. (lire en ligne).
  9. François Robinard, Caen avant 1940 : rétrospective de la vie caennaise de 1835 à 1940, Caen, Éditions du Lys, .
  10. Grégoire-Jacques Lange, Mémoire sur le port de Caen : sur l’avantage qu’il y aurait à rendre l’Orne navigable depuis cette ville jusqu’à Argentan, et sur la possibilité de la faire communiquer avec la Loire par la Mayenne ou la Sarthe, sans aucune dépense pour l’État, Caen, F. Poisson, .
  11. Tableau analytique des délibérations du conseil général du Calvados d’après l’annuaire du département : sessions de 1833 à 1863, Caen, Pagny, (lire en ligne), p. 46.
  12. Ferdinand Höfer, Nouvelle Biographie générale : depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, Paris, Firmin-Didot, (lire en ligne), p. 920.
  13. Le Nobiliaire universel ou recueil général des généalogies historiques et véridiques des maisons nobles de l’Europe, t. 4, Paris (lire en ligne), p. 245
  14. Claude Quétel, « Un Caennais, ministre de Charles X », Annales de Normandie, vol. 31, nos 31-2, , p. 197 (lire en ligne, consulté le ).
  15. « Notice BnF » (consulté le ).
  16. Isidore Pierre, « Société d’agriculture et de commerce de Caen. Concours d’enseignement agricole et horticole élémentaire. Rapport fait, au nom d’une commission spéciale, par M. I. Pierre,... le... 23 novembre 1876 », Société d’agriculture et de commerce, Caen, , p. 7 (lire en ligne sur Gallica [in-8°], consulté le ).
  17. Paul-L.-M. Drouet, Les Institutions artistiques et les beaux-arts en général aux États-Unis, au Canada et à l’Exposition de Chicago en 1893 : avec une notice complémentaire sur la ville de Boston et diverses associations américaines, Caen, , 210 p., 1 vol. ; gr. in-8° (lire en ligne sur Gallica).
  18. Ibid., lire en ligne sur Gallica
  19. « https://www.persee.fr/doc/annor_0003-4134_1999_num_49_3_1216 »

Bibliographie

  • André Rostand, Bulletin de la société des antiquaires de Normandie, t. 37, Paris (lire en ligne), p. 293-342.
  • Pierre-Aimé Lair, Rapport général sur les travaux de la Société d’agriculture et de commerce de Caen, Caen, F. Poisson, (lire en ligne).
  • Pierre-Aimé Lair, « Fête décennale de la Société d’agriculture et de commerce de Caen : célébrée », dans Société d’agriculture et de commerce de Caen, Caen,, F. Poisson, .
  • Étienne Vivier, « La société d’agriculture et de commerce de Caen entre 1801 et 1851 », Annales de Normandie, Caen, Laboratoire d’ethnographie régionale, vol. 49, no 3, , p. 251-271 (ISSN 0003-4134, lire en ligne, consulté le ).

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