Société commerciale interocéanique
La Société commerciale interocéanique, fondée au milieu du XIXe siècle par Ferdinand Kronheimer, est une société de négoce qui fut parmi les toutes premières du Havre[1], contrôlée par une famille de négociants protestants havrais originaires de Bavière, dont est issu l'ex-secrétaire d’État et maire du Havre Antoine Rufenacht.
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Ferdinand Kronheimer |
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Histoire
La maison de négoce située rue Gallieni au Havre[2] existe depuis 1840[2]. Elle a été fondée par Ferdinand Kronheimer (1821-1895), un protestant bavarois[3] dont le père Nathan Kronheimer est décédé en 1851 à Binswangen, en Bavière[4].
Arrivé d'Allemagne à une époque où le commerce en France était prospère, Ferdinand Kronheimer a épousé en 1859 Françoise Sophie Adèle Marie Mouron (1833-1914), originaire du Pas-de-Calais[4]. L'un de leurs six enfants, Ferdinand Kronheimer (1865-1888), décède à 23 ans[4], qui lui donne 4 filles et 2 garçons, dont l'un, Ferdinand Kronheimer (1865-1888), qui porte le prénom de son père, décède à 23 ans. Le fondateur est aidé par son autre fils Charles Félix Kronheimer (1867-1944), qui devient consul au Havre du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes, la future Yougoslavie. Ils développent l'affaire autour du café et des épices[1], deux points forts du port du Havre, ou encore du bois[1], et d'autres matières premières.
La société de négoce Kronheimer est reconstituée en 1916 sous le nom d'Interocéanique, avec le concours, comme vice-président, de Wladimir Konchine, ancien directeur de la Banque d'État de l'Empire russe. Elle est dirigée à partir de ce moment-là, par Jacques Edouard Edmond Rufenacht (1862-1924), courtier en café[3] né en 1862 à Strasbourg, dans une famille d'hôteliers, qui a épousé en 1892 Maria Latham (1873-1965), la petite-fille de Charles Latham (1795-1875). La famille Rufenacht-Kronheimer a noué ainsi des liens avec celle du riche négociant anglais installé au Havre[1]. Elle se spécialise dans l'importation de café à partir de 1928, tout d'abord en provenance des Antilles et du Brésil, avec la marque Café Labrador, Santa Catarina et Brasileiro, grâce à une usine pouvant torréfier 12 tonnes de café par jour et une vingtaine d'agents pour placer ses produits. La Société commerciale interocéanique a aussi une importante succursale à Paris pour le sucre[2].
Elle se spécialise dans l'arabica[1] en provenance des hauts-plateaux de Madagascar[2] en 1950, après la baisse de production malagachee[5], causée par l'Insurrection malgache de 1947, ce qui lui permet de compter parmi les toutes premières maisons de négoce du Havre[1]. En 1930, Madagascar était le principal exportateur de café d'Afrique francophone, avec 83 % du total, les autres pays d'Afrique[5] la rattrapant ensuite grâce aux fronts pionniers ouverts dans les forêts ivoirienne et camerounaise, pour cultiver le robusta.
La famille Latham-Kronheimer devient propriétaire le du « Château de mon désir », un palais miniature construit pour la reine déchue d'Espagne Marie-Christine de Bourbon-Siciles, reconverti en "Casino Marie-Christine" en 1910[6]. À partir de 1928, elle se spécialise dans le café, puis dans le café colonial à partir de 1950[2].
Odette Mary Fanny Kronheimer (1903-1982), fille de Charles Félix Kronheimer (1867-1944), l'autre fils du fondateur, a épousé le Charles Edouard Rufenacht (1897-1962), fils de Jacques Edouard Edmond Rufenacht (1862-1924). Elle dirige l'affaire à sa mort en 1962. En 1973, c'est son fils, le frère d'Antoine Rufenacht, de quinze ans son aîné, qui prend à son tour la présidence de l'entreprise, mais il est emporté deux ans plus tard par une maladie[1]. L'ex-secrétaire d’État et maire du Havre a ainsi pris, dans les années 1970, pour peu de temps, la présidence de l’entreprise familiale[3]. Il s'est séparé de la Société commerciale interocéanique à la fin des années 1970, en vendant le département café de la Société commerciale interocéanique en 1985[2] à une autre famille de négociants du Havre, protestante elle aussi, les Raoul-Duval, pour se consacrer au groupe nantais Armor, implanté sur plusieurs continents et employant près de 1 500 personnes, devenu l'un des leaders européens des consommables pour la bureautique[1].
Sources et références
- Antoine Siret, « Les Rufenacht - Du café à... l'encre », sur Le Point,
- Claude Malon, Le Havre colonial de 1880 à 1960 (lire en ligne), p. 233.
- « Le Havre : l’histoire de la famille Rufenacht », sur Paris Normandie, (consulté le )
- « Ferdinand Kronheimer », sur Généanet (consulté le )
- "La transition caféière: Côte est de Madagascar", par Chantal Blanc-Pamard, et François Ruf, page 11
- « Villa Mon Désir », (consulté le ).