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Smith Gun

Le Smith Gun était une pièce d'artillerie antichar improvisée, utilisée par l'armée de terre britannique et la Home Guard au cours de la Seconde Guerre mondiale. Après la défaite de la bataille de France, l'invasion allemande de la Grande-Bretagne semblait probable. La plupart des armes disponibles ont été détournées vers l'armée régulière britannique, laissant la Home Guard à court d'approvisionnements, en particulier d'armes antichar. Le Smith Gun a été conçu par un major de l'armée à la retraite, nommé William H. Smith, comme une arme antichar de fortune, et a été mis en production en 1941 à la suite d'une démonstration devant le Premier ministre, Winston Churchill.

Smith Gun
Image illustrative de l'article Smith Gun
Un Smith Gun au Fort Nelson dans le Hampshire.
Présentation
Pays Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Type Canon antichar
Munitions 3 pouces (76,2 mm)
PĂ©riode d'utilisation 1940
Durée de service 5 ans (1940-1945) Seconde Guerre mondiale
Caractéristiques techniques
Portée maximale 500 m

L'arme se composait d'un canon lisse de calibre 3 pouces, d'environ 137 cm de long, montĂ© sur un chariot et destinĂ©e Ă  ĂŞtre capable de tirer des obus antichars ou bien antipersonnel Ă  une distance d'environ 500 mètres. MalgrĂ© son caractère prometteur, l'arme prĂ©sentait diffĂ©rents problèmes. La portĂ©e effective n'Ă©tait que d'environ 100 Ă  300 mètres. C'Ă©tait une arme lourde et difficile Ă  dĂ©placer, et enfin, elle a dĂ©veloppĂ© Ă©galement « la rĂ©putation terrifiante de tuer ses propres utilisateurs[1] ». Des problèmes de production ont fait qu'elle n'a Ă©tĂ© introduite qu'en 1942, lorsqu'elle a Ă©tĂ© livrĂ©e principalement aux unitĂ©s de la Home Guard et Ă  celles des unitĂ©s de l'armĂ©e rĂ©gulière chargĂ©es de la garde des aĂ©rodromes. De plus, la pĂ©nurie de munitions faisait que les canons n'Ă©taient approvisionnĂ©s qu'avec six ou sept obus chacun. MalgrĂ© ces nombreux problèmes, plusieurs unitĂ©s de la Home Guard ont, plus tard, dĂ©veloppĂ© un certain attachement Ă  l'Ă©gard de cette arme, allant jusqu'Ă  affirmer qu'il s'agissait « de l'une des meilleures pièces d'Ă©quipement parmi celles leur ayant Ă©tĂ© attribuĂ©es pour l'accomplissement de leur mission[1] ».

Historique

Avec la fin de la bataille de France et l'évacuation du Corps expéditionnaire britannique à partir du port de Dunkerque entre le et le , une invasion allemande de la Grande-Bretagne semblait probable[2]. Toutefois, l'armée de terre britannique n'était pas suffisamment équipée pour défendre le pays dans une telle éventualité ; dans les semaines suivant l'évacuation de Dunkerque, elle ne pouvait aligner que vingt-sept divisions[3]. L'armée de terre était particulièrement à court de canons antichars, 840 avaient été laissés en France et seuls 167 étaient disponibles en Grande-Bretagne ; les munitions étaient si rares pour les canons restants qu'il était interdit de tirer un seul obus pour l’entraînement[3].

Compte tenu de ces lacunes, les armes modernes qui étaient disponibles ont été allouées à l'armée de terre britannique et la Home Guard a été obligée de compléter sa faible dotation d'armes antichars obsolètes avec des armes improvisées[4]. L'une d'entre elles était le Smith Gun, qui avait ce que Mackenzie a décrit comme une origine « non orthodoxes[2] », comme beaucoup d'autres armes qui ont été produites pour une utilisation par la Home Guard pendant le conflit.

Elle a été inventée par le major de l'armée de terre britannique à la retraite William H. Smith, le directeur d'une entreprise de génie civil qui produisait des jouets. Elle a été conçue pour être une arme antichar bon marché et facile à fabriquer[5]. La conception de l'arme a été soumise à l'Ordnance Board (Commission du matériel), qui n'était pas convaincu de ses mérites, mais le Premier ministre Winston Churchill, qui a assisté à une démonstration de l'arme en 1941 ordonna qu'elle soit lancée en production[1].

Conception

Un 3in Mk I OSB Gun en position de tir.

Le Smith Gun 3in Mk I OSB Gun[6] se composait d'un canon lisse de calibre 3 pouces[2] de 1,37 m de long[7]. Il Ă©tait montĂ© sur un chariot qui ressemblait « Ă  une poussette Ă  deux roues[2] » et pesait environ 274 kg[7]. Une plaque de blindage a Ă©tĂ© ajoutĂ©e entre les deux roues pour protĂ©ger les utilisateurs[8]. L'arme avait une procĂ©dure de tir inhabituelle. Elle devait ĂŞtre renversĂ©e sur une roue, constituant ainsi une embase et permettant ainsi au Smith Gun une rotation sur 360 degrĂ©s avec une Ă©lĂ©vation de 40 degrĂ©s. Elle Ă©tait suffisamment lĂ©gère pour ĂŞtre tractĂ©e par un vĂ©hicule civil[7], mĂŞme si elle n'a pas Ă©tĂ© conçue pour cela ; les unitĂ©s de la Home Guard ont eu l’interdiction de le faire car cela endommageait les roues de transport de l'arme[9]. Le Smith Gun Ă©tait capable de tirer des obus antipersonnel et antichars, ces derniers capables de pĂ©nĂ©trer 60 mm de blindage. David Fletcher affirme qu'il avait une portĂ©e d'environ 500 mètres[10], bien que Mackenzie ne donne qu'une portĂ©e efficace de seulement 100 Ă  300 mètres, ce qui Ă©tait inexact[1].

L'arme avait plusieurs défauts de conception, si bien qu'elle n'a pas été très appréciée par certains membres d'unités de la Home Guard à laquelle elle fut livrée[1]. Lourde et difficile à manœuvrer à la main, en particulier sur les terrains accidentés et dans les zones urbaines. Et enfin, il était recommandé d'utiliser des câbles pour la basculer et la mettre en position[11]. Le Smith Gun possédait également une faible vitesse initiale ; et en raison de la réception d'obus ayant des détonateurs défectueux, il a eu la « réputation terrifiante de tuer ses utilisateurs[1] ».

Histoire opérationnelle

La production du Smith Gun a commencĂ© Ă  la fin 1941 mais des problèmes de fabrication ont fait que ce n'est qu'Ă  la mi-1942 qu'un premier lot de 4 000 canons est livrĂ© Ă  la Home Guard ; au dĂ©but de 1943, un total de 3 049 Smith Gun avait Ă©tĂ© livrĂ© aux unitĂ©s de la Home Guard[1]. Des problèmes de production ont Ă©galement affectĂ© les munitions ; un retard dans la fabrication des munitions antichars a fait que chaque arme n'a Ă©tĂ© fournie qu'avec six ou sept obus[12]. Un certain nombre de canons Smith Gun a Ă©galement Ă©tĂ© livrĂ© aux unitĂ©s de l'armĂ©e rĂ©gulière chargĂ©es de la protection des aĂ©rodromes[7] et un a mĂŞme Ă©tĂ© montĂ© sur un Bren Carrier, bien que ce prototype n'ait pas Ă©tĂ© mis en production[13].

En dépit des problèmes de l'arme et sa tendance à blesser voire tuer ceux qui la mettaient en œuvre, le gouvernement a tenté de la dépeindre sous un jour positif, en donnant des instructions spéciales à l'automne de 1942, qui dépeignaient le Smith Gun comme une « arme simple, puissante et précise qui, si elle est bien manipulée, ajoutera grandement à la puissance de feu de la Home Guard[1] ». Après une période de méfiance initiale, de nombreuses unités de la Garde ont semblé avoir tenté d'en tirer le meilleur parti. Mackenzie déclare que certaines unités avaient même « un sentiment croissant d'affection pour l'arme et décrit comment, quand une lettre a été publiée dans le Times à la fin du conflit pour critiquer l'arme, de nombreux volontaires de la Home Guard ont répondu décrivant comment le Smith Gun avait été satisfaisant et qu'il était « l'un des meilleurs équipements jamais diffusé à la Home Guard[1] ». Aucun Smith Gun n'a été utilisé en service actif et ils ont été déclarés obsolètes en 1945[7].

Références

Bibliographie

  • (en) David Fletcher et Tony Bryan, Universal Carrier 1936–48 : The 'Bren Gun Carrier' Story, Osprey Publishing, (ISBN 978-1-84176-813-7)
  • (en) Jeff Kinard, Artillery : An Illustrated History of Its Impact, ABC-CLIO, , 536 p. (ISBN 978-1-85109-556-8 et 1-85109-556-X, lire en ligne)
  • (en) David Lampe, The Last Ditch : Britain's Secret Resistance and the Nazi Invasion Plan, Londres, Greenhill Books, , 219 p. (ISBN 978-1-85367-730-4)
  • (en) Bernard Lowry, Chris Taylor et Vincent Boulanger, British Home Defences 1940–45, Osprey Publishing, (ISBN 1-84176-767-0)
  • (en) S.P. Mackenzie, The Home Guard : A Military and Political History, Oxford, Oxford University Press, , 262 p. (ISBN 0-19-820577-5)

Liens externes

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