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Slavik

Slavik, de son vrai nom Wiatscheslav Vassiliev est un dĂ©corateur français d'origine russe, nĂ© le Ă  Tallinn et mort le Ă  Paris 14e[1] - [2]. Il Ă©tudie Ă  l’École Nationale des Arts DĂ©coratifs (1941-1943) et Ă  l’IDHEC avant de collaborer comme dĂ©corateur avec Cassandre[3], Serge Lifar[4], Jacques Adnet[5]. En 1943, Slavik est engagĂ© par Jean Adnet aux Galeries Lafayette comme dĂ©corateur chargĂ© des Ă©talages et des vitrines. Il y travaillera jusqu'en 1954. RepĂ©rĂ© par Marcel Bleustein-Blanchet, il entre Ă  Publicis en 1954 comme chef du bureau de l'EsthĂ©tique industrielle et conseiller artistique. Un bureau des idĂ©es est crĂ©Ă© en 1955 par Claude Marcus qui rassemble Slavik, Pierre Grimblat et Pierre Dumayet. En 1958, Slavik est chargĂ© de la conception des espaces, du mobilier et des dĂ©cors du Drugstore Publicis Champs-ÉlysĂ©es. Suivi en 1963 du Pub Renault et en 1965 du Drugstore Saint-Germain-des-PrĂšs. Slavik quitte Publicis en 1968 pour se consacrer Ă  l'agencement et aux dĂ©cors de plus de 200 restaurants, pubs, bistros, brasseries, centres commerciaux, boutiques[6]...

Slavik
Slavik en 1969.
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
Noms de naissance
Wiatscheslav Vassiliev, Đ’ŃŃ‡Đ”ŃĐ»Đ°ĐČ Đ’Đ°ŃĐžĐ»ŃŒĐ”ĐČ
Nationalité
Formation
Activités
DĂ©corateur, designer
Autres informations
A travaillé pour
Publicis Groupe (-)

Biographie

De Saint-Petersbourg Ă  Paris

Le 6 novembre 1917, depuis ses fenĂȘtres, Valentine Vassilieff, jeune Ă©pouse de 18 ans, future mĂšre de Wiatcheslav Vassilieff, a assistĂ© Ă  la prise du Palais d'Hiver sur l'autre rive de la NĂ©va, tandis que son mari, officier dans l'armĂ©e impĂ©riale du Nord-Ouest se battait sur le front Est de la PremiĂšre Guerre mondiale. En 1918, le couple quitte Saint-Petersbourg, devenue Petrograd en 1914, et se rĂ©fugie en Estonie qui vient de proclamer son indĂ©pendance. Wiatcheslav naĂźt Ă  Tallinn le 6 janvier 1920. La famille vit entre l’Estonie et la Finlande entre 1920 et 1927 et arrive Ă  Paris, via Berlin, en 1928. Wiatcheslav entre alors comme pensionnaire au lycĂ©e Michelet de Vanves[7].

Paravents et meubles peints

À sa sortie de l’ENSAD, Slavik qui songe encore Ă  se destiner Ă  la seule peinture, peint des paravents et des meubles de Jacques Adnet sur lesquels il dresse les perspectives de singuliĂšres façades adossĂ©es Ă  des Ă©chafaudages, des pylĂŽnes aux pieds desquels semble se presser une foule[8] - [9].

Slavik peint, pour l'architecte Baudrilot, un décor mural en trompe l'oeil pour son appartement de l'avenue Paul Doumer, Paris, 1952. Ce décor sera décrit par Renée Moutard-Uldry et fera la couverture de Mobilier et Décoration, juillet 1960[10] - [11].

Peintre cartonnier des Gobelins (1944-1950)

Les manufactures des Gobelins et d’Aubusson font appel Ă  5 reprises, au nom de l’État, comme de la Compagnie des arts français et des Arts et lettres, Ă  Slavik, alors ĂągĂ© de vingt-quatre ans. Ces tapisseries seront exposĂ©es Ă  plusieurs reprises Ă  Paris, mais aussi Ă  Lille, Alger, Buenos Aires, Lima, Lisbonne, Monaco, Prague, Rome, Sidney, Stockholm, Tunis
[12] - [13]

La singularitĂ© des cartons de tapisserie de Slavik n’a pas Ă©chappĂ© Ă  celle que l'on surnommait « l'architecte de la mode » Claude Saint-Cyr. C’est donc Ă  son initiative qu’en 1949, Ă  Aubusson, dans les ateliers Pinton, sont tissĂ©es en soie et laine les piĂšces nĂ©cessaires Ă  la rĂ©alisation de modĂšles.

DĂšs l’annĂ©e suivante prend place dans la collection automne-hiver prĂ©sentĂ©e par Claude Saint-Cyr un incomparable «paletot de jour». Pour la collection automne-hiver 1951, un second modĂšle a Ă©tĂ© conçu en deux exemplaires. Une vente aux enchĂšres prestigieuse par Millon et Robert, « La mode dans l’art. La modernitĂ© d’hier », Ă  Drouot le 9 juin 1993 est prĂ©cĂ©dĂ©e d’une exposition par la maison Azzedine AlaĂŻa, en hommage Ă  Madeleine Vionnet, dans le catalogue de laquelle figure une description prĂ©cise du paletot.

Karl Lagerfeld fait l’acquisition de ce paletot pour l’offrir Ă  son amie Anna Piaggi, icĂŽne du style, qui en tant que rĂ©dactrice de mode, en particulier dans sa rubrique du Vogue italien, dĂ©cide comme aucune autre des goĂ»ts et des couleurs. Dans le catalogue, une citation de l’article de RenĂ©e Moutard-Uldry dans La Tapisserie française et les peintres cartonniers (Tel, 1957): «Les drugstores et les pubs de Slavik lui ont fait tant de « pub » qu’on en a oubliĂ© son immense talent de dĂ©corateur de thĂ©Ăątre et de peintre cartonnier. Quels que soient les thĂšmes traitĂ©s par Slavik, ses tapisseries sont prĂ©texte Ă  une Ă©vasion hors du temps et de la rĂ©alitĂ© avec laquelle il se plaĂźt Ă  jouer.»

DĂ©cors de ballets et costumes (1948-1951)

En 1943, Slavik conçoit les dĂ©cors du ballet TĂȘte d'Or d'aprĂšs Paul Claudel Ă  l'OpĂ©ra de Paris, chorĂ©graphie de Serge Lifar. Premier Prix du Concours Serge Lifar de dĂ©cor de ballet. En 1948, Roland Petit se propose de reprendre le ballet crĂ©Ă© en 1923 au thĂ©Ăątre des Champs-ÉlysĂ©es par Jan Börlin, La crĂ©ation du monde, musique de Darius Milhaud, pour le Festival d’Aix-en-Provence avec les Ballets des Champs-ÉlysĂ©es. Il en demande les dĂ©cors et les costumes Ă  Slavik qui a trente ans. Slavik peint un rideau de scĂšne La triple face du crĂ©ateur, et diffĂ©rents dĂ©cors : l'explosion de l'univers, la naissance du feu, la terre oĂč des danseurs transportent sur leurs tĂȘtes des chapeaux fous de deux mĂštres cinquante de large et d'un mĂštre cinquante de long, maquettes du relief de la terre et L'Insolite apparition des oiseaux au petit jour; Falaise, diamant, perle; L'Eau[14]. QualifiĂ© « d'ange du bizarre » par Waldemar George, Slavik disait « je me sens en permanence entre la salle et la scĂšne, je me balade sur une espĂšce de passerelle au-dessus de la fosse d'orchestre... »[15].

Les Galeries Lafayette (1943-1954)

RemarquĂ© pour son Ɠuvre de peintre aux accents surrĂ©alistes et grĂące aux frĂšres Adnet, il devient Ă  partir de 1943, dĂ©corateur aux Galeries Lafayette chargĂ© des vitrines et des Ă©talages. Il transforme les vitrines du grand magasin en une scĂšne de thĂ©Ăątre. Il s’agit de retenir le passant, de faire d’un spectateur un client. En 1953 Slavik dĂ©core les vitrines de l’exposition « La fleur de la production italienne » oĂč il met notamment en scĂšne des femmes italiennes fabriquant des pĂątes. En 1954, « le Festival de la crĂ©ation française » incite les industriels et les artisans français Ă  concevoir des objets de qualitĂ©, fonctionnels, beaux et bon marchĂ© en prĂ©sentant des objets inĂ©dits conçus par de jeunes designers dont Slavik qui propose entre autres un haut-parleur en forme de conque qui sera trĂšs rapidement Ă©ditĂ©.

Publicis (1954-1968)

En 1954, Slavik est remarquĂ© par Marcel Bleustein-Blanchet qui l’engage Ă  Publicis. Il lui confie le dĂ©partement de l’esthĂ©tique industrielle qu'il vient de crĂ©er[16]. En 1955, Claude Marcus invente « un bureau des idĂ©es » constituĂ© de Slavik, Pierre Dumayet et Pierre Grimblat. Slavik dessine notamment des tĂ©lĂ©viseurs pour Thomson, un pick-up et des prĂ©sentoirs de disques pour PathĂ© Marconi, des postes de radio, des chaises empilables, des lits d’enfants extensibles, un tĂ©lĂ©phone Ă  touches, 20 ans avant leur apparition sur le marchĂ© dans les annĂ©es 1980. Avec Bernard Devauze, Slavik rĂ©pond Ă  un concours d'idĂ©es pour les stations d'essence Shell, compagnie pour laquelle il crĂ©e le logo et l'architecture de la station inspirĂ©e d'une aile d'avion (toit fluide, pieds coniques, angles arrondis)[17].

Les drugstores, la vie parisienne bouleversée

Slavik a fait des Drugstores Publicis dont il a conçu les espaces, les dĂ©cors et le mobilier, des lieux d'antisolitude. MalgrĂ© les 3 000 personnes qui y dĂ©filent chaque jour, il y rĂšgne une atmosphĂšre d’intimitĂ© et de luxe. De jour comme de nuit, tout y est Ă  portĂ©e de main : journaux, livres, disques, jouets, parfums, tabac, alcool et pharmacie. Le Drugstore des Champs-ÉlysĂ©es (1958), de Saint-Germain-des-PrĂ©s (1965) et le Pub Renault (1963) deviennent l’emblĂšme de la nouvelle sociĂ©tĂ© de consommation et marquent un tournant Ă©conomique, sociologique et consumĂ©riste de la vie parisienne.

L’Aventure amĂ©ricaine

Alors que l’AmĂ©rique fascine, Slavik va livrer Ă  New-York sa vision d’un drugstore Ă  la française - not a Pharmacy - (1970), d’une chaĂźne de neuf restaurants italiens chics et inĂ©dits, Pronto (1975) Ă  travers les États-Unis oĂč, pour la premiĂšre fois, les cuisines Ă©taient visibles par les clients, et d’un Autopub (1971) dans l’immeuble de la General Motors. Partageant avec les AmĂ©ricains sa passion pour l’automobile, il crĂ©e un lieu oĂč les clients peuvent dĂźner sous les bolides retraitĂ©s du circuit d’Indianapolis.

Restaurants, bistros, brasseries Ă  Paris

À partir de 1964, Slavik se consacre Ă  l’amĂ©nagement de restaurants, bistros, brasseries, pubs, bars, night-clubs, magasins et boutiques. Il invente plus de 300 dĂ©cors en France et Ă  l’étranger dans lesquels il mĂ©lange avec un Ă©clectisme joyeux inspiration Art nouveau, esprit slave, influences anglo-saxonnes et modernitĂ©. Avec Michel Oliver il conçoit des chaĂźnes populaires de restauration, telle L’Assiette au bƓuf, qui dĂ©mocratisent la qualitĂ© et la beautĂ©. Le Jules Verne de la tour Eiffel (1983), rĂ©alisĂ© en collaboration avec l’architecte Jean-Jacques Loup, Le Bistrot de Paris, le pub Winston Churchill (1965), la London Tavern (1965), la brasserie et le restaurant du Lutetia, le Le DĂŽme[16] seront pendant des dĂ©cennies des repĂšres incontournables de la vie parisienne.

Hommage

Le , paraßt aux éditions NORMA un livre biographique, Slavik. Les années Drugstore de Pascal Bonafoux, Peter Knapp, Margo Rouard Snowman, Géraldine Cerf de Dudzeele, avec la collaboration de Cyril Vassiliev, Barbara Vassiliev-Maynial, Nicolas Vassiliev et Philippe Maynial.

  • Pascal Bonafoux, Peter Knapp, Margo Rouard-Snowman (d), GĂ©raldine Cerf de Dudzeele (d), avec la collaboration de Cyril Vassiliev, Barbara Vassiliev-Maynial, Nicolas Vassiliev et Philippe Maynial, Slavik, les AnnĂ©es Drugstore, Ă©ditions Norma, 2021 (ISBN 978-2-37666-042-2)

Notes et références

  1. MĂ©lina Gazsi, « Slavik (1920-2014), dĂ©corateur des drugstores Publicis et des bistrots chics », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  2. Insee, « Extrait de l'acte de décÚs de Wiatscheslav Vassiliev », sur MatchID
  3. Pascal Bonafoux, Peter Knapp, Margo Rouard Snowman, Géraldine Cerf de Dudzeele, Philippe Maynial, Slavik les années Drugstore, Paris, Editions Norma, , 367 p. (ISBN 978-2-3766-6042-2), p. 17,18,19,20,21
  4. Pascal Bonafoux, Peter Knapp, Margo Rouard Snowman, Géraldine Cerf de Dudzeele, Philippe Maynial, Slavik Les années Drugstore, Paris, Editions Norma, , 367 p. (ISBN 978-2-3766-6042-2), p. 15
  5. Pascal Bonafoux, Peter Knapp, Margo Rouard Snowman, Géraldine Cerf de Dudzeele, Philippe Maynial, Slavik Les années Drugstore, Paris, Editions Norma, , 367 p. (ISBN 978-2-3766-6042-2), p. 15,17,40,41,49,57,63,95
  6. Pascal Bonafoux, Peter Knapp, Margo Rouard Snowman, Géraldine Cerf de Dudzeele, Philippe Maynial, Slavik Les années Drugstore, Paris, Editions Norma, , 367 p. (ISBN 978-2-3766-6042-2)
  7. Pascal Bonafoux, Peter Knapp, Margo Rouard Snowman, Géraldine Cerf de Dudzeele, Philippe Maynial, Slavik Les années Drugstore, Paris, Editions Norma, , 367 p. (ISBN 978-2-3766-6042-2), p. 308,309,310,311,312,313,338
  8. Alain-RenĂ© Hardy, GaĂ«lle Millet,, Jacques Adnet, Paris, Les Éditions de l’Amateur, , 263 p., p. 107
  9. Pascal Bonafoux, Peter Knapp, Margo Rouard Snowman, Géraldine Cerf de Dudzeele, Philippe Maynial, Slavik Les années Drugstore, Paris, Editions Norma, , 367 p. (ISBN 978-2-3766-6042-2), p. 40,41,42,43,
  10. Pascal Bonafoux, Peter Knapp, Margo Rouard Snowman, Géraldine Cerf de Dudzeele, Philippe Maynial, Slavik Les années Drugstore, Paris, Editions Norma, , 367 p. (ISBN 978-2-3766-6042-2), p. 44
  11. Renée Moutard-Uldry, Jean Cassou, Max Damain, La Tapisserie française et les peintres cartonniers,, Paris, Editions TEL, , 184 p.
  12. Pascal Bonafoux, Peter Knapp, Margo Rouard Snowman, Géraldine Cerf de Dudzeele, Philippe Maynial, Slavik Les années Drugstore, Paris, Editions Norma, , 367 p. (ISBN 978-2-3766-6042-2), p. 48,49,50,51,52,53,54,55,56,57,58,59,60,61,62,63
  13. Pascal Bonafoux, Peter Knapp, Margo Rouard Snowman, Géraldine Cerf de Dudzeele, Philippe Maynial, Slavik Les années Drugstore, Paris, Editions Norma, , 367 p. (ISBN 978-2-3766-6042-2), p. 68,69,70,71
  14. Waldemar George, « Slavik et l'ange du bizarre », Art et industrie,‎
  15. Anne Fulda, « Peter Knapp, l'Ɠil absolu », Le Figaro, supplĂ©ment « Le Figaro et vous »,‎ 20-21 novembre 2021, p. 39 (lire en ligne).
  16. Pascal Bonafoux, Peter Knapp, Margo Rouard Snowman, Géraldine Cerf de Dudzeele, Philippe Maynial, Slavik Les années Drugstore, Paris, Editions Norma, , 367 p. (ISBN 978-2-3766-6042-2), p. 126,127,127,129,

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