Site d'Étretat
Le site d'Étretat est un site naturel remarquable de la Côte d'Albâtre situé sur le territoire de la commune d'Étretat dans le département de la Seine-Maritime, connu pour ses falaises et sa fameuse aiguille.
- Étretat, de la chambre des demoiselles, au niveau de la passerelle, sur la falaise d'aval, à la porte d'amont, à l'horizon. Juillet 2019.
- La chapelle Notre-Dame-de-la-Garde et les falaises d'Étretat. Juillet 2019.
Falaise d'Aval
- Vue aérienne de la falaise aval et de l'aiguille.
- Aiguille et Porte d´Aval]
- Vue panoramique
Arche et aiguille
Une rivière souterraine, puis l'érosion marine ont formé une arche naturelle et une aiguille haute de 55 mètres[1], morceau relique de la falaise. Maurice Leblanc la décrit en ces termes : « Roc énorme, haut de plus de quatre-vingts mètres, obélisque colossal, d'aplomb sur sa base de granit »[Note 1] » dans L'Aiguille creuse, 1909.
À son époque déjà , le site attirait de nombreux touristes parmi lesquels des « lupinophiles », admirateurs d'Arsène Lupin : des étudiants américains venus chercher la clé de la grotte, où le « gentleman cambrioleur » avait retrouvé le trésor des rois de France. Le film Arsène Lupin de Jean-Paul Salomé, sorti en , offre de nombreuses vues sur la falaise et l'Aiguille.
Elle est gravie pour la première fois en 1936 par l'alpiniste Pierre Allain. D'autres prendront sa suite, comme des alpinistes allemands en 1942, sous l'Occupation, et en 2020 l'écrivain voyageur Sylvain Tesson et le grimpeur Daniel Du Lac[2] - [3].
- Le Poittevin, Pêcheurs à Étretat (1860)
- Par Claude Monet en 1885.
- Falaises d' Étretat: Aiguille and Porte d´Aval, vue depuis la Manneporte
- La falaise d'Aval et l'Aiguille
- L'Arche
- L'Aiguille
- Les falaises à Étretat en regardant depuis la Manneporte. Juillet 2019.
- L'Aiguille le matin
- La falaise d'aval vue de la plage
- Coucher du soleil
- La falaise d'Aval et mauves (goëlands)
Manneporte
De l'ancien français manne porte, « grande porte, porte principale »[4]. Elle est plus large que la porte d'Aval dont elle est distante d'environ 500 mètres au sud-ouest.
- La Manneporte
- La Manneporte
- Encore la Manneporte à Étretat, avec comme particularité du Séneçon cinéraire au premier plan. Juillet 2019.
Description
Sur l'estran de la porte d'aval, on note, creusés dans le socle calcaire et couverts partiellement d'algues vertes, d'anciens parcs à huîtres, dont la culture n'a duré que quelques années. Au-dessus, à côté de l'arche, on remarque un énorme trou noir dans la falaise : le « trou à l'homme » qui tiendrait son nom d'un marin suédois, seul survivant du naufrage de son navire dû à une violente tempête qui y aurait passé près de vingt-quatre heures. Il aurait été projeté par une lame dans cette cavité, assurant du même coup sa survie. Le « trou à l'homme » auquel on accède par une échelle de fer est toujours hors-d'eau au moment des marées et nombre de personnes s'y laissent enfermer, nécessitant l'intervention des pompiers ou une attente de près de six heures jusqu'à la marée basse.
- Entrée du Trou à l'Homme
- Vue de l'entrée du Trou à l'Homme
- Intérieur du Trou à l'Homme
Le long tunnel sur lequel s'ouvre le « trou à l'homme » aboutit à la crique du Petit-Port au débouché de la valleuse[Note 2] de Jambourg, en fait une plage au pied de l'aiguille et encadrée par les deux grandes portes. On peut accéder au sommet de la falaise par un escalier directement au bout du Perrey, suivi d'un chemin bien aménagé, en pente et qui longe le terrain de golf ; à droite, on monte jusqu'au sommet. On jouit à la fois de la vue sur le village, sur l'aiguille et sur la Manneporte. On peut également pénétrer dans le petit refuge naturel surnommé « Chambre des Demoiselles[Note 3] », décrit par Maurice Leblanc dans L'Aiguille creuse.
- La Chambre des Demoiselles.
- Entrée de la Chambre des Demoiselles.
Falaise d’Amont
La porte d'Amont est la plus petite des trois portes.
Dans son roman Une vie, Guy de Maupassant compare cette « porte d'Amont » à un éléphant plongeant sa trompe dans l'eau.
Au sommet de la falaise se dresse la silhouette de pierre de la chapelle Notre-Dame de la Garde, protectrice des pêcheurs (pour les homonymes voir Notre-Dame de la Garde). L'édifice actuel succède à une chapelle du XIXe siècle.
- La falaise d'Amont le matin.
- La falaise d'Amont l'après-midi.
- Porte d'Amont vu de haut.
- La falaise d'amont au coucher du soleil.
- Mauve (goëland) sur fond d'Étretat, de sa plage, de la falaise Amont et de son église.
- Le monument à Nungesser et Coli, dernier lieu où a été vu leur avion L'Oiseau blanc.
- Chapelle Notre-Dame-de-la-Gardde
- Pointe de la chapelle Notre-Dame-de-la-Garde
On peut également accéder à la falaise mais l'escalier est beaucoup plus abrupt. Au sommet de la falaise se dresse la silhouette de pierre de la chapelle Notre-Dame-de-la-Garde, protectrice des pêcheurs. L'édifice actuel succède à une chapelle du XIXe siècle en briques et en pierres de style néo-gothique. Elle a été détruite par l'occupant pendant la Seconde Guerre mondiale. Puis, on arrive au pied du monument et du musée réalisés par l'architecte Gaston Delaune et dédiés à Charles Nungesser et François Coli, deux pilotes qui tentèrent de rallier New York en 1927 et qui furent aperçus pour la dernière fois à cet endroit, après avoir décollé du Bourget à bord de l'Oiseau blanc ; les vestiges du monument initial, détruit par les Allemands en 1942[5], sont visibles à proximité.
Plage et front de mer
- Vue panoramique
- La plage et les falaises
Encerclée par ses falaises, la plage est relativement protégée des vents dominants. Elle est constituée de galets. L'amplitude de la marée ne se fait pas trop sentir à cet endroit. Très fréquentée l'été, elle prend un air de fête, pour retrouver son aspect sauvage et grandiose hors saison. La présence exclusive de galets rend assez malaisée la promenade sur la plage. Cependant, ces « cailloux » sont un rempart naturel nécessaire à la protection du littoral. En effet, ils y contribuent en jouant le rôle d'un « amortisseur à vagues », tout comme le ferait un empierrement artificiel. Pour cette raison, la collecte des galets sur la plage est interdite, d'autant plus qu'ils ont tendance à être déplacés vers le large et vers le nord par les courants marins. Jadis, on pouvait voir des chevaux sur le rivage, auxquels étaient fixés des paniers qui servaient à contenir les pierres ramassées. Ces galets, après triage et calibrage, étaient ensuite revendus, notamment aux entreprises fabriquant de la porcelaine, de la faïence ou du verre, qui utilisent la silice composant en partie certains cailloux ou encore aux industries qui se servaient de sa dureté pour écraser d'autres matériaux.
La plage est séparée du village par une longue digue-promenade que l'on nomme le perrey ou perré, terme dialectal signifiant l'« empierré » et qui ne s'appliquait jadis qu'à la partie servant de lieu d'échouage aux bateaux. Cette digue est absolument nécessaire pour protéger la ville des tempêtes, surtout au moment des grandes marées d'équinoxe.
L'ancien front de mer, dont le casino « art nouveau », a été détruit pendant la Seconde Guerre mondiale par l'occupant allemand pour la défense du littoral et améliorer sa visibilité. Au pied de la falaise d'aval subsistent des bunkers du mur de l'Atlantique.
Toujours vers la porte d'Aval, les « Caloges », terme dialectal signifiant « cabane », sont d'anciens bateaux convertis par les pêcheurs en abris et en locaux pour entreposer le matériel utile à leur activité. Ils sont recouverts d'une toiture en chaume.
Classement et protection
Le site d'Etretat est classé comme grand site de France, mais n'a encore jamais été proposé à l'UNESCO[6].
Problématique de l'éclairage des falaises
Les falaises sont puissamment éclairées du coucher du Soleil jusqu'à minuit, toute l'année, laissant dans le ciel une empreinte lumineuse très importante. Outre la consommation électrique et le coût de sa maintenance, cet éclairage remet en cause l'habitat de nombreux oiseaux qui nichent dans les falaises[7] et marque de son empreinte le ciel nocturne de toute la région.
Articles connexes
- Étretat (commune)
- Les Falaises à Étretat (tableau)
- Côte d'Albâtre
Notes et références
Notes
- À ne pas confondre avec le granite, roche inconnue dans la région.
- Valleuse ou avalleuse est un terme dialectal à l'origine signifiant une sorte de vallée sèche débouchant sur la mer, sans lui donner nécessairement accès, « une vallée sèche suspendue » en quelque sorte.
- Selon une légende, cette grotte serait le refuge de trois demoiselles dont les fantômes continueraient de hanter les lieux et qui, surtout, poursuivaient partout jusque dans son château le chevalier de Fréfossé, qui les avait fait précipiter du haut de la falaise dans trois tonneaux dans lesquels étaient enfoncés de longs clous. En effet, ces demoiselles avaient eu le mauvais goût de refuser les avances de ce méchant seigneur.
Références
- Donald W. Olson, Celestial Sleuth, Springer Science+Business Media, 2014 (ISBN 978-1-4614-8402-8) : l'astronome américain a procédé en à des mesures à l'inclinomètre et au sextant : « Nous avons observé, qu'au moment de la marée la plus basse, le sommet de l'aiguille se trouve 54,5 m au-dessus de sa base. ».
- Sylvain Tesson, « Sylvain Tesson à l'assaut de l'Aiguille creuse », Le Figaro Magazine,‎ , p. 52-58 (lire en ligne).
- Philibert Humm, « Opération Lupin », Le Figaro Magazine, 2 octobre 2020, p. 59-60.
- Le mot man(ne) issu du latin magnu / a- « grand » est un terme d'ancien français magne, main(e), normand *man(e) cf. Manneville-la-Goupil, Manéglise, Mandeville.
- « Le monument Nungesser et Coli », sur www.lieux-insolites.fr (consulté le ).
- Falaises d'Etretat : grand site national à défaut d'être sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO
- « Oiseaux marins nicheurs et littoral cauchois », sur Groupe Ornithologique Normand.