Sikhisme et orientation sexuelle
Le sikhisme, religion dharmique monothéiste fondée en Inde, n'a pas d'enseignements spécifiques sur l'homosexualité et les Saintes Écritures sikhes, le Guru Granth Sahib ne mentionnent pas explicitement l' hétérosexualité, l'homosexualité ou la bisexualité .
L'objectif universel d'un sikh est de n'avoir aucune haine ou animosité envers qui que ce soit, peu importe les critères de race, de caste, de couleur de peau, de croyance ou de sexe. Au cours des dernières années, le sujet de l'homosexualité est devenu beaucoup plus discuté dans les religions du monde entier, faisant d'une idée autrefois tabou un sujet de discussion ouverte entre les adhérents.
DĂ©clarations et enseignements de Guru Granth Sahibji
Giani Joginder Singh Vedanti de l'Akal Takht (l'autorité temporelle Sikh en Inde) a condamné l'homosexualité. En mars 2005, il a déclaré aux députés canadiens sikhs en visite qu'ils avaient le devoir religieux de s'opposer au mariage homosexuel : « Le devoir fondamental des députés sikhs au Canada devrait être d'appuyer les lois qui mettent fin à ce genre de pratique [ l'homosexualité], parce qu'il y a des milliers de sikhs vivant au Canada, pour s'assurer que les sikhs ne deviennent pas la proie de cette pratique »[1].
Le fossé entre les partisans et les opposants aux droits des LGBT est devenu de plus en plus clair, devenant un fossé générationnel entre les conservateurs âgés et les jeunes libéraux. De nombreux sikhs pensent qu'il n'y a rien de mal[2] à être LGBT ou à soutenir les droits des LGBT de manière plus générale, y compris le mariage homosexuel. Ces derniers pensent que le point de vue de certains prédicateurs de l'Akal Takht est erroné[3] - [4].
Le Sikh Rehat Maryada met l'accent sur l'importance d'un mode de vie familial, et de nombreux sikhs pensent que, puisque les partenaires de même sexe ne peuvent pas se reproduire et fonder une famille, l'homosexualité doit être condamnée. Cette vision hétéronormative de la famille est remise en question par ceux pensant que le sikhisme est plus tolérant envers les personnes qui ne sont pas considérées comme « normales »[5]. De nombreux adhérents pensent que le Rehat Maryada est censé être interprété et appliqué de manière libérale plutôt qu'être vécu comme un contrat contraignant[6].
L'homosexualité dans les Écritures
Les écritures sikhes, Guru Granth Sahib, détaillent le comportement attendu de tous les sikhs. Elles encouragent fréquemment à la vie conjugale. Le mariage dans le sikhisme est considéré comme une union d'âmes, et l'âme est considérée comme asexuée, l'apparence extérieure des êtres humains étant un état temporaire voué à disparaître. Les défenseurs du mariage homosexuel se réfèrent à cela comme un soutien à l'égalité du mariage dans le sikhisme[3]. Le Laavaan, la partie principale d' Anand Karaj, est lu lors des mariages sikhs pour unir deux âmes par le mariage. Dans ces hymnes, il n'y a aucune mention de genre, les participants étant plutôt considérés comme des âmes non-genrées. Le mariage est vu comme un voyage spirituel pour atteindre un bonheur durable en s'engageant dans la foi[7].
Discussion actuelle
Bien que le sujet de l'homosexualité dans le sikhisme soit tabou, la jeune génération se tourne vers Internet pour trouver des réponses. Le Web est devenu un nouveau moyen pour les jeunes sikhs, nés à l'intérieur et à l'extérieur de l'Inde, de discuter de religion et de questions d'actualité de manière anonyme. Il est devenu un outil permettant aux jeunes sikhs d'obtenir des informations sans aucune gêne, sur des questions d'actualité qui ne sont peut-être pas abordées directement au sein de leurs communautés.
Certaines personnes utilisent Internet pour discuter du sujet de l'homosexualité. Un sikh, Manjinder Singh, décrit ses expériences en tant qu'homme sikh gay, utilisant sa propre plateforme sur YouTube pour atteindre un public plus large. Son but est de générer un dialogue, notamment sur ce que signifie être queer. Dans l'une de ses vidéos, il a une conversation avec sa mère sur l'homosexualité en punjabi (langue indo-irannienne)[8]. Cette vidéo définit ce que signifie être gai, lesbienne, bisexuel et transgenre et s'adresse à un public qui ne comprend pas nécessairement les différentes identités sexuelles ou de genre. D'autres stars sikhs célèbres de YouTube telles que le comédien sikh canadien Jus Reign (Jasmeet Singh), et Lilly Singh ont ouvertement exprimé leur soutien aux droits des LGBT. Cette dernière a notamment annoncé sa bisexualité sur Youtube[9].
Identité
Formation de l'identité
L'identité sikhe et les identités sexuelles affectent le concept de soi d'une personne et la façon dont elle se rapporte à sa communauté. Comme d'autres religions, le sikhisme s'efforce de cultiver un sentiment d'identité par le biais de pratiques religieuses, mais dans le sikhisme, il existe également une identité physique commune partagée. Grâce au processus de formation de l'identité, les gens commencent à construire un sentiment d'individualité qui leur permet de trouver des communautés de personnes auxquelles ils s'identifient. La formation de l'identité à l'intersection des identités sikhes et sexuelles n'a pas fait l'objet de nombreuses études. Alors que la diaspora sikh commence à se former dans des endroits comme la Grande-Bretagne, certains chercheurs souhaitent comprendre comment ces identités ethniques, religieuses et sexuelles affectent le concept de Soi[10]. En effet, de nombreux sikhs queer ont du mal à concilier leur identité religieuse avec leur identité sexuelle[11].
RĂ©cit
Certaines recherches visent à comprendre comment le récit sikh et le récit de la sexualité coïncident et s'opposent. Dans un article écrit par David Mair pour l'Université de Birmingham, David examine le récit de la vie d'un sikh ouvertement gay et pratiquant nommé Daljeet. Cette étude visait à comprendre comment les récits contradictoires affectent le concept de soi et la relation avec la communauté dans son ensemble. Après avoir eu une conversation approfondie avec Daljeet, David a constaté que bon nombre des luttes auxquelles il était confronté étaient dues au choc des récits dans sa propre vie. Les récits de Daljeet sur la masculinité, l'ethnicité, la religion et la sexualité indiennes étaient en conflit les uns avec les autres et son concept de soi en est profondément affecté. Ceux qui ne se conforment pas aux définitions hétéronormatives et binaires du genre et de la sexualité sont chargés de créer un nouveau récit qui intègre tous les aspects de leur identité de manière globale[12].
Voir Ă©galement
Les références
- « World Sikh group against gay marriage bill », CBC News, (consulté le )
- « Sikhism and same Sex Marriages », sarbat.net (consulté le ), p. 1
- Naad, « Sikhism, Yoga and Sexuality » [archive du ], Project Naad, (consulté le ), p. 33
- Jagbir Jhutti-Johal, Sikhism Today, (lire en ligne)
- Siroj Sorajjakool, Mark Carr et Julius J Man, World Religions for Health Care Professionals, Routledge, (lire en ligne)
- « How Sikhs Got Their Rehat Maryada », SikhNet, (consulté le )
- « Anand Karaj » [archive du ] (consulté le )
- Manjinder Singh Sidhu, « Coming Out Panjabi » [archive du ], YouTube, (consulté le )
- Baggs, « Lilly Singh: Why the YouTuber Coming Out As Bisexual is 'Worth Celebrating' », BBC, (consulté le )
- Jaspal, « British Sikh Identity and the Struggle for Distinctiveness and Continuity », Journal of Community & Applied Social Psychology, vol. 23, no 3,‎ , p. 225–239 (DOI 10.1002/casp.2115, lire en ligne)
- Jaspal, « 'I never faced up to being gay': sexual, religious and ethnic identities among British Indian and British Pakistani gay men », Culture, Health & Sexuality, vol. 14, no 7,‎ , p. 767–780 (PMID 22651130, DOI 10.1080/13691058.2012.693626, lire en ligne)
- Mair, « Fractured narratives, fractured identities: cross-cultural challenges to essentialist concepts of gender and sexuality », Psychology and Sexuality, vol. 1, no 2,‎ , p. 156–169 (DOI 10.1080/19419899.2010.484597)