SiĂšge de Thessalonique (676-678)
Le siĂšge de Thessalonique de 676 Ă 678 constitua une tentative des tribus slaves voisines pour sâemparer de la citĂ© byzantine de Thessalonique profitant du fait que les autoritĂ©s de Constantinople devaient faire face au premier siĂšge arabe de la capitale. Les Ă©vĂšnements marquant de ce siĂšge sont dĂ©crits dans le second livre des Miracles de saint Demetrios.
Contexte historique
Sous le rĂšgne de Justinien Ier (r. 527 - 565), des tribus slaves, les SclavĂšnes, Ă©taient apparues aux frontiĂšres de lâempire sur le Danube [1]. Elles firent des incursions dans lâempire ravageant la Thrace en 545-546, lâIllyrie en 548, et les deux provinces en 550[2]. Certaines de ces tribus sâinstallĂšrent Ă demeure dans lâempire oĂč elles tomberont Ă partir des annĂ©es 560 sous la coupe dâun nouvel envahisseur, les Avars, qui vers la fin de la dĂ©cade contrĂŽleront la steppe de la Volga au Danube exploitant dâautant plus facilement les populations rurales sĂ©dentaires que les SclavĂšnes ne formaient pas un groupe homogĂšne mais Ă©taient divisĂ©s en une foule de clans ne reconnaissant aucune autoritĂ© supĂ©rieure. Les raids slaves et avars iront croissant en mĂȘme temps que lâimplantation de colonies de peuplement, en particulier aprĂšs la capture par les Avars de citĂ©s fortifiĂ©es byzantines. Dans les annĂ©es 580, alors que les Byzantins devaient se consacrer uniquement Ă leur guerre avec les Perses, Avars et Slaves sâenfoncĂšrent de plus en plus profondĂ©ment dans les Balkans et le sud de la GrĂšce. Ces deux dĂ©cennies devaient voir le dĂ©but dâune colonisation massive de lâarriĂšre-pays balkanique par les SclavĂšnes [3].
Ayant rĂ©ussi Ă conclure la paix avec son adversaire perse Khosro en 591, lâempereur Maurice (r. 582-602) put se tourner vers les Balkans et lancer une sĂ©rie de controffensives qui rĂ©ussirent Ă repousser Slaves et Avars [4]. Ce rĂ©pit fut de courte durĂ©e : lâempereur Maurice fut renversĂ© en 602 par Phocas (r. 602-610), un officier subalterne de l'armĂ©e envoyĂ©e par l'empereur Maurice dĂ©fendre la frontiĂšre du Danube contre les incursions des Avars et des Slaves. Voulant officiellement venger Maurice, Khosro partit de nouveau en guerre contre lâEmpire byzantin. Cette nouvelle guerre de lâempereur Phocas contre la Perse sâĂ©tendit sur une vingtaine dâannĂ©es, soit de 602 Ă 628. Pendant ce temps la frontiĂšre le long du Danube et de la Save que Maurice avait rĂ©ussi Ă stabiliser sâeffondra et les Balkans furent Ă nouveau ouverts aux raids slaves et Ă lâĂ©tablissement de nouvelles colonies de peuplement, ces derniĂšres se concentrant surtout dans ce qui est maintenant la Bulgarie, la Serbie, la MacĂ©doine et une partie de la GrĂšce[5].
De telle sorte que dans les annĂ©es 610, la ville de Thessalonique, deuxiĂšme plus grande citĂ© de lâempire, Ă©tait complĂštement entourĂ©e de colonies de peuplement slaves. RĂ©duite Ă elle-mĂȘme Ă lâintĂ©rieur de ses propres murs, elle constituait selon les mots de lâhistorien John Van Antwerp Fine « une ville romaine (entendre byzantine) dans un ocĂ©an slave »[6]. Le premier livre des Miracles de saint Demetros raconte les tentatives des Slaves pour sâemparer de la ville en 615 sous la conduite dâun de leurs chefs, Chatzon, puis lors dâun siĂšge conjoint entre Avars et Slaves en 617, siĂšge sans rĂ©sultat[7]. Vers le milieu du siĂšcle, les colonies de peuplement slaves (sclavinies) Ă©taient solidement implantĂ©es un peu partout Ă travers les Balkans.
Pendant ce temps, la guerre avait repris en Orient, cette fois contre les Arabes de MuÊżawiya Ier. EmpĂȘtrĂ© dans cette guerre, affaibli Ă lâintĂ©rieur par des conflits religieux et une rĂ©volte militaire, ce nâest quâen 658 que lâempereur Constant II HĂ©raklius (r. 641 â 668) put se tourner vers les Balkans, faire campagne en Thrace et reprendre le contrĂŽle de nombreuses sclavinies ainsi que dâune grande partie de la MacĂ©doine. Dans le mĂȘme temps, Constant entreprit une politique de colonisation en transplantant des Slaves en Asie Mineure tandis que d'autres s'engageaient dans l'armĂ©e byzantine[8] - [9].
Causes immédiates
Le deuxiĂšme volume des Miracles de saint Demetrios dĂ©crit Perboundos, le « roi des Rhynchinoi » [N 1] comme un chef puissant ayant suffisamment assimilĂ© la culture byzantine pour parler grec, entretenir des relations avec Thessalonique oĂč il avait une rĂ©sidence et mĂȘme sâhabiller Ă la grecque[10] - [11]. Selon cette source, la paix qui existait entre les Slaves et les Byzantins aurait Ă©tĂ© compromise lorsque lâĂ©parque de Thessalonique (dont on ne mentionne pas le nom) fut informĂ© que Perboundos planifiait sâemparer de la ville. LâĂ©parque fit rapport Ă lâempereur qui ordonna lâarrestation de Perboundos. Ce dernier fut alors interpelĂ© lors dâune visite dans la ville, mis aux fers et envoyĂ© Ă Constantinople[12] - [13] - [14].
Les Rhynchines de mĂȘme quâune autre tribu slave, celle des Strymonites qui vivaient dans la vallĂ©e du fleuve Strymon, furent profondĂ©ment offensĂ©s par cette arrestation. Une dĂ©lĂ©gation conjointe comprenant Ă©galement des reprĂ©sentants de la ville de Thessalonique se rendit Ă Constantinople pour plaider en faveur de Perboundos, chose exceptionnelle dâaprĂšs le byzantiniste Paul Lemerle qui considĂšre quâelle illustrait les relations de bon voisinage existant jusquâalors entre les autoritĂ©s byzantines et les voisins mĂȘme si elles les considĂ©raient toujours comme des « barbares ». La terminologie employĂ©e dans les Miracles de saint Demetros fait clairement soupçonner que Perboundos Ă©tait coupable de quelque chose puisque la dĂ©lĂ©gation devait demander « la clĂ©mence » de lâempereur et non lâexonĂ©ration du chef slave. Lâempereur, complĂštement aux prĂ©paratifs de sa guerre contre les Arabes promit de libĂ©rer Perboundos une fois celle-ci terminĂ©e. Les envoyĂ©s semblent sâĂȘtre satisfaits de cette rĂ©ponse et retournĂšrent chez eux oĂč le calme fut rĂ©tabli du moins temporairement[15] - [16]. La suite des choses devait cependant prouver que les craintes de lâĂ©parque Ă©taient fondĂ©es. Perboundos rĂ©ussit Ă sâĂ©chapper avec lâaide dâun traducteur officiel chargĂ© des affaires slaves. Une imposante chasse Ă lâhomme fut organisĂ©e; lâempereur craignant une attaque slave imminente contre Thessalonique envoya prĂ©venir la citĂ©, donnant ordre Ă ses dirigeants de prendre les prĂ©cautions nĂ©cessaires et dâemmagasiner des provisions en cas de siĂšge. Au bout de quarante jours Perboundos fut dĂ©couvert alors quâil se cachait dans la propriĂ©tĂ© du traducteur. Ce dernier fut exĂ©cutĂ© et Perboundos fut renvoyĂ© Ă Constantinople pour continuer Ă y ĂȘtre dĂ©tenu en confinement. Il fit une nouvelle tentative dâĂ©vasion, proclamant publiquement son intention dâorganiser une rĂ©volte de toutes les tribus slaves et de sâemparer de Thessalonique. AprĂšs cet aveu public, il fut exĂ©cutĂ©[12] - [17] - [18].
RĂ©sistance slave et siĂšge de la ville
AprĂšs avoir appris que leur roi avait Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©[N 2], les Rhynchines se rĂ©voltĂšrent, bientĂŽt suivis des Strymonites et dâune autre tribu voisine, celle des Sagoudates[N 3]. Nombre de tribus refusĂšrent cependant de se joindre Ă la rĂ©volte, certaines comme les Belegezites[N 4] faisant mĂȘme cause commune avec les Byzantins[19].
Blocus de Thessalonique
La ligue slave entreprit le blocus de Thessalonique par terre et pilla les environs, chaque tribu se voyant assignĂ© un secteur particulier : les Strymonites attaquĂšrent par lâest et par le nord, les Rhynchines par le sud et les Sagoudates par lâouest. Ă un rythme de trois Ă quatre par jour, les raids par terre et par mer se poursuivirent pendant deux ans : le bĂ©tail fut emportĂ©, lâagriculture cessa et la circulation maritime fut arrĂȘtĂ©e. Quiconque sâaventurait hors des murs de la citĂ© risquait dâĂȘtre tuĂ© ou capturĂ© [20] - [21]. Selon lâhistorien Florin Curta, « les Slaves firent preuve dâune plus grande organisation que lors des siĂšges prĂ©cĂ©dents, avec une armĂ©e dotĂ©e dâunitĂ©s spĂ©cialisĂ©es dâarchers et de soldats armĂ©s de frondes, de lances, de boucliers et dâĂ©pĂ©es »[19].
La ville ne pouvait compter sur lâaide de lâempereur, lequel devant faire face Ă la menace arabe en Anatolie, ne pouvait se permettre de dĂ©tourner une partie de ses troupes [22] - [23]. La situation fut aggravĂ©e le jour prĂ©cĂ©dent le dĂ©but du siĂšge lorsque les autoritĂ©s municipales dĂ©cidĂšrent de vendre Ă des commerçants Ă©trangers dont les bateaux Ă©taient dans le port le blĂ© stockĂ© dans les greniers sur ordre de lâempereur Ă raison dâun nomisma pour sept modii. Lâauteur anonyme des Miracles de saint Demetrios qui dĂ©crit longuement la dĂ©tresse des habitants ne tarit pas de critiques Ă lâendroit des Ă©lites commerciales et politiques de la ville dont la rapacitĂ© et les politiques Ă courte vue conduisirent rapidement Ă une famine exacerbĂ©e par le manque dâeau[24].
La situation se dĂ©tĂ©riora au point que beaucoup de citoyens firent dĂ©fection et se rendirent aux assiĂ©geants, lesquels, inquiets de la prĂ©sence dâun tel nombre de Byzantins parmi eux, les vendirent comme esclaves Ă dâautres tribus slaves Ă lâintĂ©rieur du pays. Ce nâest quâaprĂšs que quelques-uns de ces nouveaux esclaves aient pu sâĂ©chapper et retourner dans la ville pour y raconter leurs misĂšres que les dĂ©fections cessĂšrent[25]. Dans ce contexte lâauteur souligne la traitrise de certains Slaves, au nord de la ville, qui sous prĂ©texte de commercer avec les habitants massacrĂšrent « la fine fleur de nos plus valeureux citoyens ». Ce texte nâest pas clair. On peut y voir soit une tentative manquĂ©e de sortie par les assiĂ©gĂ©s, soit le massacre dâun groupe de citoyens ayant fait dĂ©fection pour retourner chez eux. Toutefois il fait aussi ressortir quâau moins une partie des assiĂ©geants (dâaprĂšs lâendroit, des Strymonites) entretenait des relations avec la ville et que le blocus nâĂ©tait donc pas complĂštement hermĂ©tique[26].
ArrivĂ©e dâune escadrille byzantine et assaut slave
LâarrivĂ©e dâune escadrille de dix navires de transport armĂ©s allĂ©gea la situation. Toutefois, selon lâauteur des Miracles, les marins tirĂšrent avantage de la situation et vendirent Ă la population le blĂ© quâils apportaient Ă des prix outrageux pendant que les autoritĂ©s municipales utilisaient ces mĂȘmes marins pour dĂ©couvrir toute cache de grain dans la ville. Leur arrivĂ©e ne fut cependant pas suffisante pour empĂȘcher les Slaves dâopĂ©rer en toute libertĂ© aux abords de la ville attaquant quiconque, par terre ou par mer, sâaventurait hors des murs en quĂȘte de nourriture[27]. Ce sur quoi le conseil de la ville dĂ©cida de se servir de ces dix navires ainsi que de toute autre embarcation disponible, dây faire monter ses citoyens les plus vigoureux comme Ă©quipage et dâaller chercher de la nourriture chez les Belegazites qui vivaient sur les bords du golfe PagasĂ©tique en Thessalie[28].
Leur absence ne manqua pas dâĂȘtre notĂ©e par les Slaves qui dĂ©cidĂšrent dâen profiter pour lancer un assaut dâenvergure contre la citĂ©. Ils sollicitĂšrent lâassistance des Drougoubites, groupe de tribus vivant au nord-ouest de Thessalonique qui savaient comment fabriquer des machines de siĂšge. On ignore si ceux-ci se bornĂšrent Ă fournir leur savoir technique ou sâils participĂšrent effectivement au siĂšge. Avec ces nouveaux appuis, les Slaves lancĂšrent leur assaut dĂ©cisif le 25 juillet « de la cinquiĂšme indiction » (677) [29] - [30].
DâaprĂšs le rĂ©cit quâen fait les Miracles, la premiĂšre intervention miraculeuse de saint Demetrios obligea les Strymonites Ă sâarrĂȘter et Ă faire marche arriĂšre alors quâils se trouvaient Ă environ cinq kilomĂštres des murs de la ville. On ignore les raisons qui conduisirent Ă cette dĂ©fection qui ne laissait plus que les Rhynchines et les Sagoudates pour supporter le poids des combats[31]. Vu la nature hagiographique des Miracles et lâutilisation frĂ©quente de procĂ©dĂ©s littĂ©raires connus, il est difficile de retracer le dĂ©roulement des combats oĂč les machines de guerre des Drougoubites ne semblent pas avoir jouĂ© de rĂŽle particulier. Pendant trois jours, soit du 25 au 27 juillet, les Slaves lancĂšrent des attaques contre les murs de la ville, mais furent constamment repoussĂ©s par les dĂ©fenseurs, saint Demetrios intervenant rĂ©guliĂšrement en personne pour aider ces derniers. La plus notable de ses interventions se situa prĂšs dâune poterne situĂ©e sur une place du nom dâArktos alors quâil apparut Ă pied et armĂ© dâune massue pour repousser une attaque des Drougoubites, un fait qui permit Ă certains commentateurs modernes de croire que les Slaves avaient rĂ©ussi Ă pĂ©nĂ©trer dans la ville. NĂ©anmoins, au soir du 27 juillet les Slaves abandonnĂšrent leurs assauts et se retirĂšrent emportant avec eux leurs morts, mais abandonnant leurs machines de siĂšges que les Thessaloniciens firent entrer dans la ville[20] - [32]. Quelques jours plus tard, lâexpĂ©dition envoyĂ©e en Thessalie revenait, chargĂ©e de blĂ© et de lĂ©gumes secs[33].
Expédition impériale et levée du blocus
En dĂ©pit de lâĂ©chec de leur assaut et du rĂ©approvisionnement de la ville, les Slaves nâen maintinrent pas moins leur blocus et continuĂšrent leurs raids. Ils poursuivirent leurs embuscades aux abords de la citĂ©, mais leur pression se relĂącha un tant soit peu [34]. Leur attention se tourna plutĂŽt vers la mer et leurs pillages visĂšrent plutĂŽt les navires marchands quâils attaquĂšrent non plus seulement Ă lâaide de leurs frĂȘles monoxyles, mais de navires capables dâaffronter la haute mer. Ils Ă©tendirent leur piraterie Ă lâensemble du nord de la mer ĂgĂ©e, pĂ©nĂ©trant mĂȘme dans les Dardanelles et atteignant lâile de Marmara[20] - [35].
Ceci se poursuivit jusquâĂ ce que lâempereur, dĂ©livrĂ© de ses autres soucis, puisse faire marcher son armĂ©e contre les Slaves (Ă partir de ce moment, seuls les Strymonites sont mentionnĂ©s nommĂ©ment) Ă travers la Thrace. Lemerle sâinterroge sur lâabsence dâune intervention maritime vu la piraterie Ă laquelle les Slaves venaient de se livrer, mais conclut que lâempereur voulait sans doute frapper au cĆur du problĂšme lĂ oĂč les tribus habitaient. Les Strymonites ayant eu vent des intentions de lâempereur eurent le temps de prĂ©parer leur dĂ©fense, occupant les cols et autres endroits stratĂ©giques, tout en appelant les autres tribus Ă les rejoindre. NĂ©anmoins, ils furent Ă©crasĂ©s par les troupes impĂ©riales et durent fuir. MĂȘme les emplacements prĂšs de Thessalonique durent ĂȘtre abandonnĂ©s et leurs occupants sâenfuir vers lâintĂ©rieur. Les Thessaloniciens affamĂ©s, y compris femmes et enfants, ne manquĂšrent pas de piller les campements abandonnĂ©s Ă la recherche de nourriture[36] - [37]. Lâempereur envoya Ă©galement un chargement de grain sous forte escorte navale apportant quelque 60 000 mesures de blĂ© pour la ville, marquant ainsi, comme le souligne Lemerle, une capacitĂ© renouvelĂ©e Ă intervenir avec force dans les Balkans une fois passĂ© le danger arabe. Par la suite les Slaves demandĂšrent la tenue de pourparlers de paix, mais leur conclusion ne nous est pas connue[38].
Questions de chronologie
La mention de la « cinquiĂšme indiction » dans les Miracles a soulevĂ© chez les spĂ©cialistes contemporains la question de la datation prĂ©cise de ces Ă©vĂšnements. Lâindiction correspondait Ă une pĂ©riode de quinze ans correspondant dans les siĂšcles prĂ©cĂ©dents Ă une Ă©valuation fiscale permettant de fixer un impĂŽt en nature et rĂ©visĂ©, dâabord tous les cinq ans, puis tous les quinze ans. Les annĂ©es Ă©taient ainsi numĂ©rotĂ©es de 1 Ă 15 dans chaque cycle dâindiction; toutefois, les cycles eux-mĂȘmes nâĂ©taient pas numĂ©rotĂ©s, laissant ainsi place Ă une certaine confusion. Par exemple, « en la huitiĂšme indiction » signifie en fait « en la huitiĂšme annĂ©e de l'indiction en cours », mais ne spĂ©cifie pas oĂč elle se place par rapport Ă la premiĂšre indiction qui commença le Ier septembre 312.
Certains spĂ©cialistes se sont rangĂ©s Ă la suggestion de lâhistorien autrichien T.L. Tafel du XIXe siĂšcle qui plaçait ces Ă©vĂšnements en 634. Toutefois cette annĂ©e-lĂ lâempereur de lâĂ©poque, HĂ©raclius (r. 6120-640), nâĂ©tait pas Ă Constantinople et le conflit avec les Arabes nâavait pas commencĂ©[39]. HĂ©lĂšne Antoniades-Bibicou et Halina Evert-Kappesova proposĂšrent une reconstruction diffĂ©rente, situant lâarrestation de Perboundos en 644, suivie du siĂšge de deux ans de Thessalonique, le grand assaut de la « cinquiĂšme indiction » se situant en 647 et la campagne impĂ©riale contre les Strymonites en 648/649[40]. Charles Diehl et dâautres ont plutĂŽt identifiĂ© cette campagne avec celle de Constant II en 657-658[41]. Henri GrĂ©goire pour sa part met de lâavant la date de 692 pour lâassaut gĂ©nĂ©ral, mais Arabes et Byzantins Ă©taient en paix dans les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes [42]. Une autre thĂ©orie qui a la faveur entre autres de Francis Dvornik et de Konstantin JireÄek identifient la campagne de la fin du siĂšge avec lâexpĂ©dition lancĂ©e par Justinien II (r. 685-695; 705-711) en 687/688 alors que lâempereur en personne conduisit ses troupes Ă travers la Thrace et la MacĂ©doine jusquâĂ Thessalonique rĂ©tablissant ainsi le lien entre Constantinople et Thessalonique. Ceci placerait le siĂšge dans les annĂ©es 685-687, mais Ă nouveau ces annĂ©es correspondaient Ă une pĂ©riode de paix entre Byzantins et Arabes[43] - [44].
La chronologie acceptĂ©e de nos jours par la plupart des spĂ©cialistes[45] est celle proposĂ©e par Paul Lemerle dans son Ă©dition critique des Miracles, laquelle sâappuie sur un certain nombre de faits avĂ©rĂ©s. La longue pĂ©riode qui sâĂ©tend entre ce siĂšge et les prĂ©cĂ©dents suggĂ©rĂ©e par le narratif permet dâexclure les dates les plus prĂ©coces; dâaprĂšs le texte lâempereur rĂ©gnant durant le siĂšge Ă©tait le mĂȘme que celui qui rĂ©gnait lors de la compilation, ce qui exclut Justinien II puisque son arrivĂ©e en personne Ă Thessalonique nâaurait pas manquĂ© dâĂȘtre soulignĂ©e par le narrateur; les prĂ©occupations de lâempereur en raison de son conflit avec les Arabes empĂȘche de considĂ©rer 662 puisque les Arabes Ă©taient en paix avec Byzance en raison de la « Grande Discorde ». Ceci nous laisse 676/677 alors que les Byzantins sous Constantin IV (r. 668-685) devaient faire face Ă la grande attaque lancĂ©e par le califat omeyade en 671/ 672 qui culmina lors du siĂšge de Constantinople de 674-678; câest aussi la seule pĂ©riode dâune « cinquiĂšme indiction » qui permet de placer tous les faits dĂ©crits par les sources[46]. Telle que reconstruite par Lemerle, la chronologie place la deuxiĂšme arrestation et lâexĂ©cution de Perboundos au dĂ©but 676, lâalliance slave dĂ©butant le siĂšge Ă lâĂ©tĂ© 676 et le grand assaut contre Thessalonique en juillet 677. LâexpĂ©dition impĂ©riale contre les Strymonites et la levĂ©e du siĂšge se situeraient alors Ă lâĂ©tĂ© 678 avec la destruction de la flotte arabe et la levĂ©e de la menace arabe contre Constantinople[47] - [48]. Andreas Stratos, universitaire grec, propose pour sa part une pĂ©riode encore plus longue : lâaffaire Perboundos aurait eu lieu en 672-674, son exĂ©cution en 674/675 juste avant le dĂ©but vĂ©ritable du siĂšge par les Arabes, et aurait Ă©tĂ© suivie du dĂ©but des attaques slaves contre Thessalonique en 675. Pour le reste, il suit la chronologie proposĂ©e par Lemerle[48].
Notes et références
Notes
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Siege of Thessalonica (676-678) » (voir la liste des auteurs).
- Les « Rhynchines » tirent leur nom dâune riviĂšre du nom de Rhynchinos dont on ne connait pas la localisation exacte; les spĂ©cialistes contemporains croient quâil pourrait sâagir du cours dâeau allant du lac Volvi au golfe Strymonique ( Lemerle (1981), pp. 112â113.
- On ignore combien de temps sâĂ©coula entre lâexĂ©cution de Perboundos et la rĂ©volte, mais il pouvait sâagir de plusieurs mois (Stratos [1978] p. 86).
- Tribu slave méridionale vivant en Macédoine entre Thessalonique et Veria.
- Tribu slave méridionale vivant en Thessalie.
Références
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- Fine (1991) pp. 65-66
- Curta (2001) p. 61-62
- Lemerle (1981) pp. 111-114
- Prosopographie der mittelbyzantinischen Zeit, no. 5901, « Perboundos »
- Lemerle (1981) pp. 111-113
- Stratos (1978) pp. 84-85
- Lemerle (1981) p. 114
- Stratos (1978) p. 85
- Lemerle (1981) pp. 114-116
- Stratos (1978) pp. 85-86
- Curta (2001) p. 112.
- Stratos (1998) p. 87
- Lemerle (1981) pp. 117, 119
- Lemerle (1981) p. 117
- Stratos (1978) p. 86
- Lemerle (1981) pp. 117-119
- Lemerle (1981) pp. 119-120
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- Lemerle (1981) pp. 120-121
- Lemerle (1981) p. 121
- Lemerle (1981) pp. 122-123
- Stratos (1978) pp. 86, 87
- Lemerle (1981) p. 123
- Lemerle (1981) pp. 123-124
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- Lemerle (1981) pp. 124-125
- Lemerle (1981) pp. 125-126
- Stratos (1978) pp. 87-88
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- Stratos (1978) pp. 89-90
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- Fine (1991) p. 71
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- Lemerle (1981) pp. 128-132
- Lemerle (1981) p. 132
- Stratos (1978) pp. 90-91
Bibliographie
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