Siège de Marmande
Le siège de Marmande est une opération militaire d’Amaury VI de Montfort lors de la croisade des Albigeois en 1219, qui trouva sa conclusion avec l’arrivée du prince Louis de France, fils de Philippe Auguste, et qui se termina par le massacre de la population de la ville.
Guilhem de Tudèle, Chanson de la croisade des albigeois, début XIIIe siècle, BnF, département des manuscrits, ms. Français 25425, fo 231.
Royaume de France Croisés | Comté de Toulouse |
Louis de France Amaury VI de Montfort | Centule d’Astarac Arnaud de Blanquefort |
Armée royale : 600 chevaliers 10 000 archers |
~ 5 000 habitants massacrés |
Batailles
Chronologie de la croisade des albigeois
Coordonnées | 44° 31′ nord, 0° 10′ est |
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Les circonstances
Depuis l’échec du siège de Toulouse et la mort de son père, Amaury VI de Montfort se trouve dans une situation désespérée. Le moral de ses troupes est au plus bas, les seigneurs languedociens commencent à se révolter et le comte Raymond VII de Toulouse entreprend une campagne de reconquête. Les faibles effectifs de l’armée d’Amaury ne lui permettent pas de s’y opposer, et plusieurs barons conseillent à Amaury la négociation. Le pape Honorius III avait envoyé une ambassade au roi Philippe Auguste, mais l’effet ne s’en fera sentir qu’au cours de l’année suivante.
Le siège
Aux alentours de Noël, Alix de Montmorency, veuve de Simon de Montfort et mère d’Amaury, et Bouchard de Marly arrivent avec un petit contingent de croisés. Ce renfort lui permet de faire un raid dans les Corbières, puis il tente de surprendre la ville de Marmande, en Agenais, mais sans succès.
Il entreprend alors le siège de la ville, au début de l’année 1219. Raymond VII ne juge pas utile d’intervenir, faisant confiance aux capacités des défenseurs et de ses deux chefs : Centule d’Astarac et Arnaud de Blanquefort[2]. Raymond préférait également continuer le combat contre les croisés se trouvant à Carcassonne. En effet, certains d’entre eux, conduits par Foucauld de Berzy, effectuaient des raids dévastateurs dans les terres du comte. Avec le comte de Foix, Raymond surprend la troupe de Foucault de Berzy près de Baziège et la massacre.
Au printemps, le roi Philippe Auguste envoie son fils à la tête d’une importante troupe : une vingtaine d’évêques, une trentaine de comtes, six cents chevaliers et dix mille archers[3].
Cette armée arrive à Marmande le 2 juin 1219. Dès le premier assaut, les ouvrages avancés de la défense de la ville sont emportés. Pour Centule d’Astarac, le commandant de la place forte, l’avenir est nettement moins assuré, avec la venue du fils du roi. Il entreprend des négociations et accepte la reddition de la ville le , en échange de la vie sauve pour lui et ses soldats. Le légat pontifical réclame pourtant la mort de Centule, comme hérétique et parjure, mais des barons protestent, estimant contraire à leur honneur de violer la parole donnée. Le comte d’Astarac et ses soldats sont considérés comme des prisonniers de guerre, mais les soldats du roi avaient profité de cette discussion entre le fils du roi et le légat pour entrer dans la ville et commencer le pillage et le massacre. Cinq mille habitants sont massacrés et la ville est incendiée[4].
Bilan
Cette victoire reste sans lendemain. Amaury de Montfort s’est montré incapable de prendre la ville avant l’intervention royale. L’annonce de la prise de Marmande, ainsi que celle du massacre, rend méfiantes les populations qui refusent d’accorder foi à la parole royale. Ainsi Toulouse refuse peu après d’ouvrir ses portes au prince, qui met le siège devant la ville, mais ne réussit pas à la prendre. Au début du mois d’août, le prince Louis quitte le sud du royaume, et Amaury de Montfort subit d’autres revers, avant de devoir renoncer en 1224 et quitter à son tour le Languedoc.
Annexes
Bibliographie
- Gérard Sivéry, Louis VIII le Lion, Paris, Fayard, , 473 p. (ISBN 2-213-59395-7, présentation en ligne).
Notes et références
- Étude sur la vie et le règne de Louis VIII (1187-1226)., par Charles Petit-Dutaillis Publié par Librairie E. Bouillon, 1894
- Frédéric Boutoulle, « Les trois sièges de Marmande (1212, 1214, 1219) », Medievales -Paris-, no 74,‎ , p. 99–120 (lire en ligne, consulté le )
- Estimation sur lesquels les historiens s'accordent. Voir Georges Bordonove, La Tragédie cathare, Paris, Pygmalion – Gérard Watelet, coll. « Les Grandes Heures de l’Histoire de France », , 462 p. (ISBN 2-85704-359-7), p. 337.
- E. Lavisse, Histoire de France, t. III, Paris, Hachette, , 430 p. (lire en ligne), voir page 278.