Serenissimi
Pour les médias italiens, l'expression Serenissimi désigne le groupe indépendantiste Veneto Serenissimo Governo[1] - [2]. Dans la nuit du 8 au , neuf personnes prennent d'assaut la Place Saint-Marc et le Campanile de Saint-Marc pour hisser le drapeau de la République de Venise. Cet événement est notamment marqué par l'utilisation d'un char artisanal construit à partir de véhicules agricoles.
L'action vise Ă empĂȘcher l'anniversaire du bicentenaire de la chute de la RĂ©publique sĂ©rĂ©nissime de Venise le par les troupes napolĂ©oniennes[3]. Pour les indĂ©pendantistes, il s'agit autant de revenir sur le traitĂ© de Campo-Formio que sur le plĂ©biscite de Venise de 1866[4].
Déroulement des événements
La nuit du 8 au 9 mai
Partis de Padoue le à 22 heures, les huit hommes prennent la route de Venise. Arrivés à destination aux alentours de minuit, ils embarquent sur un traghetto ACTV pour rejoindre la place Saint-Marc. Armés de Berretta Mab 38, ils prennent possession de la place et quatre membres s'installent dans les étages supérieurs du campanile avec un émetteur radio déjà utilisé pour diffuser des messages sur la RAI. Les membres des Serenissimi appellent alors les Vénitiens à l'insurrection[5]. L'objectif était de garder la position jusqu'à l'anniversaire de l'abdication du dernier doge de venise Ludovico Manin, le .
Le maire de Venise, Massimo Cacciari, tente de mettre fin Ă l'entreprise indĂ©pendentiste avec des pourparlers. N'ayant aucun effet, Ă 8h15 les membres du Gruppo di intervento speciale sont dĂ©pĂȘchĂ©s sur place pour mettre fin Ă la situation.
Le procĂšs
Les personnes arrĂȘtĂ©es lors de l'intervention des carabiniers sont Gilberto Buson (46 ans), Cristian et Flavio Contin (23 et 55 ans), Antonio Barison , Luca Peroni (28 ans), Moreno Menini (20 ans), Fausto Faccia (30 ans) et Andrea Viviani (25 ans)[5]. Un neuviĂšme membre est arrĂȘtĂ© par la suite, il s'agit de Giuseppe « Bepin » Segato, considĂ©rĂ© comme l'ambassadeur du groupe et ayant trouvĂ© des documents invalidant la prise de position de 1866[6] - [7].
Lors du procÚs, les accusés parlent de leurs actions comme d'une initiative dénuée de violences[8]. Les chefs d'accusations sont notamment entreprise terroriste, et perturbation de l'ordre démocratique et des services publics (notamment les lignes d'Azienda Consorzio Trasporti Veneziano). Les peines sont les suivantes :
- Luigi Faccia : non présent lors de l'occupation de la place, il est considéré comme le président de Veneto Serenissimo Governo et est condamné à 5 ans et 3 mois de prison.
- Giuseppe « Bepin » Segato est condamné à 3 ans et 7 mois de prison[5].
- Flavio Contin, Fausto Faccia et Gilberto Buson sont condamnés à six ans de prison[9].
- Moreno Menini est relùché[9].
- Christian Contin, Luca Peroni et Andréa Viviani sont condamnés à quatre ans et neuf mois de résidence surveillée[9].
DÚs 1999, la femme de Luigi Faccia demande une grùce pour son mari qui n'est pas validée[5].
En 2011, la Cour de Cassation italienne casse les accusations les plus lourdes concernant l'entreprise terroriste, la perturbation de l'ordre démocratique et l'union nationale. Cette décision est prise parce que les moyens utilisés (tracteurs transformés en char et armes de la seconde guerre mondiale) ne constituaient pas un réel danger pour la démocratie italienne[2] - [1].
Implication politique
Alors que les membres des Serenessimi revendiquent une indépendance et une autodétermination des habitants de la Vénétie, cet événement n'est pas issu d'un parti politique pour une indépendance du nord de l'Italie (notamment la Ligue du Nord qui, le organisa un référendum sur l'indépendance de la Padanie)[3].
Influences postérieures
Dans les annĂ©es 2000, le tank est utilisĂ© pour des fĂȘtes rĂ©gionales montrant un intĂ©rĂȘt pour le nationalisme vĂ©nitien comme lors de la Festa dei Veneti (FĂȘte des VĂ©nitiens) Ă Cittadella en 2006[10].
En 2014, la police italienne arrĂȘte, Ă la suite d'Ă©coutes tĂ©lĂ©phoniques, 22 personnes planifiant une attaque violente Ă l'aide de chars artisanaux et d'armes lĂ©gĂšres en provenance d'Albanie. Cette manifestation devait, comme en 1997 dĂ©clarer l'indĂ©pendance de la VĂ©nĂ©tie. Parmi les personnes arrĂȘtĂ©es, deux membres de l'Ă©quipe de 1997 et deux anciens parlementaires de la Lega Nord[11] - [12] - [13].
En , le rĂ©fĂ©rendum de la Lega Nord est perçu par Flavio Contin comme le « fils du Campanile[14] ». De mĂȘme, le prĂ©sident de la rĂ©gion VĂ©nĂ©tie parle d'un fil reliant dans l'Histoire l'Ă©vĂ©nement de 1997 et le scrutin de 2017[15]. Concernant le mĂȘme rĂ©fĂ©rendum, plusieurs Serenissimi se sont exprimĂ©s en faveur de l'indĂ©pendance[16].
Référence culturelle
Dans le manga japonais Gunslinger Girl, une scÚne fait référence à l'épisode des Serenissimi avec une prise armée du Campanile[17].
Notes et références
- « «I "tanki" non erano mezzi eversivi», i Serenissimi assolti dalla Cassazione - Corriere del Veneto », sur corrieredelveneto.corriere.it (consulté le )
- (it) « DPC | Caso dei ĂąâŹËSerenissimi' (occupazione del campanile di S. Marco ... », Diritto Penale Contemporaneo,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- Lynda Dematteo, L' Idiotie en politique : Subversion et néo-populisme en Italie, Les Editions de la MSH, , 256 p. (ISBN 978-2-7351-1385-9, lire en ligne)
- (it) « Referendum del Veneto risveglia i Serenissimi che sfidarono col tanko il governo in piazza San Marco », Rainews,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- « Ecco chi erano gli 8 Serenissimi dell'assalto al campanile », Il gazzettino,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- « Morto Segato, ispirĂČ lÂassalto dei Serenissimi a San Marco », ilGiornale.it,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- (it) « Vita e Pensiero di Giuseppe Segato âlâAmbasciatore Venetoâ »
- (it) « 'SI', ABBIAMO SBAGLIATO' I SERENISSIMI SI PENTONO - la Repubblica.it », Archivio - la Repubblica.it,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- (it) « ASSALTO AL CAMPANILE CONDANNATI I 'PIRATI' - la Repubblica.it », Archivio - la Repubblica.it,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- (it) « Una pacifica invasione di ventimila «patrioti» - il mattino di Padova », Archivio - il mattino di Padova,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- Philippe Ridet (Rome correspondant), « L'invraisemblable projet des indĂ©pendantistes de VĂ©nĂ©tie », Le Monde.fr,â (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consultĂ© le )
- « Des indĂ©pendantistes vĂ©nitiens prĂ©paraient un assaut contre la place Saint-Marc - France 24 », France 24,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- « ITALIE. IndĂ©pendantistes de VĂ©nĂ©tie : terroristes ou illuminĂ©s ? », Courrier international,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- (it) « Il Serenissimo: «Il voto di domenica figlio del nostro blitz sul Campanile» », Il Gazzettino,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- (it) Marco Bonet, « Lâassalto a San Marco Che cosa resta 20 anni dopo », Corriere del Veneto,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- (it) « I Serenissimi del tanko a Venezia. âVotiamo sĂŹ anche se sarĂ inutileâ », LaStampa.it,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- « Gunslinger Girl Omnibus Collection 5 (Vol. 11-12) | Seven Seas Entertainment », sur www.sevenseasentertainment.com (consulté le )