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Sentinel-6

Sentinel 6 ou Jason CS (pour Jason Continuity of Service) est une famille comprenant deux satellites d'altimétrie satellitaire océanographique développés par l'Agence spatiale européenne et dont le lancement a été réalisé le pour le premier et programmé en 2026 pour le second. Comme les satellites franco-américains Jason, dont ils reprennent les principales caractéristiques, ils satisfont d'abord aux besoins d'EUMETSAT et de la NOAA, organismes météorologiques respectivement européen et américain. Mais ils sont également partie intégrante du segment spatial du programme Copernicus de la Communauté européenne dont l'objectif est de collecter et redistribuer des données issues de sources multiples portant sur l'environnement de la Terre[1]. À ce titre, ils sont un des composants de la flotte de satellites Sentinel en cours de déploiement pour ce programme.

Description de cette image, également commentée ci-après
Vue d'artiste du satellite Sentinel-6.
Données générales
Organisation Drapeau de l’Union européenne Agence spatiale européenne
Constructeur Drapeau de l'Allemagne Airbus Defence and Space
Drapeau de la France Thales Alenia Space(instrument)
Domaine Topographie des océans
Nombre d'exemplaires 2
Constellation Oui
Statut En fin de préparation
Lancement Sentinel 6A : 21 novembre 2020
Sentinel 6B : 2026
Lanceur Falcon 9 (6A)
Durée de vie > 5 ans
Site www.esa.int/Sentinel-6
Caractéristiques techniques
Masse au lancement Environ 1 440 kg
Contrôle d'attitude Stabilisé 3 axes
Puissance Ă©lectrique > 891 watts
Orbite
Orbite Orbite basse
Altitude 1 336 km
Inclinaison 66°
Principaux instruments
Poseidon-4 Altimètre radar
AMR-C Radiomètre
Doris Système de positionnement orbital
GNSS-POD RĂ©cepteur GPS
LRA Rétroréflecteur laser

Les satellites Sentinel-6 fournissent des données en quasi temps réel sur la surface des océans (vagues, vents de surface, hauteur de la mer) utilisées pour les prévisions de météorologie marine à court terme, des éléments alimentant les prévisions saisonnières (El Niño, ...) et des mesures de l'évolution de la hauteur des océans qui alimentent les recherches sur le changement climatique. Pour remplir ces objectifs, les satellites Sentinel-6 emportent des équipements permettant de mesurer avec une très grande précision la hauteur de la mer. Pesant environ 1,44 tonne, ils utilisent une plateforme basée sur celle des CryoSat et emportent un radar altimètre et radiomètre micro-ondes. Le premier a été lancé le [2] et le second est programmé en 2026.

Historique

La Communauté européenne décide en 2009 d'intégrer dans son programme Copernicus les données recueillies par les satellites franco-américains Jason qui, en mesurant la hauteur des océans, fournissent des données climatiques essentielles sur l'évolution du climat. Cette famille de satellites, qui comprend TOPEX/Poseidon, Jason-1 et Jason-2, est alors développée sous la maîtrise d'ouvrage de la NASA et du CNES (agence spatiale française) pour répondre aux besoins d'EUMETSAT et de la NOAA, organismes météorologiques respectivement européen et américain. Jason-3 est le premier satellite de la série construit dans ce nouveau contexte.

Fin 2013, la commission européenne décide d'associer de manière plus étroite cette famille de satellites avec le programme Copernicus. Dans ce nouveau cadre, la construction de deux satellites Sentinel-6/Jason-CS (CS pour Continuity of Service) est décidée dont le premier doit être lancé en 2021. Le développement des satellites est confié à la filiale allemande d'Airbus Defence and Space tandis que l'instrument principal doit être fourni par Thales Alenia Space France[3]. Sur le plan technique, la plateforme utilisée est proche de celle des satellites CryoSat tandis que les instruments sont similaires à ceux utilisés par les Jason. Les satellites Sentinel-6 constituent une solution transitoire en attendant la mise au point de la technologie du radar à synthèse d'ouverture altimètre interféromètre qui doit être testé dans le cadre de la mission Surface Water Ocean Topography Mission lancée en décembre 2022[4].

Le premier satellite, Sentinel 6A, est renommé "Sentinel-6 Michael Freilich" en hommage à l'ancien directeur de la division Earth Science de la NASA qui prend sa retraite en 2019, au cours d'une cérémonie tenue le à Washington[2].

Le financement, la construction des segments spatial et terrestre ainsi que la gestion opérationnelle sont répartis entre les différents acteurs de la manière suivante[5] :

  • EUMETSAT est le chef de file pour la dĂ©finition du cahier des charges des satellites,
  • la CommunautĂ© europĂ©enne finance le fonctionnement opĂ©rationnel de Jason-3 et des deux satellites Sentinel-6,
  • l'Agence spatiale europĂ©enne est responsable pour le compte d'EUMETSAT et de la CommunautĂ© europĂ©enne du dĂ©veloppement des satellites et de leurs instruments,
  • la construction du deuxième satellite Sentinel-6 est cofinancĂ©e Ă  parts Ă©gales par EUMETSAT et la CommunautĂ© europĂ©enne,
  • la NASA prend en charge le lancement des deux satellites Sentinel-6,
  • EUMETSAT est responsable du dĂ©veloppement du segment terrestre,
  • EUMETSAT prend en charge la prĂ©paration et la gestion opĂ©rationnelle des deux satellites,
  • la NOAA fournit le segment terrestre aux États-Unis pour la rĂ©cupĂ©ration des donnĂ©es.

Objectifs

L'objectif principal est de recueillir des données permettant d'assurer la continuité de mesures réalisées par les instruments des satellites Jason-2/Jason-3. Il doit également permettre d'étalonner les autres missions d'altimétrie satellitaire, en particulier les satellites océanographiques Sentinel-3 également mis en œuvre par EUMETSAT. Les données produites sont les suivantes[5] :

  • pour les besoins de mĂ©tĂ©orologie marine, des donnĂ©es sur la hauteur des vagues, la vitesse du vent en surface et la hauteur des mers sont fournies en quasi temps rĂ©el.
  • pour les prĂ©visions saisonnières, la vitesse des courants marins
  • pour les recherches sur le climat (changement climatique), l'Ă©lĂ©vation du niveau de la mer.

Caractéristiques techniques

Le satellite Sentinel-6 utilise une plateforme basĂ©e sur celle du satellite europĂ©en CryoSat avec des panneaux solaires dĂ©ployables en orbite de plus grande dimension et la plupart des instruments montĂ©s au nadir (sur le cĂ´tĂ© du satellite faisant face Ă  la Terre)[6]. Le satellite est stabilisĂ© 3 axes. Sa masse au lancement est de 1 440 kilogrammes et ses dimensions sont de 5,3 x 4,17 x 2,35 mètres. La propulsion Ă  ergols liquides mono-ergol dispose de 214 kilogrammes qui sont utilisĂ©s pour maintenir l'orbite et abaisser le pĂ©rigĂ©e en fin de vie afin de garantir une rentrĂ©e atmosphĂ©rique au bout de moins de 25 ans (application des mesures destinĂ©es Ă  limiter les dĂ©bris spatiaux). La durĂ©e de vie est de 5,5 ans dont 6 mois pour la phase de recette en orbite et la quantitĂ© d'ergols emportĂ©e permet une durĂ©e de fonctionnement minimale de 7,5 ans. Les panneaux solaires et les batteries sont dimensionnĂ©s de manière Ă  faire face Ă  une consommation moyenne de 891 watts. Le volume quotidien des donnĂ©es transfĂ©rĂ©es est de 1200 gigabits. La mĂ©moire de masse a une capacitĂ© de 496 gigabits (en dĂ©but de mission). Les tĂ©lĂ©communications sont assurĂ©es en bande X (liaison descendante) avec un dĂ©bit de 150 mĂ©gabits/seconde et en bande S (liaison montante et descendante) avec un dĂ©bit respectivement de 16 et 32 kilobits par seconde. Le satellite peut ĂŞtre lancĂ© par une fusĂ©e Falcon 9 ou Antares[7].

Charge utile

Données altimétriques de Sentinel-6A, superposées à celles de Jason-3, Sentinel-3A et -3B.

La charge utile est similaire Ă  celle des satellites Jason :

Deux instruments sont utilisées pour recueillir les données altimétriques[4] :

  • l'altimètre-radar Poseidon-4 dĂ©veloppĂ© par Thales Alenia Space mesure la distance entre la surface de l'ocĂ©an et le satellite. Il s'agit d'un radar bi-frĂ©quence (5,3 GHz en bande C et 13,575 GHz en bande Ku) qui permet de mesurer la topographie de la surface de l'ocĂ©an, de calculer la vitesse des courants ocĂ©aniques ainsi que de mesurer la hauteur et la vitesse des vagues. Il dispose d'une deuxième frĂ©quence en bande C qui permet de corriger les effets de l'ionosphère, la taille de l'antenne est rĂ©duite mais la puissance de l'Ă©mission est augmentĂ©e, le système de gĂ©nĂ©ration de signal utilise une puce qui permet de sĂ©lectionner la frĂ©quence d'ondes et d'avoir une meilleure maĂ®trise de la phase, le processeur utilisĂ© est durci contre les rayonnements.
  • le radiomètre Ă  micro-ondes AMR-C dĂ©veloppĂ© par le JPL mesure les caractĂ©ristiques de l'atmosphère qui influent sur les donnĂ©es fournies par l'altimètre. Ă€ cet effet, il mesure la rĂ©flexion de micro-ondes sur la surface de l'ocĂ©an dans trois longueurs d'onde :
    • l'Ă©mission en 23,8 GHz mesure la quantitĂ© de vapeur d'eau prĂ©sente dans la colonne d'air traversĂ©e par les Ă©missions radar
    • l'Ă©mission en 34 GHz fournit la correction Ă  apporter liĂ©e aux nuages ne produisant pas de prĂ©cipitations
    • l'Ă©mission en 18,7 GHz permet de mesurer l'influence du vent sur la surface de la mer.

Trois équipements permettent de déterminer avec une grande précision la position du satellite. Combinées avec la mesure de l'altimètre, ces données permettent d'en déduire la hauteur du niveau de la mer[4] :

  • le système de trajectographie Doris du CNES mesure la distance entre le satellite et des stations terrestres dĂ©diĂ©es
  • un rĂ©cepteur GPS GNSS–POD utilise les signaux GPS et Galileo pour dĂ©terminer l'orbite prĂ©cise.
  • un Ă©quipement GNSS-RO (GNSS Radio Occultation) fourni par le JPL utilise l'occultation des signaux GPS pour collecter des informations sur la pression atmosphĂ©rique, la tempĂ©rature et la vapeur d'eau en suspension ainsi que sur les caractĂ©ristiques de l'ionosphère ;
  • un rĂ©trorĂ©flecteur laser LRA Ă©galement fourni par le JPL.

DĂ©roulement de la mission

Sentinel 6A, nommé en Sentinel-6 Michael Freilicht, est placé sur une orbite basse (non héliosynchrone) similaire à celles des satellites Jason (altitude 1 336 km, inclinaison orbitale de 66°) par un lanceur Falcon 9 le 21 , à 9h17 en Californie (18h17 en France métropolitaine)[8].

Le satellite repasse tous les 10 jours au-dessus de la même zone. Le deuxième exemplaire 6B doit être lancé vers 2026[4] - [7].

Notes et références

  1. (en) « Dernier coup d’œil sur le satellite Sentinel 6 », sur www.esa.int, (consulté le )
  2. (en) « Sentinel-6 satellite renamed in honour of renowned US scientist », sur www.esa.int, (consulté le )
  3. Rémy Decourt, « Sentinel 6 : découvrez la nouvelle famille de satellites météo », sur www.futura-sciences.com, (consulté le )
  4. (en) « Sentinel-6 Michael Freilich », sur directory.eoportal.org (consulté le )
  5. (en) « Sentinel-6 », sur www.eumetsat.int, (consulté le )
  6. « Airbus teste l’aptitude opérationnelle du satellite océanographique Sentinel-6A », sur www.airbus.com, (consulté le )
  7. (en) « sentinel-6 (jason – cs) » [PDF], sur www.esa.int/copernicus, (consulté le )
  8. Simon Chodorge, « [En images] L’Europe et les États-Unis lancent un satellite pour surveiller la montée des océans », sur www.usinenouvelle.com, (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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