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Scie passe-partout

La scie passe-partout, parfois nommée passant, scie harpon et, au Québec, godendart [1], est une scie à large lame avec une poignée à chaque extrémité destinée à abattre les arbres, à scier les grumes ou billes de bois en différentes longueurs, et à débiter de grosses pièces (troncs d’arbres, blocs de pierre tendre). Elle est maniée par deux ouvriers.

C'est un outil dont la lame dentée est flexible.

Histoire

La scie passe-partout est utilisée depuis l'époque gallo-romaine, en France notamment, comme l'atteste la stèle funéraire d'un charpentier conservée dans un musée de Metz[2].

Si sa représentation (ou sa mention) n'est pas rare (sans être fréquente) en héraldique, c'est surtout dans l'iconographie chrétienne qu'elle est présente. En effet, l'attribut de Simon le Zélote étant la scie, celle-ci est très souvent figurée par la scie passe-partout.

Le terme lui-mĂŞme de « passe-partout Â» est dĂ©jĂ  mentionnĂ© au milieu du XVIIIe siècle dans l'EncyclopĂ©die de Diderot et d'Alembert[3].

Mode d'emploi

L'arrivĂ©e de la scie passe-partout a pu ĂŞtre perçue comme une rĂ©volution dans le monde forestier, car elle est un bon complĂ©ment Ă  la hache dans l'abattage de gros arbres, car elle permet des coupes plus prĂ©cises. Elle prĂ©sente malgrĂ© tout plusieurs inconvĂ©nients : il faut deux hommes pour la manier, son utilisation reste difficile et très pĂ©nible physiquement. De plus, c'est un outil qui demande un entretien beaucoup plus important que les autres outils forestiers, notamment pour l'affutage, assez compliquĂ©. Il faut ajouter aussi que, malgrĂ© l'invention de cette scie, la hache reste très utilisĂ©e, notamment pour l'Ă©lagage de grosses branches ou encore la taille du « sifflet Â», entaille de coupe en biseau dans la base de l'arbre servant Ă  indiquer la direction de la chute de l'arbre souhaitĂ©e. De mĂŞme, elle ne dispense pas de l'emploi d'un ou de plusieurs coins.

Le principe d'utilisation est assez simple : chacun tire vers soi Ă  son tour, et ne pousse jamais. En effet, si l'un pousse, la lame flambe, et se bloque, plantant les dents de la scie dans le bois. La longueur de la lame est variable, et peut ĂŞtre comprise entre un mètre ou un peu moins (pour dĂ©biter des arbres de petit diamètre) Ă  plus de 3 mètres (assez rares et utilisĂ©es pour les coupes d'arbres sur pied très larges).

En règle gĂ©nĂ©rale, la longueur de ces lames est comprise entre 1,20 et 1,80 mètre, et la hauteur de la lame est, au milieu, d'environ une dizaine de centimètres au minimum, dents comprises. Celles-ci peuvent ĂŞtre plus ou moins grandes, suivant l'utilisation dĂ©sirĂ©e. Ainsi, on se sert plutĂ´t, pour l'abattage, de scies avec une très large denture (plus de 3 centimètres de longueur), alors que celles utilisĂ©es pour dĂ©biter du bois ou couper de grosses branches possèdent des dents plus petites. Elles sont souvent espacĂ©es, pour Ă©vacuer plus facilement la sciure de la coupe et ainsi Ă©viter l'encrassement de la lame qui rendrait le sciage moins efficace. Au dĂ©part, la denture la plus frĂ©quente est la denture isocèle, avec des dents triangulaires, pratique pour la simplicitĂ© d'affutage notamment. Mais dès le dĂ©but du XIXe siècle apparait la denture amĂ©ricaine, avec des dents isocèles alternĂ©es avec des dents raboteuses, faites pour Ă©vacuer la sciure de la fente. Ce type de scie s'avère bien utile surtout pour le dĂ©bitage du bois ou pour la coupe de bois plus mince, car les dents n'accrochent pas directement. En revanche, l'affutage est beaucoup plus complexe qu'avec une denture classique. Il faut Ă©galement remarquer que les lames des scies passe-partout sont assez frĂ©quemment lĂ©gèrement « courbĂ©es Â», ce qui a pour effet que la lame est plus large au milieu que sur les extrĂ©mitĂ©s, et donc que, pendant la coupe, les dents du milieu accrochent beaucoup plus le bois lors de leur passage que les dents situĂ©es Ă  l'extrĂ©mitĂ©.

Démonstration de l'utilisation de la scie par des bûcherons alaskiens.

Il se trouve que, vu leur longueur parfois impressionnante, ces scies sont peu pratiques à transporter, car elles plient facilement. Ainsi, le plus pratique pour leur transport est de les enfermer entre deux planches, maintenues serrées. Depuis l'apparition de la tronçonneuse couramment dans les années 1960 (inventée pourtant en 1926), du fait de sa difficulté d'utilisation (pénibilité physique notamment et le temps qu'elle demande) elle n'est quasiment plus utilisée pour la coupe du bois, mais on la retrouve dans des états plus ou moins médiocres sur des concours de bûcheronnage ou sur les façades d'anciennes fermes.

Entretien

L'affutage se fait avec un tiers-point, petite lime de section triangulaire.

Il faut donner des coups de lime en conservant toujours le même angle en partant bien de la base de la dent pour finir à son sommet. C'est la raison principale de son usure. C'est pourquoi on remarque que celle-ci est beaucoup plus prononcée sur les dents du milieu que sur celles situées aux extrémités de la lame.

Articles connexes

Notes et références

  1. Dictionnaire Larousse
  2. Site lessing-photo.com
  3. Diderot et d'Alembert, T. XIV, p. 786 et 787 : « Scie des coupeurs de bois, (Eaux & Forêts.) les scies dont on se sert dans les forêts pour débiter les plus gros arbres, s'appellent des passe-partout; ils n' ont qu'une manche à chaque bout de la feuille [...] »
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