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Sashiko

Le sashiko (ćˆșし歐, du japonais « petits bĂątons » ou « petits points ») est une technique japonaise de broderie. UtilisĂ©e historiquement pour rapiĂ©cer des vĂȘtements, les rendre plus solides ou les matelasser, elle sert Ă©galement Ă  des fins dĂ©coratives.

Veste de pompier du XIXe siĂšcle, mettant en Ă©vidence entre autres la technique du sashiko.

Histoire

À partir de l’ùre Edo, le sashiko est utilisĂ© pour renforcer les vĂȘtements de travail de la population japonaise rurale[1], ainsi que les vestes des pompiers privĂ©s de Tokyo[2]. Pour les paysans japonais, les piĂšces obtenues sont alors plus rĂ©sistantes et isolent mieux du froid, et le sashiko permet d’utiliser plus longtemps les mĂȘmes vĂȘtements en les reprisant ou en les assemblant[3], dans un souci d’économie[1].

À cette Ă©poque, des lois impĂ©riales rĂ©gissent les vĂȘtements, textiles et couleurs que la population peut porter. Ainsi, les classes populaires n’ont pas le droit d’arborer des couleurs vives, de larges motifs, ni de porter de tissus riches comme la soie. Par consĂ©quent, les textiles indigo sont parmi les plus rĂ©pandus, et les motifs utilisĂ©s (en broderie par exemple) sont nĂ©cessairement petits, avant de se diversifier Ă  la fin de la pĂ©riode[4].

Veste rĂ©versible de pompier, brodĂ©e de kanjis et de motifs de cercles entrelacĂ©s d’un cĂŽtĂ©, et de feuilles de gingko de l’autre.

Durant l’ùre Meiji, le travail du sashiko est une occupation importante pendant l’hiver, surtout dans les communautĂ©s rurales du nord du Japon. Les jeunes filles apprennent les techniques traditionnelles de la main des autres femmes, car la rigueur et la patience nĂ©cessaire pour la broderie sont considĂ©rĂ©es comme des qualitĂ©s essentielles pour une Ă©pouse[1].

Le sashiko connaĂźt une nouvelle vogue Ă  la fin du XXe siĂšcle au Japon mais Ă©galement dans les pays occidentaux[2].

Matériaux

Le sashiko se réalise traditionnellement avec du fil blanc ou écru sur une toile indigo, mais on trouve aussi des échantillons brodés au fil rouge[5].

Le fil utilisĂ© est plus Ă©pais que le fil pour la broderie occidentale, composĂ© de coton et tordu spĂ©cifiquement de façon Ă  ĂȘtre plus solide et Ă  prĂ©senter un rendu mat[6] - [7].

Le support de la broderie est gĂ©nĂ©ralement une Ă©toffe naturelle, en coton, chanvre ou lin, tissĂ©e assez lĂąchement pour favoriser le passage de l’aiguille[7]. Celle-ci est plus longue que les aiguilles Ă  broder classiques, pour permettre de broder plusieurs points Ă  la fois, et son chas plus large est adaptĂ© au fil[7].

Techniques

Traditions

Les motifs anciens disposent chacun d’un ordre dans lequel traiter les lignes de points afin de faciliter et d’accĂ©lĂ©rer le travail (par exemple, pour un motif d’entrelacement, broder les lignes horizontales, puis les lignes verticales)[2].

Il existe des nƓuds traditionnels pour le dĂ©but du travail ou le changement de fil au cours de l’ouvrage (hatamusubi) afin de tirer le maximum de profit de l’aiguillĂ©e de fil[8].

Motifs

Kimono présentant différents motifs brodés.

Les modĂšles utilisĂ©s reprennent pour la plupart des Ă©lĂ©ments gĂ©omĂ©triques, parfois stylisĂ©s, comme des vagues, des montagnes, des bambous, des motifs de losanges ou d’éclairs, d’hexagones ou de fleurs.

Ils se classent en deux catĂ©gories : moyƍzashi, qui dĂ©signe des motifs dont les points ne se coupent pas, et hitomezashi, travaillĂ©s sur une grille, avec des points verticaux et horizontaux qui peuvent se couper[9]. D’autres techniques comme les broderies kogin et nanbu hishizashi sont des variantes Ă  points comptĂ©s d’hitomezashi. On trouve aussi des mĂ©thodes Ă©voluĂ©es du sashiko, comme kakurezashi, qui consiste Ă  teindre Ă  nouveau la broderie afin qu’elle se rĂ©vĂšle lorsque le tissu fane, ou chirimenzashi, qui vise Ă  imiter par la broderie la texture et l’aspect du tissu de crĂȘpe chirimen[10].

Certains dessins sont privilĂ©giĂ©s par les brodeurs pour leur valeur symbolique et protectrice : les Ă©toiles Ă  cinq branches takonomekura protĂšgeraient ainsi les pĂȘcheurs de Kyushu des naufrages ; tandis que les motifs de zigzags Ă©loignent les mauvais esprits, et que les points de riz komezashi (pour les fermiers) ou d’écailles de poisson urokozashi (pour un pĂȘcheur) apportent la prospĂ©ritĂ©[11].

Ensemble d’échantillons de motifs de sashiko.

Les sources de ces motifs proviennent pour certains de la Chine, mais d’autres ont Ă©tĂ© conçus au Japon. Les ouvrages d’Hokusai ont ainsi inspirĂ© de nombreux brodeurs.

Motifs traditionnels

  • Tate-jima (義羞) : raies verticales
  • Yoko-jima (æšȘ羞) : raies horizontales
  • Kƍshi (æ Œć­) : carreaux
  • Nakamura kƍshi (äž­æ‘æ Œć­) : motif de la famille Nakamura
  • Hishi-moyƍ (è±æšĄæ§˜) : losanges
  • Yarai (çŸąæ„) : barriĂšre de bambou
  • Hishi-igeta (菱äș•æĄ) / tasuki : losanges parallĂšles ou cordes croisĂ©es
  • Kagome (籠盟) : tressage de bambou, comme pour un panier
  • Uroko (鱗) : Ă©cailles de poisson
  • Tate-waku (ç«ȘæȾく) : vapeur
  • Fundƍ (戆銅) : contre-poids
  • Shippƍ (侃漝) : sept trĂ©sors de Bouddha
  • Amime (ç¶Č盼) : filets de pĂȘche
  • Toridasuki (éł„è„·) : cercle de deux oiseaux entrelacĂ©s
  • Chidori (ćƒéł„) : pluvier
  • Kasumi (霞) : brume
  • Asa no ha (éș»ăźè‘‰) : feuille de chanvre, utilisĂ© pour les vĂȘtements d’enfant
  • Mitsuba (䞉葉) : trilobe
  • Hirayama-michi (ćčłć±±é“) : passages dans les montagnes
  • Kaki no hana (æŸżăźèŠ±) : fleur de kaki
  • Kaminari (雷) : Ă©clairs
  • Inazuma (çšČ慉) : Ă©clat de foudre
  • Sayagata (鞘枋) : motif de clĂ© ou de labyrinthe, d’origine bouddhiste
  • Matsukawa-bishi (æŸçšźè±) : Ă©corce de pin
  • Yabane (çŸąçŸœ) : plumes d’une flĂšche
  • Kikkou () : hexagones figurant une carapace de tortue

Les brodeurs modernes utilisent pour la plupart les motifs traditionnels, en ajoutant des Ă©lĂ©ments stylisĂ©s[2], ou en combinant le sashiko Ă  d’autres techniques, comme l’appliquĂ© ou le patchwork[12].

Notes et références

  1. (en) Susan Briscoe, Ultimate Sashiko Sourcebook : Patterns, Projects and Inspirations, David & Charles, (ISBN 978-1-4463-7578-5, lire en ligne), p. 8-9.
  2. (en) Hiromitsu Takano, Japanese Quilting : Sashiko, Pavilion Books, , 300 p. (ISBN 978-1-84994-303-1, lire en ligne).
  3. (en-US) « Origin of Sashiko | Sashiko: Traditional Japanese Sashiko Design & Instruction », sur www.designbyaika.com (consulté le ).
  4. (en) Kat Siddle, « Sashiko  |  Seamwork Magazine », sur www.seamwork.com (consultĂ© le ).
  5. (en) Erin Burke Harris, QuiltEssential, Concord, CA, C&T Publishing, , 208 p. (ISBN 978-1-60705-793-2), p. 102.
  6. « Le sashiko : définition, matériel et principes de base | Couleurs Japon », sur www.couleursjapon.com (consulté le ).
  7. (en) Susan Briscoe, Simple Sashiko : 8 Sashiko Sewing Projects for the Modern Home, David & Charles, , 48 p. (ISBN 978-1-4463-7462-7, lire en ligne), p. 5.
  8. (en) Susan Briscoe, Simple Sashiko : 8 Sashiko Sewing Projects for the Modern Home, David & Charles, , 48 p. (ISBN 978-1-4463-7462-7, lire en ligne), p. 7.
  9. (en-US) « Sashiko – Save the Stitches by Nordic Needle », sur www.nordicneedle.net (consultĂ© le ).
  10. (en) Susan Briscoe, Ultimate Sashiko Sourcebook : Patterns, Projects and Inspirations, David & Charles, (ISBN 978-1-4463-7578-5, lire en ligne), p. 11-12.
  11. (en) Susan Briscoe, Ultimate Sashiko Sourcebook : Patterns, Projects and Inspirations, David & Charles, (ISBN 978-1-4463-7578-5, lire en ligne), p. 15.
  12. (en) Sylvia Pippen, Paradise Stitched-Sashiko & Applique Quilts, C&T Publishing Inc, , 112 p. (ISBN 978-1-60705-107-7, lire en ligne).

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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