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Sans l'ombre d'un témoin

Sans l'ombre d'un témoin (titre original : With No One as Witness) est un roman policier d'Elizabeth George publié en 2005 puis aux Presses de la Cité la même année. Il a pour cadre la ville de Londres. C'est le treizième roman ayant pour héros l'inspecteur Thomas Lynley et son adjointe, Barbara Havers.

Sans l'ombre d'un témoin
Auteur Elizabeth George
Pays Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre Roman policier
Version originale
Langue Anglais américain
Titre With No One as Witness
Date de parution 2005
ISBN 9780060798451
Version française
Éditeur Presses de la Cité
Date de parution 2005
Chronologie
Série Inspecteur Lynley

Ces derniers sont sur les traces d'un tueur en série qui opère dans les quartiers populaires de Londres. Les premières victimes sont des adolescents noirs ou métis. Mais l'enquête ne débute véritablement que lorsqu'un jeune blanc est assassiné et que son corps mutilé est découvert dans un parc londonien.

Principaux personnages

  • Enquêteurs et alliés
    • Thomas Lynley : huitième comte d'Asherton est inspecteur de police au New Scotland Yard. Il occupe dans ce tome le poste de commissaire adjoint intérimaire à la suite de la tentative d'assassinat dont a été victime son supérieur, le commissaire Webberly. Blond, distingué, possédant une autorité naturelle, il conduit une Bentley et vit dans le quartier huppé de Belgravia avec son épouse Helen.
    • Barbara Havers : constable au New Scotland Yard. Elle est issue de la classe populaire. Elle est grosse, mal habillée, mal coiffée, a des dents ébréchées, se nourrit fort mal de produits bas de gamme. Têtue et peu disciplinée, elle a le sens de l'à-propos, de l'initiative et de l'humour. Elle conduit une Mini.
    • Wilson Nkata : sergent New Scotland Yard. C'est le seul policier noir de l'équipe de Lynley. De parents originaires des Antilles et d'Afrique et ancien membre d'un gang, il continue à habiter les quartiers populaires de Londres.
    • Helen Lynley : épouse de Thomas Lynley et l'assistante de Saint James après avoir été sa fiancée. Née Helen Clyde, elle est aussi issue de la noblesse anglaise. Le début du roman la présente enceinte de plusieurs mois. Pendant une bonne partie de l'intrigue son rôle se borne à chercher la tenue de baptême adéquate pour ne heurter aucune des deux traditions familiales.
    • Simon Saint James : consultant en expertise judiciaire. C'est l'ami d'enfance de Lynley. Il est handicapé à la suite d'un accident de voiture provoqué par l'ivresse de Lynley durant leur jeunesse. Il est marié à Deborah, la fille de son majordome. Il est peu présent dans cet épisode.
    • Deborah Saint James : épouse de Simon, dont elle était amoureuse depuis l'adolescence, et l'ancienne maîtresse de Thomas Lynley. Elle a beaucoup souffert de sa stérilité et s'en console avec son métier, la photographie.

Résumé

L'équipe de Lynley procède à une enquête minutieuse pour retrouver un tueur en série qui sévit au Sud de la Tamise : recherche d'indices, vérification des hypothèses, interrogatoires d'un grand nombre de témoins et de suspects. On a découvert le corps d'un adolescent blanc, maquillé, le thorax ouvert, les mains brûlées, le nombril découpé. Le meurtre est relié à celui de trois autres adolescents noirs ou métis dont la police n'a pas établi l'identité. Les trois précédents crimes n'ont fait l'objet d'aucune enquête, pas même pour identifier les mineurs décédés. Les détectives travaillent sous la pression de leur supérieur qui veut à tout prix éviter l'accusation de racisme institutionnel.

La quatrième victime est rapidement identifiée. Il s'agit de Kimmo Thorne, un adolescent à la dérive qui avait été confié par la justice à Colossus, un centre d'éducation en milieu ouvert pour jeunes délinquants situé dans le quartier d'Elephant and Castle. La découverte du corps d'une cinquième victime, Sean Lavery, un jeune noir fréquentant lui-aussi Colossus pousse les enquêteurs à interroger les adultes travaillant dans ce centre. Le cinquième crime introduit diverses la problématique : comment arrêter le meurtrier avant que les crimes ne s'accumulent ?

C'est alors qu'un sixième cadavre est découvert dans un parc sauvage de Londres. Bien que présentant de grandes similitudes avec les autres crimes, ce meurtre présente des différences par rapport au modus operandi du tueur en série. Les enquêteurs pensent que celui-ci a cessé de chercher ses proies au sein de Colossus, car il se sait surveillé. Il les choisit à présent dans un réseau pédophile, « MABIL Â». L'enquête plonge alors le lecteur dans les milieux interlopes de la capitale anglaise: un hôtel crasseux tenu par un émigré turc où un magicien albinos livre ses jeunes victimes aux membres du réseau, ledit réseau se réunissant dans une église désaffectée... Pour éviter que la presse n'entrave l'enquête par des révélations intempestives sur celle-ci ou ne déstabilise ses subordonnés en livrant public leur vie privée, Lynley s'offre en pâture aux tabloïds. Le meurtrier le contacte après la publication de photos de sa maison et de son couple. Helen, sa femme, est victime d'un fait divers tragique.

Quand le constable Barbara Havers parvient enfin à mettre le coupable hors d'état de nuire, il n'est nulle place pour un épilogue heureux. Sauf peut-être pour celle que retrouver son grade de sergent et, qui sait, peut-être un appui aimant pour avancer dans la vie.

Autour du roman

Comme plusieurs romans d'Elizabeth George, Sans l'ombre d'un témoin adopte plusieurs points de vue. Il y a d'abord le point de vue extérieur qui permet de suivre les péripéties de l'intrigue. C'est ce point de vue qui domine le roman. Comme souvent chez l'auteur, l'intrigue est émaillée par des chapitres permettant de comprendre la mentalité de l'assassin, ses obsessions, ses stratégies. Bien que les courts chapitres concernant le psychisme de l'assassin soient rédigés à la troisième personne du singulier, c'est bien son univers intérieur qui est décrit. Le lecteur ne comprend pas qui peut être cet "asticot"que Fu voit appaitre et qui conditionne son passage à l'acte.

Le point de vue des personnages récurrents de l'œuvre d'Elizabeth George est moins mis en valeur que dans les autres opus. Par contre, celui de la directrice de Colossus, Ulrike Ellis permet à l'auteure d'esquisser un portrait d'une femme prise en tenaille entre le désir charnel et leur devoir professionnel.

Le lecteur retrouve quelques recettes typiques d'Elizabeth George. Le premier chapitre n'a pas de lien immédiats avec les chapitres suivants. Il faut lire plus avant pour pouvoir situer ce premier chapitre dans son contexte général. Fidèle à l'esprit des romans policiers anglais classiques, l'auteur déroule une abondance de paragraphes descriptifs et d'études psychologiques. Elizabeth George utilise aussi à intervalles réguliers des ruptures dans la continuité du récit. Alors que ce dernier commence à livrer au lecteur un rebondissement haletant, le chapitre s'arrête net. Certes, il n'y a pas de coupure publicitaire, mais ce procédé rend le lecteur impatient de connaitre la suite comme c'est le cas dans certaines séries télévisées américaines.

La construction narrative des romans d'Elizabeth George est donc toujours à peu près la même : ruptures de rythmes, point de vue de narrations multiples, études psychologiques des personnages principaux et secondaires. La vie personnelle des protagonistes est racontée en pointillés de livre en livre: la vie amoureuse et familiale de Lynley, les difficultés de Barbara Havers avec sa mère atteinte d'une maladie d'Alzheimer, son idylle avec son voisin pakistanais Azhar, la stérilité de Deborah Saint-James, l'accident qui a rendu Saint-James infirme et dont Lynley porte toujours la culpabilité sont autant d'éléments qui donnent au lecteur un sentiment de familiarité. Par contre au fil des lectures, la rigidité de la structure narrative finit par donner un sentiment de répétition, de déjà-vu. Il ne faut pas oublier que l'écriture romanesque est une discipline enseignée dans les universités américaines. Elizabeth George, elle-même, a enseigné cette matière au Trinity college et continue de conseiller des écrivains débutants. Cette pratique a l'avantage de rendre les auteurs américains extrêmement performants dans leur construction narrative, mais a pour inconvénient de formater de plus en plus les récits destinés au grand public, comme les romans policiers.

Place du livre dans l'univers du roman policier

Le livre d'Elizabeth George est très volumineux, 920 pages dans l'édition de poche. La tendance actuelle dans la littérature anglo-saxonne à succès est à l'inflation des pages. Il suffit de se référer aux derniers Harry Potter et au Da Vinci Code. Cette mode semble avoir épargné les poids lourds du polar américain, Harlan Coben et Patricia Cornwell. Le style analytique et pointilliste de la reine américaine du polar anglais semble convenir à l'écriture d'un pavé. Elizabeth George glisse de l'intrigue policière à la description d'une Angleterre qu'elle considère en pleine déliquescence morale. Le thème d'une jeunesse déboussolée, livrée à elle-même, survivant dans la débrouille ou/et la petite délinquance est présent dans presque tous ses romans. Par contre, la fascination que l'auteure montrait pour les rites de la noblesse se fait plus discrète, sauf à la fin du roman. Elizabeth George s'est parfois vu reprocher les stéréotypes dont elle use dans son œuvre: le noble blond et mince, la prolétaire grosse et peu séduisante... Le traitement du psychiatre, profiler pour le Yard, est de la même veine. Le docteur Hamish Robson se révèle être un pédophile longtemps refoulé, ancienne victime d'abus sexuels. Il passe à l'acte au beau milieu de l'enquête dont il est pourtant le conseil. Il en profite pour utiliser les informations auxquelles il a accès pour incriminer le tueur en série qui sévit tout au long du roman.

Elisabeth George reconnait, dans la postface, s'être inspirée de deux livres américains sur les tueurs en série: Agent spécial du FBI: j'ai traqué des tueurs en série de John Douglas et Mark Olshaker et The gates of Janus de Ian Brady. De ce fait le lecteur reconnait facilement la nomenclature utilisée par l'auteur, nomenclature qu'il a déjà rencontré dans bon nombre de séries télévisées américaines comme The Inside : Dans la tête des tueurs ou Esprits criminels.

Enfin le livre Sans l'ombre d'un témoin occupe une place particulière dans le cycle consacré au duo d'enquêteurs Lynley-Havers. En effet à la fin du roman, Lynley donne sa démission de la police. S'agit-il de la fin d'une série ou l'amorce d'un rebondissement vers des romans libérés de la fascination de l'aristocratie britannique?

La presse et le livre

« La peinture sociale confine à l'hyper-réalisme, braquant ses phares sur un centre de rééducation pour jeunes délinquants londoniens dont la description vaut le détour. Et le lecteur se voit en prime gratifié d'une surprise finale dont les fans les plus assidus des faits et gestes de l'inénarrable Barbara et du très chic Sir Lynley auront du mal à se remettre. »

— Frédérique Roussel, Libération

« Elizabeth George nous bluffe une fois de plus par la manière dont elle nous implique dans son récit, par les revirements dont Lynley et ses acolytes sont capables, et par son habileté à faire progresser un récit au point que, chez elle, un pavé de 550 pages ne nous paraît pas plus long qu'une nouvelle ! »

— Pascale Frey, Lire

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