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Sampat Pal Devi

Sampat Pal Devß[1] - [2] - [3] (Uttar Pradesh, 1960 - ) est une militante indienne qui se bat contre la pauvreté, la corruption et pour les droits des femmes, fondatrice et dirigeante d'un groupe politique, le Gûlabï Gang.

Sampat Pal Devi
Membres des saris roses durant une réunion.
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Biographie

Dans son autobiographie parue en français en 2008 avec la collaboration de Anne Berthod[4], Sampat Pal raconte son enfance dans une famille originaire du district de Bundelkhand, l'une des rĂ©gions les plus pauvres de l'Uttar Pradesh, l'un des États les plus peuplĂ©s de l'Inde. « Les gens de la rĂ©gion disent qu’il n’est nullement surprenant qu’un gang de femmes vigilantes se soit formĂ© dans un tel paysage de pauvretĂ©, de discrimination et de chauvinisme[5]. »

MalgrĂ© la grande pauvretĂ©, Sampat Pal affirme avoir Ă©tĂ© une enfant dĂ©bordante dâ€˜Ă©nergie et de curiositĂ©, Ă  la fois trĂšs bagarreuse et avide d’apprendre. D’abord Ă  l’insu de sa famille, elle suit les garçons du village qui vont Ă  l’école chaque matin puis se cache dans la cour pour Ă©couter les leçons. C’est ainsi qu’avec le concours d’un camarade de jeux, elle va peu Ă  peu apprendre Ă  lire et Ă  compter, Ă  la consternation de sa mĂšre, trĂšs soumise Ă  la tradition. Mais son pĂšre et surtout son oncle, le seul de la famille Ă  avoir fait des Ă©tudes d’ingĂ©nieur, amusĂ©s par son obstination, vont encourager ses efforts et lui permettre d’aller Ă  l’école. « Une chose est sĂ»re : j’étais une Ă©lĂšve brillante pour mon Ăąge, avec des dispositions Ă©videntes. Cette annĂ©e a Ă©tĂ© fantastique. Ma soif d’apprendre Ă©tait inĂ©puisable. Mon oncle a acceptĂ© de me donner des cours supplĂ©mentaires Ă  la maison. »[4]

BientĂŽt cependant, sa famille ayant dĂ» dĂ©mĂ©nager vers Hanuman Dhara, minuscule hameau isolĂ© sans eau ni Ă©lectricité  ni Ă©cole, elle est contrainte d’arrĂȘter ses Ă©tudes pour reprendre sa vie de bergĂšre ou gardienne des jeunes pousses de riz. Tout en grimpant aux arbres avec entrain et en prenant la tĂȘte d’une bande de filles combatives, malgrĂ© la dĂ©sapprobation de sa mĂšre, « Amma, si discĂšte, si dĂ©licate, aurait tant voulu que je me conduise comme une petite fille convenable, que je ne retrousse pas ma jupe entre mes jambes dĂšs qu’elle avait le dos tournĂ©, que je m’exprime de façon posĂ©e. »[4]

« Quant Ă  mon lathi, il n’est pas question que je m’en sĂ©pare. Je suis une Gadaria, il fait partie de moi. »[4] Car son bĂąton de bergĂšre, le lathi, est Ă  la fois un instrument de travail indispensable au gardiennage des animaux et un signe d’appartenance Ă  son clan. Elle a donc appris Ă  s’en servir Ă  l’égal des garçons, tout comme elle avait commencĂ© Ă  se rendre Ă  l’école de sa propre initiative, sans se soucier de la tradition selon laquelle « pour les filles, la question ne se posait mĂȘme pas »[4]. Elle explique avoir longuement observĂ© les garçons s’entraĂźner entre eux au combat pour pouvoir les imiter avant d’aller « faire des dĂ©monstrations dans les villages. Il me semblait important qu’une femme connaisse les gestes d’autodĂ©fense les plus Ă©lĂ©mentaires. A la campagne, le lathi est une arme courante, on peut se le procurer facilement, voire le faire soi-mĂȘme avec une branche taillĂ©e. DĂšs que j’ai constituĂ© mon gang, j’ai multipliĂ© les sĂ©ances d’entraĂźnement. »[4]

Mais elle insiste aussi vigoureusement sur son attachement Ă  la non-violence et Ă  la persuasion par le dialogue, non par les bastonnades, comme en tĂ©moignent les nombreux exemples qu’elle donne tout au long de son rĂ©cit et qui ont justifiĂ© la fondation de son “gang”. « Ce sont mes arguments imparables qui font le plus d’effets, vous pouvez me croire. »[4]

AprĂšs avoir Ă©tĂ© mariĂ©e de force Ă  l'Ăąge de douze ans, bien que la loi indienne l’interdise, Sampat Pal est maintenant mĂšre de cinq enfants. Son mari est marchand de glace et a Ă©galement travaillĂ© avec le gouvernement dans le domaine de la santĂ© des travailleurs.

Le Gûlabß Gang, ou Gang des saris roses

Sampat Pal a crĂ©Ă© le GulĂąbĂź Gang, ou Gang des saris roses (en hindi), afin de poursuivre avec d’autres femmes et de façon organisĂ©e le combat qu’elle mĂšne depuis son plus jeune Ăąge, contre les violences conjugales et contre la corruption des fonctionnaires qui accable tout particuliĂšrement les femmes et les pauvres en gĂ©nĂ©ral.

Elle a constituĂ© son organisation au dĂ©but de l'annĂ©e 2006, en prenant exemple sur LakshmĂź Bùß, une reine qui a formĂ© sa propre armĂ©e en 1887 et qui a tenu tĂȘte aux Anglais pendant un an. BasĂ© dans une rĂ©gion rurale de l'État d’Uttar Pradesh au Nord-Est de l'Inde, le GulĂąbĂź Gang se compose de plusieurs milliers de femmes et de quelques hommes.

Ces femmes dĂ©fendent leurs droits, trĂšs souvent bafouĂ©s par les hommes, en multipliant les manifestations, protestations, sit-in collectifs et en menaçant de manier leur arme principale, le lĂąthi. En dernier recours, elles utilisent en effet ce bĂąton de bergĂšre « qui n’a jamais tuĂ© personne» et avec lequel elles s’entraĂźnent rĂ©guliĂšrement Ă  l’autodĂ©fense, face Ă  des policiers ou des fonctionnaires municipaux souvent porteurs, eux, d’armes Ă  feu[4]. Le gang regroupe des femmes de tous Ăąges, certaines ont jusqu’à soixante-dix ans, et les autoritĂ©s du pays ont appris Ă  craindre ces femmes et Ă  les respecter pour l’efficacitĂ© et la justesse de leurs actions, pour lesquelles elles endossent toutes un sari rose (fuchsia), la seule couleur «qui n’était pas dĂ©jĂ  prise» :

« Nous Ă©tions un gang, il nous fallait donc une tenue qui nous permette d’affirmer notre identitĂ© aux yeux des autres et qui renforce, au passage, le sentiment des membres d’appartenir Ă  un groupe. Nous portions toutes des saris. Restait Ă  en choisir la couleur. Jay Prakash a d’abord optĂ© pour le bleu, mais c’était la couleur officielle du Bahujan Samaj Party, le BSP, le parti des intouchables. Nous avons alors pensĂ© au jaune, malheureusement, cela rappelait trop les religieux hindous. Idem pour le vert, souvent portĂ© par les reprĂ©sentants du parti du CongrĂšs. Quant au rouge, c’était la couleur du Samajwadi Party, le SP, parti des basses castes. Il ne restait plus que le rose, une couleur trĂšs rĂ©pandue mais exclusivement fĂ©minine, facile Ă  trouver dans sa garde-robe et assortie Ă  la marque poudrĂ©e dont les femmes mariĂ©es se dĂ©corent le front[4]. »

Pour gĂ©rer et administrer son gang, Sampat Pal Devi est assistĂ©e par Jay Prakash, un homme qui s’est associĂ© Ă  elle aprĂšs avoir lui-mĂȘme organisĂ© des groupes femmes pour une ONG d’accĂšs au microcrĂ©dit dans le cadre de programmes gouvernementaux. GrĂące Ă  la persĂ©vĂ©rance du GĂ»labĂź Gang, les comportements ont progressivement changĂ© dans leur zone d’influence. Les lois votĂ©es en faveur du droit des femmes sont mieux respectĂ©es et certains hommes sont devenus sympathisants du gang des saris roses[4].

MalgrĂ© ses enfants Ă  charge et les propositions pour entrer en politique, qu'elle a jusqu’ici dĂ©clinĂ©es, Sampat ne compte pas s'arrĂȘter lĂ  et veut aller jusqu'au bout de son combat contre les violences conjugales, la corruption et l’injustice sociale. A la diffĂ©rence de PhĂ»lan DevĂź, autre femme qui fut chef de gang dans l’Utar Pradesh au dĂ©but des annĂ©es 1980, Sampat Pal s’affirme rĂ©solument non violente. Tout au long de son rĂ©cit, elle insiste sur le fait que les efforts du gang consistent surtout Ă  faire appliquer les lois, par exemple sur l’interdiction du mariage des enfants ou l’abandon des Ă©pouses, des lois qui existent au niveau national mais ne sont que rarement appliquĂ©es sur le terrain, surtout en milieu rural, dĂšs lors qu’elles s’opposent aux intĂ©rĂȘts ou Ă  la nĂ©gligence des fonctionnaires locaux[4].

Notes et références

  1. Marie-France Calle, « Sampat,la pasionaria au sari rose », Le Figaro,‎ (lire en ligne)
  2. Jean-Yves Desfoux, « Sampat Pal Devi, la combattante indienne en sari rose », Ouest-France,‎ (lire en ligne)
  3. DorothĂ©e Werner, « Sampat Pal Devi, chef de gang, elle se bat pour les Indiennes », Elle,‎ (lire en ligne)
  4. Sampat Pal, Moi, Sampat Pal, chef de gang en sari rose, en collaboration avec Anne Berthod, Oh ! Ă©ditions, 2008
  5. Soutik Biswas, « Les vigilantes femmes ‘en rose’ de l’Inde » (« India's 'pink' vigilante women »), in BBC News, 26 novembre 2007 | {{[en]}} en ligne

Voir aussi

Bibliographie

  • Sampat Pal Devi, Moi, Sampat Pal, chef de gang en sari rose, en collaboration avec Anne Berthod, Oh! Éditions, 2008. (ISBN 978-2-915056-79-2)

Articles connexes

  • PhĂ»lan DevĂź, autre femme indienne devenue chef de gang dans l’Utar Pradesh

Film documentaire en anglais

  • (en)Gulabi Gang, rĂ©alisĂ© par Nishtha Jain (en).

Liens externes

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