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Saint-Maurice-l'Ardoise

Saint-Maurice-l'Ardoise dit « Camp de l'Ardoise » est un camp militaire situé à Saint-Laurent-des-Arbres dans le Gard.

Saint-Maurice-l'Ardoise
Histoire
Fondation
Dissolution
Cadre
Type
Pays

Camp de prisonniers

Il a servi de camp de prisonniers pour les forces d'occupation pendant la Seconde Guerre mondiale.

Caserne

Le camp est ensuite utilisé comme caserne pour des compagnies républicaines de sécurité [1].

Centre d'assignation à résidence surveillée

Ă€ partir de 1957, le camp est transformĂ© en centre d'assignation Ă  rĂ©sidence surveillĂ©e. Le camp s'Ă©tend sur un terrain de 15 hectares entourĂ© d'un double grillage de barbelĂ©s au-delĂ  duquel s'Ă©tire un no man's land de broussailles de plus de 50 mètres de large ceint d'une double ou triple rangĂ©e de ribards ou chevaux de frise. Des miradors sont disposĂ©s sur tout le pĂ©rimètre. Le camp est dirigĂ© par un commissaire-divisionnaire assistĂ© de personnel technique. La garde extĂ©rieure est assurĂ©e par deux CRS (plus de 400 hommes). Sont prĂ©sents des fonctionnaires des renseignements gĂ©nĂ©raux pour le contrĂ´le des assignĂ©s. Y sont internĂ©s des AlgĂ©riens suspectĂ©s d'ĂŞtre membres du FLN. L'arbitraire et les conditions de dĂ©tention sont critiquĂ©es par l'Action civique non violente et des dĂ©fenseurs des droits de l'Homme[2]. Puis des militants partisans de l'AlgĂ©rie française et des personnes suspectĂ©es d'appartenir Ă  l'OAS y ont Ă©tĂ© internĂ©s entre janvier et . Ils se sont regroupĂ©s dans l'association ADIMAD.

Camp de harkis

De 1962 à 1976, le camp, utilisé comme camp de transit et de reclassement, accueille des Harkis.

En 1975, quatre hommes cagoulĂ©s et armĂ©s pĂ©nètrent dans la mairie de Saint-Laurent-des-Arbres, dans le dĂ©partement du Gard. Sous la menace de faire sauter ce bâtiment Ă  la dynamite, ils obtiennent après 24 heures de nĂ©gociations la dissolution du camp de harkis proche du village. Ă€ l'Ă©poque, depuis 13 ans, ce camp de Saint-Maurice-l'Ardoise accueillait 1 200 harkis et leurs familles[3]. Il y rĂ©gnait, selon Hocine Louanchi dans le film documentaire Hocine le combat d'une vie[4], une discipline militaire, des conditions hygiĂ©niques minimales, violence et rĂ©pression, et 40 malades mentaux erraient dĂ©sĹ“uvrĂ©s dans un isolement total vis-Ă -vis de la sociĂ©tĂ© française.

Un cimetière provisoire y est aménagé qui selon le registre d’inhumation compte 71 harkis, dont 62 enfants, tous morts entre 1962 et 1964 (l'hiver 62-63 étant particulièrement rigoureux et la rougeole fort active), dont 31 enfants en bas âge. Après la fermeture du camp, aucune inhumation définitive n'est organisée. Début 2022, la secrétaire d’État aux anciens combattants, Geneviève Darrieussecq, se rend sur place et parle de « faute » de l'Etat[3].

Une fille de Harkis, Madame Nadia GHOUAFRIA, découvre la preuve officielle de l'existence de ce cimetière d'enfants de Harkis : un document "non-communicable" auquel elle a accès après deux and d'attente. Une marche blanche est organisée le 21 avril 2023. Des fouilles sont menées par des archéologues de l'INRAP ont permis de localiser 27 tombes, découvrant des ossements d'enfants. L'intervention de Madame Patricia Mirallès, Secrétaire d'Etat aux Anciens combattants et à la Mémoire, présente ce 21 avril est déterminante : un mémorial sera construit. Les familles auront la possibilité de recueillir les dépouilles et d'effectuer des tests ADN. L'association "SORAYA", présidée par Mme Nadia GHOUAFRIA défend "la mémoire des enfants d'aciens combattants (Harkis)".

Bibliographie

  • Saint-Maurice-l’Ardoise. Socio-histoire d’un camp de harkis (1962-1976), menĂ©e par Tom Charbit, assistĂ© de Mababou KĂ©bĂ©. Cette Ă©tude de 269 pages, commanditĂ©e par la mission interministĂ©rielle aux rapatriĂ©s de la Direction de la population et des migrations (DPM) du ministère de l'Emploi, a Ă©tĂ© publiĂ©e en 2005 et est consultable au centre de documentation de la Direction de la population et des migrations. Elle a Ă©tĂ© distinguĂ©e, en 2006, par le prix Sydney-Forado de l'AcadĂ©mie de NĂ®mes.
  • Une synthèse partielle de 12 pages, titrĂ©e Sociographie des familles de harkis de Saint-Maurice-l’Ardoise, a Ă©tĂ© publiĂ©e, en , dans les colonnes du no 130 de la revue Migrations Ă©tudes[5].
  • Retour Ă  Saint-Laurent-des-Arabes est une bande dessinĂ©e documentaire de Daniel Blancou dans laquelle l'auteur interroge longuement ses parents, enseignants Ă  la retraite, sur leur expĂ©rience d'instituteurs dans les annĂ©es 1960 au camp de harkis de Saint-Maurice-l'Ardoise.
  • Didier Lavrut, « S'Ă©vader de Saint-Maurice-l'Ardoise », MatĂ©riaux pour l'histoire de notre temps, La Contemporaine, vol. 92, no 4,‎ , p. 37-44 (ISSN 0769-3206 et 1952-4226, OCLC 14087808, BNF 34396765).

Notes et références

  1. Didier Lavrut, « Saint-Maurice l’Ardoise : Un camp pour activistes dans le Gard en 1962 », Criminocorpus, Justice et dĂ©tention politique, RĂ©pressions politiques en situation de guerre, mis en ligne le 2 dĂ©cembre 2013, consultĂ© le 2 septembre 2019.
  2. « La France concentrationnaire », Témoignages et documents, no 19,‎ , p. 9 (lire en ligne, consulté le )
  3. Prisca Borrel, « Le cimetière oublié des enfants de Saint-Maurice », sur mediapart.fr, (consulté le )
  4. Le film sur Dailymotion ou Vimeo
  5. voir la version en ligne, au format .pdf (265 Ko).
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