Said Ali bin Said Omar
Saïd Ali bin Saïd Omar el Maceli al Ba Alawi a été le sultan de Bambao en Grande Comore et est mort le à Tamatave. Il est, officiellement d'après les accords signés avec le colon Humblot, le seul sultan à avoir régné sur toute l'île. Il est le fils de Saidi Omar d'Anjouan, mais c'est en vertu du principe de matrilinéarité de la transmission des biens dans la culture comorienne qu'il reçoit le trône du sultanat de Bambao. Il est le petit-fils de Saïd Achmet de Bambao.
Souverain de Bambao (d) |
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Il accède au pouvoir vers 1875 à la mort de son grand-père, alors qu'il est à Mayotte où il a reçu une éducation de type européen. Il rentre à Moroni et fait valoir ses droits au Sultanat.
Le savant et le sultan
Le botaniste Léon Humblot débarque en 1884; c'est un homme déterminé, aux manières affables. Le sultan l'apprécie et signe avec lui le , en tant que sultan de toute la Grande Comore, un contrat lui offrant, en exclusivité, des terres sur des sultanats que Said Ali ne contrôlait pas, avec une exonération de l'impôt. En outre Said Ali s'interdit de signer un protectorat avec une autre nation. Or des Allemands accostent également en 1884 et parviennent à faire hisser leur drapeau sur les hauteurs de Foumbouni. Humblot, y voyant une menace pour ses intérêts, va remplacer le drapeau. Alors que la Grande-Bretagne ne bouge pas, les Allemands soutiennent le sultan de Badjini Hachim bin Ahmed qui ne tarde pas à assiéger Moroni. Humblot part à Mayotte et essaie de convaincre le gouverneur d'intervenir, brandissant la menace allemande[1]et son contrat avec Said Ali. L'intervention implique la reconnaissance de souveraineté de Said Ali, en effet vis-à-vis des autres puissances européennes, la France ne peut intervenir militairement pour favoriser des intérêts privés. Le protectorat devient effectif et Weber est nommé résident, mais Said Ali préfère traiter avec Humblot, homme en qui il a confiance. En sus, Humblot et Weber semblent en conflit permanent, principalement pour ses exemptions de taxes.
Disposant de quelques officiers français et d'armes, il est impitoyable avec ses opposants. Djohar le surnomme Mapouwa zitswa, le coupeur de tête[2]. Nombreux sont ceux qui préfèrent l'exil comme Al Maarouf[3].
En , en raison des incessants conflits militaires, la France proposa de réduire à 5 sultanats les douze sultanats traditionnels. Said Ali accepte le . Humblot est finalement nommé résident le .
La mainmise de la France
Le , une révolte est matée par les troupes de marine, après celle ayant eu lieu à Anjouan. Le , la France propose de supprimer les cinq derniers sultanats pour créer douze provinces administrées par un Cadi et basées sur les anciennes frontières. La relation avec Humblot se détériorent et en 1893 Humblot est victime d'une tentative d'assassinat, sans que l'on puisse démontrer que Said Ali ait été le commanditaire.
Sans préavis, l'administration exile Said Ali bin Said Omar d'abord à Diégo-Suarez puis à La Réunion à partir de 1897. Humblot perd son poste. En 1908, les îles sont mises sous la tutelle du gouverneur de Madagascar et les résidents perdent leur pouvoir. Said Ali bin Said Omar se tourne vers la justice et obtient raison en 1909. Le tribunal reconnait illégale sa destitution mais les autorités ne le laissent pas retourner en Grande Comore pour remonter sur le trône. Il obtient néanmoins une compensation pour ses pertes. Alors qu'il est en France, il cède officiellement son pouvoir le . L'annexion officielle des Comores par la France est prononcée en 1912 et l'île intégrée à la colonie de Madagascar.
Un de ses fils, le prince héritier Saïd Houssein, a rejoint la Légion étrangère, le . Said Ibrahim, demi-frère de ce dernier, est né le à Tananarive
Notes et références
- Les Allemands établissent un protectorat sur le Sultanat de Kilwa en 1886
- (Djohar, p. 15 et 16)
- (Djohar, p. 13)
Annexes
Bibliographie
La Grande Comore. Des sultans aux mercenaires, Jean-Louis Guebourg, L'Harmattan, , 271 p. (ISBN 978-2-7384-2299-6, lire en ligne), p. 272
- Said Mohamed Djohar, Mémoires du président des Comores : Quelques vérités qui ne sauraient mourir, Editions L'Harmattan, , 350 p. (ISBN 978-2-296-51139-2, lire en ligne), p. 350