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Sabrage

Le sabrage est l'ouverture d'une bouteille de vin effervescent Ă  l'aide d'un sabre dont on passe le revers de la lame sur le col du contenant.

Sabrage d'une bouteille.

Historique

Cette technique est devenue populaire durant les guerres napolĂ©oniennes, au fur et Ă  mesure que l'armĂ©e de NapolĂ©on se rendait maĂźtresse des domaines aristocratiques appartenant Ă  l'empire austro-hongrois. À cette Ă©poque le sabre Ă©tait l'arme de choix de la cavalerie lĂ©gĂšre, les hussards. Chaque victoire remportĂ©e par l'armĂ©e de l'Empereur Ă©tait cĂ©lĂ©brĂ©e par des fĂȘtes au cours desquelles il fut de bon goĂ»t d'ouvrir une bouteille Ă  la hussarde, c'est-Ă -dire rapidement. Le sabre servit Ă  ça[1]. Il semble que lors d'une de ces fĂȘtes NapolĂ©on lui-mĂȘme a dit « Dans la victoire, vous mĂ©ritez du champagne, dans la dĂ©faite, vous en avez besoin[2]. »

MĂ©thode

Bouchons de champagne sabrés

La bouteille doit ĂȘtre maintenue Ă  la base par une main, le bouchon le plus loin du corps afin d'Ă©viter toute blessure, soit lors du sabrage, soit dans le cas oĂč le bouchon viendrait Ă  sauter spontanĂ©ment.

De l'autre main, l'opĂ©rateur fait glisser le sabre le long de la soudure entre les deux demi-bouteilles (Ă©galement appelĂ©e "couture") jusqu’à frapper le bourrelet infĂ©rieur du goulot. Le choc joint Ă  la pression interne provoque une cassure nette du verre et le goulot s'envole avec le bouchon toujours bloquĂ©[1].

Si la technique est simple, elle est délicate à réaliser. Les échecs sont généralement dus à une mauvaise application, mais aussi les défauts possibles dans la bouteille, ou par une pression anormale. Il n'y a normalement pas de risque de verre brisé dans la boisson, car la pression interne du gaz carbonique expulse tout.

Le procĂ©dĂ© peut en principe ĂȘtre appliquĂ© Ă  tout le vin mousseux, tant que l'ouverture de la bouteille prĂ©sente un bord adaptĂ©.

Théorie

En temps normal, la pression régnant dans la bouteille cherche à éjecter le bouchon, qui par adhérence transmet cet effort au verre composant le goulot. Ceci résulte principalement en des contraintes de traction dans le verre, liée à la différence de pression entre l'extérieur et l'intérieur de la bouteille. Ces contraintes restent en temps normal inférieures aux limites de résistance à la traction du matériau, la bouteille n'explose donc pas spontanément.

La partie de la bouteille situĂ©e immĂ©diatement sous le goulot Ă©tant plus fine que le goulot lui-mĂȘme, elle est la zone la plus fragile. De plus, la section du verre variant brutalement dans cette zone, un phĂ©nomĂšne de concentration de contraintes apparait en cas d'effort ou de choc.

La couture (jonction entre les deux demi-bouteilles), en plus d'ĂȘtre Ă  nouveau une zone de concentration de contraintes est Ă©galement une ligne de faiblesse car il s'agit d'une irrĂ©gularitĂ© dans le matĂ©riau (dĂ» au procĂ©dĂ© de fabrication de la bouteille).

Le sabrage consiste en fait simplement Ă  crĂ©er une micro-fracture dans le verre Ă  l'intersection de la couture et du goulot, ce qui est aisĂ© dans la mesure oĂč ce point est fragile pour les multiples raisons Ă©voquĂ©es ci-dessus. À partir de lĂ , de la mĂȘme façon qu'un morceau de tissu se dĂ©chire aisĂ©ment une fois entaillĂ©, les efforts liĂ©s Ă  la diffĂ©rence de pression Ă©tendent la fracture et dĂ©capite la bouteille, la pression Ă©jectant le goulot et le bouchon.

De fait, utiliser un objet tranchant est parfaitement inutile dans la mesure oĂč le verre de la bouteille n'est pas coupĂ©. On peut ainsi utiliser en lieu et place du sabre n'importe quel objet suffisamment dur pour ne pas absorber l'Ă©nergie du choc (couteau Ă  pain, pied de flĂ»te Ă  champagne, parpaing), et suffisamment massif pour que l'inertie de l'objet utilisĂ© permette de sabrer la bouteille sans effort, sans quoi la masse doit ĂȘtre compensĂ©e par la vitesse en vertu de e = Âœmv2, ce qui augmente les chances de se blesser ou de reverser le contenu de la bouteille. Une flĂ»te Ă  champagne est donc en rĂ©alitĂ© un relativement mauvais choix.

Les explications pouvant ĂȘtre trouvĂ©es sur internet (notamment YouTube) indiquent parfois certains dĂ©tails inutiles.

Certains recommandent de bien refroidir la bouteille, ou au moins le haut de la bouteille, afin de créer un "choc thermique" entre le verre et le sabre ou afin de fragiliser. S'il est vrai que le froid peut rendre certains matériaux plus cassants, en pratique cela n'est sensible qu'à des refroidissements par azote liquide (environ -200 °C). De plus, la différence entre la température d'un réfrigérateur (+4 °C) et la température ambiante (~25 °C) est négligeable.

En réalité refroidir la bouteille rend sans doute l'opération plus difficile : réduire la température réduit également la pression dans la bouteille (en approximant le contenu à un gaz parfait) et augmente la solubilité du dioxyde de carbone dans l'eau[3], réduisant encore la pression, et donc le tiraillement dans le verre permettant le sabrage. En réalité, chauffer une bouteille assez fort finirait par la faire exploser sans qu'aucune autre action ne soit nécessaire.

Il est aussi parfois conseillé de "frotter" le sabre contre la bouteille, la friction étant censée causer le choc thermique, ce qui est peu probable compte tenu de la vitesse du frottement et du fait que les surfaces ne soient pas spécialement adhérentes. Ceci est en plus sans compter que la surface de contact entre le sabre et la bouteille est sans nul doute trop faible pour permettre un échange thermique significatif.

Notes et références

Liens externes

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