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SĂ©bastien Demar

Jakob-Ignaz-Sebastian Demar (souvent appelé à tort Jean-Sébastien Demar[1], ou beaucoup plus récemment Jacques-Sébastien[2]), est un pianiste, compositeur, chef d'orchestre, professeur de musique et organiste.

SĂ©bastien Demar
Description de cette image, également commentée ci-après
Sébastien Demar, d'après Jean Fouquet. 1795
Naissance
Près de Bad Kissingen (région de Wurtzbourg, Allemagne)
DĂ©cès (Ă  69 ans)
Orléans
Activité principale pianiste, compositeur, chef d'orchestre, professeur et organiste

Né à proximité de Gauaschach, près de Bad Kissingen, au Nord de Wurtzbourg, en Basse-Franconie (Allemagne), le , il mourut à Orléans, le [3].

Biographie

Il était le fils de « Sebastien Demar, professeur de musique, et de Dorothée Zugis, son épouse »[4].

NĂ© dans une famille de musiciens, on ignore oĂą il fut formĂ© (peut-ĂŞtre Ă  domicile et dans une Ă©glise situĂ©e non loin de sa rĂ©gion de naissance). On lit ordinairement (Ă  la suite du musicologue belge FĂ©tis, qui fut un contemporain de vingt-et-un ans plus jeune[5]) qu'il fut formĂ© parmi les enfants puis les chantres et musiciens de la cathĂ©drale de Strasbourg. En rĂ©alitĂ©, au vu des dernières recherches (qui infirment ce qu'on peut lire sur cette question)[6], Demar n'a pas Ă©tĂ© enfant de chĹ“ur de cette cathĂ©drale. Il est seulement possible de conjecturer qu'il aurait, au mieux (si cela n'est pas une lĂ©gende Ă©laborĂ©e après coup), terminĂ© ses Ă©tudes musicales dans la ville de Strasbourg (spĂ©cialement ses Ă©tudes de composition) et commencĂ© sa vie professionnelle dans la chapelle de musique de cette cathĂ©drale, sous la direction du maĂ®tre de chapelle et compositeur Franz Xaver Richter, reprĂ©sentatif (au mĂŞme titre que Johann Stamitz) de l’« Ă‰cole de Mannheim ». Demar serait devenu ensuite, pendant trois ans, instituteur et organiste Ă  l'Ă©cole normale de Wissembourg, en Alsace. De mĂŞme source, on lit qu'il voyagea aussi Ă  Vienne (Autriche) pour se perfectionner dans le domaine de la composition, auprès de Joseph Haydn. FĂ©tis, puis Ă  sa suite le musicologue actuel HervĂ© AudĂ©on, ajoutent qu'il partit ensuite en Italie Ă©tudier avec « son oncle Pfeiffer Â».

Quoi qu'il en soit, il est Ă©tabli qu'il Ă©pousa Elisabeth Riesam, elle aussi allemande, et qu'il leur est nĂ© une fille, Theresia, le , Ă  Gernsbach (Grand-duchĂ© de Bade). Elle sera elle-mĂŞme compositrice. L'Ă©ventuelle installation du couple Demar - Riesam Ă  Paris en 1788 n'est pas documentĂ©e. Par contre, il est certain que « le , Ă  Landau, un fils, Joseph-Pierre, naĂ®t Ă  son tour dans cette ville de RhĂ©nanie-Palatinat, alors française. Elle est situĂ©e Ă  60 km au nord du lieu de naissance de sa sĹ“ur. Le couple est manifestement marquĂ© par la mobilitĂ©. Jakob Ignaz Sebastian Demar est-il alors musicien militaire ? C'est probable Â»[6].

Après septembre 1790 probablement, jusque dans le courant 1791, à Sarreguemines, Sébastien « Demard » recommandé par le marquis de Chamborant (amateur de musique), « touche supérieurement »[7] les orgues de la paroisse Saint-Nicolas. André-Claude, marquis de Chamborant est depuis juillet 1778 chargé du commandement en second de la Lorraine allemande, dont le siège est dans cette ville. En 1784, il est promu lieutenant général. Il commande le régiment de Cavalerie Hongroise appelé Chamborant Hussard (créé Régiment d'Esterhazy hussards et devenu le 1er janvier 1791 le 2e régiment de hussards). Ce sont des hussards qui jouent aussi de la musique dans son salon. Demar pourrait être lui aussi issu de ce régiment[6]. On sait aussi que Joseph Haydn, son maître dans la capitale autrichienne, était au service des princes Esterhazy.

Puis, il se fixa à Orléans, vers la fin de 1791. Demar fit beaucoup pour la musique dans la ville, où il dirigea d’abord la musique du 88e régiment (il était en place au )[8], puis de la Garde nationale. En 1799, il fut désigné par la municipalité pour toucher l’orgue en amateur, aux fêtes républicaines, dans les divers « temples » (les anciennes églises) où elles avaient lieu : le plain-chant y cédait la place au « chant guerrier ».

Au dĂ©but du XIXe siècle (1802 ?), Demar devint « maĂ®tre de piano-forte » dans la Maison d'Ă©ducation de Mme Robillard, Ă  OrlĂ©ans. En 1806, il crĂ©a la SociĂ©tĂ© des Concerts par Abonnement. Suivant le cours de l'histoire, il sera aussi organiste de l'Ă©glise Saint-Paterne Ă  partir de 1815… Dans ce cadre il put former au moins « le premier des enfants de chĹ“ur Â» Ă  la technique du pianoforte et de l’orgue. Ce garçon, qui avait « des dispositions pour la musique » se nommait Pascal Lage (autorisation donnĂ©e par le conseil de fabrique au )[9]. Jusqu'Ă  la RĂ©volution de 1789, des garçons chantaient avec et dans le chĹ“ur professionnel de nombreuses Ă©glises et Ă©taient longuement formĂ©s aux techniques du chant liturgique, et plus gĂ©nĂ©ralement aux diffĂ©rentes techniques de la musique vocale et mĂŞme instrumentale. La science de l'Ă©criture polyphonique, ainsi que la composition, Ă©tait Ă©galement enseignĂ©es. Ici, faute d'argent pour entretenir un ensemble de chantres sinon un chĹ“ur suffisants, il semblerait que le clavier commençait Ă  prendre le pas sur le chant d'Ă©glise.

Demar appartenait à la loge maçonnique Saint-Jean, mais il ne fut qu'un voisin très proche de la Société des Belles-Lettres (l’Académie, créée en 1809). À cette époque l’Académie ne comptait pas de musiciens parmi ses membres.

En 1819, en compagnie d'un ancien maîtrisien de Saint-Aignan nommé Vaillant, devenu libraire, et d'un certain Boissard, il créa une école de musique située au 40 rue de la Bretonnerie. Ses Trois chœurs d'Esther (vers 1819-1821) témoignent de sa production musicale pour cette école[10]. On y enseignait une méthode inspirée de celle de Frédéric Massimino, professeur de chant et de piano, d'origine italienne et installé à Paris, .

Demar laissa de nombreuses œuvres, très intéressantes, souvent instrumentales. Il est l'auteur, entre autres, de plusieurs concertos pour forte-piano, dont un "concerto-chasse", un concerto cosaque, un concerto dédié à l'impératrice Marie-Louise.

Il transcrivit pour harpe un de ses concertos pour violon afin qu'il puisse être exécuté par sa fille Theresia en concert public à Paris.

Famille

Selon Fétis, son frère Joseph Demar, né en 1774, était violoniste et compositeur à Wurtzbourg. Sa fille, Thérésia-Elisabeth-Françoise Demar (Theresia Demar) épousa Jean-Nicolas Gannal, pharmacien, chimiste et inventeur de l'embaumement moderne. Elle-même était pianiste, harpiste, compositrice et professeur de musique. On sait aussi qu'elle chantait[11]. Elle vécut plusieurs années à Paris et finalement termina sa vie à Orléans (son mari était mort en 1852, à Paris). Elle-même mourut à Orléans le , à 71 ans[12]. Elle a laissé plus d'une trentaine de compositions musicales, qui furent publiées à l'époque. Elles sont conservées à la BnF[13] essentiellement. Sa cantate Sainte-Cécile (éd. Orléans, Gatineau, 1851) avait été écrite sur des paroles de l'historien et bibliophile orléanais Constant Leber.

Theresia Demar Ă©tait nĂ©e Ă  Gernsbach (DuchĂ© de Bade) le . Son acte de dĂ©cès indique qu'elle Ă©tait la fille de « Jacob-Ignace-SĂ©bastien Demar, professeur de musique, et de Dame Elisabeth Riesam Â»[14]. D'autres sources, erronĂ©es, la font naĂ®tre Ă  Paris en 1788.

La saint-simonienne et militante féministe Claire Demar (1799-1833) était[15] peut-être, elle aussi, une fille du couple Demar. L'état civil orléanais de l'année 1799 (An VII-An VIII), de même que la table décennale correspondant à cette période, ne font cependant apparaître aucune naissance qui pourrait être considérée comme la sienne.

Enregistrements

Bibliographie

  • HervĂ© AudĂ©on, Demar (Johann-Sebastian), in : Dictionnaire de la musique en France au XIXe siècle (Ă©d. JoĂ«l-Marie Fauquet, Paris, Fayard, 2003).
  • Id., Catalogue des concertos pour pianos Ă©ditĂ©s pour la première fois Ă  Paris entre 1795 et 1815, . Catalogue publiĂ© sur la base de donnĂ©es Philidor du Centre de Musique Baroque de Versailles, , 54 p. (p. 15-17 : DĂ©mar [Jacques-Ignace-]SĂ©bastien, 3 concertos).
  • François Turellier, Les orgues et les organistes de la cathĂ©drale Sainte-Croix d’OrlĂ©ans. Leur place Ă  l’église et dans la ville, des origines jusqu’aux travaux d’Aristide CavaillĂ©-Coll, in : "L’Orgue", Revue trimestrielle publiĂ©e par l’Association des Amis de l’Orgue en coĂ©dition avec SymĂ©trie, no 291, Versailles, Lyon, 2010-III, p. 3–33 (p. 23–24).

Notes et références

  1. Par ressemblance approximative avec les initiales et le prénom de Jean-Sébastien Bach.
  2. Il est prénommé ainsi dans l'article en ligne Rosalie Tognini, corniste ou sur le Portail de la bibliothèque municipale de Gaeta
  3. État civil d'OrlĂ©ans, qui le fait naĂ®tre Ă  « Altbenisgesang Â» (ancien nom d'Altbessingen (de), près de Gauaschach).
  4. Cf. son acte de décès, à l'état civil d'Orléans (25 juillet 1832, acte no 1294).
  5. François-Joseph FĂ©tis, Biographie universelle des musiciens, 1ère Ă©dition 1834-1835, 2e Ă©dition 1860. Article : « Demar (SĂ©bastien) Â»
  6. « DEMAR, Jacques Ignace Sébastien (1763-1832) », sur Muséfrem.
  7. « Supérieurement » est le mot couramment employé à l'époque pour qualifier un jeu instrumental de haut niveau.
  8. Journal général du département du Loiret. Annonces, Affiches, et Avis divers de la Ville d’Orléans, 23 décembre 1791, p. 1173.
  9. Archives départementales du Loiret. 52 J 67. Saint-Paterne. Administration temporelle de la paroisse. Fabrique, bureau : procès-verbaux de délibération (1817-1830).
  10. Paris, BnF ; Carcassonne, médiathèque
  11. Cf. Orléans. Médiathèque. Rés. E-18175.32. Élégie sur le tombeau de Selma.
  12. État civil d'Orléans. 19 janvier 1858. no 92.
  13. Partitions de Theresia Demar. Catalogue « Opale plus Â» de la BnF (32 notices).
  14. Elle est explicitement mentionnée, ainsi que son frère Joseph-Pierre, sur le site généalogique (familysearch.org) de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours (mormonisme) qui recense et baptise selon ses rites tous les êtres humains consignés dans les registres d'état-civil anciens. Cf. : Site généalogique des mormons
  15. Selon l'article « Demar (Thérèse) », sur le site du Sophie Drinker Institut, qui présente cela comme un fait établi
  16. (en) « Mannheimer Schule Vol. 5 », sur Discogs (consulté le ).

Liens externes

  • Site de l’Orfeo Barockorchester Linz (Autriche) : (Programmes at-a-glance / From the Early Classical to the Romantics).

Articles connexes

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