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Rue Anatole-Le-Braz

La rue Anatole-Le-Braz est une rue de Nantes située dans le quartier Hauts-Pavés - Saint-Félix. Elle constitue une forme remarquable de lotissement municipal de l'entre-deux-guerres.

Anatole-Le-Braz
Situation
CoordonnĂ©es 47° 13′ 41″ nord, 1° 33′ 49″ ouest
Pays
Ville Nantes
Quartier(s) Hauts-Pavés - Saint-Félix
DĂ©but Rue Paul-Bellamy
Fin Rue Villebois-Mareuil
Morphologie
Type rue
Longueur 220 m
GĂ©olocalisation sur la carte : Nantes
(Voir situation sur carte : Nantes)
Anatole-Le-Braz
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Anatole-Le-Braz
GĂ©olocalisation sur la carte : Loire-Atlantique
(Voir situation sur carte : Loire-Atlantique)
Anatole-Le-Braz

Description

La rue parcourt environ 220 m, entre les rues Paul-Bellamy (ancienne rue de Rennes) et Villebois-Mareuil. Elle prĂ©sente une forme originale curviligne qui rompt avec la rĂ©gularitĂ© gĂ©omĂ©trique des lotissements alentour. La disposition en courbe – contre-courbe mĂ©nage un effet de dĂ©couverte Ă  l'Ă©chelle du piĂ©ton, effet accentuĂ© par les pentes lĂ©gères mĂ©nagĂ©es de part et d'autre de la rue. Aux 10 m de largeur de la voie viennent s'ajouter, de part et d'autre, 2,50 m de zone non aedificandi, oĂą s'Ă©panouissent de petits jardins de devant, espaces de transition entre la rue et les logements clĂ´turĂ©s par des grilles de couleur et de dimensions identiques. Les constructions sont majoritairement individuelles hormis quelques immeubles qui restent nĂ©anmoins de proportion modeste dans leur dĂ©veloppĂ© de façade. La plupart sont datĂ©es des annĂ©es 30 et empruntent un style Art dĂ©co.

DĂ©nomination

La rue a été baptisée par délibération du conseil municipal du , en mémoire de l'écrivain et folkloriste de langue bretonne Anatole Le Braz. D'autres villes bretonnes (Rennes, Guingamp par exemple) ont souhaité ainsi lui rendre hommage après sa mort en 1926[1].

GĂ©ographie

La rue a Ă©tĂ© tracĂ©e sur un terrain humide et Ă  la topographie tourmentĂ©e. Un ruisseau y coulait depuis la rue du Maine creusant un profond vallon. Ses eaux se mĂŞlaient un peu plus loin Ă  celles du GuĂ© Moreau, rivière qui a façonnĂ© le relief du quartier, du boulevard des AmĂ©ricains jusqu'Ă  l'Erdre. L'ancien lieu-dit « la Grenouille » un peu plus au Nord[2] atteste de ce caractère de zone humide. La rue se situe en point bas (14 m d'altitude) Ă  l'Ă©chelle du quartier avec un dĂ©nivelĂ© nĂ©gatif de 20 m par rapport Ă  la rue des Hauts-PavĂ©s.

Historique

Plan de prolongement de la rue du Maine (actuelle rue Le Braz)

Le début du XXe siècle voit une extension importante de la Ville de Nantes sous la forme de lotissements. Entre 1908 et 1920, la municipalité acquiert un certain nombre de parcelles, représentant un total d'un peu plus d'1,5 ha, entre les rues Paul-Bellamy, Villebois-Mareuil et Émile-Souvestre. L'objectif premier, dans la droite ligne des préoccupations hygiénistes de l'époque, est d'établir les égouts nécessaires à l'assainissement du quartier. Beaucoup des propriétaires de la rue du Maine envoient en effet dans le ruisseau leurs eaux usées. Le rapport de la direction des travaux publics de la Ville, chargée du projet indique : « le ruisseau est un véritable foyer d'infection, les immondices se déposent tout au long de son cours[3] ».

Le coĂ»t d'acquisition des terrains s'Ă©lève Ă  environ 320 000 francs de l'Ă©poque, le coĂ»t de rĂ©alisation du rĂ©seau d'assainissement, de terrassement et de viabilisation Ă  343 000 francs. La viabilisation du terrain, en vue de rĂ©aliser le lotissement, n'est pas chose aisĂ©e. Il faut assĂ©cher le sol, combler les cressonnières et le ruisseau. Le volume de remblai estimĂ© est important : 6 000 m3. La plupart de ces remblais proviendront des terres extraites pour la construction des Ă©gouts de la route de Rennes (actuelle rue Paul-Bellamy). Le projet s'attache nĂ©anmoins Ă  Ă©pouser la topographie des lieux. Le rapport indique en effet que prĂ©voir une pente unique entre la rue du Maine et la rue route de Rennes aurait nĂ©cessitĂ© un remblai de 6,20 m d'Ă©paisseur au dessus du point le plus bas du terrain, ce qui est considĂ©rable. La solution d'une double pente est donc retenue, avec une dĂ©clivitĂ© douce de 3,7 % du cĂ´tĂ© de la rue Villebois-Mareuil et de 4 % du cĂ´tĂ© de la route de Rennes.

Ă€ ces considĂ©rations techniques viennent s'adjoindre des considĂ©rations esthĂ©tiques prescrites par Étienne Coutan, alors « directeur des services des plantations, de l'esthĂ©tique urbaine et de l'architecture ». Parmi les prescriptions inscrites au cahier des charges du lotissement de 1929 s'imposant aux futurs constructeurs, figurent celles-ci : la façade des constructions sur voie publique devra ĂŞtre au minimum de 8 mètres, un retrait de 2,50 m par rapport Ă  la rue devra ĂŞtre respectĂ© et sera affectĂ© Ă  la culture de plantes dĂ©coratives, un modèle de clĂ´ture spĂ©ciale Ă©tabli par la Ville de Nantes fermera chaque lot sur la voie publique. PrĂ©alablement Ă  l'Ă©laboration de ce cahier des charges, le dĂ©bat est vif entre la direction des travaux publics et Étienne Coutan. Dans son rapport, l'ingĂ©nieur de la voirie indique : « Je crois devoir mettre en garde contre le dĂ©veloppement des servitudes Ă  imposer aux acquĂ©reurs que M. Coutan paraĂ®t disposĂ© Ă  Ă©tendre ». Un commentaire manuscrit sibyllin renchĂ©rit sur les considĂ©rations esthĂ©tiques : « Qu'on commence par les jardins publics...».

Fin 1928, la Ville décide d'aliéner les terrains par adjudication. La démarche a peu de succès : au bout d'un an, seul un lot est attribué. Fin 1929[4], le Conseil Municipal décide de modifier le cahier des charges du lotissement en supprimant l'obligation de construire des hôtels isolés. Les futurs acquéreurs auront désormais la possibilité d'élever des constructions avec des murs mitoyens. Est décidé également le principe d'une cession des lots de gré à gré en permettant aux acquéreurs de proposer un découpage qui leur convienne. L'exigence d'une façade sur rue d'une largeur minimale de 8 mètres est néanmoins maintenue. Ces ajustements portent leurs fruits et l'ensemble des terrains (une trentaine) sont cédés au début des années 30. Dans les négociations avec chacun des potentiels acquéreurs, la Ville pose ses conditions sur les prix de cession et vante les atouts de ce lotissement considérant sa proximité du centre-ville, du tramway route de Rennes, considérant également les commodités qu'il offre en matière d'éclairage public, d'alimentation en eau et d'assainissement. Les acquéreurs des lots sont nantais pour la plupart, habitent déjà le quartier pour certains, et représentent la classe moyenne (capitaine, instituteur, ingénieur des travaux publics, agent de publicité...)[5].

En 2012 un "diagnostic sensible du paysage" réalisé par des habitants du quartier signale l'intérêt paysager et patrimonial de la rue. À la suite, en 2013, la Ville de Nantes protège l'ensemble au Plan local d'urbanisme (PLU) au titre de "séquence urbaine de type 2" dont la définition est la suivante : "ensembles urbains qui forment une ambiance urbaine de qualité. Les éléments qui composent ces séquences ne sont pas systématiquement remarquables en eux-mêmes mais c’est leur répétition (gabarit, rythme, implantation et volumétrie) qui constitue l’ambiance de la ville et leur intérêt culturel, historique et paysager"[6].

Architecture et bâtiments

Plan de façade du 20bis rue Anatole-le-Braz (1931)

Au n° 20 bis de la rue, un petit immeuble de 9 logements est Ă©difiĂ© Ă  l'initiative de Georges Charpentier, industriel qui acquiert le terrain en 1930 pour un prix de 83 000 francs. D'un peu plus de 1 000 m2, il s'agit de la parcelle la plus Ă©tendue du lotissement. L'immeuble est conçu par l'architecte Manceau, auteur Ă©galement de l’« HĂ´tel du château » situĂ© place Duchesse-Anne Ă  Nantes. Le permis de construire est obtenu en 1931. L'Ă©criture architecturale emprunte les codes de l'Art dĂ©co : accentuation des lignes verticales Ă  travers notamment le dessin de la cage d'escalier en partie centrale, accentuation des lignes horizontales avec les bow-windows, loggia-terrasses au dernier niveau, le tout contribuant Ă  souligner la gĂ©omĂ©trie de l'Ă©difice et les effets de structure. Cependant, il s'agit ici d'un Art dĂ©co se tournant vers le Mouvement moderne : les lignes sont Ă©purĂ©es, l'ornementation est discrète avec des motifs gĂ©omĂ©triques utilisĂ©s uniquement pour le dessin des garde-corps et de la grille d'entrĂ©e, confĂ©rant Ă  l'ensemble une grande sobriĂ©tĂ©. La conception des logements est qualitative : trois mètres de hauteur sous plafond, chauffage central, baignoires Ă  pieds de lions, cheminĂ©e en marbre dans le sĂ©jour, parquet en chĂŞne.

L'architecture des maisons de la rue dévoile par ailleurs les frontons, pans coupés, ferronneries caractéristiques de l'Art déco.

Notes et références

  1. « Anatole Le Braz (rue) », sur catalogue.archives.nantes.fr, archives municipales de Nantes (consulté le ).
  2. Ce lieu-dit figure au Plan Pinson de 1857
  3. Rue du Maine. Projet de prolongement vers la rue de Rennes. Rapport de l'ingénieur-voyer approuvé en 1926 (Archives municipales de la ville de Nantes – cote 101969
  4. Délibération du Conseil Municipal du 14 octobre 1929
  5. Etude du dossier de voirie - Cote 10853 aux Archives municipales de Nantes
  6. Définition donnée dans le règlement du PLUm de Nantes Métropole - https://plum.nantesmetropole.fr/home.html

Voir aussi

  • Gilles Bienvenu, La rue Anatole le Braz, Revue Place Publique p.86-87, septembre-

Articles connexes

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