La finaleRoi, fou et cavalier contre roi seul est une technique de mat du jeu d'échecs permettant à un joueur disposant d'un fou, d'un cavalier ainsi que son roi de mater son adversaire ne disposant que d'un roi seul. La technique dite du W a été formulée pour la première fois par Philidor dans son traité L'Analyse du jeu des échecs de 1749[1].
Principe de la technique dite du W
Cette fin de partie est relativement difficile, mais pas insurmontable. L'attaquant doit cependant avoir une bonne compréhension de l'interaction des pièces. Le mat peut être forcé en au plus trente-trois coups quelle que soit la position de départ (à condition que le défenseur ne puisse capturer immédiatement l'une des pièces). La limite des cinquante coups est donc respectée. En 2013, la championne du monde Anna Ushenina manqua le mat dans une partie contre Olga Guiria[2].
Le matériel étant fortement réduit, toutes les pièces doivent collaborer.
Le mat ne peut être forcé que dans un coin de la même couleur que celle des cases où est le fou. Dans l'exemple ci-après, il s'agira donc de la case a1 ou h8.
Un adversaire averti tentera donc de rester au mieux au centre de l'échiquier, au pire dans un coin de la mauvaise couleur : a8 ou h1.
Le cavalier effectue un trajet en « w » en oscillant autour de son roi : g3, e4, g5 et e6.
Il faut commencer par chasser le roi nu du centre.
1. Rc3 Ici, le roi est utilisé afin de priver son homologue du plus d'espace possible. 1.... Re4 Les noirs tentent de rester au centre, le mat y est impossible. 2. Rc4 Re3 3. Rd5
Chasser le roi à la bande
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Après 7. Rf3 : le roi blanc maintient le défenseur dans un corridor
Le roi noir essaie de se réfugier en h1 (un mauvais coin).
3.... Rf3 (3... Rd3? 4. Fc5 rapprocherait le roi noir de l'angle « peu sûr ») 4. Cd4+ Rf2! (4... Re3 5. Fg3 Rd3 6. Ff2) 5. Re4 Rg2 6. Re3 Rg1 7. Rf3
Le zigzag du cavalier (g3, e4, g5 et e6), aide à garder le confinement. Pour progresser, il faut cependant très brièvement lâcher la bride (13... Rg6) et créer une cage.
Une position initiale (grand Triangle) avec le Cavalier blanc en c4
Cette méthode porte le nom de Daniel Deletang, un Français qui vivait en Argentine dans les années 1920, et publia son analyse en 1923. Le Roi seul n'est pas repoussé dans le bon coin colonne par colonne ou traverse par traverse, mais de diagonale en diagonale. Pour un coin de mat en h1, cette dernière case est le sommet commun de trois Triangles imbriqués les uns dans les autres. L'emplacement du Roi blanc n'est essentiel que pour le grand Triangle: soit en g7, si dans le grand Triangle de départ (voir 1erdiagramme) le Cavalier est en c4, soit en b2, si dans le grand Triangle de départ (voir 2d diagramme) le Cavalier est en e6. Dans ces deux cas, le Roi nu est empêché d'aller au centre par l'action combinée du Roi blanc, du Cavalier et du Fou, qui garde la diagonale b1-h7. Ce Fou passera dès que possible de la diagonale b1-h7 à la diagonale d1-h5 (formant ainsi le triangle médian) puis enfin à la diagonale f1-h3 (formant ainsi le petit triangle). Le Fou défendant les cases blanches, ce sont le Roi blanc et le Cavalier qui bloqueront complémentairement les cases noires. Logiquement, le Roi noir, cherchant à retarder au maximum le mat, tentera de rester le plus longtemps possible près du centre de l'échiquier.
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Une autre position initiale (grand Triangle de Deletang) avec le Cavalier blanc en e6
À partir de la position du second diagramme (Cavalier blanc en e6), la méthode de Deletang se réalise de la manière suivante:
1. Rc1 Re2 2. Fg6 Re3 3. Rd1 Rf2 4. Rd2 Rf3 5. Rd3 Rg4 6. Re3 Rh4 7. Rf4 Rh3 8. Fh5 Rg2 (8...Rh4 9. Fe2 Rh3 10. Cg5+ Rg2 11. Ce4 Rh3 12. Rg5 Rg2 13. Rg4 transpose dans la variante qui suit) 9. Re3 Rg3 10. Fe2 (voir diagramme du Triangle médian).
José Raúl Capablanca donne la méthode qui lui semble « la plus instructive pour le lecteur, car la plus méthodique et la plus conforme à l'esprit des finales de ce genre » à partir de ce diagramme dans son livre Principes fondamentaux du jeu d'échecs[3] :
Bibliographie
(fr) article très détaillé (6 pages) de Laszlo Obran aussi bien sur la méthode du W que sur les Triangles de Delétang dans le Cahier Central de la revue Europe Echecs de (no353).
(fr) Francis Meinsohn, Jeunes joueurs d'échecs: Je m'améliore, éd. Hatier, 1977, (ISBN2-218-03939-7): présente la méthode des Triangles de Delétang.
Bruce Pandolfini, Pandolfini's Endgame Course, ed. Fireside, 1988, (ISBN978-0-671-65688-1): présente pas à pas de manière très pédagogique la Méthode du W.