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Roddie Edmonds

Roddie Edmonds est un sous-officier américain, né à Knoxville, dans le Tennessee, le , mort à Knoxville le [1] - [2].

Roddie Edmonds
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Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
(Ă  65 ans)
Knoxville
Nationalité
Formation
Knoxville High School (en)
Activités

Sergent-chef de la 106e division d'infanterie, servant au 422e régiment d'infanterie de l'armée américaine pendant la Seconde Guerre mondiale, il est fait prisonnier de guerre. Il devient responsable des autres prisonniers américains dans le Stalag IX-A, camp de prisonniers de guerre en Allemagne.

Au risque de sa vie, il a refusĂ© de livrer ses camarades Juifs aux nazis, en rĂ©pondant Ă  l'officier allemand : « Nous sommes tous Juifs ». Il a ainsi Ă©vitĂ© Ă  environ 200 Juifs d'ĂȘtre sĂ©parĂ©s des autres et emmenĂ©s en camp d'extermination pour une mort probable[3] - [4] - [5] - [6].

Pour avoir ainsi dĂ©fendu les soldats Juifs dans le camp de prisonniers, Roddie Edmonds, chrĂ©tien, reçoit le titre de Juste parmi les nations, la plus haute distinction civile d'IsraĂ«l, dĂ©cernĂ©e aux non-juifs qui ont risquĂ© leur vie pour sauver des Juifs pendant l'Holocauste. Parmi les 25 000 personnes ayant reçu cette distinction, Edmonds est le cinquiĂšme et dernier amĂ©ricain Ă  la recevoir, et le seul des cinq Ă  avoir Ă©tĂ© en service actif pendant la Seconde Guerre mondiale. Son action a fait l'objet d'un discours politiquement sensible de Barack Obama Ă  l'ambassade d'IsraĂ«l Ă  Washington[3] - [4] - [5] - [6] - [7].

Biographie

Famille et jeunesse

Roderick W. Roddie Edmonds est né en 1919 à Knoxville, dans le Tennessee. Il est diplÎmé de Knoxville High en 1938. Il a trois frÚres : Thomas Shake Edmonds Jr., Leon Edmonds, et Robert Edmonds[8] - [5] - [7].

Seconde Guerre mondiale, bataille des Ardennes

Photo noir et blanc de deux soldats dans la neige
Deux soldats américains pendant la bataille des Ardennes.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, aprĂšs l'entrĂ©e des États-Unis, Roddie Edmonds, encadrant des effectifs peu expĂ©rimentĂ©s, participe au dĂ©barquement sur le thĂ©Ăątre europĂ©en des opĂ©rations. Il parvient en au front, sur la zone de combats, avec la 106e division d'infanterie. Il y arrivent cinq jours aprĂšs le dĂ©clenchement de la bataille des Ardennes, due Ă  la massive contre-offensive allemande[1].

Prisonnier de guerre

Au cours de cette bataille, Edmonds est fait prisonnier le par les forces nazies. Il est envoyĂ© comme prisonnier de guerre au Stalag IX-B. Il est transfĂ©rĂ© peu aprĂšs, avec d'autres effectifs, dans un autre camp de prisonniers : le Stalag IX-A, prĂšs de Ziegenhain, en RhĂ©nanie-Palatinat. Étant le plus ĂągĂ© des sous-officiers dans ce nouveau camp, le sergent-chef Edmonds devient le responsable des 1 275 prisonniers de guerre amĂ©ricains[2] - [3] - [5] - [7].

Photo noir et blanc de barbalés, d'un mirador et de baraques dans la neige
Un Stalag en Allemagne sous la neige.

Le premier jour dans ce camp, le , alors que la dĂ©faite allemande apparaĂźt inĂ©luctable, le commandant allemand Siegmann ordonne Ă  Edmonds de dire seulement aux militaires juifs amĂ©ricains de se prĂ©senter au rassemblement du lendemain matin pour pouvoir ĂȘtre sĂ©parĂ©s des autres prisonniers[2] - [3] - [4] - [5] - [7].

« Nous sommes tous Juifs »

Au lieu de cela, Edmonds ordonne le lendemain matin Ă  tous les 1 275 prisonniers amĂ©ricains de se rassembler devant les baraquements. Le commandant allemand, furieux, se prĂ©cipite en braquant son pistolet sur la tempe d'Edmonds et lui demande d'identifier les soldats Juifs sous ses ordres. Mais Edmonds lui rĂ©pond « Nous sommes tous Juifs ici » (“We are all Jews here”). Il dit aussi au commandant que s'il voulait tuer les Juifs il devrait tuer tous les prisonniers, et l'avertit que s'il maltraite un de ses hommes, il ferait l'objet d'une enquĂȘte et serait poursuivi pour crime de guerre aprĂšs le conflit, la Convention de GenĂšve ne demandant aux prisonniers que de dire leur nom, leur grade et leur matricule ; il n'est pas prĂ©vu de mentionner la religion, et Edmonds refuse de l'indiquer. Le commandant comprend alors qu'il est dans une impasse, recule et quitte la scĂšne[1] - [2] - [3] - [4] - [5] - [7].

L'action d'Edmonds est estimée avoir sauvé jusqu'à 200 soldats juifs américains d'une mort probable[2] - [3] - [4] - [5] - [7]. Edmonds survit à cent jours de captivité, puis retourne chez lui aprÚs la guerre, mais ne parle à personne de ce qui s'est passé dans le camp, et garde le fait pour lui[2] - [3] - [4] - [5] - [9].

AprĂšs-guerre

Edmonds n'a jamais parlé à sa famille de l'événement dans le camp. AprÚs la guerre, il reprend du service pour la guerre de Corée. Il meurt dans sa maison de Knoxville le [1], sans avoir reçu aucune reconnaissance officielle, citation ou médaille pour sa défense des prisonniers juifs[3] - [4] - [5] - [2] - [10].

Reconnaissance posthume

Jusqu'en , l'action d'Edmonds n'a jamais fait l'objet de reconnaissance officielle de la part du gouvernement américain[5] - [6].

TĂ©moignages

AprÚs sa mort en 1985, la veuve d'Edmonds donne à leur fils, le révérend baptiste Chris Edmonds, deux journaux que son pÚre avait tenus dans le camp de prisonniers. Le Rév. Edmonds commence à s'intéresser à l'histoire, et tombe sur la mention d'un événement dans le camp. Le jeune Edmonds retrouve quelques-uns des soldats Juifs que son pÚre avait sauvés, et ceux-ci livrent alors leur témoignage à l'Institut Yad Vashem. Parmi les prisonniers juifs sauvés figure l'animateur de télévision Sonny Fox (en), qui témoigne lui aussi, et parle des actions d'Edmonds dans des interviews[2] - [3] - [4].

Reconnu Juste parmi les nations, hommage d'Obama

Photo de l'avers et du revers d'un médaille avec barbelés et bras décharnés sur l'avers, et la phrase "Le peuple juif reconnaissant" au revers.
MĂ©daille de Juste parmi les nations.

Le , Yad Vashem reconnaĂźt Roddie Edmonds comme Juste parmi les nations, distinction la plus Ă©minente de l'État d'IsraĂ«l pour honorer les non-juifs ayant risquĂ© leur vie pour sauver des Juifs pendant la Shoah. La cĂ©rĂ©monie de reconnaissance a lieu le , Ă  l'ambassade d'IsraĂ«l Ă  Washington[11].

Au cours de cette cérémonie, le président Barack Obama rend hommage à Edmonds et le félicite pour son action dépassant et surpassant le simple accomplissement du devoir, et répercute l'appel d'Edmonds à la solidarité avec les Juifs. Chris Edmonds reçoit au nom de son pÚre la médaille des Justes et le diplÎme d'honneur des mains de l'ambassadeur d'Israël, Ron Dermer, et du président du conseil de Yad Vashem, Rabbi Israel Meir Lau[3] - [4] - [2] - [10] - [6] - [7] - [11].

« Edmonds paraissait ĂȘtre un militaire amĂ©ricain ordinaire, mais il avait un extraordinaire sens des responsabilitĂ©s, et de dĂ©vouement pour ses frĂšres humains »

— Avner Shalev, prĂ©sident de Yad Vashem.

DĂ©marches pour la Medal of Honor

Chris Edmonds espĂšre que son pĂšre recevra la Medal of Honor pour son acte de bravoure dans le camp. Mais la position initiale de l'armĂ©e amĂ©ricaine est que la rĂ©compense ne peut pas ĂȘtre accordĂ©e, Edmonds Ă©tant alors prisonnier, donc non combattant[3] - [5] - [2] - [12].

Pour contourner cet obstacle, le , le rĂ©v. Jimmy Duncan dĂ©pose Ă  la Chambre des reprĂ©sentants la note H.R.4863, en faveur de l'octroi de la Medal of Honor. La proposition initiale est de rĂ©compenser Edmonds avec une des deux plus Ă©minentes rĂ©compenses civiles des États-Unis. La demande est transmise Ă   la Commission des forces armĂ©es de la Chambre des reprĂ©sentants des États-Unis, d'oĂč elle est transfĂ©rĂ©e le au Sous-comitĂ© du personnel militaire. Au , la proposition est encore au sous-comitĂ© ; le propos en a changĂ©, en ce qu'il autoriserait « le prĂ©sident Ă  rĂ©compenser de la Medal of Honor le sergent-chef Roddie Edmonds... pour des actes de courage pendant la Seconde Guerre mondiale pour sauver la vie de plus de 200 Juifs membres des forces armĂ©es »[13] - [12].

Au SĂ©nat amĂ©ricain, quatre sĂ©nateurs dĂ©posent le une requĂȘte pour que le sergent-chef Edmonds soit rĂ©compensĂ© de la MĂ©daille d'or du CongrĂšs[5] - [6] - [12].

Notes et références

  1. Bartrop 2017, p. 181.
  2. (en) Oren Liebermann, « 'We are all Jews': World War II soldier saved POWs », CNN, .
  3. (en) Julie Hirschfeld Davis, « Saying 'We Are All Jews,' Obama Honors Americans' Lifesaving Efforts in Holocaust », New York Times, (consulté le ).
  4. (en) Associated Press, « American WWII vet becomes first soldier honored for saving Jews », CBS News, (consulté le ).
  5. (en) Michael Collins, « Knoxville soldier who defied Nazis nominated for Congressional Gold Medal », Memphis Commercial Appeal, (consulté le ).
  6. (en) Associated Press (Washington, D. C.), « Soldier who defied Nazis nominated for Congressional medal », Jewish Journal [Floride] / Sun-Sentinel, (consulté le ).
  7. (en) « US Soldier Honored Posthumously For Protecting Jewish POWs In 1945 », The Two-Way, National Public Radio, (consulté le ).
  8. (en) John Shearer, « Son shares details of dad Roddie Edmonds’ life following the revelation of his WWII actions », sur knoxnews.com (consultĂ© le ).
  9. (en) Aron Heller, « Israel honors GI who told the Nazis, ‘We are all Jews’ », The Times of Israel, (consultĂ© le ).
  10. (en) « Edmonds, Roddie », sur yadvashem.org, Yad Vashem (consulté le ).
  11. Bartrop 2017, p. 182.
  12. (en) J.R. Lind (Patch Staff), « Tennessee's Nazi-Defying Hero Soldier Nominated For Congressional Gold Medal », sur patch.com, Nashville Patch, 15 février 2017 et 14 août 2017 (consulté le ).
  13. (en) « H.R. 4863{Roddie Edmonds Congressional Gold Medal Act, 115th Congress, (2015-2016) » (consulté le ).

Bibliographie

  • (en) « Rodrick Edmonds (chapter 29) », dans Rod Gragg, My Brother's Keeper: Christians Who Risked All to Protect Jewish Targets of the Nazi Holocaust, Hachette UK, (ISBN 1455566306 et 9781455566303).
  • (en) Paul R. Bartrop, « Edmonds, Roddie », dans Paul R. Bartrop, Michael Dickerman, The Holocaust: An Encyclopedia and Document Collection, ABC-CLIO, (ISBN 1440840849 et 9781440840845), p. 181-182.
  • (en) « Roddie Edmonds : First U.S. Serviceman Named “Righteous Among the Nations” », dans Scott Baron, Valor of Many Stripes: Remarkable Americans in World War II, McFarland, (ISBN 1476635080 et 9781476635088), p. 164-168.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes


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