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Robert Penn Warren

Robert Penn Warren, né le à Guthrie (Kentucky) et mort le à Stratton (Vermont), est un écrivain américain.

Robert Penn Warren
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Robert Penn Warren
Auteur
Langue d’écriture anglais américain
Mouvement New Formalism, Mouvement des droits civiques américain
Genres

Ĺ’uvres principales

C’est l'un des fondateurs de la Nouvelle Critique (New Criticism). Il est également membre fondateur de la Fellowship of Southern Writers (Association des écrivains du Sud). En 1935, avec Cleanth Brooks, il crée la revue littéraire The Southern Review. Il reçoit en 1947 le Prix Pulitzer du roman pour son plus célèbre roman Les Fous du roi (All the King's Men, 1946), puis le Prix Pulitzer de la poésie en 1957 et 1979. Il est le seul homme de lettres à avoir été récompensé dans ces deux catégories[1].

En 1957, il est lauréat du prix de Rome américain (Rome Prize) en littérature.

Biographie

Jeunesse

Warren est nĂ© Ă  Guthrie, dans le Kentucky, près de la frontière avec le Tennessee, de Robert Warren et Anna Penn[2]. La famille de sa mère avait de profondes racines en Virginie et a notamment donnĂ© son nom Ă  la communautĂ© de Penn’s Store dans le comtĂ© de Patrick ; elle descendait de Abram Penn[3], un soldat, homme politique et propriĂ©taire terrien ayant combattu lors de la rĂ©volution amĂ©ricaine. Robert Penn Warren est diplĂ´mĂ© du lycĂ©e de Clarksville dans le Tennessee, de l’universitĂ© Vanderbilt en 1925 (avec les honneurs et il y est membre des Phi Betta Kappa, un club rĂ©servĂ© aux Ă©lèves brillants), puis de Berkeley en Californie en 1926. Il poursuit ses Ă©tudes Ă  Yale de 1927 Ă  1928, puis en 1930 il obtient son diplĂ´me de lettres au New College d’Oxford en Angleterre oĂą il Ă©tudie grâce Ă  la bourse Rhodes. Il se voit offrir la bourse Guggenheim pour aller Ă©tudier en Italie en 1939-1940, sous Mussolini. La mĂŞme annĂ©e, il commence sa carrière d’enseignant Ă  Southwestern College (aujourd’hui Rhodes College), Ă  Memphis.

Carrière

Alors qu’il Ă©tudie Ă  l’universitĂ© Vanderbilt, Warren s’associe Ă  un petit groupe de poètes connus sous le nom des « Fugitifs » (ils avaient crĂ©Ă© une revue littĂ©raire intitulĂ©e The Fugitive dans laquelle ils mettaient en avant certaines de leurs Ĺ“uvres). Plus tard, dans les annĂ©es 1930, il se joint Ă  certains anciens contributeurs de cette revue pour former un groupe d’écrivains en faveur d’une politique agrarienne pour les États du Sud : les Southern Agrarians. Il contribue au manifeste agrarien I’ll Take My Stand avec le texte « The Briar Patch Â», au cĂ´tĂ© de onze autres poètes et Ă©crivains du Sud (dont ses anciens camarades de Vanderbilt, John Crowe Ransom, Allen Tate et Donald Davidson).

Dans « The Briar Patch Â», le jeune Warren dĂ©fend la sĂ©grĂ©gation raciale, en accord avec la ligne traditionnelle conservatrice des agrariens, bien que Davidson ait jugĂ© ses positions trop progressistes dans cet essai et suggĂ©rĂ© d’exclure le texte du manifeste[4]. Cependant, Warren revoit sa position dans un article consacrĂ© au Mouvement des Droits civiques, intitulĂ© « Divided South Searches its Soul Â» et publiĂ© dans le numĂ©ro du du magazine Life. Un mois plus tard, Warren publie une version plus dĂ©veloppĂ©e de l’article dans un petit livre intitulĂ© Segregation: The Inner Conflict in the South[5]. Dès lors, sa position en faveur de l’intĂ©gration raciale lui vaut beaucoup d’attention. En 1965, il publie Who Speaks for the Negro?, un ouvrage regroupant des interviews de grandes figures du Mouvement pour les Droits civiques comme Malcolm X et Martin Luther King, et s’éloigne donc encore plus politiquement de la ligne de pensĂ©e tranditionaliste de ses camarades agrariens tels que Tate, Cleanth Brooks, et surtout Davidson. Ces interviews avec les principaux acteurs du Mouvement des Droits civiques sont encore consultables Ă  l’universitĂ© du Kentucky, dans le Louie B. Nunn Center for Oral History[6].

L’œuvre la plus célèbre de Robert Penn Warren est le roman Tous les hommes du roi, pour lequel il reçoit le Prix Pulitzer de la fiction en 1947. L’un des principaux personnages du texte, Willie Stark, n’est pas sans rappeler Huey Pierce Long (1893-1935), le gouverneur populiste radical de Louisiane, que Warren a eu tout le loisir d’observer quand il enseignait à Baton Rouge, à l’université de Louisiane, de 1933 à 1942. Tous les hommes du roi a été adapté en film à succès, avec Broderick Crawford, et remporta l’Oscar du meilleur film en 1950. Une autre adaptation voit le jour en 2006, par le réalisateur/scénariste Steven Zaillian, avec Sean Penn dans le rôle de Willie Stark et Jude Law dans celui de Jack Burden. L’opéra Willie Stark, composé par Carlisle Floyd, avec un livret inspiré du roman de Warren, a été joué pour la première fois en 1981.

En 1944-1945, Warren officie comme Consultant en poĂ©sie de la Bibliothèque du Congrès (ce qu’on appelle aujourd’hui le Poet Laureate, « poète national Â»). Il remporte deux fois le Prix Pulitzer de la poĂ©sie en 1958 pour Promises: Poems 1954-1956, puis en 1979 pour Now and Then. Promises a Ă©galement remportĂ© le National Book Award for Poetry[7].

En 1974, le National Endowment for the Humanities, un cĂ©lèbre organisme d’État engagĂ© dans le domaine des arts, des sciences sociales et de la littĂ©rature, le sĂ©lectionne pour le Jefferson Lecture, une intervention publique Ă  Washington, qui reprĂ©sente le plus grand honneur qu’un homme de lettres peut recevoir du gouvernement fĂ©dĂ©ral. L’intervention de Warren s’intitule « Poetry and Democracy Â» et est ensuite publiĂ©e sous le mĂŞme titre[8] - [9]. En 1977, Warren reçoit le St Louis Literary Award, un prix attribuĂ© par l’universitĂ© de Saint-Louis[10] - [11]. En 1980, il est dĂ©corĂ© de la MĂ©daille prĂ©sidentielle de la LibertĂ© par le prĂ©sident Jimmy Carter. En 1981, il reçoit le prix MacArthur. Le , il est choisi pour ĂŞtre le premier Poet Laureate (poète national) des États-Unis. En 1987, il est dĂ©corĂ© de la National Medal of Arts[12].

Avec Cleanth Brooks, il coécrit Understanding Poetry, un manuel de littérature très influent. Il fut suivi par d’autres manuels similaires, tous coécrits, dont Understanding Fiction qui fut encensé par Flannery O’Connor, la grande romancière spécialiste du Southern Gothic, et Modern Rhetoric qui adopte une approche tenant du New Criticism.

Vie personnelle

Il se marie une première fois avec Emma Brescia. Son second mariage, avec Eleanor Clark, a lieu en 1952. Ils ont deux enfants, Rosanna Phelps Warren (1953) et Gabriel Penn Warren (1955). Pendant qu’il occupe son poste de titulaire à l’université de Louisiane, il réside à Twin Oaks (une résidence aujourd’hui classée au registre national des lieux historiques), à Prairieville[13]. Il passe ensuite le reste de sa vie à Fairfield, dans le Connecticut, et à Stratton, dans le Vermont, où il meurt des complications d’un cancer des os. Il est enterré à Stratton et, à sa demande, un mémorial est érigé dans le carré réservé à la famille Warren, dans le cimetière de Guthrie, sa ville natale.

HĂ©ritage

En , le service postal des États-Unis a fait imprimer un timbre commémoratif pour le centième anniversaire de la naissance de Penn Warren. Lancé à la poste de Guthrie, ville natale de Penn Warren, le timbre le représente tel qu’il apparaît sur une photographie de 1948, avec en arrière-plan une scène de meeting politique faisant référence à Tous les hommes du roi. Ses enfants, Gabriel et Rosanna Warren, étaient présents lors de la cérémonie.

L’universitĂ© Vanderbilt abrite le Robert Penn Warren Center for the Humanities (Centre Robert Penn Warren de lettres et sciences sociales) qui est financĂ© par le dĂ©partement des Arts et des Sciences[14]. Il a Ă©tĂ© crĂ©Ă© en et a obtenu en 1989 une subvention de 480 000 dollars de la part du National Endowment for the Humanities, un organisme gouvernemental indĂ©pendant finançant la recherche, l’enseignement, et des Ă©vĂ©nements liĂ©s au domaine des lettres et sciences sociales. Le centre Robert Penn Warren promeut la recherche interdisciplinaire et l’étude des lettres, des sciences sociales et des sciences naturelles.

Le lycée Clarksville que Robert Penn Warren fréquentait, dans le Tennessee a été réaménagé en complexe résidentiel en 1982 et renommé le complexe Penn Warren en 2010[15].

Ĺ’uvres

Romans

  • Night Rider (1939)
    Publié en français sous le titre Le Cavalier de la nuit, traduit par Michel Mohrt, Paris, Delamain et Boutelleau, 1951 ; réédition, Paris, 10/18, coll. « Littérature étrangère » no 5835, 2023 (ISBN 978-2-264-08199-5)
  • At Heaven's Gate (1943)
    Publié en français sous le titre Aux portes du ciel, traduit par Jean-Gérard Chauffeteau, Paris, Delamain et Boutelleau, 1952
  • All the King's Men (1946)
    Publié en français sous le titre Les Fous du roi, traduit par Pierre Singer, Paris, Delamain et Boutelleau, 1950 ; réédition, Paris, LGF, coll. « Le Livre de poche » no 2338, 1968 ; réédition, Paris, Stock, coll. « Bibliothèque cosmopolite » no 3, 1979 (ISBN 2-234-01088-8) ; réédition, Paris, LGF, coll. « Le Livre de poche. Biblio » no 3087, 1987 (ISBN 2-253-04325-7) ; réédition, Paris, Phébus, coll. « D'aujourd'hui. Étranger », 1998 (ISBN 2-85940-558-5) ; réédition, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Domaine étranger », 2015 (ISBN 2-251-21021-0) ; réédition revue, corrigée et complétée sous le titre Tous les hommes du roi, Bordeaux, Monsieur Toussaint Louverture, coll. « Les grands animaux », 2017 (ISBN 979-10-90724-38-9)
  • World Enough and Time (1950)
    Publié en français sous le titre Le Grand Souffle, traduit par Jean-Gérard Chauffeteau et Gilbert Vivier, Paris, Stock, 1955
  • Band of Angels (1955)
    Publié en français sous le titre L'Esclave libre, traduit par Jean-Gérard Chauffeteau et Gilbert Vivier, Paris, Stock, 1957 ; réédition, Paris, Phébus, coll. « D'aujourd'hui. Étranger », 1998 (ISBN 2-85940-529-1) ; réédition, Paris, Phébus, coll. « Libretto » no 50, 2000 (ISBN 2-85940-660-3)
  • The Cave (1959)
    Publié en français sous le titre La Caverne, traduit par Connie Fennell, Paris, Stock, 1960
  • Wilderness: A Tale of the Civil War (1961)
    Publié en français sous le titre La Grande Forêt, traduit par Jean-Gérard Chauffeteau et Gilbert Vivier, Paris, Stock, 1962 ; réédition, Paris, Stock, coll. « Bibliothèque cosmopolite » no 96, 1994 (ISBN 2-234-02134-0) ; réédition, Paris, Points, 2017 (ISBN 978-2-7578-6574-3)
  • Flood: A Romance of Our Time (1964)
    Publié en français sous le titre Les eaux montent, traduit par Antoine Gentien, Paris, Stock, 1965
  • Meet Me in the Green Glen (1971)
    Publié en français sous le titre Les Rendez-vous de la clairière, traduit par Robert André, Paris, Stock, 1972 ; réédition, Arles, Actes Sud, coll. « Babel » no 197, 1996 (ISBN 2-7427-0695-X) ; réédition, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Domaine étranger » no 39, 2018 (ISBN 2-251-44784-9)
  • A Place to Come to (1977)
    Publié en français sous le titre Un endroit où aller, traduit par Anne-Marie Soulac, Paris, Stock, coll. « Nouveau cabinet cosmopolite », 1979 (ISBN 2-234-00755-0) ; réédition, Arles, Actes Sud, coll. « Babel » no 28, 1991 (ISBN 2-86869-662-7)

Ouvrages de littérature d'enfance et de jeunesse

  • Remember the Alamo! (1958)
  • The Gods of Mount Olympus (1959)
  • How Texas Won Her Freedom (1959)

Autres publications

  • John Brown: The Making of a Martyr (1929)
  • Old and Blind (1931)
  • Thirty-Six Poems (1936)
  • An Approach to Literature (1938), avec Cleanth Brooks et John Thibaut Purser.
  • Understanding Poetry (1939), avec Cleanth Brooks.
  • Eleven Poems on the Same Theme (1942)
  • Understanding Fiction (1943), avec Cleanth Brooks.
  • Selected Poems, 1923–1943 (1944)
  • Melville the poet (1946)
  • Blackberry Winter: A Story Illustrated by Wightman Williams (1946)
  • The Circus in the Attic, and Other Stories (1947)
    Publié en français sous le titre Le Grenier de Bolton Lovehart, traduit par Pierre Girard, Paris, Chambon/Le Rouergue, coll. « Nouvelles du monde » no 8, 2004 (ISBN 2-84156-596-3)
  • Fundamentals of Good Writing: A Handbook of Modern Rhetoric (1950), avec Cleanth Brooks.
  • Brother to Dragons: A Tale in Verse and Voices (1953)
  • Segregation: The Inner Conflict in the South (1956)
    Publié en français sous le titre Ségrégation. Essai sur le problème noir en Amérique, traduit par Jean-Luc Salvador, Paris, Stock, 1957
  • Promises: Poems: 1954–1956 (1957)
  • Selected Essays (1958)
  • All the King's Men: A Play (1960)
  • You, Emperors, and Others: Poems 1957–1960 (1960)
  • The Legacy of the Civil War (1961)
    Publié en français sous le titre L'Héritage de la guerre civile, traduit par Pierre Singer, Paris, Stock, 1962
  • Who Speaks for the Negro? (1965), essai sur des leaders noirs, dont Malcolm X et Martin Luther King.
  • Selected Poems: New and Old 1923–1966 (1966)
  • Incarnations: Poems 1966–1968 (1968)
  • Audubon: A Vision (1969).
  • Homage to Theodor Dreiser (1971)
  • John Greenleaf Whittier's Poetry: An Appraisal and a Selection (1971)
  • American Literature: The Makers and the Making (1974), avec Cleanth Brooks et R.W.B. Lewis
  • Or Else: Poem/Poems 1968–1974 (1974)
  • Democracy and Poetry (1975)
  • Selected Poems: 1923–1976 (1977)
  • Now and Then: Poems 1976–1978 (1978)
  • Brother to Dragons: A Tale in Verse and Voices - A New Version (1979)
  • Being Here: Poetry 1977–1980 (1980)
  • Jefferson Davis Gets His Citizenship Back (1980)
  • Rumor Verified: Poems 1979–1980 (1981)
  • Chief Joseph of the Nez Perce (1983).
  • New and Selected Poems: 1923–1985 (1985)
  • Portrait of a Father (1988)
  • New and Selected Essays (1989)
  • The Collected Poems (1998), Ă©dition de John Burt
  • All the King's Men: Three Stage Versions (2000), Ă©dition de James A. Grimshaw, Jr. et James A. Perkins
  • All the King's Men: Restored Edition (2002), Ă©dition de Noel Polk

Adaptations

Au cinéma

À la télévision

Références

  1. Nelson, Randy F., 1948-, The Almanac of American letters, W. Kaufmann, (ISBN 0-86576-008-X, OCLC 979627292, lire en ligne)
  2. Carruth,G. et Ehrlich,E., The Oxford Illustrated Literary Guide to the United States, New York/Oxford, Oxford University Press, , 464 p. (ISBN 0-19-503186-5, OCLC 966016388, lire en ligne)
  3. (en) « Patrick County People, Free State of Patrick »
  4. (en) Wood, Edwin Thomas., « On Native Soil: A Visit with Robert Penn Warren », Mississippi Quarterly 38,‎
  5. (en) Metress, Christopher, « Fighting battles one by one: Robert Penn Warren's Segregation », The Southern Review,‎
  6. (en) « Louie B. Nunn Center for Oral History »
  7. (en) « National Book Awards - 1958 - National Book Foundation »
  8. (en) « Jefferson Lectures. National Endowment for the Humanities. Retrieved January 22, 2009. », sur Annual subsites with list of Prior Jefferson Lecturers (1972–1999)
  9. (en) Robert Penn Warren, Democracy and Poetry, Harvard University Press,
  10. (en) « Site internet des St. Louis Literary Awards »
  11. (en) « Recipients of the St. Louis Literary Award », sur Saint Louis University Library Associates
  12. (en) « Lifetime Honors - National Medal of Arts »
  13. « Copie archivée » (version du 19 octobre 2013 sur Internet Archive)
  14. (en) « Robert Penn Warren Center for the Humanities »
  15. (en) « The Penn Warren - History »

Liens externes

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