Rita Atria
Rita Atria, née le à Partanna, dans la province de Trapani, en Sicile et morte le à Rome a été un témoin de premier ordre, brisant la loi de l'omerta pour dénoncer les agissements d'un réseau mafieux sicilien.
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Biographie
Rita Atria naît dans une famille mafieuse, à Partanna, en plein période de guerres inter mafias. En 1985, alors qu'elle est âgée de 11 ans, son père Don Vito est assassiné par un membre d'un clan rival. Elle se rapproche alors de son frère, lui aussi appartenant à la mafia, Nicolas, qui lui promet de venger son père. À partir de cette période Rita consigne tous les détails du village, des environs, des hommes et leurs activités, dans des petits carnets.
Rita part étudier dans une école à Sciacca[1], mais, après l'assassinat de son frère, elle et la femme de celui-ci, Piera, décident de collaborer avec la justice italienne, qui peine à combattre la mafia très implantée dans la province. Rita est mise en relation avec Paolo Borsellino, juge antimafia à Palerme. Durant plusieurs jours, elle livre au magistrat l'identité des mafieux et de leurs complices, y compris parmi les hommes politiques[2].
Lorsque Borsellino décide d'instruire une enquête, Rita, menacée par ses voisins, reniée par sa mère, quitte son village pour s'installer discrètement à Rome, en , sous protection policière, dans un endroit alors tenu secret pour éviter que les mafieux la retrouvent[2]. Son apport au cours des enquêtes a permis l'arrestation de nombreux mafieux et de faire tomber des réseaux entiers.
Lors du procès contre les assassins de son père, le juge antimafia meurt dans l'attentat de via D'Amelio, avec les cinq carabiniers qui l'escortaient. Peu protégée par les autorités romaines, vivant sous sa vraie identité[1], Rita écrit son désespoir dans son journal intime[2]. Peu après cet assassinat. sa demande de plusieurs mois de vivre seule est acceptée, malgré sa minorité. Trois jours plus tard, soit une semaine après la mort de Borsellino qui la protégeait, elle se défenestre depuis le septième étage de son immeuble de la rue Amelia de Rome[1].
Après sa mort, Letizia Battaglia placarde dans les rues de Palerme un tract disant « Merci Rita », assiste avec d'autres féministes aux funérailles[2]. Son personnage a inspiré le film La Sicilienne (2009).
Trente ans après sa mort, l'association anti-mafia Rita-Atria et la sœur de la collaboratrice de justice, Anna Maria Rita Atria, demandent la réouverture de l'enquête sur cette mort au regard d'une série de faits étranges : volet de la fenêtre mi-clos, appartement nettoyé sans empreintes digitales, présence d'une montre d'homme, traces d'alcool dans le sang sans bouteille à proximité[1]…
Notes et références
- (it) Condé Nast, « «Rita Atria non si è suicidata»: chiesta la riapertura delle indagini sulla sua morte », sur Vanity Fair Italia, (consulté le )
- Maria Rosaria Spano, « Une photographe sicilienne contre la mafia: Entretien avec Letizia Battaglia », Nouvelles Questions Féministes, vol. Vol. 21, no 3,‎ , p. 104–117 (ISSN 0248-4951, DOI 10.3917/nqf.213.0104, lire en ligne, consulté le )