Rifa'a al-Tahtawi
Rifa'a Rafi al-Tahtawi (1801, Tahta - 1873, Le Caire) (en arabe : رفاعة رافع الطهطاوي) est un réformateur égyptien.
Nom de naissance | 'Abū al-'Azm Rifā'a Rāfi' Ibn Badawī |
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Alias |
Al-Ṭahṭāwī |
Naissance |
Tahta, Égypte |
Décès |
(à 71 ans) Le Caire, Égypte |
Activité principale |
écrivain, traducteur |
Langue d’écriture | Arabe |
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Mouvement | Nahda |
Genres |
Éducation, philosophie politique et traductions scientifiques |
Son nom complet est 'Abū al-'Azm Rifā'a Rāfi' Ibn Badawī, surnommé al-Ṭahṭāwī de par son lieu de naissance[1].
Biographie
En 1817, Rifa'a quitte son village natal de Tahta - situé en Haute-Égypte dans le Gouvernorat de Sohag - pour suivre les cours de l'université al-Azhar au Caire. En 1826, il est nommé imâm de la première mission scolaire égyptienne envoyée en France par Méhémet Ali et profite de ce voyage pour étudier la langue française et se spécialiser dans le domaine de la traduction.
Son expérience de la société française, après un séjour de cinq ans à Paris avant 1831, lui a inspiré une réflexion sur l’évolution de la civilisation musulmane et de sa rencontre avec la modernité occidentale.
Chargé de l’instruction dans le programme de réformes de Méhémet Ali, il a publié un ouvrage sur le devenir de la civilisation islamique en 1834 (Takhlîs al-ibrîz fî talkhîs Bârîs, trad. fr. L'Or de Paris, 1988) , qui lance le débat qui sera repris par les réformateurs de la renaissance intellectuelle musulmane, la Nahda. Il s'agit d'un récit de voyage (rihla) dans lequel il décrit la vie en France - mœurs, institutions et lois, organisation – le regard est celui d’un personnage fasciné par la civilisation européenne, et dont le souci premier est d’en tirer pour l’Égypte les éléments d’une modernisation compatible avec l’islam. Le style est limpide et révèle une claire tendance à l’assouplissement de la syntaxe. Tahtawi veut simplifier la langue, pour transmettre un nouveau message au plus grand nombre.
Afin que s’accomplisse la renaissance de l’identité musulmane, il proposait le développement de l’instruction et l’instauration de la démocratie. Il inspirera les réformateurs de la fin du siècle.
Tahtawi « joue le rôle d’une institution culturelle complète à lui seul ». Il va :
- prendre la direction du premier journal égyptien, al-Waqâ’i‘ al-Miçriyya rédigé en arabe et en turc, et fondé par Méhémet Ali en 1828 ;
- fonder madrasat al-alsun, l’école de langues, en 1835 ;
- être rédacteur en chef du Journal Officiel en 1840 ;
- diriger maktab at-tarjama, le Bureau de traduction, ouvert à son instigation en 1841.
Mais le khédive Abbas Ier, opposé aux modernisateurs, éloigne Rifa'a al-Tahtawi au Soudan de 1848 à 1854. Le khédive Mohamed Saïd le fait revenir et le nomme miralaï (général de brigade). Rifa'a transforme l'École militaire de la Citadelle, qu'il dirige dès lors, en université militaire. Une nouvelle fois écarté de ses responsabilités à l'École militaire en 1861, il devient directeur du département des traductions de 1863 à sa mort en 1873.
Il s'est fortement intéressé à la franc-maçonnerie[2] et a appartenu dans les années 1860 au Grand Orient d'Égypte[3].
Articles connexes
Notes et références
- L'Émancipation de la femme musulmane, traduit et présenté par Yahya Cheikh, aux éditions Al-Bouraq, Beyrouth, 2000
- Georges Corm, Pensée et politique dans le monde arabe, éditions la découverte, 2015.
- Jean Marc Aractingi, Dictionnaire des Francs maçons arabes et musulmans, Amazon editions, (ISBN 978 1985235090), p. 428
Liens externes
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