Ressources : description et accès
Ressources : description et accès (Resource Description and Access, RDA) est un code de catalogage, développé par des bibliothèques de pays anglo-saxons, et à vocation internationale. Ce code fournit des instructions et des directives sur l'identification et la description des ressources documentaires en se fondant initialement sur le modèle FRBR.
Conçu pour être utilisé par les bibliothèques et d'autres organismes culturels tels que les musées et les archives, RDA est le successeur des Règles de catalogage anglo-américaines (AACR2 deuxième édition), utilisées pour le catalogage courant des bibliothèques de langue anglaise. RDA a été initialement publié en .
En 2013, la Bibliothèque du Congrès catalogue selon RDA[1]. Depuis, plusieurs autres bibliothèques nationales, dont la British Library, Bibliothèque et Archives Canada, la Bibliothèque nationale australienne, la Bibliothèque nationale allemande, la Bibliothèque nationale d'Espagne, la Bibliothèque nationale de Lettonie ont également adopté le code.
La France vise à terme l'adoption de RDA. Les deux agences bibliographiques nationales, la BnF et l'ABES, rédigent une transposition française de RDA : RDA-FR.
Contexte
Historique
C’est lors de la Conférence internationale sur les principes et le développement des règles AACR, tenue à Toronto en 1997[2], que le projet d’un nouveau code de catalogage Resource Description and Access (RDA) est né. L’actualisation des AACR2, Anglo-American Cataloguing Rules, était devenue nécessaire et demandait un travail de révision très important. Cela a encouragé la création d’un nouveau code plutôt qu’une refonte complète des AACR donnant lieu à une troisième édition comme envisagé au départ.
Ressource : Description et Accès (RDA) remplace les Règles de catalogage anglo-américaines, 2e éd. (AACR2) datant de 1978. Il a été publié en , sous la forme d'un site web.
Les acteurs
RDA est publié conjointement par les associations professionnelles des États-Unis , du Canada et du Royaume-Uni. La mise à jour et le développement de RDA se font sous la responsabilité d'un Comité directeur, le JSC (Joint Steering Committee for development of RDA). Celui-ci est composé de représentants des trois éditeurs de RDA ainsi que ALIA (Australian Library and Information Association) via le groupe Community on Resource Description (ACORD)] , de la British Library, du Comité canadien de catalogage, de la Bibliothèque nationale allemande et de la Bibliothèque du Congrès.
RDA s’appuie sur les Principes internationaux de catalogage ainsi que sur le modèle FRBR publiés par la Fédération internationale des associations de bibliothécaires et d'institutions (IFLA). La création d’un groupe d’intérêt européen sur RDA et la participation de la Deutsche Nationalbibliothek au JSC prouvent l’intérêt pour RDA au-delà de la communauté des bibliothèques des pays anglophones.
En [3], dans le cadre d’une révision de la gouvernance de RDA, le JSC (Joint Steering Committee for Development of RDA) a changé de nom pour s’appeler RSC.
Organisation générale de RDA
Fondé sur les FRBR
À l'origine, RDA est un code de catalogage fondé sur les modèles FRBR et FRAD élaborés par l'IFLA. RDA en reprend la structure et la terminologie (entités, attributs, relations). RDA est organisé en dix sections qui décrivent d’une part les attributs des entités et d’autre part les relations entre les entités. Cette organisation est donc très éloignée de celles des normes anglo-américaines AACR2 que RDA remplace, ainsi que de celle de l’ISBD. RDA a été conçu pour faciliter la recherche d’information dans le contexte des technologies du web et en particulier du web de données, d’où le choix de refléter la modélisation FRBR. RDA fait également référence aux Principes internationaux de catalogage de 2009[4]. RDA détermine des éléments d’information indispensables pour que le catalogue rende aux utilisateurs les services souhaités. Il se réfère constamment aux quatre « tâches utilisateurs » définies dans le Rapport final sur les FRBR : trouver, identifier, choisir, obtenir[5].
En 2017, les modèles FRBR, FRAD et FRSAD fusionnent en un modèle unique, IFLA LRM. Il s'appuie toujours sur les quatre « tâches utilisateurs » et en ajoute une nouvelle, naviguer. En 2018, pour être conforme à IFLA LRM, RDA amorce une évolution qui se traduit, le 2020, par la publication d'une nouvelle version, appelée "Projet 3R"[6].
Conçu pour être utilisé en ligne
RDA est conçu pour être utilisé en ligne par le biais d’un portail RDA Toolkit[7] accessible sur abonnement depuis 2010. RDA Toolkit peut être consulté en parcourant la table des matières ou en utilisant le moteur de recherche interne. RDA Toolkit permet de gérer des workflows, ainsi que des profils d’application qui permettent à un établissement ou à une communauté de catalogueurs de préciser ses choix de catalogage. Il produit des statistiques régulières de consultation. La table des matières de RDA, ainsi qu’un jeu d’exemples de notices cataloguées selon RDA sont librement accessibles dans RDA Toolkit. RDA est initialement conçu pour les bibliothèques mais peut concerner d’autres communautés proches comme celles des archives, de la documentation ou des musées et ouvrir la voie à la mutualisation des données.
RDA référentiel pour le web de données
RDA est conçu pour le web de données. Chaque élément ou valeur est associé à un identifiant pérenne, ce qui permet l’expression en RDF des données. Les vocabulaires de RDA (éléments et valeurs) ont été publiés dans l’Open Metadata Registry en . Le RSC s'est engagé à publier et maintenir les vocabulaires RDA en lien avec les évolutions du code RDA, afin de soutenir leur utilisation par la communauté des catalogueurs et par les développeurs d'applications du web sémantique. Le web de données permet de relier ensemble des données, en l'occurrence des informations bibliographiques grâce aux URL pérennes rassemblées dans des triplets RDF. L’information bibliographique peut être située sur des serveurs différents. Pour faire évoluer les catalogues vers le web de données, la Bibliothèque du Congrès qui applique RDA depuis 2013, travaille à l’élaboration d’un nouveau format, BIBFRAME. Celui-ci est exprimé en RDF, ce qui permettra une meilleure visibilité des données des catalogues sur le Web.
RDA dans le monde
La plupart des pays reconnaissent RDA comme le nouveau standard de catalogage au niveau mondial avec des échéances et un niveau d'application envisagé variables. A contrario, l'Italie a choisi de créer ses propres règles de catalogage REICAT. La mise en œuvre de RDA en lien à la LRMisation des catalogues se fait le plus souvent par des surcouches logicielles sur les bases de données qui n'ont pas été initialement conçues pour cela. La bibliothèque de l'Institut dominicain d'études orientales au Caire (Égypte) est une des seules à avoir redéployé entièrement une nouvelle base de données complètement LRMisée dès le départ et son catalogue met en évidence cette organisation. La France s'engage également dans la LRMisation des catalogues de bibliothèques.
Mise en Ĺ“uvre de RDA dans le monde
RDA est appliqué depuis dans le monde anglo-saxon qui a été le plus impliqué dans les travaux du JSC et appliquait déjà les normes anglo-saxonnes AACR2. Il s’agit principalement de bibliothèques nationales mais aussi de bibliothèques de grandes institutions voire de réseaux de bibliothèques. La British Library et OCLC ont commencé une mise en œuvre de RDA en 2013 ainsi que la Bibliothèque nationale des Pays-Bas avec son réseau (Gemeenschappelijk Geautomatiseerd Catalogiseersysteem voor Nederlandse bibliotheken).
La Deutsche National Bibliothek, la Suisse et l'Autriche ont mis en œuvre le modèle en 2015.
EURIG : un groupe d'intérêt commun européen
En Europe, la mutation se met peu à peu en place à partir de 2011, date à laquelle le Groupe d’intérêt européen sur RDA — EURIG — a été officiellement. Il est issu d’une initiative informelle des bibliothèques nationales de quatre pays européens très intéressés par RDA (Allemagne, Espagne, Royaume-Uni et Suède). En 2021, il compte 48 membres[8]. Les objectifs d’EURIG sont de promouvoir les intérêts professionnels des utilisateurs ou futurs utilisateurs de RDA en Europe. EURIG offre à ses membres un espace de collaboration où échanger sur les questions liées à l’adoption de RDA en Europe, les processus d’implémentation ou la traduction du nouveau code. C’est aussi l’interlocuteur du RSC pour l’évolution du code de manière à répondre aux besoins européens. À cette fin, un membre d'EURIG est désigné tous les 3 ans pour assurer la liaison entre EURIG et le RSC.
RDA dans le monde francophone
Traduction française de RDA
La traduction française de RDA a été élaborée en partenariat entre l’Association pour l’avancement des sciences et des techniques de la documentation (ASTED), Bibliothèque et Archives Canada (BAC), Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) et la Bibliothèque nationale de France (BnF).
La première version de la traduction en français est parue dans le RDA Toolkit le . Cette version correspondait au texte anglais en date de . Une version imprimée a été publiée aux Éditions de l’ASTED en . La traduction est régulièrement mise à jour pour suivre les évolutions de RDA. Depuis 2013, l'ASTED, Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) et Bibliothèque et Archives Canada (BAC) continuent le partenariat de traduction.
Canada
Le Canada est un des quatre pays membres, dès l’origine, du Joint Steering Committee for Development of RDA qui a pris la suite du Joint Steering Committee for the Development of AACR. Le Comité canadien de catalogage (CCC) assure la représentation des points de vue canadiens dans l’élaboration et la mise à jour continue des normes de description bibliographique. Le , Bibliothèque et Archives Canada a conclu une entente avec la British Library, la Bibliothèque nationale d’Australie et la Bibliothèque du Congrès, entente confirmée en en vue de coordonner la mise en œuvre de RDA dans leurs pays respectifs.
Au niveau fédéral, le Canada est un pays bilingue (anglais-français) ; la disponibilité de RDA en français était donc essentielle pour l’application officielle de RDA par la bibliothèque nationale Bibliothèque et Archives Canada. À la suite de la parution de la traduction française en , RDA est entré officiellement en vigueur au deuxième trimestre 2013. Bibliothèque et Archives nationales du Québec a procédé par étapes pour l’application de RDA selon le type de ressource : les monographies imprimées et en ligne le , suivies par les publications en série imprimées et en ligne le , les collections iconographiques en , les enregistrements sonores en et les partitions musicales et documents cartographiques en .
Pour préparer leur personnel à la transition des RCAA2 (traduction française de AACR2) vers RDA, des formations ont été données par BAnQ et l’ASTED aux bibliothèques québécoises francophones. Entre et , 29 ateliers (douze de un jour et 17 de deux jours) ont réuni plus de 600 participants.
France
Une transposition française de RDA est en cours[9] : Le code de catalogage RDA-FR est la transposition française de RDA : Resource Description and Access. En 2012, dans le Rapport d’orientation pour le Comité stratégique bibliographique[10], l’Abes et la BnF décident de transposer RDA pour conserver l’analyse bibliographique française et les spécificités en matière de liens entre les notices bibliographiques et d’autorités. En , la position française par rapport au code de catalogage RDA est officialisée dans un communiqué pour « inscrire la problématique de l’évolution des règles de catalogage dans un plus large mouvement d’évolution qui nécessite une démarche d’ensemble d’accompagnement au changement des établissements ». C’est l’acte de naissance du programme Transition bibliographique avec son groupe de normalisation « RDA en France ».
Suisse
Les bibliothèques suisses, tout comme les autres utilisateurs de MARC 21 et des AACR2, sont particulièrement concernées par RDA. Le réseau des bibliothèques de Suisse romande, RERO, mène une réflexion concernant l’adoption de RDA en deux étapes depuis fin 2018[11].
La Bibliothèque nationale suisse (BN) a décidé de remplacer les règles de catalogage AACR2 par RDA. Depuis [12], les notices sont rédigées selon RDA , dans les trois langues officielles du pays[13]. La BN est membre du Standardisierungsausschuss (Comité de standardisation) qui, avec l’aide de ses groupes d’experts, s’occupe de l’adoption de RDA dans les pays germanophones. La Bibliothèque nationale suisse à Berne est représentée dans le Groupe d’intérêt européen sur RDA (EURIG).
Notes et références
- (en) Library of Congress Announces Its Long-Range RDA Training Plan, , consulté le
- (en) « Joint Steering Committee for the Development of RDA (1 July 2009) », sur "International Conference on the Principles and Future Development of AACR" (consulté le )
- « Lancement de la nouvelle gouvernance de RDA / Transition bibliographique - Programme national », sur Transition bibliographique - Programme national, (consulté le ).
- Principes internationaux de catalogage, consulté le
- FRBR qu'est-ce que c'est ? Un modèle conceptuel pour l’univers bibliographique / Barbara Tillett, consulté le
- (en) « What You Should Know about the December Switchover | RDA Toolkit », sur rdatoolkit.org (consulté le )
- (en) RDA Toolkit, consulté le
- « Europe - Members », sur rda-rsc.org (consulté le )
- (en) Szabolcs Dancs, « The "Transition bibliographique" program: the French recipe for adopting RDA », sur uniba.sk, (consulté le )
- Abes et BnF, « Rapport d’orientation pour le Comité stratégique bibliographique », sur transition-bibliographique.fr, (consulté le )
- RERO, « Passage progressif de RERO à RDA », RERO,‎ (lire en ligne, consulté le )
- Bibliothèque nationale suisse BN, « Catalogage formel », sur www.nb.admin.ch (consulté le )
- Christian Aliverti, « À la BN suisse, RDA est déjà trilingue », Arabesque 87,‎ octobre - novembre - décembre 2017 (lire en ligne, consulté le )