René Bérenger
René Bérenger, né à Bourg-lès-Valence (Drôme) le et mort au château d'Alincourt (Ardennes) le , est un avocat, magistrat, criminaliste et homme politique français.
René Bérenger | |
René Bérenger en 1910. | |
Fonctions | |
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Sénateur inamovible | |
– (39 ans, 8 mois et 16 jours) |
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Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Bourg-lès-Valence (France) |
Date de décès | |
Lieu de décès | Alincourt (France) |
Biographie
Avocat général à Lyon en 1870, il démissionne pour s'engager comme volontaire lorsque la guerre éclate. Il est décoré de la Légion d'honneur pour fait de guerre[1]. Il est ministre des Travaux publics du au dans le gouvernement Jules Dufaure, puis sénateur inamovible.
Bérenger succède à l'Académie des sciences morales et politiques au juriste Charles Lucas en 1890. Il œuvre à la modernisation de la politique pénale : les lois de 1885 et 1891 qui portent son nom introduisent, respectivement, la libération conditionnelle et le sursis[2]. Elles aggravent aussi les peines pour les récidivistes. Il était en parallèle président de la Société générale pour le patronage des libérés[3].
Dès 1892, il dirige également une campagne sévère pour le respect des bonnes mœurs, qui lui vaut le sobriquet de « Père la Pudeur ». Le procès qu'il suscita l'année suivante contre l'impudicité du Bal des Quat'z'Arts dégénéra en émeutes au Quartier latin. La plupart des périodiques satiriques le chargent — comme par exemple Le Sourire en novembre 1899, sous le crayon féroce d'Eugène Cadel.
Il rédige, en 1907 et 1908, plusieurs projets de loi portant sur la réglementation de la prostitution, notamment celle des mineures, et se prononce pour l'abolition de la réglementation de la prostitution, considérée comme un facteur d'acceptation d'une pratique qu'il décrit comme « le fléau des foyers ».
« Monsieur Bérenger » dans la mémoire populaire
La pruderie de René Bérenger a laissé en français l'expression « Père la Pudeur », synonyme de personne excessivement prude.
On doit aux chansonniers de son temps la chanson « Monsieur Bérenger » qui décrit les effets de la pruderie du personnage dans la colonie de la Martinique. Voici les paroles[4] de cette chanson :
Défense est venue
Par dernier bateau
À tout petit nègre
De montrer sa peau.
- Refrain
- Monsieur Bérenger,
- Tu nous emmerdes,
- Monsieur Bérenger,
- Tu nous fais chier !
Aut'fois petit nègre,
Pour cacher nudité,
Portait feuille coco,
Et feuille de palmier.
Falloir faire venir
De Paris et London,
Des petites jaquettes
Et des chapeaux ronds.
- Refrain
Quand li petit nègre
Avait bu un coup
Faisait son pipi
Un tit peu partout.
Maint'nant faut qu'y donne
Deux sous pour pisser
Dans un p'tit chalet
En bambous tressés.
- Refrain
Quand li petit nègre
Vouloir embrasser
Mignonne négresse
Faut fermer volet.
Pauv' petite négresse
Pour cacher nénés
Faut mettre chemisette
Pantalon fermé.
- Refrain
À Martinique,
Si vient Bérenger
Li bons petits nègres
Y vont li manger.
- Refrain
Ci-dessous le refrain (édulcoré), extrait de l'interprétation de la chanson par Les quatre barbus[5] - [6].
Sources
- « René Bérenger », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
Notes et références
- Émile de Marcère, L'Assemblée nationale de 1871. Gouvernement de M. Thiers, Plon, 1904, p. 305
- Jean-Lucien Sanchez, Les lois Bérenger (lois du 14 août 1885 et du 26 mars 1891), Criminocorpus, 2005.
- « BERENGER René », sur senat.fr (consulté le )
- Tout ce qui suit reproduit le langage de l'époque à titre documentaire.
- Les Quatre Barbus, « La Pince à linge » ; album double CD ; Rym Musique, 1997 ; distribution PolyGram ; EAN13 3259119178521.
- Court extrait présenté au titre du droit de citation (France : Article L122-5 du Code de la Propriété Intellectuelle).
Voir aussi
Liens externes
- Ressources relatives à la vie publique :
- L'intégrale de "Monsieur Bérenger" par les Quatre Barbus sur Youtube
- Biographie sur le site du Sénat