Accueil🇫🇷Chercher

Refuge de l'Aigle

Le refuge de l'Aigle est un refuge de haute montagne situé dans les Alpes françaises dans le massif des Écrins, au pied de la Meije, sur la commune de La Grave (département des Hautes-Alpes). Le premier refuge a été construit en 1910, il fut modifié en 1986 par l'ajout d'une cuisine et d'un étroit logement pour le gardien, puis déconstruit et reconstruit en 2014, le tout en gardant une partie de la structure originelle intégrée à l'intérieur au bâti[2].

Refuge de l'Aigle
Illustration du refuge.
Vue du refuge de l'Aigle après sa reconstruction en 2014.
Altitude 3 450 m
Massif Massif des Écrins (Alpes)
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Provence-Alpes-CĂ´te d'Azur
DĂ©partement Hautes-Alpes
Inauguration 1910
Propriétaire Club alpin de Briançon
Période d'ouverture mi-juin à début septembre
Capacité 30 couchages
CoordonnĂ©es gĂ©ographiques 45° 00′ 41″ nord, 6° 19′ 28″ est[1]
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Refuge de l'Aigle
GĂ©olocalisation sur la carte : Hautes-Alpes
(Voir situation sur carte : Hautes-Alpes)
Refuge de l'Aigle
Refuge de montagne

Un autre bâtiment, le refuge Lemercier, situĂ© Ă  cĂ´tĂ© du refuge du Pelvoux (dans le mĂŞme massif des Écrins), datant de 1892 et fonctionnant toujours « Ă  l'ancienne Â», existe encore dans le massif des Écrins et a Ă©tĂ© rĂ©cemment restaurĂ© ; il peut ĂŞtre visitĂ©.

Le refuge de l'Aigle se trouve dans le parc national des Écrins.

Caractéristiques

Le refuge est installĂ© Ă  3 450 m d'altitude[3], sur le rocher de l'Aigle qui Ă©merge de la crĂŞte sĂ©parant les glaciers de l'Homme (qu'il surplombe) et du Tabuchet. ConfortĂ© et rĂ©novĂ©, l'ancien refuge historique a laissĂ© la place Ă  un nouveau bâtiment de 30 places, qui est ouvert au public depuis le . Il est constituĂ© d'une pièce principale faisant office de dortoir et de salle Ă  manger, Ă  laquelle est accolĂ©e une pièce sur 2 Ă©tages faisant office de cuisine, local technique et chambre pour les gardiens.

Accès

Le massif de la Meije vu du plateau d'Emparis.
Le Grand pic de la Meije.

L'accès[4] usuel au site aujourd'hui, part du pont des Brebis (1 662 m) - (près du hameau du Pied du col Ă  Villar-d'ArĂŞne, commune voisine de La Grave), qui enjambe la rivière Romanche. Il remonte par un sentier jusqu'aux nĂ©vĂ©s du glacier du Bec et rejoint au col du Bec (3 065 m) l'arĂŞte rocheuse qui va du pic de l'Homme au bec de l'Homme. La vire Amieux (passage dĂ©couvert par le guide de La Grave, Lucien Amieux), vers 3 200 m, Ă©quipĂ©e d'un câble, permet de quitter l'arĂŞte pour rejoindre, dans sa partie moins raide et moins crevassĂ©e, le glacier du Tabuchet, que l'on suit par sa rive droite jusqu’au refuge. Par sa longueur (1 800 m de dĂ©nivelĂ©, 5 h 30 Ă  6 h de marche), et ses difficultĂ©s (passages rocheux et glaciaires), cet accès constitue en soi une course de montagne de difficultĂ© F.

Autrefois, l'accès se faisait directement depuis La Grave, par la côte longue et la rive droite du glacier du Tabuchet. Du fait du retrait glaciaire et de l'état de la partie inférieure de celui-ci, cet itinéraire ne se pratique plus aujourd'hui qu'en hiver et au printemps, en ski de randonnée. Depuis le Pied du Col, on peut également contourner les rochers de la Palun et remonter le vallon et le glacier de l'Homme, jusqu'au col de l'Homme à proximité immédiate du refuge. Le glacier étant très crevassé, cet itinéraire se pratique surtout au printemps à ski.

Le raide couloir ouest du passage du Serret du Savon (3 399 m), entre le glacier de la Meije et celui du Tabuchet, permet la liaison avec la face Nord de la Meije, et via la brèche de la Meije, au refuge du Promontoire.

Courses au départ du refuge

La Meije vue du refuge de l'Aigle.
Voies en face nord de la Meije.
  • Ă€ l'origine et dans les annĂ©es qui ont suivi sa construction, les Livres d'or montrent que la majoritĂ© des alpinistes utilisait le refuge pour gravir le lendemain le Bec de l'Homme ou la Meije orientale, la traversĂ©e des arĂŞtes de la Meije Ă©tant au dĂ©but du XXe siècle une course exceptionnelle. Depuis les annĂ©es 1930, cette course devenant classique, le refuge a servi d'abri aux alpinistes arrivĂ©s trop tardivement de cette longue Ă©quipĂ©e.
  • Les courses les plus souvent faites au dĂ©part du refuge de l'Aigle sont :
    • la Meije Orientale (voie normale PD), qui peut ĂŞtre prolongĂ©e par la traversĂ©e Meije Orientale-PavĂ©-Gaspard (D) ;
    • le Doigt de Dieu (voir normale PD) ;
    • la liaison avec le refuge du Promontoire par le passage du Serret du Savon.

Historique

Le refuge de l'Aigle dans sa forme initiale.

Le rocher de l'Aigle, éperon rocheux sur la crête qui sépare le glacier de l'Homme et le glacier du Tabuchet, est utilisé comme emplacement de bivouac dès 1875, lors des tentatives pour atteindre le Grand pic de la Meije par le versant nord ou l'arête est[5]. Lors de leur première ascension du pic Central de la Meije, le , William Auguste Coolidge, Meta Brevoort et leurs guides (Christian Almer, Ulrich Almer, Christian Gertsch) notent la superbe vue sur le mont Blanc depuis le rocher de l'Aigle, mais grande fut leur déception lorsqu'ils constatèrent que le Grand pic de la Meije était plus haut que le pic Central.

Le Grand pic de la Meije est finalement gravi en 1877 par Emmanuel Boileau de Castelnau avec Pierre Gaspard père et fils, qui passèrent par le versant sud (voie normale de montée aujourd'hui) ; la première traversée dans le sens ouest-est (du Grand pic au Doigt de Dieu, est réalisée en 1891, par J.-H. Gibson avec Ulrich Almer et Fritz Boss. Cette voie devient rapidement classique, et la façon habituelle de gravir la Meije.

Dès 1894, le Club alpin français (CAF) de Paris dĂ©cide de faire construire par l'entreprise Ledeuil une cabane prĂ©fabriquĂ©e, mais devant les problèmes de transport, celle-ci fut finalement implantĂ©e dans les aiguilles d'Arves[6] Ă  proximitĂ© du lac du GolĂ©on. Le projet repart en 1909 avec une nouvelle cabane prĂ©fabriquĂ©e, en bois de pin[7], sur le mĂŞme modèle que l'ancien refuge du Promontoire. Le coĂ»t total de construction (le portage Ă  dos d'homme depuis La Grave comptant pour 22 %) s'Ă©leva Ă  12 888,25 francs de l'Ă©poque (contre 7 397,50 francs pour le Promontoire[8], et elle est implantĂ©e en 1910. En 1946, le refuge, peu entretenu et dĂ©gradĂ©, fut confiĂ© par le CAF en gestion Ă  sa section de Briançon. Son prĂ©sident, AndrĂ© Georges, joua Ă  cette occasion un rĂ´le très important.

Vue du refuge de l'Aigle en 2009, avant sa reconstruction.

En 1962, le bardage extérieur du refuge, fortement abîmé, est recouvert de plaques de zinc pour le protéger des intempéries [9]. Devant la fréquentation croissante le refuge devient gardé en 1971, et une petite pièce annexe est accolée pour y installer la cuisine, la réserve et le logement du gardien dans les années 1980.

Le projet de rénovation en profondeur (2002) et de construction d'un nouveau refuge, contesté par certains, a pris beaucoup de retard. À la suite d'une médiation fructueuse, un nouveau projet a finalement vu le jour et les travaux ont pu commencer. La déconstruction s'est faite du 16 au et la construction nouvelle intégrant l'ancienne structure s'est faite du mois d'avril au mois d'[10] avec une ouverture au public le .

Fréquentation

Le refuge accueille une centaine de personnes pendant l'Ă©tĂ© 1913[6], 40 en 1965, 375 en 1971 (annĂ©e Ă  partir de laquelle il est gardĂ© pendant la saison), près de 1 000 en 1983[11]. Depuis les annĂ©es 1995, la frĂ©quentation est restĂ©e assez stable (contrairement Ă  de nombreux refuges dont l'attrait a diminuĂ© dans le massif) : autour d'un millier de nuitĂ©es annuelles rĂ©parties au printemps et surtout en Ă©tĂ©.

Notes et références

  1. « Carte IGN classique » sur Géoportail.
  2. « Site du refuge de l'Aigle »
  3. « Dans les Alpes, recherche gardien pour refuge merveilleux », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. François Labande, Guide du Haut-Dauphiné : Massif des Écrins, t. 1 : Partie nord : Râteau, Soreiller, Meije, Grande Ruine, Éditions de l'envol, p. 26-27
  5. [PDF] Les tentatives d’ascension à la Meije de 1870 à 1877 d’après Henry Gale Gotch, Alpine Journal, 1877, p. 196-198 et compléments AJ 1878 p. 135-136
  6. Chapoutot 2000, p. 130
  7. François Labande, Claude Dautrey et Christian Pichoud, Randonnée pédestre dans le Parc national des Écrins, p. 33
  8. Chapoutot 2000, p. 129-130
  9. La mĂ©moire de l'Aigle documentaire de 16 minutes du Club alpin français - section de Briançon, 2005 sur Dailymotion
  10. Le refuge de l'aigle bientôt rénové, Place Gre'net, 17 juin 2013
  11. Chapoutot 2000, p. 132

Voir aussi

Bibliographie

  • Pierre Chapoutot, La Meije : Reine de l'Oisans, HoĂ«beke,
  • François Labande, Sauver la montagne, Éditions Olizane, 2004, p. 338-340
  • W.A.B Coolidge, RĂ©cits de courses en DauphinĂ© (1870-1895), Éditions Alpage, 2009, p. 16-17

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.