Ralliement des Établissements français de l'Océanie à la France libre
Le ralliement des Établissements français de l'Océanie (actuelle Polynésie française) à la France libre intervient le . Il marque l'entrée de la colonie dans la Seconde Guerre mondiale et en fait une des toutes premières à se placer sous l'autorité du général de Gaulle. Ce ralliement suit celui des Nouvelles-Hébrides le et précède celui de la Nouvelle-Calédonie le .
Date | |
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Lieu | Tahiti, Polynésie française |
Cause | Armistice du 22 juin 1940 |
Résultat |
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Discours du Maréchal Pétain appelant à cesser les combats | |
Appel du général de Gaulle appelant à les poursuivre | |
Signature de l'armistice | |
Création du "Comité de Gaulle" [1] | |
Plébiscite organisé à Tahiti et Moorea | |
Le gouverneur Frédéric Chastenet de Géry, jusqu'alors hésitant, est remplacé par un gouvernement provisoire qui proclame le ralliement | |
Edmond Mansart devient gouverneur des EFO | |
Émile de Curton devient gouverneur des EFO | |
Le corps expéditionnaire polynésien, noyau du Bataillon du Pacifique, quitte Papeete pour Nouméa | |
Richard Brunot devient gouverneur des EFO |
Événements
Lorsqu'éclate la Seconde Guerre mondiale, les Établissements Français d'Océanie sont quelque peu isolés de la métropole : le voyage par la mer depuis Marseille est long de plusieurs semaines et les communications sont allongées par la distance. Les postes clés de l'administration sont tenus par des métropolitains.
Avec la nouvelle de la signature de l'armistice, deux groupes émergent, les pro-Vichy dont font partie Noël Ilari et le navigateur Alain Gerbault, et les pro-de Gaulle, rassemblés dans un "Comité de Gaulle" et menés par Émile de Curton, Teriieroo a Teriierooiterai et d'autres notables franco-polynésiens. Le , un plébiscite est organisé sur les îles de Tahiti et de Moorea, dont le résultat est sans appel : 5564 voies sont exprimées en faveur du général de Gaulle, contre seulement 18 pour le Maréchal Pétain[2]. Dès le lendemain, le gouverneur Frédéric Chastenet de Géry, en poste depuis 1937, démissionne. Un quadriumvirat le remplace et prend le titre de gouvernement provisoire, composé du maire de Papeete, Georges Bambridge, et de trois membres du conseil privé, Georges Lagarde, Émile Martin et Édouard Ahnne.
Le "Comité de Gaulle" reçoit par ailleurs le soutien du capitaine Félix Broche, chef de l'armée depuis le , et de Jean Gilbert, seul officier de Marine à se rallier. Dès , des centaines de personnes se présentent aux autorités et se portent volontaires pour poursuivre les combats aux côtés des Britanniques. Le , Broche est nommé par télégramme du général de Gaulle commandant supérieur des troupes en Océanie et envoyé à Nouméa[1]. C'est sous son autorité que sera formé le Bataillon du Pacifique, par la réunion du contingent tahitien qui quitte Tahiti et du contingent néo-calédonien. L'ensemble du corps expéditionnaire quitte Nouméa pour Sydney le .
En 1973, Émile de Curton, acteur du ralliement et gouverneur de la colonie de à , fait publier son récit des événements par la Société des océanistes.
Références
- Archives de l'Ordre de la Libération
- Émile de Curton, Tahiti 40 : récit du ralliement à la France libre des Établissements français d'Océanie, 1973
Bibliographie
- Alexandre Juster, L'histoire de la Polynésie française en 101 dates, Papeete, ed. de Moana, 2016.
- Émile de Curton, Tahiti 40 : récit du ralliement à la France libre des Établissements français d'Océanie, Paris, Société des Océanistes, 1973.
- François Broche, Le bataillon des guitaristes, l'épopée inconnue des F.F.L. de Tahiti à Bir-Hakeim, 1940-1942, Paris, Fayard, 1970.
- Jean-Marc Regnault et Ismet Kurtovitch, Les ralliements du Pacifique en 1940. Entre légende gaulliste, enjeux stratégiques mondiaux et rivalités Londres/Vichy, Revue d’histoire moderne et contemporaine, 49-4, 2002, p. 71-90.
- Yacine Benhalima, Le Bataillon du Pacifique, 1940 - 1946, Paris, L'Harmattan, 2021 (ISBN 978-2-343-23679-7)