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RĂ©volution de Velours

La révolution de Velours[alpha 1] (en tchèque : sametová revoluce) ou révolution douce (en slovaque : nežná revolúcia), remarquable — d'où son nom — par le peu de sang versé, se déroula en Tchécoslovaquie du au , précipitant la chute du régime du Parti communiste tchécoslovaque et la fin de la République socialiste tchécoslovaque, dans la lignée de la chute des régimes communistes de l'Est européen.

RĂ©volution de Velours
Manifestation sur la place de la vieille ville de Prague (Staroměstské náměstí), lors de la « Révolution ».
Manifestation sur la place de la vieille ville de Prague (Staroměstské náměstí), lors de la « Révolution ».

Pays Drapeau de la Tchécoslovaquie Tchécoslovaquie
Cause RĂ©pression politique
Autoritarisme
Stagnation Ă©conomique
Date 17 - 28 novembre 1989
Revendications Droits civils
DĂ©mocratie
Élections libres
Résultat Chute du régime communiste et dissolution de la Tchécoslovaquie

Origines

L'année 1988 est, pour les Tchèques, l'anniversaire de plusieurs événements historiques fondamentaux tous relatifs à leur indépendance : 1918 marque la création de la Tchécoslovaquie, 1938 les accords de Munich, 1948 le coup de Prague, 1968 le Printemps de Prague et l'invasion par les armées du Pacte de Varsovie. Les autorités communistes intensifient alors la répression contre les activités de la Charte 77. Cependant, quelques manifestations notables ont lieu dans toute la Tchécoslovaquie, telles que :

  • le , manifestations Ă  Prague (anniversaire de la proclamation de la rĂ©publique en 1918)[1] ;
  • le , manifestation autorisĂ©e pour la dĂ©fense des droits de l'homme sur la place Ĺ kroupovo Ă  Ĺ˝iĹľkov ;
  • le et , « semaine Palach », une sĂ©rie de manifestations commence le 15 janvier dans le cadre de l'anniversaire de la mort de Jan Palach[2];
  • le , manifestation commĂ©morative contre l'intervention des armĂ©es du pacte de Varsovie ;
  • le , manifestation place Venceslas ;
  • le , et , manifestation Ă©cologique Ă  Teplice.

Ouverture du Rideau de Fer

L’État socialiste tchécoslovaque était, en réalité, très fragilisé par cette prise de parole des citoyens. Celui-ci commence à vaciller quand des milliers de citoyens est-allemands prennent la fuite de l’Allemagne de l’Est quand ils apprennent l’ouverture de la frontière hongroise au mois de et l’ambassade d'Allemagne fédérale à Prague se transforme en un camp de réfugiés pour plusieurs centaines de personnes que le gouvernement est-allemand ne peut plus empêcher de partir.

Après la chute du mur de Berlin, le et l’ouverture du rideau de fer, les scènes de joie qui éclatèrent à Berlin furent suivies à Prague par télévision interposée, ce qui encouragea la contestation. Sur la place Venceslas, où l’étudiant Jan Palach s’était immolé par le feu en 1969 contre la répression du printemps de Prague et la fin du socialisme à visage humain, des centaines de milliers de personnes manifestèrent soir après soir.

À Prague, l’intelligentsia avait alors un prestige inégalé et jouait un rôle très important dans la conscience nationale. Václav Havel, dramaturge bien connu et récemment sorti de prison où il avait passé cinq années, prit bientôt la tête des manifestations contre la dictature. L’État communiste était donc attaqué sur deux fronts en même temps par des gens qui n’avaient plus peur de proclamer leurs aspirations : la démocratie, un état de droit, la liberté de penser et la liberté religieuse, ce qui allait provoquer sa chute.

RĂ©volution de novembre

Les événements débutèrent le avec une manifestation pacifique d’étudiants à Bratislava. Le lendemain, une autre manifestation pacifique à Prague fut réprimée par la police, entraînant à son tour une série de manifestations populaires du 19 au .

  • MĂ©morial aux manifestations du 17 novembre 1989, Prague.
    MĂ©morial aux manifestations du , Prague.
  • DĂ©tail.
    DĂ©tail.

Le , dans les rues de Prague, la police anti-Ă©meutes disperse une manifestation pacifique de 15 000 Ă©tudiants[3] - [4]. La rumeur fausse, annoncĂ©e par Radio Free Europe, selon laquelle l’intervention musclĂ©e aurait fait un mort, n’a pas dĂ©couragĂ© les manifestants pacifiques. Leurs manifestations se multiplièrent : du 19 au , leur nombre passa de 200 000 Ă  500 000[5].

Le , Milouš Jakeš, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Parti unique infĂ©odĂ© Ă  l’Union soviĂ©tique, est remplacĂ© par un jeune nouveau venu : Karel Urbánek[6]. Le le nombre des manifestants atteint 800 000. Le , une grève gĂ©nĂ©rale paralyse le pays durant deux heures. Dans le contexte de la chute des rĂ©gimes communistes en Europe et des manifestations grandissantes, le Parti unique annonça le qu’il abandonnait le pouvoir et demanda Ă  l’AssemblĂ©e fĂ©dĂ©rale d’abolir l’article de la Constitution qui lui attribuait le rĂ´le dirigeant dans la sociĂ©tĂ© et l’État. De jure comme de facto, cela autorisait la crĂ©ation d’autres partis politiques et des Ă©lections Ă  candidats multiples. Les fils de fer barbelĂ©s et Ă©lectrifiĂ©s furent retirĂ©s des frontières ouest-allemande et autrichienne le . Le , le prĂ©sident communiste Gustáv Husák intronisa le premier gouvernement largement non-communiste depuis 1948, et dĂ©missionna[3] - [7], rĂ©alisant qu’il ne pouvait plus compter sur l’aide de l’Union soviĂ©tique, engagĂ©e dans la glasnost et la perestroĂŻka. Le « père » du socialisme Ă  visage humain de 1968, Alexander DubÄŤek, fut Ă©lu prĂ©sident de l’AssemblĂ©e fĂ©dĂ©rale le , et Václav Havel prĂ©sident de RĂ©publique tchĂ©coslovaque le [3]. Le nouveau prĂ©sident n’envisageait pas du tout l’accès Ă  ce poste dans les jours prĂ©cĂ©dant la chute de la dictature, et dut se faire un peu prier pour accepter : aussi, son mandat devait expirer 40 jours après les premières Ă©lections parlementaires libres qui devaient suivre.

Sur certains calicots brandis par les manifestants, le nombre 89 était retourné de telle manière qu’on pouvait y lire 68. 1968 et 1989 : la tentation était grande de voir dans la révolution de Velours la reprise du printemps de Prague, interrompu durant deux décennies par la « normalisation ».

Au cours de cette Révolution de Velours il n’y eut pas d’effusion de sang. Le pays venait de vivre un coup de Prague à l’envers.

Nouveau régime

Après des négociations entre Tchèques et Slovaques, le pays prit le nouveau nom officiel de République fédérale tchèque et slovaque. L’une des conséquences de la révolution de Velours fut l’élection en du premier gouvernement démocratique et entièrement non-communiste en plus de quarante ans. Marián Čalfa, membre du parti communiste jusqu'à la dissolution de ce dernier, demeura chef du gouvernement et continua jusqu'en 1992 d'assurer la transition démocratique.

Une conséquence secondaire de la révolution fut l'engouement soudain des consommateurs pour les « nouveautés » dont ils avaient été privés – pour la plupart d'entre eux – pendant des années ; de très nombreuses marques apparurent dont ils n'avaient jamais entendu parler, et les marques locales souffrirent d'une baisse de popularité (à l'exception des produits autrefois destinés à l'export, perçus comme étant de meilleure qualité).

Les anciens dirigeants communistes se rallièrent en masse – en tous cas par la rhétorique – à la nouvelle donne démocratique, et fournirent la majorité des cadres qui, sous l'égide du premier ministre puis président Václav Klaus, forment aujourd'hui la classe dirigeante de la République tchèque.

La RĂ©volution dans la fiction

Notes et références

Notes

  1. On Ă©crit « la rĂ©volution de Velours », sans majuscule Ă  « rĂ©volution » mais avec une majuscule Ă  « Velours », conformĂ©ment Ă  une recommandation typographique appliquĂ©e aux Ă©vĂ©nements historiques et politiques : voir les exemples de la « rĂ©volution d’Octobre » de la « querelle des Investitures ».

Références

  1. « Manifestation à Prague pour le soixante-dixième anniversaire de l'Etat L'opposition brave le régime en Tchécoslovaquie en dépit de la répression », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  2. « Tchécoslovaquie. Le rassemblement à la mémoire de Jan Palach a été brutalement dispersé par la police », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  3. André Sellier et Jean Sellier, « La Tchécoslovaquie de 1920 à 1992 », dans Atlas des peuples d'Europe centrale, La Découverte, , p. 115-120
  4. « 16-17 novembre 2019 - République tchèque – Slovaquie. Célébration du trentième anniversaire de la «révolution de velours  », sur Encyclopædia Universalis
  5. « En 1989, l’automne et l’hiver se transforment en printemps en Tchécoslovaquie », Radio-Canada,‎ (lire en ligne)
  6. « La part du feu », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  7. « L'Histoire s'est remise en marche à Prague Après la formation d'un gouvernement à majorité non communiste le président Husak a présenté sa démission », Le Monde,‎ (lire en ligne)

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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