RĂ©volte des Dounganes (1895-1896)
La Révolte des Dounganes (1895-1896) est une guerre religieuse survenue dans la Chine du XIXe siÚcle opposant diverses ethnies musulmanes du Qinghai du Gansu a la dynastie Qing. Elle est provoquée par des affrontements entre deux confréries soufis appartenant à la tariqa Naqshbandiyya, qui déstabilisent la région. Les Wahhabites de la secte Yihewani rejoignent alors la révolte et aident à son développement. Finalement, les Dounganes sont écrasés par les musulmans restés fidÚles aux Qing.
Date | 1895-1896 |
---|---|
Lieu | Qinghai, Gansu |
Issue | victoire de la dynastie Qing |
dynastie Qing Soufis Khafiyya fidĂšles aux Qing | Wahhabites Yihewani Soufis Khafiyya rebelles |
Yang Changjun Dong Fuxiang GĂ©nĂ©ral de brigade Tang Yanhe Yang Zengxin Ma Anliang[1] Ma Guoliang Ma Fulu Ma Fuxiang Ma Haiyan Wei Kuang-tao éć çŸ[2] | Ma Yonglinâ Ma Dahanâ Ma Wanfu |
Des milliers de soldats musulmans Hui loyaux aux Qing, Chinois et Tibétains[3] | Des milliers de musulmans rebelles appartenant aux minorités Hui, Dongxiang, Salar, et Bonan |
Tous les rebelles sont tués a l'exception de Ma Wanfu |
Origines
Cette rĂ©volte Ă©clate au mĂȘme endroit que la rĂ©volte des Jahriyya de 1781 et pour les mĂȘmes raisons, Ă savoir des affrontements entre deux confrĂ©ries soufis appartenant Ă la tariqa Naqshbandiyya[4]. AprĂšs sâĂȘtre affrontĂ©s et accusĂ©s mutuellement de divers mĂ©faits, ces soufis dĂ©cident d'utiliser le systĂšme juridique Qing pour rĂ©soudre leur conflit. Ils intentent des procĂšs par l'intermĂ©diaire du bureau du prĂ©fet de Xining, mais le juge chargĂ© de l'affaire dĂ©cide de ne pas se prononcer sur la question ayant dĂ©clenchĂ© ce conflit, Ă savoir quel groupe a la primautĂ© pour rĂ©gler les affaires et autres problĂšmes liĂ©s a la religion musulmane dans la rĂ©gion. Ă la place, il exhorte les deux confrĂ©ries Ă se comporter correctement.
Ă la suite de ce non-jugement, les deux groupes ont de nouveau recours Ă la violence pour essayer de rĂ©gler leurs diffĂ©rends. Un tao-dai (éèș, dĂ otĂĄi) est alors envoyĂ© par les Qing pour Ă©craser les auteurs de ces violences. Cette rĂ©pression provoque plusieurs morts, ce qui conduit les soufis impliquĂ© dans ce conflit Ă se rebeller contre les Qing[5].
DĂ©roulement
Ă Xunhua, au Qinghai, les Hui, Dongxiang, Bao'an et Salars sont incitĂ©s Ă se rĂ©volter contre les Qing par Ma Yonglin, le dirigeant de la mosquĂ©e multicolore. Du cĂŽtĂ© Qing, le gĂ©nĂ©ral de brigade Tang Yanhe et ses soldats reçoivent l'ordre de mater la rĂ©bellion[6]. Pour contrer les Qing, Ma Dahan, un autre chef rebelle, conclu un accord avec Ma Wanfu, un Dongxiang qui est le chef des Wahhabites de la secte Yihewani. Ces derniers prĂȘtent donc main-forte au Soufis, et les aident Ă dĂ©velopper et organiser la rĂ©volte. Ă Hezhou, Didao et Xunhua, ils ordonnent aux membres de leur secte de se joindre Ă la rĂ©bellion. Ils choisissent les Xian de Tiaoheyan, Sanjiaji et Guanghe comme site Ă utiliser pour organiser un systĂšme dĂ©fensif et s'engagent Ă ne pas capituler[7]. Par la suite, les Yihewani seront dĂ©signĂ©s par leurs adversaires sous le nom de secte du "nouvel enseignement"[8], un sobriquet dĂ©jĂ utilisĂ© en 1781 pour dĂ©signer les Jahriyya aprĂšs leur rĂ©volte[9]. Devant l'ampleur des troubles, a Xiaoqiaopan, un village catholique chinois de Mongolie intĂ©rieure occidentale (en), les prĂȘtres belges responsables de la paroisse organisent la dĂ©fense du secteur afin de repousser une Ă©ventuelle attaque des rebelles[10].
Le gouverneur général Yang Changjun réagit en envoyant des troupes écraser la rébellion[9]. Dong Fuxiang, le commandant en chef de la Kashgarie (Kashgar), et le général Ma Xinsheng, reçoivent des télégrammes leur ordonnant de soulager les soldats des districts révolté en envoyant des troupes à marche forcée[11]. Ces généraux n'ont pas été choisi au hasard, car ils sont des vétérans de la premiÚre guerre sino-japonaise[12]. Les troupes qu'ils lÚvent sont composées de musulmans chinois loyaux aux Qing et commandées par des officiers musulmans comme Ma Anliang, Ma Guoliang, Ma Fuxiang et Ma Fulu. Les troupes de Dong Fuxiang, originaires de Hezhou, sont armées de fusils Mauser et Remington ainsi que de canons européens récents, tout juste arrivés de Pékin. Ces armes modernes surpassent largement les armes blanches et les fusils à chargement par la bouche utilisés par les rebelles musulmans, qui sont écrasés lors des combats[13] - [14].
Ma Anliang commence par lever le siĂšge de Xining (sining), avec quatre ying (bataillon) sous ses ordres, en 1895[15] - [16]. La mĂȘme annĂ©e, Anliang et son unitĂ© de cavaliers Hui infligent une dĂ©faite cinglante aux rebelles au mont Oxheart et lĂšve le siĂšge de Hezhou le 4 dĂ©cembre 1895.Si Ma Dahan est tuĂ© lors des combats, Ma Wanfu prĂ©fĂšre se rendre plutĂŽt que d'affronter Anliang et Fuxiang[17]. Enfin, Ma Yonglin, son fils, et plus d'une centaine d'autres chefs rebelles musulmans sont capturĂ©s et dĂ©capitĂ©s par Fuxiang[18].
Les gĂ©nĂ©raux musulmans loyalistes conduisent une rĂ©pression fĂ©roce, qui se traduit par des massacres de musulmans rebelles et de nombreuses exactions. Ainsi, Anliang et ses cavaliers massacrent des combattants rebelles Salar qui avaient acceptĂ© de nĂ©gocier sans armes lors d'un banquet. Selon certains rapport les rebelles auraient Ă©tĂ© dĂ©capitĂ© et leurs oreilles arrachĂ©es[19]. Dans son Ă©dition du 2 aoĂ»t 1896, le New York Times rapporte que les gĂ©nĂ©raux Qing auraient perpĂ©trĂ© des massacres Ă grande Ă©chelle des rebelles. 8 000 d'entre eux auraient Ă©tĂ© tuĂ©s, a un endroit indĂ©terminĂ©, et les femmes auraient Ă©tĂ© vendues comme esclaves[20]. Cette rĂ©pression fait des victimes mĂȘme en dehors des rangs des musulmans rebelle. C'est ainsi qu'environ 400 musulmans de Topa (ć€ć·Ž) qui n'ont pas rejoint la rĂ©volte et ont proclamĂ© leur loyautĂ© envers la Chine ont tout de mĂȘme fini par ĂȘtre massacrĂ©s. Au dĂ©part, il y a ce qui semble ĂȘtre une simple dispute entre un Chinois et sa femme musulmane. Cette derniĂšre finit par menacer les musulmans de Topa d'attaquer Tankar et de donner un signal Ă leurs coreligionnaires pour qu'ils se soulĂšvent et ouvrent les portes de la ville, en brĂ»lant les temples situĂ©s au sommet des collines. Le mari rapporte ce discours Ă un fonctionnaire Qing, et le jour suivant, les musulmans sont massacrĂ©s, Ă l'exception de quelques filles musulmanes qui sont mariĂ©es de force Ă des Chinois[21] - [22] - [23].
Si certains massacres sont avĂ©rĂ©s, d'autres rumeurs sont moins fiables, comme celles prĂ©tendant que Ma Anliang aurait teint son bonnet en rouge avec le sang des rĂ©voltĂ©s musulman et que des tĂȘtes de rebelles musulmans auraient Ă©tĂ© utilisĂ©es pour construire les bureaux de Ma Fuxiang et Ma Fulu[19] - [24].
Finalement, on estime qu'environ 100 000 personnes sont mortes au cours de la révolte[25].
AprÚs l'écrasement de la révolte, Dong Fuxiang reçoit le grade de généralissime[26] - [27], et Ma Anliang ceux de général du Xinjiang et colonel de Hezhou[28] - [29].
TĂ©moignage
Lorsque la révolte éclate, Susanna "Susie" Carson Rijnhart, (1868 - 1908), une médecin canadienne et missionnaire protestante, se trouve a Lusar, un village situé au pied du MonastÚre de Kumbum. à la demande des Moines bouddhistes, elle et son mari déménagent au monastÚre, ou ils prennent en charge les blessés. Dans son ouvrage "With the Tibetans in Tent and Temple" elle rapporte le témoignage suivant :
« Parmi les plus intéressants de nos patients se trouvait un vieil homme, chinois de naissance, mais possédant le courage et l'audace d'un Tibétain, qui avait été nommé chef de plus de cinquante des troupes locales, et qui était parti un matin pour aider quelques Chinois dans un village voisin à repousser une attaque des rebelles. Un de ses hommes, un charpentier, l'avait traßtreusement poignardé au coude, selon certains, parce que le premier était à la solde des mahométans, qui tenaient à se débarrasser d'un adversaire aussi habile que le vieux Cheo Lao-yeh faisait ses preuves. Ils se souvenaient de son service efficace dans l'ancienne rébellion, dans laquelle, bien que blessé à sept reprises, il leur avait infligé de nombreuses défaites écrasantes. L'attaque traßtre lui avait fait une vilaine blessure au bras, mais la famille étant riche, et donc capable de lui accorder toute son attention, si je n'ai épargné aucune peine pour aider à sa guérison, chaque jour marquait une amélioration. Sa femme était une mongole. Son seul enfant était une jolie jeune femme mariée de vingt ans portant le costume mongol, qui lui allait trÚs bien, tandis que son joli petit bébé complétait le groupe familial et ajoutait beaucoup de joie aux heures de solitude que le vieil homme passait sur le k'ang. Nombreux étaient les cadeaux et les bienfaits incalculables que nous offrait cet homme, et lorsque plus tard il mourut alors que nous étions loin de la maison, il demanda à sa fille de donner à chacun de nous un chapelet qu'il avait porté, cadeaux que nous appréciions beaucoup car nous savions qu'ils étaient des gages de gratitude et d'amour sincÚres[30] - [31] »
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Dungan revolt (1895â96) » (voir la liste des auteurs).
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- Ralph L. Powell, Rise of the Chinese Military Power, Princeton University Press, , 83â (ISBN 978-1-4008-7884-0, lire en ligne)
- Jonathan Neaman Lipman et Stevan Harrell, Violence in China : Essays in Culture and Counterculture, SUNY Press, , 76â (ISBN 978-0-7914-0115-6, lire en ligne)
- Lipman, Jonathan N. âEthnicity and Politics in Republican China: The Ma Family Warlords of Gansu.â Modern China, vol. 10, no. 3, 1984, p. 298. JSTOR, JSTOR, https://www.jstor.org/stable/189017?seq=14#page_scan_tab_contents.
- Jonathan N. Lipman, « Ethnicity and Politics in Republican China: The Ma Family Warlords of Gansu », Sage Publications, Inc., vol. 10,â , p. 299 (JSTOR 189017)
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« During the recent rebellion, as already stated, a large proportion of the Mohammedan population left their homes and joined the rebel forces, while th. »
- Susie Carson Rijnhart, M.D. (1868-1908), With the Tibetans in Tent and Temple, Chicago, New York & Toronto, Fleming H. Revell Company, , Third éd. (lire en ligne), « CHAPTER VIII OUR REMOVAL TO TANKAR »
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- Papers from the Conference on Chinese Local Elites and Patterns of Dominance, Banff, August 20â24, 1987, Volume 3 Papers from the Conference on Chinese Local Elites and Patterns of Dominance, Banff, August 20â24, 1987, Joint Committee on Chinese Studies (U.S.), Ann Arbor, (lire en ligne), p. 29
- Mrs. Susie Carson Rijnhart, With the Tibetans in Tent and Temple : Narrative of Four Years' Residence on the Tibetan Border, and of a Journey Into the Far Interior, Oliphant, Anderson, & Ferrier, , 72 (lire en ligne)
« His only child was an attractive young married woman of twenty wearing the Mongol costume, which was very becoming to her, while her pretty little baby. »
- Susie Carson Rijnhart, With the Tibetans in Tent and Temple : Narrative of Four Years' Residence on the Tibetan Borders and of a Journey Into the Far Interior, Asian Educational Services, , 71 p. (ISBN 978-81-206-1302-7, lire en ligne)
Articles connexes
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