AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

RĂ©pandise

RĂ©pandise est un terme rĂ©gional que l'on trouve dans les sources d'archive et qui dĂ©signe la forĂȘt limitrophe de la chaume[1], c'est-Ă -dire le pĂąturage d'estive, dans les Vosges[2].

Chaume SĂ©richamp.

Une composante du haut pĂąturage vosgien

Une chaume vosgienne, cÎté alsacien ou lorrain, se compose de la pelouse sommitale et de la répandise ; les bùtiments d'exploitation du marcaire (on dit aussi marquard pour un vacher dans les Vosges romanes) dépendent de l'une comme de l'autre. La pelouse attire les troupeaux de bovins en transhumance provenant essentiellement des vallées alsaciennes, c'est la composante majeure de la chaume qui est à l'origine de la fabrication du fromage AOC munster-géromé[3]. La répandise incluse dans le contrat de location des pasteurs offre de l'ombre au bétail en été quand le soleil devient trop chaud sur les croupes déboisées des sommets vosgiens. Les vachers y pratiquent la vaine pùture en complément de nourriture pour le troupeau. Le rÎle économique joué par la répandise dans l'exploitation pastorale des chaumes est donc essentiel[4] - [5].

La rĂ©pandise apporte le bois aux marcaires, ils peuvent se servir autant qu'ils le souhaitent dans les forĂȘts de rĂ©pandise pour l'entretien des bĂątiments (chaume, chalet, Schopf, laiterie
), le chauffage et surtout la cuisson du lait pour rĂ©aliser le fromage. Pendant environ 4 mois, le marcaire entretient un feu jour et nuit ; cela explique les dĂ©gĂąts assez importants par la pratique de l'estivage dans les prĂ©-bois des chaumes. À la fin du XVIIIe siĂšcle, on estime dans les documents d'archives des Eaux et ForĂȘts que 600 stĂšres de bois ont Ă©tĂ© consommĂ©es en une annĂ©e dans les marcairies[6].

Essences d'arbres de la répandise

La rĂ©pandise est constituĂ©e de hĂȘtraies d'altitude dans sa partie supĂ©rieure proche de la chaume, et de hĂȘtraie-sapiniĂšres dans la partie infĂ©rieure[7].

HĂȘtre d'altitude marquĂ© par les intempĂ©ries de moyenne montagne, ici le Cantal.

C'est la hĂȘtraie d'altitude qui souffrit jadis le plus du dĂ©boisement, d'abord en raison de la proximitĂ© immĂ©diate de la chaume, ensuite parce que les conditions climatiques des ballons vosgiens[alpha 1] ne sont pas propices Ă  une rĂ©gĂ©nĂ©ration rapide de telles hĂȘtraies Ă  cette altitude[5].

Les hĂȘtres rabougris en altitude, souvent rampants ou en forme de drapeau Ă  cause des vents d'ouest violents, ne dĂ©passent pas souvent les 1 200 m d'altitude. Au XVIIIe siĂšcle, la hĂȘtraie d'altitude avait quasiment disparu[8].

Sapin, abies alba, WisstĂ nn en alsacien.

La sapiniĂšre mĂȘlĂ©e de hĂȘtres est la constellation typique des Vosges Ă  l'Ă©tage montagnard. Le sapin vosgien affectionne surtout les fonds de vallĂ©e et les flancs de montagne Ă  l'est et au nord. Il aime l'ombre, l'humiditĂ©. Contrairement Ă  une idĂ©e reçue, il n'aime pas la trop la neige abondante car le poids de la neige sur ses branches horizontales les casse ou les endommage[2]. De mĂȘme, le vent fort et glacial n'est pas idĂ©al pour la reproduction du sapin[2]. Pendant la forte exploitation des chaumes il y a deux siĂšcles et demi, les marcaires allaient aussi se servir dans la partie infĂ©rieure de la rĂ©pandise car le sapin servait Ă  la rĂ©fection des charpentes et du gros Ɠuvre des Ă©tables mais aussi pour la fabrication des bardeaux[9] nommĂ©s essins ou essis ou ehhi en vosgien[10].

Notes et références

Notes

  1. Le phĂ©nomĂšne n'est pas spĂ©cifique aux Vosges, il se rencontre dans tous les massifs soumis aux grands vents spĂ©cifiques Ă  chaque rĂ©gion. Dans les Vosges, le vent d'ouest souffle presque 300 jours de l'annĂ©e sur les crĂȘtes, en mauvaise saison, il dĂ©passe les 150 km/h.

Références

  1. Emmanuel Garnier (prĂ©f. Jean-Marc Moriceau), Terres de conquĂȘte, la forĂȘt vosgienne sous l'Ancien rĂ©gime, Paris, Fayard, , 620 p. (ISBN 2-213-61783-X), p. 508.
  2. ONF, « Le monde des gros vĂ©gĂ©taux : Les imprĂ©vus naturels », Publication de l'ONF,‎ (lire en ligne).
  3. Archives communales de Munster, DD36, no 7082, Weidgang.
  4. Garnier 2004, p. 508-509.
  5. StĂ©phanie Goepp, Origine, histoire et dynamique des hautes chaumes du massif vosgien, Strasbourg, , chap. 2.6.7 (« Les chaumes et forĂȘts adjacentes au XVIIIe siĂšcle »).
  6. Garnier 511, p. 511.
  7. Georges Savouret, Jacques Estrade et Norbert Lefranc, « Milieux naturels : hĂȘtraie culminale sur sol ocre podzolique - pelouse subalpine », dans Vosges, Paris, Éditions Christine Bonnefon, (ISBN 2-86253-077-8), p. 324.
  8. Garnier 2004, p. 511-513.
  9. Garnier 2004, p. 508-513.
  10. Pascal Curin et André Touchet, « Lexiques des hautes Vosges », sur Projet Babel (consulté le ).
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.