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RĂ©futation

La réfutation est un procédé logique consistant à prouver la fausseté ou l'insuffisance d'une proposition ou d'un argument [1]

Domaines d'application

La réfutation s'applique dans tous les domaines où la question du savoir est importante : qu'il s'agisse en religion de savoir ce que Dieu demande aux hommes, en philosophie de savoir si Dieu peut exister, en astronomie de quoi sont faites les planètes, en géométrie quelles sont les propriétés du triangle, en politique s'il faut privatiser ou nationaliser une entreprise. En psychologie, l’inoculation psychologique utilise la réfutation pour solidifier la résistance aux messages de persuasion lors de l’apprentissage de nouveaux concepts. Partout où il y a argumentation pour justifier un savoir, il y a aussi discussion de la certitude de ce savoir, autrement dit contre-argumentation ou réfutation. Quand la discussion s'approfondit ou s'envenime, il ne sera pas rare d'assister à des réfutations de réfutations quand les preuves proposées pour montrer la fausseté d'une proposition sont à leur tour réfutées (on appelle objection, une réfutation simple et instance la réfutation d'une réfutation ou la réfutation d'une réponse à une objection).

Le degré d'abstraction et de rigueur de ces réfutations variera naturellement selon la capacité de recul des intervenants par rapport à leurs émotions et intérêts personnels, mais aussi selon que la discipline où ces discussions ont lieu se prêtent plus ou moins à un vif investissement émotionnel. Aussi une réfutation mathématique ne ressemblera que peu à une réfutation en politique, mais les fondements logiques restent au moins dans les principes de ces domaines les mêmes depuis Aristote : un chat est un chat (principe d'identité), il est impossible d'affirmer une chose et son contraire en même temps (principe de non contradiction), tout ce qui existe doit avoir une cause ou rien ne peut exister sans cause (principe de raison suffisante) etc.

Formes de réfutation

Au sens logique, une réfutation est dite directe si elle remet en cause les prémisses d'un raisonnement ou bien indirecte si ce sont les conséquences logiques de la proposition à réfuter qui sont utilisées pour montrer son impossibilité ou son absurdité. Elle peut également être valide si elle respecte rigoureusement les règles de la logique ou sophistique si au contraire elle ne les respecte qu'en apparence.

RĂ©futation directe

  • ProcĂ©dĂ©s valides
    • La rĂ©futation du contenu d'une prĂ©misse consiste Ă  montrer sa faussetĂ© par un contre-exemple ou sa contradiction avec d'autres propositions dĂ©jĂ  dĂ©montrĂ©es. Soit par exemple le syllogisme "Tout ce qui est rare est cher, or un cheval bon marchĂ© est rare, donc un cheval bon marchĂ© est cher" : il faut que tout ce qui est rare soit cher puisqu'un cheval peut Ă  la fois ne pas ĂŞtre cher et ĂŞtre rare.
    • La rĂ©futation de la forme d'un raisonnement : dĂ©nonciation d'une pĂ©tition de principe, d'amphibologie, d'argument d'autoritĂ© et d'autres sophismes jouant sur la forme du raisonnement plutĂ´t que sur le fond.
    • La rĂ©futation de l'enchaĂ®nement d'un raisonnement : dĂ©nonciation de Non sequitur.
  • ProcĂ©dĂ©s sophistiques
    • Fausse rĂ©futation du contenu d'une prĂ©misse : on fait dire Ă  cette prĂ©misse autre chose, d'approchant et de plus gĂ©nĂ©ral, de façon Ă  lui opposer plus facilement des contre-exemples, d'autres propositions communĂ©ment admises ou d'autres procĂ©dĂ©s sophistiques.
    • RĂ©futation d'autoritĂ© : comme dans l'argument d'autoritĂ©, on utilise les dires d'une autoritĂ© reconnue, non pour affirmer une proposition mais pour la nier.
    • Utilisation de connotations pĂ©joratives, reformulation sous forme dĂ©testable de la thèse adverse (voir Argumentum ad odium) ou utilisation abusive de termes pĂ©joratifs pour la qualifier en gĂ©nĂ©ral (C'est du fascisme, du racisme, de l'extrĂ©misme…)
    • Attaque personnelle : on s'en prend Ă  l'auteur de la thèse plutĂ´t qu'Ă  la thèse elle-mĂŞme pour suggĂ©rer qu'avant mĂŞme les prĂ©misses, leur auteur est faux ou odieux en lui-mĂŞme (cf. Attaque ad hominem).
    • Faire passer une prĂ©misse trop subtilement diffĂ©rente de la conclusion pour une pĂ©tition de principe.

RĂ©futation indirecte

  • ProcĂ©dĂ©s valides
    • Le contre-exemple est le mode de rĂ©futation indirect le plus courant. Soit par exemple l'affirmation "Tous les oiseaux peuvent voler de leurs propres ailes", l'exemple de l'autruche suffira Ă  montrer que cette proposition est fausse ou Ă  nuancer. C'est un procĂ©dĂ© indirect car ce ne sont pas les prĂ©misses qui servent Ă  nier cette proposition mais sa consĂ©quence, dans notre exemple, la rĂ©futation pourrait s'expliciter de la façon suivante : si tous les oiseaux peuvent voler, alors l'autruche n'est pas un oiseau or elle est bien un oiseau, donc il est faux de dire que tous les oiseaux peuvent voler. Si un seul exemple ne suffit pas Ă  prouver la validitĂ© d'une règle gĂ©nĂ©rale, il suffit d'un seul contre-exemple pour prouver qu'une règle gĂ©nĂ©rale est fausse.
    • L'apagogie (raisonnement par l'absurde) consiste Ă  montrer que la thèse aboutit Ă  des consĂ©quences absurdes, en contradiction avec d'autres thèses Ă©videntes ou dĂ©jĂ  dĂ©montrĂ©es. Ă€ la diffĂ©rence de la dĂ©monstration par l'absurde positive, qui sert Ă  justifier indirectement sa position, on se contente ici de montrer la faussetĂ© d'une thèse.
  • ProcĂ©dĂ©s sophistiques
    • Le faux contre-exemple consiste Ă  opposer un cas particulier qui ne correspond pas exactement Ă  la proposition qu'on se propose de rĂ©futer. C'est notamment le cas lorsqu'on en Ă©tend abusivement la gĂ©nĂ©ralitĂ© : par exemple, Ă  la proposition "les hommes sont tous Ă©gaux en droits", le contradicteur rĂ©pond, ignorant la nuance en droits : "si c'Ă©tait vrai, alors mon voisin ne serait pas plus grand que moi".
    • Fausse apagogie : confusion entre ce qui est logiquement impossible et ce qui est simplement dĂ©sagrĂ©able (Ex. S'il fallait prĂ©fĂ©rer le vrai au mensonge, on perdrait toutes nos illusions) ou caricature des consĂ©quences possibles d'une thèse (Si les parents d'Ă©lèves doivent participer Ă  la vie Ă©ducative du lycĂ©e, alors on va bientĂ´t leur demander de faire les cours) (voir Argumentum ad consequentiam).

Notes et références

  1. Chapados Steeven, Dictionnaire philosophique et historique de la logique, Québec, Presses de l'Université Laval, , 581 p. (ISBN 9782763731445 et 2763731449, OCLC 983027655, lire en ligne), « Réfutation », p. 366-368

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

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