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RĂ©bellion Maritz

La rébellion Maritz, dite aussi révolte Boer ou The Five Shilling Rebellion, s'est produite en Afrique du Sud en 1914. Il s'agit d'une rébellion d'anciens Boers au début de la Première Guerre mondiale.

RĂ©bellion Maritz
Description de cette image, également commentée ci-après
Portrait de Manie Maritz.
Informations générales
Date –
Lieu Afrique du Sud
Casus belli Entrée en guerre de l'Empire britannique contre l'Allemagne.
Issue Écrasement de la rébellion.
Forces en présence
Drapeau d'Afrique du Sud 32 000 hommes.Drapeau : RĂ©publique d'Afrique du Sud 12 000 hommes.
Pertes
Drapeau d'Afrique du Sud 101 tués et blessés[1].Drapeau : République d'Afrique du Sud 124 tués et 229 tués blessés[1].

Campagne d'Afrique du Sud-Ouest

CoordonnĂ©es 25° 43′ 00″ sud, 28° 14′ 00″ est

En 1914, quand la Première Guerre mondiale éclate, l'Union d'Afrique du Sud est un dominion britannique. Le gouvernement de l'époque est constitué d'anciens colons britanniques mais aussi d'anciens Boers. La plupart, dont Louis Botha et Jan Smuts, restent fidèles à l'Empire britannique, mais les généraux de la Rey, Beyers, Kemp et de Wet, ainsi que le lieutenant-colonel Manie Maritz, prennent les armes.

Contexte

La seconde guerre des Boers s'était achevée douze ans avant le début de la Première Guerre mondiale. Cette guerre avait opposé différents colons installés dans les colonies d'Afrique du Sud, les Boers s'étant dressés contre les Britanniques. Les chefs de file avaient reçu de lourdes amendes et des peines d'emprisonnement. À la fin de la seconde guerre des Boers, il avait été demandé aux anciens soldats Boers de signer un engagement pour respecter les conditions de paix. Certains, comme Deneys Reitz (en), avaient refusé et avaient été exilés. Au cours de la décennie suivante, beaucoup de ces anciens soldats étaient rentrés chez eux, mais ils n'avaient pas tous signé cet engagement de paix à leur retour. Après la guerre des Boers, les Boers qui avaient combattu jusqu'à la fin étaient considérés comme des jusqu'au-boutistes. Au moment de la rébellion, ceux qui n'avaient pas prêté serment et qui voulurent commencer une nouvelle guerre furent également désignés sous le nom de bitter enders.

Un journaliste allemand, qui avait interrogé l'ex-général Boer JBM Hertzog pour la Tägliche Rundschau, écrivit :

« Hertzog estime que le fruit de trois années de lutte par les Boers, c'est que leur liberté, sous la forme d'une République sud-africaine, chutera dès que l'Angleterre sera impliquée dans une guerre avec une puissance continentale[2]. »

Le déclenchement des hostilités en Europe en était depuis longtemps attendu, et le gouvernement de l'Union de l'Afrique du Sud était tout à fait conscient de l'importance de la frontière que l'Afrique du Sud partageait avec la colonie allemande du Sud-Ouest de l'Afrique. Le premier ministre, Louis Botha, avait informé Londres que l'Afrique du Sud était capable de se défendre et que la garnison impériale pouvait partir pour la France.

Au déclenchement des hostilités, les troupes sud-africaines sont mobilisées le long de cette frontière, sous le commandement du général Henry Loukine et du lieutenant-colonel Manie Maritz, au début du mois de . Peu de temps après, une autre force occupe le port allemand de Lüderitz.

RĂ©bellion

Le gouvernement sud-africain propose d'envahir les colonies allemandes voisines, provoquant la dĂ©mission du commandant en chef de l'Union Defence Force, Christiaan Beyers. Il Ă©crit : « Il est triste que la guerre soit menĂ©e contre la « barbarie » des Allemands. Nous avons pardonnĂ© mais pas oubliĂ© toutes les barbaries commises dans notre pays au cours de la guerre d'Afrique du Sud », en rĂ©fĂ©rence aux atrocitĂ©s commises par les Britanniques pendant la seconde guerre des Boers. Un sĂ©nateur, le gĂ©nĂ©ral Koos de la Rey, refuse sur cette question de soutenir le gouvernement au Parlement et se joint Ă  Beyers. Le , ils partent pour Potchefstroom afin de rencontrer le major JCG Kemp, lequel dispose d'un grand arsenal et de 2 000 hommes venant de terminer leur formation, dont beaucoup sont jugĂ©s favorables aux idĂ©es de la rĂ©bellion.

Bien qu'on ne connaisse pas l'objet de la visite, le gouvernement sud-africain estime qu'il s'agit d'une tentative visant à fomenter une rébellion, comme indiqué dans le livre bleu du gouvernement sur la rébellion. Selon le général Beyers, il était question de discuter de plans pour la démission simultanée des principaux officiers de l'armée, en protestation contre l'action du gouvernement, de manière similaire à ce qui s'était passé en Grande-Bretagne deux ans plus tôt au sujet de l'Irlande. Sur le chemin de la réunion, de la Rey est accidentellement abattu par un policier à un barrage routier mis en place pour rechercher le gang Foster (un gang de criminel opérant en Afrique du Sud à l'époque). Lors de ses funérailles, toutefois, de nombreux nationalistes Afrikaners propagent la rumeur selon laquelle il s'agirait d'un assassinat commandité par le gouvernement.

Maritz, qui avait dirigĂ© un commando des forces de l'Union d'Afrique du Sud Ă  la frontière avec la colonie du Sud-Ouest africain allemand, se range du cĂ´tĂ© allemand. Il proclame un gouvernement provisoire, dĂ©clarant : « l'ancienne RĂ©publique sud-africaine et l'État libre d'Orange, ainsi que la province du Cap et le Natal sont dĂ©clarĂ©s libres de l'emprise britannique et indĂ©pendants, et tous les habitants Blancs des-dits endroits, quelle que soit leur nationalitĂ©, sont, par la prĂ©sente dĂ©claration, invitĂ©s Ă  prendre les armes pour rĂ©aliser l'idĂ©al longuement chĂ©ri d'une Afrique du Sud libre et indĂ©pendante[3]. » Il est annoncĂ© que les gĂ©nĂ©raux Beyers, de Wet, Maritz, Kemp et Bezuidenhout seront les dirigeants de ce gouvernement provisoire. Les troupes de Maritz occupent Keimoes, près d'Upington. Quelques citoyens importants se joignent Ă  lui, et, Ă  la fin de la semaine, il dispose d'une troupe de 3 000 hommes. Beyers rassemble aussi une troupe au Magaliesberg. Au total, 12 000 rebelles rallient la cause de Maritz. L'ironie Ă©tait que le gĂ©nĂ©ral Louis Botha disposait de 32 000 hommes pour lutter contre les rebelles et que 20 000 de ceux-ci Ă©taient des Afrikaners.

Le gouvernement dĂ©clare la loi martiale le [4], et les forces loyales au gouvernement, sous le commandement de Louis Botha et de Jan Smuts, entreprennent de s'attaquer Ă  la rĂ©bellion. Le gĂ©nĂ©ral Maritz est dĂ©fait le et trouve refuge chez les Allemands. Le commando de Beyers est attaquĂ© et dispersĂ© le , après quoi Beyers joint ses forces Ă  celles de Kemp, mais il se noie dans la rivière Vaal le . Le gĂ©nĂ©ral de Wet est capturĂ© au Bechuanaland ; le gĂ©nĂ©ral Kemps, qui avait conduit ses troupes au travers du dĂ©sert du Kalahari, et qui avait perdu 300 de ses 800 hommes et la plupart de ses chevaux au cours de ce voyage de 1 100 kilomètres, rejoint Maritz au Sud-Ouest africain allemand (actuelle Namibie) ; il revient se rendre au bout d'une semaine, le .

Conséquences

Après que la rébellion de Maritz fut matée, l'armée d'Afrique du Sud continue ses opérations dans l'Afrique allemande du Sud-Ouest et la conquiert en . Comparé au sort des meneurs de l'insurrection de Pâques en Irlande en 1916, les chefs rebelles Boers sont traités de façon plus légère en termes d'emprisonnement, entre six et sept ans, et condamnés à de lourdes amendes. Ils sont relâchés deux ans plus tard, Louis Botha reconnaissant l'utilité de la réconciliation. La seule exception notable est le cas de Jopie Fourie, un officier de l'Union Defence Force, qui avait refusé de démissionner de son commandement avant de rejoindre la rébellion, et qui est exécuté.

Notes et références

  1. (en) Hew Strachan, The First World War : To Arms, vol. 1, Oxford University Press, (lire en ligne).
  2. Bunting 1969.
  3. (af) Manie Maritz, My Lewe en Strewe, Aurora, (lire en ligne)
  4. (en) Michael Duffy, « On this day. 12 October 1914 », sur firstworldwar.com, (consulté le )

Bibliographie

  • (en) Brian Bunting, « The Rise of the South African Reich. Chapter 1: The Birth of the Nationalist Party », sur anc.org.za,
  • (en) Sol Plaatje, chap. XXIII « The Boer Rebellion », dans P. S. King (Ă©d.), Native Life in South Africa, Londres, (lire en ligne)
  • (en) J.G. Orford, « Reflections on the possible influence of "Siener" van Rensburg's visions on General J.H. "Koos" de la Rey and some of the results », Military History Journal, vol. 2, no 2,‎ (lire en ligne)
  • (en) Union of South Africa, Report on the Outbreak of the Rebellion and the Policy of the Government with regard to its Suppression, Le Cap, SA Government, (lire en ligne), p. 26, 63–67

Voir aussi

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