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Queue (billard)

Une queue de billard est la tige de bois servant à frapper les boules. Elle est généralement en bois d’érable, et peut être mono-bloc ou en deux parties.

Elle est composée d’un talon pour éviter de l’endommager, d’un fût et d’une flèche (reliés par un tourillon dans le cas de queues démontables). À l’extrémité de la flèche se trouve une virole sur laquelle est collé ou vissé un procédé[1]. Le procédé (parfois appelé pomérance en Belgique) est généralement une rondelle de cuir, d’un diamètre adapté à la virole, compris entre 8 et 14 mm en fonction de la taille des billes, du mode de jeu et/ou des préférences du joueur.

Billard_queue.png

Caractéristiques d'une queue

photographie
Une joueuse de billard utilsant une queue de billard.

Les queues peuvent ĂŞtre :

  • une pièce ou monobloc : le fĂ»t et la flèche sont collĂ©s.
  • 1/2 : le fĂ»t et la flèche sont vissĂ©s l'un Ă  l'autre, ce qui permet de transporter plus facilement la queue.
  • 3/4 : la jointure se fait aux 3/4 de la flèche. La plupart des professionnels utilisent une queue 3/4 car la jointure dĂ©grade beaucoup moins la qualitĂ© du coup. Il n'y a quasiment pas de diffĂ©rence avec une queue monobloc.
  • 3 pièces : Les queues ont 2 jointures, une Ă  mi-queue (1/2) et l'autre aux trois quarts (3/4).
  • Avec une extension (Ă  visser) : c'est le cas de toutes les queues de Snooker.
  • Avec une rallonge (Ă  visser ou emmancher) potentiellement tĂ©lescopique (surtout utile au snooker)

Le poids d'une queue varie de 450 (blackball) à 550 g (Carambole). Pour le 5 Quilles, les queues font souvent plus de 600 g tandis que les queues de massé peuvent atteindre le kilogramme.

Le Procédé

Le procédé est une rondelle de cuir collée à l'extrémité de la queue, destiné à assurer le meilleur contact possible avec la bille. De conception mono bloc ou multicouche (plus endurants), les procédés sont habituellement à coller sur la virole, mais on trouve également des procédés à visser sur les queues d'entrée de gamme. Le procédé est le seul élément extérieur en contact avec la bille, et le contact est de l'ordre du millième de seconde. La qualité du procédé entre donc de manière importante dans la création des effets, le toucher de bille, la tenue du bleu et l'accroche sur la bille (fausses queues)[2].

Caractéristiques techniques du procédé

Un procédé est caractérisé par sa taille, sa densité et son élasticité :

Impact de la taille :

La taille du procédé est identique à la taille de l'extrémité fine de la flèche.

  • Plus le procĂ©dĂ© est petit, moins il y a de contact avec la bille, entraĂ®nant moins d'effet et moins d'accroche (risque de fausse queue). Un procĂ©dĂ© petit induit Ă©galement une flèche fine, donc souple et qui peut vibrer lors de l'impact. Cette vibration va entraĂ®ner un rebond du procĂ©dĂ© sur la bille voire une fausse queue. Ces Ă©lĂ©ments (accroche, effet et vibrations) sont proportionnels Ă  la taille de la bille et Ă  l'accroche sur le tapis : plus les billes sont lĂ©gères et le tapis glissant (i.e. de bonne qualitĂ©), plus on pourra se contenter d'un procĂ©dĂ© de petite dimension. Il est aussi Ă  noter que plus un procĂ©dĂ© est petit, plus il s'aplatira vite face Ă  une bille lourde (ce qui nĂ©cessitera plus d'entretien et de reshaping).
  • Plus le procĂ©dĂ© est gros plus il est difficile de doser l'effet car la bille Ă©tant sphĂ©rique, on ne la touche pas au mĂŞme endroit (vertical et horizontal) du procĂ©dĂ© en fonction de la zone d'impact : si on prend la bille pleine en tĂŞte (sans effet), c'est la partie centrale du procĂ©dĂ© qui va entrer en contact ; tandis qu'en cas d'effet intense (impact du procĂ©dĂ© sur la pĂ©riphĂ©rie de la bille), c'est la pĂ©riphĂ©rie du procĂ©dĂ© qui va contacter la bille. D'ailleurs, lorsqu'il faut jouer « bille basse Â», un procĂ©dĂ© trop gros risque aussi de toucher le tapis empĂŞchant le joueur de mettre autant d'effet que souhaitĂ©. Finalement, cette difficultĂ© Ă  doser l'effet, voire l'impossibilitĂ© d'y mettre autant que souhaitĂ©, se traduit essentiellement par un inconfort du jeu.

Il est à noter que si la queue semble de bonne facture mais que le bruit de l'impact sur la blanche n'est pas sec et propre, il y a de fortes chances pour que le procédé soit trop petit (et donc la flèche trop fine).

Selon les différents types de billards on observe des standards de dimensions de procédés différentes (dimensions et poids de billes arrondis) :

  • Blackball : 8-9 mm (Bille blanche de 48mm/95g)
  • Snooker : 9-9,5 mm (Bille blanche 52mm/130g)
  • Français : 11-11,5 mm voire 12 mm pour les 3-bandes (Bille blanche 62mm/210g)
  • AmĂ©ricain : 13 mm (Bille blanche 52mm/160g)
  • Queue de saut ou de massĂ© : 14 mm (le règlement du billard amĂ©ricain interdit les queues de saut avec un procĂ©dĂ© de plus de 14mm)
Différentes tailles de procédés : Plat/Conique/Tronconique Biseauté/circulaire/circulaire (trop petit) Parabolique/Champignon

Impact de la forme : le shaping (taille) d'un procĂ©dĂ© est très important car il joue un rĂ´le dans la surface en contact avec la bille et donc avec la quantitĂ© d'effet transmis. Les chiffres entre parenthèses correspondent aux formes sur l'illustration. Plus le procĂ©dĂ© est « plat Â» (2), moins il sera possible de mettre d'effet (pratique pour garantir une attaque sans effet). Au contraire, plus le procĂ©dĂ© sera taillĂ© en cĂ´ne proche de 30° (3) plus il sera efficace pour un effet maximal (Ă  la limite de la fausse queue). En effet, lorsque l'on dĂ©passe 30° soit un point d'impact Ă  mi distance du bord de la bille, le risque de fausse queue augmente grandement (1). Une solution frĂ©quente est de tailler un mĂ©plat sur un procĂ©dĂ© plat pour lui donner une forme tronconique, alliant les avantages des formes (2) et (3). On peut retailler les angles d'un procĂ©dĂ© tronconique pour crĂ©er un mĂ©plat supplĂ©mentaire (5) et s'approcher de la forme la plus courante (6), qui est un arc de cercle dont l'angle maximal (extĂ©rieur) est de 30° (6). C'est en fait la mĂŞme courbure qu'un cercle qui aurait pour diamètre le double de celui du procĂ©dĂ© (proche de la dimension d'un nickel pour les queues de billard amĂ©ricain). Cependant, si le procĂ©dĂ© est trop rond (7), la surface en contact avec la bille sera diminuĂ©e et il apparaĂ®t une zone inutile qui ne touchera jamais la bille (en rouge) ou alors en crĂ©ant une fausse queue.

D'un point de vue physique la courbe optimale est en rĂ©alitĂ© une parabole (8) qui augmente la surface de contact avec la quantitĂ© d'effet appliquĂ© (permet Ă  la fois d'attĂ©nuer les effets et dĂ©flexions lors d'une attaque pleine bille tout en minimisant les risques de fausse queue lorsqu'on met beaucoup d'effet). Lorsque le procĂ©dĂ© s'aplatit trop, on observe un effet « champignon Â» (9), qui nĂ©cessite le changement ou le reshaping du procĂ©dĂ©.

Impact de la densitĂ© : Plus la densitĂ© dĂ©croit, plus le procĂ©dĂ© a une meilleure accroche avec la bille, lui communiquant plus d'effet et limitant les fausses queues, au prix d'une « dĂ©flexion Â» plus Ă©levĂ©e. Plus la densitĂ© augmente, plus la trajectoire de la bille devient plus linĂ©aire, notamment sur de longues distances. Avec un procĂ©dĂ© dur (hard) le joueur peut Ă©galement communiquer plus d'Ă©nergie Ă  la bille. Pour les casses (8-ball, 9-ball et blackball), l'Ă©nergie Ă  communiquer doit ĂŞtre maximale, aussi les joueurs peuvent se servir d'une queue de casse spĂ©cifique avec un procĂ©dĂ© en fibre de carbone ou en rĂ©sine phĂ©nolique (ces queues ne sont pas forcĂ©ment acceptĂ©es dans toutes les salles ou tournois). Les procĂ©dĂ©s en cuir durs ont aussi tendance Ă  s'user plus vite.

Pour assouplir le cuir et aussi améliorer la tenue de la craie, il existe des outils pour piquer le bout du procédé.

Impact de l'élasticité : l'élasticité intervient sur le toucher de bille. Un procédé plus élastique va permettre de communiquer encore plus d'effet et de limiter davantage les fausses queues, mais au détriment de la sensation du toucher de bille.

Avec le jeu les procédés ont toujours tendance à s'aplatir et à se dessécher, ce qui impacte grandement la qualité des effets et la précision du jeu. Il est recommandé de changer son procédé tous les 6 mois pour un jeu optimal.

Changement d'un procédé

Un procédé se façonne et se change régulièrement. Pour changer un procédé à coller, il faut

  • enlever au cutter l'ancien procĂ©dĂ©,
  • poncer ce qu'il reste de cuir et de colle jusqu'Ă  mettre parfaitement Ă  nu la virole. La surface de la virole doit ĂŞtre parfaitement plane pour que le collage du nouveau procĂ©dĂ© se fasse de manière optimale. Le ponçage augmentera Ă©galement l'accroche de la colle (micro-rainures)
  • poncer lĂ©gèrement le cĂ´tĂ© du procĂ©dĂ© Ă  coller (toujours pour faciliter l'accroche de la colle, et limiter les risques de dĂ©collement)
  • coller le nouveau procĂ©dĂ© (lĂ©gèrement plus large que la virole) avec de la colle cyanoacrylate liquide (les colles en gel, plus Ă©paisses, crĂ©ent une couche plus Ă©paisse entre le procĂ©dĂ© et la virole, dĂ©gradant la qualitĂ© de l'impact).
  • façonner le procĂ©dĂ©
    • en amincissant le diamètre de ce dernier pour qu'il corresponde au diamètre de la virole flèche.
    • en travaillant le procĂ©dĂ© vers une forme de dĂ´me, afin de garantir un contact optimal.
    • en polissant la circonfĂ©rence du procĂ©dĂ© (pour limiter son dessèchement). Il est aussi possible de passer dessus un peu de crème protectrice pour cuir (nourrit le cuir et Ă©vite son dessèchement).

La Virole

La virole a pour but de fournir une surface plate pour un collage efficace du procédé (ou d'un filetage pour les procédés à visser). Elle a pour but également de répartir le choc dû à l'impact sur la flèche ainsi que de limiter les risques que cette dernière fende. La virole peut être soit en résine, soit en fibre de verre soit en métal (pour les flèches à faible diamètre). Les viroles en métal, par leur rigidité permettent de donner plus d'impact (vitesse) à la bille mais moins d'effet et moins de déflexion.

À l'usage, les viroles de blackball ou snooker sont essentiellement en laiton tandis que les viroles de Français ou d'Américain sont en résine (plus souple).

La Flèche

Le but d'une flèche est d'être résistante aux chocs et souple pour transférer au mieux la force de l'impact et les effets. Le bois qui se prête le mieux à cet exercice est l'érable (plus le bois est proche du blanc et lisse, meilleure est sa qualité) aux États-Unis et le frêne (reconnaissable à ses veines sombres) en Europe. Ces deux essences ont des caractéristiques similaires :

On peut cependant être amené à utiliser des matériaux plus dur pour les débutants (pour des raisons de facilité de jeu et d'accès financier).

Le frêne étant plus commun que l'érable du canada en Europe et vice-versa en Amérique, les joueurs de chaque continent ont eu tendance à privilégier un bois différent.

Bois utilisé en fonction des jeux :

  • carambole et amĂ©ricain : Ă©rable ;
  • snooker et blackball : frĂŞne.

On trouve également des flèches en fibre de carbone qui sont très légères (faible déflexion), très raides et insensibles à l'humidité.

Les flèches peuvent être dépolies afin de faciliter la glisse. Il faut éviter de toucher la flèche avec le bleu lorsqu'on l'applique sur le procédé. En effet, le bleu étant extrêmement abrasif (même matière que le papier à poncer) il peut affaiblir cette dernière en l'amincissant ou en rouvrant les pores du bois bouchés par la patine, ce qui peut faire rentrer l'humidité ambiante ou de la sueur des doigts dans le bois. Le bois va alors gonfler et la flèche va se voiler. La flèche est d'ailleurs la partie de la queue la plus sujette aux déformations, notamment lorsque le taux d'humidité change (c'est un point à prendre en compte lorsque l'on importe des queues depuis l'étranger ou lorsque l'on voyage à l'étranger avec sa queue).

Enfin, certaines flèches ont leur extrémité évidée (côté virole) pour les alléger. Ceci à une grande influence sur la déflexion au moment de l'impact. Ces flèches sont souvent étiquetées « LD » pour Low Deflection. Elles sont plus chères et présentent certains défauts, comme de dégrader la précision axiale du tir (la rotation intentionnelle de la queue autour de la main d'appui est augmentée). Elles sont surtout utilisées par les joueurs de billard américain (8-ball et 9-ball).

La Jointure

Hormis les queues taillées dans une seule pièce de bois, les queues sont composées de 2 pièces (le fût et la flèche). À la jonction entre les deux, la jointure a pour but de garantir un maximum de sensations au joueur, synonyme de confort et de précision dans le jeu. Il existe deux types de jointures :

  • les jointures tenon-mortaise : Pour les queues mono-bloc, la flèche jouant le rĂ´le de la pièce mâle, vient s’enchâsser dans le fut. Les deux pièces sont ensuite encollĂ©es ;
    • papillon : La flèche est taillĂ©e en « v Â» Ă  2 pans (mĂ©plats)
    • « Ă  quatre Pans Â» : principe identique au papillon, mais la flèche est taillĂ©e en pyramide avec 4 mĂ©plats.
  • les jointures avec tourillon : pour les queues dĂ©montables, ce système facilite leur transport ;
    • tourillon dans la masse : l'extrĂ©mitĂ© de la flèche est taillĂ©e en tige filetĂ©e. La queue est alors assemblĂ©e en vissant la flèche dans le fĂ»t. Le bois pouvant travailler avec l'humiditĂ©, on rajoute souvent une entretoise de plastique pour assurer la fermetĂ© de la liaison ;
    • tourillon en mĂ©tal : mĂŞme principe que le tourillon dans la masse, sauf que le tourillon est fait en mĂ©tal (en laiton pour les queues de blackball et snooker) et enchâssĂ©-collĂ© dans la masse de la flèche et du fĂ»t. Le tourillon en mĂ©tal Ă  l'avantage d'ĂŞtre insensible Ă  l'humiditĂ© et de transmettre plus fidèlement les sensations au joueur.

La plupart des queues ont une jointure Ă  mi-longueur (queues 1/2), mais on trouve aussi des queues 3/4 qui sont soit une queue monobloc, soit une queue 1/2, avec un tourillon au trois quarts de la longueur (au niveau du talon). Les raisons sont :

  • prĂ©server au maximum les sensations du joueur (dans le cas d'une base de queue monobloc),
  • permettre le changement de l'arrière du talon avec une extension parfaitement adaptĂ©e (snooker essentiellement)

Le Fût

Le fût permet de donner un poids à la queue, ses qualités mécaniques importent peu aussi les queues haut de gamme utiliseront des bois nobles et travaillés pour se différencier. L'utilisation de parties en bois denses comme l'ébène permet également de l'alourdir afin d'ajuster l'équilibre de la queue. Comme le fût est maintenu dans la main, sa texture peut être importante. Parfois, certains joueurs recouvrent le fût d'un manchon afin d'alourdir la queue et/ou obtenir un grip plus confortable.

Le Talon

Le talon est en général composé de caoutchouc pour amortir la queue lorsqu'on la fait tenir sur le sol. Les queues de snooker ou de billard américain disposent quant à elles d'un filetage pour pouvoir y enclencher une extension.

Les queues spécifiques

Le billard américain se joue avec au moins 3 queues :

  • une queue de casse, très rigide d'un gros diamètre, sans procĂ©dĂ© ni virole.
  • une queue de jeu, classique
  • une queue de saut pour faire sauter la blanche au-dessus d'une bille Ă©cran, cette queue est rigide avec un procĂ©dĂ© dur, mais plus courte et lĂ©gère que la queue classique.

Étymologie

Le « billard Â» dĂ©signait initialement le bâton utilisĂ© pour frapper les billes. Ce bâton Ă©tait muni Ă  sa tĂŞte d'une masse que l'on faisait glisser sur le tapis pour frapper les billes. Le bâton Ă©tait tenu de manière inclinĂ©e un peu comme un balai. Cette manière de faire bouger les billes posait problème lorsque la bille Ă©tait proche de la bande. Aussi les meilleurs joueurs Ă©taient-ils autorisĂ©s Ă  utiliser la queue du billard (le talon dirions-nous aujourd'hui) pour frapper les billes, malgrĂ© les risques de dĂ©chirement du tapis. Se rendant compte que la visĂ©e Ă©tait optimisĂ©e (car on pouvait s'allonger sur la queue alors tenue horizontalement), jouer avec la queue du billard devint de plus en plus commun. D'ailleurs pour faciliter le jeu (en faisant glisser le talon Ă  l'image de la masse) et prĂ©venir les dĂ©chirements du tapis, les queues furent biseautĂ©es. Les queues de pool et de snooker ont gardĂ© ce profilage encore de nos jours de manière purement esthĂ©tique.

Notes et références

  1. inventé par le professeur Mingard en 1823
  2. (en) « Billiards and Pool Cue Tip », sur Billiards and Pool Principles, Techniques, Resources, (consulté le )

Liens externes

Voir aussi

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