Que sacrificio!
Quel sacrifice !
L'eau-forte ¡Qué sacrificio! (en français Quel sacrifice !) est une gravure de la série Los caprichos du peintre espagnol Francisco de Goya. Elle porte le numéro quatorze dans la série des 80 gravures. Elle a été publiée en 1799.
Interprétations de la gravure
Il existe divers manuscrits contemporains qui expliquent les planches des Caprichos. Celui qui se trouve au Musée du Prado est considéré comme un autographe de Goya, mais semble plutôt chercher à dissimuler et à trouver un sens moralisateur qui masque le sens plus risqué pour l'auteur. Deux autres, celui qui appartient à Ayala et celui qui se trouve à la Bibliothèque nationale, soulignent la signification plus décapante des planches[1].
- Explication de cette gravure dans le manuscrit du Musée du Prado :
¡Como ha de ser!. El novio no es de los más apetecibles pero es rico y a costa de la libertad de una niña infeliz se compra el socorro de una familia hambrienta. Asà va el mundo.
(Comment cela ses peut-il! Le fiancé n'est pas des plus appétissants mais il est riche et au prix de la liberté d'une jeune fille malheureuse, on achète l'aide d'une famille affamée. Ainsi va le monde)[2].
- Manuscrit de Ayala :
Idem au précédent)[2].
- Manuscrit de la Bibliothèque nationale :
El vil interés obliga a los padres a sacrificar una hija joven y hermosa casándola con un viejo jorobado, y no falta un cura que apadrine semejantes bodas.
(Le vil intérêt oblige les parents à sacrifier une fille jeune et jolie en la mariant à un vieux bossu et il ne manque pas un curé pour bénir de pareilles noces)[2].
Goya traite souvent du thème des mariages inĂ©gaux ou mal assortis. Depuis le carton La boda, conçu en 1792 pour la dernière sĂ©rie de tapisseries, il le traite toujours avec ironie. Dans cette gravure, il critique les parents qui sacrifient une fille pauvre et jolie en la mariant Ă un ĂŞtre vieux et rĂ©pugnant, Ă la recherche de la richesse du fiancĂ©. MoratĂn reprend ce thème dans beaucoup de ses comĂ©dies, depuis El viejo y la niña jusqu'Ă son cĂ©lèbre El sĂ de las niñas et ce thème est habituel dans la littĂ©rature satirique de ce temps. Goya grossit l'aspect grotesque en transformant le fiancĂ© en caricature d'oĂą ressort ainsi l'aspect satirique de la gravure.
Technique de la gravure
Dans le dessin préparatoire à la plume et à l'encre sépia du Musée du Prado, les expressions sont les plus graves, ce qui a été un peu adouci dans la gravure. Au bas du dessin est un texte écrit presque illisible : Son señoritos a cual más rico; y la pobre no sabe a cual escoger (Il y a des messieurs tous plus riches les uns que les autres, et la pauvre ne sait pas lequel choisir). Il semble donc que, dans le fond les personnages de dessin ne représentent pas la famille de la mariée, mais des prétendants riches formant un chœur de personnages difformes recherchant l'amour. Sur les lettres presque effacées se superposent mis en évidence une légende qui dit : Sacrificio de interés (Sacrifice intéressé)[3]. Le dessin mesure 238 × 170 mm.
Dans la gravure, les trois personnages d'arrière-plan ont des réactions différentes au mariage anormal. L'un d'eux, derrière la fille médite tristement. Les lumières sont claires avec les blancs au premier plan[3].
Cette image est l'une des rares que l'artiste a signées, toujours dans le coin inférieur gauche. L'estampe mesure 198 × 148 mm sur une feuille de papier de 306 × 201 mm. Dans la marge supérieure à droite : 14.
Catalogue
- Numéros de catalogue G02102 (don du ) au Musée du Prado.
- Numéro de catalogue du dessin préparatoire D04195 au Musée du Prado.
- Numéro de catalogue 51-1-10-14 au Musée Goya de Castres.
- Numéros de catalogue ark:/12148/btv1b8451726d.r et ark:/12148/btv1b84517287 de l'estampe chez Gallica.
Notes et références
- (es) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en espagnol intitulé « ¡Qué sacrificio! » (voir la liste des auteurs).
- Helman, op. cit., p. 54.
- Helman, op. cit., p. 215.
- Camon, op. cit., p. 64.
Annexes
Bibliographie
- (es) José Camon Aznar, Francisco de Goya, t. III, Saragosse, Caja de Ahorros de Zaragoza, Aragón y Rioja. Instituto Camon Aznar, , 371 p. (ISBN 978-84-500-5016-5).
- (es) Juan Carrete Parrondo, Goya. Los Caprichos. Dibujos y Aguafuertes, Madrid, Central Hispano. R.A.de Bellas Artes de San Fernando. CalcografĂa Nacional, (ISBN 84-604-9323-7), « Francisco de Goya. Los Caprichos ».
- (es) Rafael Casariego, Francisco de Goya, Los Caprichos, Madrid, Ediciones de arte y bibliofilia, (ISBN 84-86630-11-8).
- (es) Gabinete de Estudios de la CalcografĂa., Clemente Barrena, Javier Blas, JosĂ© Manuel Matilla, JosĂ© LuĂs Villar et Elvira Villena, Goya. Los Caprichos. Dibujos y Aguafuertes, Central Hispano. R.A.de Bellas Artes de San Fernando. CalcografĂa Nacional, (ISBN 84-604-9323-7), « Dibujos y Estampas ».
- (es) Edith Helman, Transmundo de Goya, Madrid, Alianza Editorial, , 238 p. (ISBN 84-206-7032-4).
- Pierre Gassier et Juliet Wilson, Vie et Ĺ’uvre de Francisco Goya, Fribourg, Office du Livre, .
- (es) F.J. Sánchez Catón, Goya Los Caprichos, Barcelone, Instituto Amatller de Arte Hispánico, .
Articles connexes
Liens externes
- Le Caprice nº14 en grand format à la Bibliothèque virtuelle Miguel de Cervantes (recto-verso - exemplaire de la Biblioteca de Catalunya)
- Le Caprice nº 14 au Musée du Prado (n° G02102)
- Dessin préparatoire du Caprice nº 14 au Musée du Prado (n° D04195)
- Les Caprices au Musée Goya de Castres
- Le Caprice nº 14 au Musée Goya de Castres
- Le Caprice nº 14 chez Gallica (n° ark:/12148/btv1b8451726d.r)
- Le Caprice nº 14 chez Gallica (n° ark:/12148/btv1b84517287)
- (es) Brève analyse sur chaque Caprice (Miguel Moliné)