Que le spectacle commence (Buffy)
Que le spectacle commence (en version originale : Once More, with Feeling) est le 7e épisode de la saison 6 de la série télévisée Buffy contre les vampires. Cet épisode est d'abord connu pour être musical, à la fois hommage et parodie des comédies musicales hollywoodiennes. Un démon, interprété par Hinton Battle, légende vivante de Broadway, contraint les personnages à chanter et danser.
Que le spectacle commence | |
Épisode de Buffy contre les vampires | |
Titre original | Once More, With Feeling |
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Numéro d'épisode | Saison 6 Épisode 7 |
Invités | Anthony Stewart Head, dans le rôle de Rupert Giles |
Réalisation | Joss Whedon |
Scénario | Joss Whedon |
Durée | 50 min |
Diffusion | États-Unis : sur UPN
France : sur Série Club |
Chronologie | |
Liste des épisodes | |
L'épisode est réalisé et mis en scène par le créateur de la série, Joss Whedon, qui a aussi composé et écrit les chansons. À ce titre, il fait partie des épisodes remarquables de la série. Sur le plan narratif, Que le spectacle commence noue ou dénoue de nombreuses intrigues importantes : Buffy et Spike, qui se sont beaucoup rapprochés dans les épisodes précédents, entament une liaison ; Tara découvre que Willow l'a manipulée en se servant de la magie ; Alex et Anya éprouvent des doutes sur leur mariage à venir ; Giles se décide à quitter Sunnydale. Pour toutes ces raisons, il s'agit d'un des épisodes les plus connus de la série, au-delà de la communauté des fans.
Résumé
L'épisode s'ouvre, sans séquence préalable, par un générique dont les images et l'orchestration ont été modifiées pour l'occasion. Le soir d'une journée comme les autres, alors qu'elle patrouille, Buffy se met à chanter le sentiment de détachement qu'elle éprouve à l'égard de l'existence, et les démons qu'elle rencontre et combat lui répondent également en chanson. Le lendemain matin, la Tueuse et ses amis se rendent compte que chacun d'entre eux a chanté et dansé la veille au soir. Ils font, ensemble et en chantant, des suppositions sur les causes de cette situation. Passages musicaux et dialogues s'alternent, sans que les personnages ne maîtrisent quoi que ce soit. Toute la ville de Sunnydale est atteinte : ainsi, Buffy découvre des citoyens chantant car un nettoyeur à sec a réussi à enlever une tache de moutarde.
L'envoûtement contraint chacun non seulement à chanter, mais aussi à révéler ses véritables sentiments[Wr 1]. Alex et Anya expriment leurs doutes quant à leur mariage. Spike avoue, contre son gré, son amour torturé pour Buffy. Tara, elle, exprime sa passion pour Willow, jusqu'à ce qu'elle découvre, un peu plus tard dans l'épisode, le sort jeté par sa compagne à la fin de l'épisode précédent, sortilège destiné à lui faire oublier leur dispute[N 1]. Giles se résout quant à lui à abandonner Buffy, car il estime être moins une aide qu'une entrave pour l'épanouissement de la jeune femme qui se repose trop sur lui.
Entre-temps, nous avons fait connaissance avec le responsable de la situation, un démon appelé Sweet. Une de ses victimes prend feu, en dansant frénétiquement, sans pouvoir contrôler ses mouvements. Sweet fait kidnapper Dawn par ses acolytes, car il soupçonne à tort que c'est la jeune fille qui l'a invoqué. Il veut faire d'elle sa reine et la ramener en enfer. Buffy part l'affronter au Bronze et, après quelques moments d’hésitation, Giles, Willow et les autres décident d’aller l’aider. Buffy révèle au cours de l'affrontement et de son dernier solo que ses amis, en la ressuscitant, l'ont tirée du paradis alors qu'ils pensaient la sauver de l'enfer. Elle n'a plus goût à la vie, n'a plus « rien à chanter ». Elle s'apprête à s'enflammer en dansant quand Spike l'arrête, et réussit à la convaincre de continuer à vivre.
Vaincu, Sweet repart en enfer, après avoir refusé qu'Alex, qui s'avère être le véritable responsable de l'invocation, ne devienne sa « reine ». Les membres du gang chantent une dernière chanson en se demandant ce qu’ils vont faire maintenant que leurs secrets sont révélés. Spike et Buffy s'arrêtent de chanter avant les autres, sortent du Bronze et s'embrassent sur les notes finales.
Production
Si Joss Whedon affirme avoir toujours rêvé, depuis le début de la série, de pouvoir écrire un épisode musical, l'idée ne lui est venue sérieusement que lors de la saison 5, quand il a commencé à organiser chez lui des séances de lecture avec certains acteurs de la série et que l'une d'elles s'est brusquement transformée en concert improvisé[D 1]. Il a alors voulu profiter du talent de certains de ses acteurs dans le domaine musical, James Marsters et Anthony Stewart Head étant tous deux des chanteurs confirmés ayant eu leurs propres groupes[1] - [2] et Amber Benson ayant fait preuve de son talent de chanteuse[3], pour mettre son projet à exécution.
Le créateur de la série prétend par ailleurs n'avoir eu aucune idée de la façon de procéder pour réaliser un musical, n'ayant jamais composé d'œuvre musicale auparavant[D 2]. Il a néanmoins profité de l'intervalle entre la fin de la saison 5 et le début de la saison 6 de la série pour écrire les textes et composer les musiques, en collaboration avec Christophe Beck, de toutes les chansons de l'épisode en tenant compte des désirs de chacun. Ainsi, Alyson Hannigan, qui déteste sa voix quand elle chante, n'a que très peu de lignes à chanter alors que Michelle Trachtenberg a insisté pour avoir peu de chant mais beaucoup de danse[D 1]. Whedon est un admirateur de Stephen Sondheim et s'est beaucoup inspiré de ses comédies musicales pour composer les chansons, particulièrement celles de la fin de l'épisode[4].
Les acteurs ont ensuite enregistré leurs chansons en studio, après trois mois d'entraînement au chant[5], et se sont exercés intensivement pour leurs chorégraphies avant de commencer le tournage de l'épisode. Whedon affirme que celle qui l'a le plus surpris et impressionné est Emma Caulfield, qui est une danseuse de formation[D 1].
Références internes
L'épisode se construit sur de nombreuses références à des événements de la série, créant ainsi une unité[Wr 2]. Dans la chanson I've Got a Theory, la théorie de Willow sur les événements est que le responsable en est « un petit enfant rêvant de chansons nous enfermant dans ce mauvais cauchemar », ce qui est une description de l'épisode Billy[6]. Toujours dans la même chanson, Anya se lance dans un solo sur les lapins (Bunnies) où se confirme sa phobie de ces animaux déjà évoquée plusieurs fois depuis l'épisode Le Démon d'Halloween. Buffy, quant à elle, mentionne le fait qu'elle soit "morte deux fois", une fois dans Le Manuscrit, et une autre dans L'Apocalypse[6]. Dans la version originale de I'll Never Tell, Anya fait une référence (qui est absente de la version française) à la syphilis qu'a contractée Alex lors de l'épisode L'Esprit vengeur[7]. À la fin de la chanson Something to Sing About, Dawn proclame que « la chose la plus difficile en ce monde, c'est d'y vivre », soit exactement la même phrase que lui a dite Buffy avant de se sacrifier dans l'épisode L'Apocalypse[7].
Par ailleurs, lors de la saison suivante, dans l'épisode Crise d'identité, on découvre lors d'un flash-back une chanson inédite interprétée par Emma Caulfield, que Joss Whedon a écrite spécialement pour l'occasion[D 3], et qui se situe durant les événements de Que le spectacle commence.
Références culturelles
Cet épisode comporte plusieurs clins d'œil à des films, notamment musicaux, et à la culture populaire[8]. Ainsi, la phrase d'Anya « Regarde-moi, je danse » pendant I'll Never Tell fait référence à une phrase semblable du film musical Escale à Hollywood, et le fou rire d'Alex et Anya à la fin de cette même chanson renvoie à celui de Chantons sous la pluie à la fin de la chanson Good Morning. La référence à « un orchestre de 76 trombones » faite par Spike à la fin de l'épisode est issue de The Music Man, et la phrase d'Alex « Tu respectes le pain au lait et tu domptes le beignet » (Respect the cruller. And tame the donut. dans la version originale) est un clin d'œil à une phrase semblable, mais beaucoup plus crue, prononcée par Tom Cruise dans Magnolia[7]. La métaphore, devenue réalité, de personne « brûlant de chanter »[N 2] et trouvant la mort par combustion spontanée, évoque à Rhonda Wilcox le roman La Maison d'Âpre-Vent (Bleak House), de Charles Dickens, dans lequel un personnage meurt de la même façon en punition de ses tromperies[Wx 1]. Enfin, quand un acolyte de Sweet, au masque de marionnette, échappe à Spike, celui-ci fait référence à Pinocchio[7].
Il n'y a pas de sources établissant un lien explicite et conscient de la part des scénaristes, mais cet épisode peut être rapproché d'un événement historique, l'épidémie de manie dansante, ou danse de Saint-Guy, qui a eu lieu en Alsace et en Allemagne entre les XIVe siècle et XVIIIe siècle, où des groupes de personnes se mettaient sans raison à danser de manière incontrôlable et contagieuse jusqu'à s'écrouler d'épuisement, parfois les pieds en sang[9].
Le démon Sweet
Sweet, interprété par Hinton Battle, est le « méchant de l'épisode ». À son propos, Whedon souligne que, contrairement à la majorité des autres démons qui n'apparaissent qu'une seule fois, il ne meurt pas à la fin mais, au contraire, se volatilise tout en laissant planer une présence menaçante[D 2]. Pour Joss Whedon, on ne peut le tuer car il est l'incarnation de la comédie musicale et, tout comme on ne peut défaire ce qu'il a fait, on ne peut supprimer ce qu'il représente[D 2].
Pour Jeffrey Middents, le style de la chanson du démon (le jazz) et son costume le codent comme afro-américain. Selon lui, Sweet marque l'introduction de véritables personnages de couleur dans la série[S 1]. Contrairement aux précédents, tels que Kendra ou Mister Trick, il n'est pas tué mais parvient à vaincre tous les personnages en les forçant à chanter et à révéler leurs secrets, même après sa disparition[S 1].
Statut particulier de l'épisode
Que le spectacle commence est le deuxième épisode favori de Joss Whedon (après Innocence)[D 4], et il est généralement considéré par les fans comme l'un des meilleurs épisodes de Buffy contre les vampires[10], les téléspectateurs l'ayant d'ailleurs classé à la première place des meilleurs épisodes de la série lors d'un sondage organisé en 2012 par la chaîne Syfy[11]. La rédaction d'Entertainment Weekly le classe à la 6e place des meilleurs épisodes des séries de Whedon, avec en commentaire : « Une heure de télévision mélodieuse si totalement satisfaisante que nous ne pouvons pas tout à fait encore croire que Whedon était capable de se le permettre. Mais nous sommes électrisés qu'il ait réussi son coup »[12]. Jonathan V. Last, écrivant pour The Weekly Standard, le classe à la 2e place des meilleurs épisodes de la série, affirmant qu'il est « aussi triomphal qu'audacieux »[13]. Samuel Roberts, du magazine SciFiNow, le classe à la première place des meilleurs épisodes de la série, soulignant que « tous les numéros musicaux sont parfaits » et que l'épisode « résume toute la créativité » de la série[14]. Brian Ford Sullivan, du site The Futon Critic, le classe à la 3e place des meilleurs épisodes de séries télévisées de 2001, évoquant le « travail stupéfiant » de cet épisode spécial qui « trouve un moyen de faire tomber tous les dominos mis en place les semaines précédentes d'une façon qui vous persuade que c'était la conclusion logique et qu'il n'y avait pas d'autre manière de raconter l'histoire »[15].
Plusieurs critiques de la presse écrite ont loué les qualités de l'épisode. Jonathan Bernstein, de The Observer, écrit que l'épisode est une réussite à tous les niveaux et « une surprenante démonstration que Joss Whedon a un talent pour les paroles de chansons et les mélodies égal à celui qu'il a démontré durant six saisons pour les dialogues, les personnages et les rebondissements »[16]. Randy Johnston, du Herald Sun, s'enthousiasme que « tant de choses dans cet épisode merveilleusement culotté prouve que la série peut prendre n'importe quelle direction et réussir malgré tout »[17]. Scott Feschuk, du National Post, évoque « un mélange rare entre une narration astucieuse et un divertissement flamboyant, une production capable de procurer aux téléspectateurs un ravissement stupéfait et de leur mettre les larmes aux yeux »[18]. Vinay Menon, du Toronto Star, estime que l'épisode « est original, profondément touchant et, finalement, transcendantal. Pour parler simplement, c'est de la télévision à son meilleur niveau »[19]. Et pour Connie Ogle, du Miami Herald, « Que le spectacle commence est de la télévision d'un genre différent, quelque chose qui survient une fois dans une vie » et « devrait être célébré »[20]. Selon Martin Winckler, les spécificités de cet épisode et de Un silence de mort en font deux épisodes « renommés au-delà du cercle (très large) des admirateurs de la série[Wr 3]. »
En 2004, un spectacle musical reprenant les chansons de l'épisode a été créé à Boston par Clinton McClung et il a connu un tel succès qu'une tournée a ensuite été organisée à travers les États-Unis[21]. C'est par ailleurs le seul épisode de la série à être sorti en DVD de façon individuelle[22].
Une comédie musicale
La principale caractéristique de cet épisode est qu'il s'agit d'une comédie musicale. Sur les 48 minutes que dure l'épisode, 36 minutes sont composées de scènes de chants ou de danses. La durée elle-même de l'épisode est d'ailleurs inhabituelle (c'est l'épisode le plus long de toute la série), Joss Whedon n'ayant pu se résoudre à couper des scènes et s'étant vu accorder le droit de dépasser la durée standard d'un épisode par la chaîne UPN[D 2].
Conformément à la tradition des musicals, la musique et la danse permettent à chacun d'exprimer émotions et sentiments intimes. Mais la musique permet aussi de faire passer auprès du spectateur un discours « qui, dans le dialogue courant, serait maladroit parce que trop explicatif ou trop direct[Wr 4] ». La convention de la comédie musicale, une des plus artificielles qui soit, permet ainsi de rendre naturelle l'expression des états d'âme des personnages. Pour Cynthea Masson, les personnages ne révèlent pas leurs véritables secrets à travers les chansons, mais les laissent transparaître dans les questions rhétoriques qu'ils posent[S 2].
L'univers de la comédie musicale contamine jusqu'au traditionnel générique. Que le spectacle commence est le seul épisode de la série, avec Connivences, dont le titre est présenté à l'écran, et son générique est totalement différent du générique habituel pour plonger directement le téléspectateur dans l'ambiance d'un film musical. Dans le même but de rendre hommage aux films musicaux américains des années 1930 à 1950, Joss Whedon a mis l'accent sur les couleurs vives et a privilégié le tournage de longues scènes avec le moins de raccords possibles[D 2]. Les typographie, musique et coloration du générique ont d'ailleurs été modifiées, dans un style qui rappelle Ma sorcière bien-aimée[Wx 2]. Enfin, le grand The End en lettres rouges à la fin de l'épisode renvoie également à l'âge d'or des films musicaux hollywoodiens que Joss Whedon aime tant.
Importance narrative
Sur le plan de la narration, cet épisode tient également une place importante dans la continuité des événements, car le sortilège qui force les personnages à s'exprimer en chansons les pousse également à exposer la vérité toute nue, y compris pour se l'avouer à eux-mêmes[At 1]. Buffy et Spike s'embrassent et débutent ainsi une liaison qui constitue l'un des arcs principaux de la saison. Le reste du Scooby-gang découvre enfin, avec consternation, qu'en ressuscitant Buffy ils l'ont tirée non pas d'une dimension infernale mais du Paradis. Le départ de Giles pour l'Angleterre, pour éviter que Buffy ne se repose continuellement sur lui, ainsi que la rupture imminente entre Willow et Tara, à cause de l'utilisation abusive de la magie par Willow, y sont préfigurés. Enfin, les doutes d'Alex et Anya au sujet de leur couple sont évoqués au grand jour et finiront par éclater lors de leur mariage.
L'originalité formelle n'empêche donc pas, au contraire, l'intégration dans la série : « c'est ce qui nous permet de considérer Hush et Once More With Feeling (Que le spectacle commence) non comme des événements à part au sein d'une série, mais bien comme une partie constituante d'un ensemble complexe. Ces deux épisodes sont au service d'une œuvre cohérente, ambitieuse et maîtrisée. Ils montrent avec éclat ce que la télévision peut offrir de meilleur, quand l'imagination et le talent ont la possibilité de s'y épanouir[Wr 2]. »
Nominations pour des récompenses
Que le spectacle commence a été nommé au Prix Hugo 2002 dans la catégorie Best Dramatic Presentation. Il était le seul épisode de série télévisée nommé aux côtés des films Le Seigneur des anneaux : La Communauté de l'anneau (qui a remporté le prix), Shrek, Harry Potter à l'école des sorciers et Monstres et Cie[23]. D'ailleurs, une catégorie spéciale pour les courts-métrages et épisodes de séries télévisées a été créée l'année suivante. L'épisode a également été nommé au Prix Nebula 2003 dans la catégorie du meilleur script[24].
Analyse des morceaux
Comme une automate (Going through the Motions)
Dans la grande tradition des longs-métrages de Walt Disney, la chanson d'ouverture offre à l'héroïne l'occasion de dire ce qui manque à sa vie et les désirs qu'elle éprouve. Joss Whedon la compare à Partir là-bas dans La Petite Sirène ou Belle dans La Belle et la Bête et cite l'influence qu'ont eu sur lui les compositions d'Howard Ashman et Alan Menken[D 2]. Sarah Michelle Gellar y chante la difficulté qu'elle éprouve à vivre depuis que ses amis l'ont ramenée du Paradis. La chanson introduit ainsi l'état émotionnel du personnage, qui éprouve l'impression de jouer un rôle. Ce sentiment est à rapprocher de la relation entre le personnage et l'actrice qui l'incarne, indiquant au public l'étrangeté du format musical[25].
Télérama évoque à propos de ce morceau un « grand prix du comique de situation le mieux assumé : il faut voir (Buffy) chantonner un refrain existentiel au beau milieu d'un cimetière en dégommant machinalement une flopée de démons ». Le magazine pointe ainsi le mélange des genres constitutif de la série[26]. On remarque aussi que ce solo se déroule dans le contexte d'une « scène inaugurale presque rituelle de nombreux épisodes[Wr 3] » : le combat contre les démons dans un cimetière. Pour Rhonda Wilcox, il s'agit de la chanson « anti-Disney », l'héroïne ne chantant pas avec des oiseaux ou des souris mais des monstres, ignorant totalement son beau prince charmant et finissant sa chanson dans une explosion non pas d'étoiles, mais de poussière de vampire[Wx 3].
Moi j'ai une théorie (I've Got a Theory)
La première chanson de groupe, mêle des éléments de comédie musicale traditionnelle, de musique pop et même de heavy metal (lors du solo d'Emma Caulfield, Bunnies). Elle a un rôle explicatif pour le téléspectateur en lui montrant que les personnages ne peuvent s'empêcher de chanter, ce qui rend l'épisode musical. Whedon s'est inspiré ici des compositions de Frank Loesser et de Jerry Bock et Sheldon Harnick (Un violon sur le toit)[D 2]. L'unité du scooby-gang, qui collabore pour trouver une solution, est mise en avant[Wx 3].
Ton envoûtement (Under Your Spell)
C'est la ballade romantique de l'épisode et Whedon voulait que ce soit Amber Benson qui la chante car il trouvait que sa voix « extraordinaire » s'y prêtait parfaitement[D 2]. Le romantisme des paroles et des décors se mêle à l'érotisme du dernier plan suggérant une pratique de sexe oral entre deux femmes. Il s'agit là d'« une des scènes les plus audacieuses de la série »[Wr 4]. Comme souvent dans Buffy, la métaphore devient réalité puisque Tara réalise qu'elle est effectivement sous l'effet d'un enchantement de Willow. Pour Wilcox, ce double-sens, ajouté au fait que Willow n'exprime pas son amour et que le dernier vers de la chanson soit coupé, annonce à la fois leur rupture prochaine et la mort de Tara[Wx 4].
Toujours selon Wilcox, Willow ne chante pratiquement pas dans l'épisode afin de ne pas dévoiler l'évolution du personnage vers toujours plus de noirceur[Wx 4]. Cela peut aussi être le signe que la force tranquille de Tara est en train de prendre le pas sur les démonstrations de puissance magique tape-à-l'œil de Willow[27].
Il faut pas le dire (I'll Never Tell)
Ce morceau est un pastiche des films musicaux des années 1930 par sa chorégraphie, les costumes des acteurs et le style très art déco de l'appartement d'Alex. Le couple formé par Nicholas Brendon et Emma Caulfield évoque Fred Astaire et Ginger Rogers et la chanson traite des difficultés que l'on éprouve parfois à communiquer dans un couple et des doutes que l'on peut éprouver sur l'avenir en commun[D 2]. À nouveau, la rupture du couple, qui intervient dans l'épisode La Corde au cou, y est préfigurée par Anya chantant « I've read this tale, there's wedding and betrayal »[N 3] - [Wx 5].
Musicalement, le morceau est influencé par Ira Gershwin, le Charleston et des accords jazzy[At 2]. C'est la seule chanson de l'épisode dans laquelle les personnages s'adressent directement au public[25].
Reposer en paix (Rest in Peace)
C'est la chanson rock de l'épisode et il échoit tout naturellement à James Marsters de l'interpréter. Le personnage de celui-ci, Spike, y chante le combat qu'il mène continuellement pour lutter contre les sentiments qu'il éprouve pour Buffy, une situation qu'il ne supporte plus, tout en reniant ce qu'il chante par ses actions. Joss Whedon avoue toutefois que cette chanson n'est pas aussi efficace que ce qu'elle aurait pu être[D 2].
Ce que tu veux (What You Feel)
Après la danse de Michelle Trachtenberg qui rappelle Pierre et le Loup, Hinton Battle, qui interprète Sweet, le « méchant » de l'épisode, entre en scène avec la chanson What You Feel, un morceau d'inspiration très blues dans lequel il entraîne Dawn vers plus de maturité et de sensualité. Il lui fait découvrir un côté d'elle qu'elle ignorait dans une ambiance de conte de fées et Hinton Battle y fait aussi admirer sa virtuosité aux claquettes[D 2].
La Pierre du chemin (Standing)
C'est la ballade mélancolique de l'épisode et Anthony Stewart Head y chante l'ironie qui veut que, malgré son désir de protéger Buffy, il doit la laisser apprendre par elle-même. Le fait qu'il lui lance des couteaux en chantant illustre cette contradiction, de même que le ralenti sur Sarah Michelle Gellar est présent pour mettre de la distance entre eux. Amber Benson se joint à Anthony Stewart Head pour la fin de ce morceau et tous deux constatent avec douleur que les personnes qu'ils aiment le plus (Buffy et Willow) ne les entendent pas, ce qui préfigure leur départ dans l'épisode suivant[D 2]. Ils expriment aussi tous deux leur constatation que leur rôle n'est pas estimé à sa juste valeur dans leurs relations respectives[At 3]. À l'inverse des autres chansons, les vérités énoncées dans celles-ci ne sont pas entendues par les personnes à qui elles s'adressent[28].
Marcher dans les flammes (Walk Through the Fire)
C'est le cri de ralliement des personnages, quelque part entre Tonight de West Side Story et La Résistance de South Park, le film. Joss Whedon aurait souhaité que le refrain soit plus énergique mais la chanson remplit néanmoins son rôle qui est d'emmener vers le point culminant de l'épisode[D 2]. Cette chanson « marie le soft rock au chant funèbre » et apporte un sentiment imminent de menace[At 4].
Donne-moi une vie (Something to Sing About)
Dans ce dernier solo, Buffy délivre aux autres son message et leur révèle son secret. La Tueuse n'éprouve plus aucun plaisir à l'existence et n'aspire qu'à retrouver le repos et c'est Spike qui va lui amener un message d'espoir, une raison de vivre et de continuer à se battre[D 2]. Cette chanson résume parfaitement le thème principal de toute la saison 6 qui est que « la vie est le grand méchant » et que l'on doit sans cesse lutter[D 5].
Dans cette chanson, Buffy s'adresse directement à la caméra, non pas pour faire partager au spectateur la joie des comédies musicales, mais pour l'inviter à ressentir sa solitude[Wx 6]. C'est également l'une des chansons de l'épisode les plus complexes au niveau musical, Buffy changeant de tempo et de hauteur de note au fur et à mesure qu'elle révèle ses secrets[3]. Les changements de tempo de la chanson, qui passe de la ballade rock à l'hymne en passant par la polka punk, est un signe de tout le trouble qui tourmente Buffy[At 5].
Maintenant qu'allons nous faire ? (Where Do We Go from Here?)
Le chœur final permet de faire le point sur les sentiments de chacun et la situation émotionnelle des personnages. C'est une fin ouverte où, après cette victoire au goût amer sur le démon Sweet, tous les personnages principaux se demandent ce qu'ils vont faire maintenant que leurs secrets n'en sont plus. La chanson reprend l'un des thèmes principaux de l'épisode, à savoir la conciliation entre communauté et individualité[Wx 7]. Cette tension se ressent dans les couleurs des costumes, chaque personnage portant une couleur différente, les regards qui ne se croisent pas et le vers « understand we'll go hand in hand but walk alone in fear » (« On est bien tous main dans la main mais la peur nous rend solitaires »)[Wx 6].
L'épisode se conclut sur une scène entre Buffy et Spike qui reprennent ensemble tout ce qui ne va pas avant de s'embrasser avec passion, car un épisode rendant hommage aux comédies musicales se devait de se terminer sur un baiser final[D 2]. Toutefois, les dernières paroles chantées annoncent la précarité de la relation entre Buffy et Spike[Wx 4].
Bande originale
Sortie | |
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Durée | 57:19 |
Genre | Bande originale de télévision |
Format | CD |
Producteur |
Joss Whedon Christophe Beck |
Label | Rounder Records |
Albums de Différents artistes
La bande son de cet épisode est disponible en CD, sorti sous le label Rounder Records le . Il contient tous les morceaux de l’épisode, ainsi que quelques pistes supplémentaires d’épisodes antérieurs parmi les plus populaires. On y entend aussi une démo de la chanson Something to Sing About, chantée par Kai Cole, l'épouse de Joss Whedon. Le site AllMusic donne à l'album une note de cinq étoiles sur cinq, indiquant qu'il est non seulement « indispensable à tout fan de la série mais qu'il ne déparerait pas la collection musicale de n'importe qui d'autre » et louant les performances d'Amber Benson, James Marsters et Anthony Stewart Head[29].
Distribution
Acteurs et actrices crédités au générique
- Sarah Michelle Gellar : Buffy Summers
- Nicholas Brendon : Alexander Harris
- Alyson Hannigan : Willow Rosenberg (doublage chant VF : Barbara Beretta)
- James Marsters : Spike
- Michelle Trachtenberg : Dawn Summers (doublage chant VF : Naïke Fauveau)
- Emma Caulfield : Anya Jenkins (doublage chant VF : Barbara Beretta)
Acteurs et actrices crédités en début d'épisode
- Anthony Stewart Head : Rupert Giles (doublage chant VF : Emmanuel Curtil)
- Hinton Battle (doublage chant VF : Daniel Beretta) : Sweet
- Amber Benson : Tara Maclay (doublage chant VF : Claude Lombard)
Acteurs et actrices crédités en fin d'épisode
- David Fury : l'homme à la moutarde
- Marti Noxon : la femme au ticket de parking
Notes et références
- Notes
- Ce qui mènera à leur rupture (Tabula rasa).
- En version originale, « Burn out into song »
- « Je connais cette histoire, il y a un mariage puis une trahison »
- (en) Rhonda Wilcox, Why Buffy Matters : The Art of Buffy the Vampire Slayer, I. B. Tauris, , 246 p. (ISBN 978-1-84511-029-1), « Once More, with Textual Feeling », p. 191-205
- Wilcox 2005, p. 192
- Wilcox 2005, p. 197
- Wilcox 2005, p. 198
- Wilcox 2005, p. 202
- Wilcox 2005, p. 201
- Wilcox 2005, p. 200
- Wilcox 2005, p. 192-193
- Martin Winckler (dir), Les Miroirs Obscurs : Grandes séries américaines d'aujourd'hui, Au Diable Vauvert, , 476 p. (ISBN 978-2-84626-081-7), p. 17 à 33, « Buffy the Vampire Slayer » par Denys Corel, Antoine de Froberville et Ronan Toulet
- Corel, de Froberville et Toulet 2005, p. 24 : « l'obligation de chanter [...] autorise les personnages [...] à exprimer des sentiments et des émotions qu'ils auraient eu peine à formuler avec le langage courant ».
- Corel, de Froberville et Toulet 2005, p. 26
- Corel, de Froberville et Toulet 2005, p. 24
- Corel, de Froberville et Toulet 2005, p. 25
- (en) Diana Sandars, Rhonda Wilcox, Amy Bauer et Paul Attinello, Music, Sound and Silence in Buffy the Vampire Slayer, Ashgate Publishing, , 278 p. (ISBN 978-0-7546-6042-2 et 0-7546-6042-7, lire en ligne), « Making Music: Buffy, the Musical », p. 189-248
- Attinello 2010, p. 209
- Attinello 2010, p. 210-213
- Attinello 2010, p. 198-201
- Attinello 2010, p. 230-231
- Attinello 2010, p. 226-227
- (en) Jeffrey Middents, « A Sweet Vamp: Critiquing the Treatment of Race in Buffy and the American Musical Once More (with Feeling) », sur slayage.com
- (en) Cynthea Masson, « "What Did You Sing About ?" Acts of Questionning in "Once More, With Feeling" », sur Slayageonline.com
- Bonus DVD
- Intégrale de la saison 6 de Buffy contre les vampires, disque 3, interview de Joss Whedon et d'une partie du casting à l'Academy of Television Arts & Sciences le 18/06/2002
- Intégrale de la saison 6 de Buffy contre les vampires, disque 2, commentaire audio de Joss Whedon sur l'épisode
- Intégrale de la saison 7 de Buffy contre les vampires, disque 2, commentaire audio de Crise d'identité
- Intégrale de la saison 7 de Buffy contre les vampires, disque 6, documentaire sur les 10 épisodes favoris de Joss Whedon
- Intégrale de la saison 6 de Buffy contre les vampires, disque 6, documentaire sur l'ensemble de la saison
- Divers
- (en) « Ghost of the Robot Interview », BBC (consulté le )
- (en) « Two Way », Anthony Head.com (consulté le )
- (en) Nikki Stafford, Bite Me! The Unofficial Guide to Buffy the Vampire Slayer, ECW Press, (ISBN 978-1-55022-807-6), p. 288
- (en) Ian Shuttleworth, Reading the Vampire Slayer, Tauris Parke Paperbacks, (ISBN 1-86064-984-X), « Transformation, Identity and Role-Play in the Buffyverse », p. 271-272
- (en) Nikki Stafford, Bite Me! The Unofficial Guide to Buffy the Vampire Slayer, ECW Press, (ISBN 978-1-55022-807-6), p. 286
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Annexes
Articles connexes
Liens externes
- (en) Que le spectacle commence sur l’Internet Movie Database
Bibliographie complémentaire
- (en) Rhonda Wilcox, Fighting The Forces : What's At Stake In Buffy The Vampire Slayer?, Rowman & Littlefield Publishers, , 320 p. (ISBN 0-7425-1681-4)
- (en) Jeffrey Middents et Cynthia Masson, Buffy, Ballads, and Bad Guys Who Sing : Music in the Worlds of Joss Whedon, Scarecrow Press, , 330 p. (ISBN 978-0-8108-7765-8 et 0-8108-7765-1, lire en ligne), p. 119-154