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Proveniershof (Haarlem)

Le Proveniershof[1] est un hofje (hospice) sis dans le sud-ouest de la vieille ville de Haarlem, aux Pays-Bas. Si le site actuel a toute l’apparence et la forme d’un hofje classique, c’est-Ă -dire qu’il consiste en plusieurs enfilades de maisonnettes contiguĂ«s agencĂ©es autour d’une cour intĂ©rieure rectangulaire herbeuse, et s’il a jouĂ© effectivement le rĂŽle d’un tel hofje pendant un certain temps Ă  partir du XIXe siĂšcle, il se diffĂ©rencie cependant des autres hofjes par sa genĂšse, en ceci qu’il n’a pas Ă©tĂ© fondĂ© en tant que tel par quelque guilde, riche particulier ou communautĂ© religieuse ; en effet, comme l’atteste le nom mĂȘme de ce hofje, le bĂątiment sur la Grote Houtstraat faisait office autrefois, jusqu’en 1810, de proveniershuis – vieux mot nĂ©erlandais dĂ©signant un type d’établissement d’hĂ©bergement, oĂč l’on pouvait, moyennant acquittement unique d’une somme forfaitaire convenue, bĂ©nĂ©ficier viagĂšrement de logis et d’entretien –, et ce n’est qu’ensuite que le Proveniershuis deviendra un hospice de vieillards, et plus tard encore que lui seront adjointes les quatre ailes en retour d’équerre situĂ©es derriĂšre et formant avec les corps de bĂątiment sur la rue un rectangle fermĂ©. Plus rĂ©cemment, des appartements y ont Ă©tĂ© amĂ©nagĂ©s.

Proveniershof
Présentation
Type
Patrimonialité
Localisation
Adresse
Nieuwe Kerksplein (d)
Haarlem
Pays-Bas
Coordonnées
52° 22â€Č 38″ N, 4° 37â€Č 52″ E
Carte
Le Proveniershuis sur une gravure de 1688. Remarquer le porche encore intact Ă  gauche.
Portail sur la Grote Houtstraat donnant entrée au Proveniershof.

Historique

De couvent de religieuses Ă  heerenlogement

Au XVe siĂšcle, l’emplacement du Proveniershof Ă©tait occupĂ© par un couvent de religieuses catholiques, le couvent Saint-Michel (en nĂ©erl. Sint Michiels- ou Sint Michaelsklooster). Trois ans aprĂšs que les religieuses eurent Ă©tĂ© chassĂ©es de leur couvent Ă  la suite de la prise de pouvoir par les calvinistes en 1578, les bĂątiments du couvent ainsi que le terrain qui l’entourait furent attribuĂ©s par Guillaume d’Orange Ă  la ville de Haarlem en guise de dĂ©dommagement pour les dĂ©gĂąts subis par la ville au cours du long siĂšge de Haarlem de 1572 et 1573. La garde civile de Haarlem de Saint Georges (ou schutterij Sint Joris) prit alors possession du terrain, et se servit de la cour de l’ancien couvent pour y effectuer ses exercices de tir. Cela porta Ă  deux le nombre de doelen (litt. buts, cibles, ainsi que ce type de champs de tir Ă©taient nommĂ©s Ă  cette Ă©poque), dont disposait la ville de Haarlem : les Kloveniersdoelen et les Sint Jorisdoelen. En 1592, le bĂątiment de l’ancien couvent fut dĂ©moli et remplacĂ© par un doelengebouw neuf : l’actuel Ă©difice renaissance, Ɠuvre de l’architecte municipal Lieven de Key, sis Ă  l’angle des rues Grote Houtstraat et Doelstraat, jouxtant le porche d’entrĂ©e et occupant l’angle nord-est du hofje. Cependant, la municipalitĂ© de la ville ayant estimĂ© en 1681 qu’un seul doelen suffisait pour les besoins de la schutterij haarlĂ©moise, les doelen Saint-Georges furent remaniĂ©s l’annĂ©e suivante et convertis en heerenlogement, sorte d’auberge pour messieurs.

La plupart des maisonnettes de l’actuel Proveniershof situĂ©es Ă  l’arriĂšre de l’édifice renaissance n’avaient au dĂ©part, quoique datant Ă©galement du XVIIe siĂšcle, aucun lien avec ladite auberge, mais Ă©taient la propriĂ©tĂ© de la ville de Haarlem et destinĂ©es Ă  ĂȘtre louĂ©es Ă  des particuliers.

Proveniershuis

Le heerenlogement se rĂ©vĂ©lant peu profitable, l’on rĂ©solut de transformer l’auberge en proveniershuis. Provenier est un vieux mot nĂ©erlandais dĂ©signant une personne vivant de proves, c’est-Ă -dire de dons charitables ; toutefois, le sĂ©jour dans le Proveniershuis n’était pas gratuit, les pensionnaires devant en effet s’acquitter d’un montant forfaitaire, moyennant lequel ils se rendaient titulaires d’un droit de sĂ©jour Ă  vie en plus de voir satisfaits leurs besoins Ă©lĂ©mentaires. Le proveniershuis de la Grote Houtstraat ouvrit ses portes en 1707, et connut initialement un certain engouement, Ă  telles enseignes qu’une liste d’attente dut ĂȘtre Ă©tablie et qu’on dut faire l’acquisition de logis supplĂ©mentaires dans la Doelstraat voisine. Vers la fin du XVIIIe siĂšcle, sa popularitĂ© s’amenuisa, et les intendants privilĂ©giaient dorĂ©navant les pensionnaires prĂȘts Ă  louer un logement pour 340 florins par an, nourriture comprise.

Un pensionnaire illustre de ce proveniershuis fut le gĂ©ant finlandais Daniel Cajanus, qui y sĂ©journa de 1745 jusqu’à sa mort en 1749. Grand de 2,60 mĂštres, il Ă©tait capable, disait-on, d’allumer sa pipe Ă  un rĂ©verbĂšre. Il fut enterrĂ© dans l'Ă©glise Saint-Bavon de Haarlem[2].

Hospice de vieillards

En 1810, sous Bonaparte, plusieurs bĂątiments furent mis en rĂ©quisition par les autoritĂ©s françaises Ă  Haarlem afin de permettre aux troupes d’y prendre leurs quartiers. Un de ces bĂątiments Ă©tait l’actuel musĂ©e Frans Hals, situĂ© non loin du Proveniershuis, et faisant office jusque-lĂ  d’hospice de vieillards (oudemannenhuis) ; ses occupants furent alors transfĂ©rĂ©s au Proveniershuis, lequel allait ainsi servir dĂ©sormais de oudemannenhuis, de 1810 Ă  1866. Les logements situĂ©s Ă  l’arriĂšre, gardant leur ancienne destination, demeurĂšrent des logements locatifs ordinaires.

Proveniershof

En 1866, aprĂšs que les rangĂ©es de maisonnettes autour du jardin Ă  l’arriĂšre eurent Ă©tĂ© rĂ©unies aux corps de logis sur la Grote Houtstraat pour constituer dorĂ©navant un seul ensemble, le Proveniershuis changea son nom en Proveniershof. L’hospice fut agrandi davantage encore en 1882 par l’absorption d’une sĂ©rie de maisonnettes ayant auparavant appartenu Ă  un autre hofje, le Hofje van Oud Alkemade, aussi dĂ©nommĂ© Hofje van de Twaalf Apostelen (litt. hospice des Douze-ApĂŽtres), sis Barrevoetesteeg (steeg = ruelle, mais devenue Barrevoetstraat aprĂšs Ă©largissement), et dont les terrains allaient ĂȘtre intĂ©grĂ©s au Proveniershof.

Aspect et fonction actuels

Tableau représentant le jardin du Proveniershuis en 1735, par Vincent Laurensz van der Vinne le Jeune.

Au XXe siĂšcle, l’édifice principal sur la Grote Houtstraat fut rĂ©amĂ©nagĂ© en appartements, tandis que les logements de l’arriĂšre faisaient Ă©galement l’objet d’une restauration. Tel quel, le Proveniershof est un hofje de vastes dimensions : la cour intĂ©rieure, gazonnĂ©e et arborĂ©e, forme un jardin rectangulaire de 65m sur 40m env. Les maisonnettes qui bordent cette cour sur ses quatre cĂŽtĂ©s – abstraction faite de l’angle nord-est, occupĂ© par l’édifice principal – sont de facture trĂšs sobre, avec ou sans Ă©tage, dotĂ©es de lucarnes. De l’édifice principal sur la Grote Hondstraat se signale plus particuliĂšrement le corps de logis situĂ© dans l’angle avec la Doelstraat ; la façade pignon de style renaissance hollandaise, de trois travĂ©es et deux niveaux, qu’il prĂ©sente sur la Grote Houtstraat se remarque par sa riche composition jouant sur le contraste entre pierre de taille blanche d’une part, utilisĂ©e pour les moulures, bandes, corniches, chambranles etc., et la brique rouge d’autre part, par les baies Ă  meneaux surmontĂ©es d’arcs de dĂ©charge gĂ©minĂ©s dont elle est percĂ©e, et par ses rampants ornĂ©s d’obĂ©lisques, d’ailerons Ă  volutes et d’un petit fronton Ă  son sommet. Perpendiculairement Ă  ce corps de logis, qui hĂ©berge aujourd’hui un Ă©tablissement de restauration, en est adossĂ© un autre, offrant sur la Grote Houtstraat une façade gouttereau semble-t-il fortement remaniĂ©e, pourvue notamment d’un enduit. Le porche massif situĂ© Ă  sa gauche, dit Aspoort, Ă  arc plein-cintre et bossages, qui donne entrĂ©e au jardin et au hofje proprement dit, a Ă©tĂ© amputĂ© du fronton brisĂ© qui le surmontait jadis et dont l’entablement portait une sculpture figurant saint Georges Ă  cheval terrassant le dragon.

Le Proveniershof n’ayant pas Ă©tĂ©, dĂšs son origine, un hospice classique Ă  caractĂšre caritatif, mais d’abord un ensemble d’habitations ordinaires louĂ©es Ă  titre onĂ©reux Ă  des particuliers payants, les logements sont relativement spacieux et diffĂšrent notablement entre eux : le Proveniershof en effet comprend des appartements allant de deux Ă  six piĂšces, lĂ  oĂč les autres hofjes haarlĂ©mois ont des habitations d’une ou deux piĂšces au maximum. Le complexe eut, aussitĂŽt muĂ© en hofje, une population mixte (hommes et femmes) et, compte tenu de la taille de ses logements, peut accueillir Ă©galement des couples. Y demeure par ailleurs un grand nombre d’artistes, dont le pianiste et compositeur haarlĂ©mois Janwillem Lagerwaard. Le Proveniershof est aujourd’hui propriĂ©tĂ© de la woningcorporatie (asbl de logements sociaux) amstellodamoise Ymere, laquelle donne les appartements en location.

Notes et références

  1. La combinaison ie se prononce comme un i bref en nĂ©erlandais, sauf devant r (comme en l'occurrence), oĂč le i s’allonge. Prononcer sh sĂ©parĂ©ment, c’est-Ă -dire comme un s suivi d’un h fortement aspirĂ©. Le deuxiĂšme o est, contrairement Ă  l’allemand, une voyelle brĂšve. L’accent tonique est portĂ© par la troisiĂšme syllabe. Soit, selon l'API : /pro:vǝ’ni:rsh᎐f/.
  2. « Art. sur Cajanus pensionnaire du Proveniershuis. »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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