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Protagonistes de l'autonomie valdĂ´taine

L’analyse des événements qui ont amené à l’autonomie en Vallée d'Aoste repose sur plusieurs protagonistes provenant de différents milieux. Ceux-ci ont en effet inspiré et développé les idées autonomistes dont la petite région alpine a été l'une des pionnières en Italie.

Aimé Berthet (1913-1971)

Originaire de Cogne mais né le à Aoste il fut parmi les fondateurs de l'Union valdôtaine. Il milite dans la Démocratie chrétienne et représente dans ce parti le courant le plus sensible aux valeurs valdôtaines. Assesseur régional à l'instruction publique de 1949 à 1954 il se signala par son action en faveur de la langue française. Directeur administratif de l'Hôpital mauricien d'Aoste il est Sénateur de la République du à 1972, il est auteur de remarquables études d'histoire locale et meurt le .

Lino Binel (1904-1981)

Lino Binel naquit à Viéring, hameau du village de Champdepraz, le . Sa mère Maria Graziella Vallino était de Verrès où son propre père originaire du Canavèse s'était installé et tenait un café. Son père Pierre Binel, est vice directeur d'une petite exploitation minière de Champdepraz. Lino Binel fait ses études à Milan, où il étudiait à l'École polytechnique, il entra en contact avec des milieux antifascistes et fit partie d'une cellule communiste. Il adhéra en 1927 à la Jeune Vallée d'Aoste, une société antifasciste valdôtaine. Résistant de la première heure, il fut arrêté par les fascistes en 1944, en même temps qu'Émile Chanoux. Il fut par la suite déporté en Allemagne. Membre du premier Conseil de la Vallée d'Aoste jusqu'à 1949, il se tint, depuis, éloigné de la vie politique active (à part une petite parenthèse en 1953). Il reprit le goût pour les choses valdôtaines dans les dernières années de sa vie. Il meurt à Aoste le .

Chanoine Joseph Bréan (1910-1953)

Fils d'émigrés valdôtains originaires de Brusson, il nait le en France à Aubervilliers dans l'actuel département de la Seine-Saint-Denis. Revenu dans la Vallée d'Aoste, il connaît l'abbé Trèves et Émile Chanoux, deux parmi les plus importants personnages de la lutte pour l'autonomie, dont il rédigea la biographie. Il fut un brillant orateur, journaliste et essayiste. Il fut l'apôtre de la jeunesse valdôtaine, qu'il rassembla dans son Cercle de la Culture Valdôtaine. Sa pensé régionaliste, d'inspiration catholique, est exprimée surtout dans son ouvrage La civilisation alpestre. Il meurt le

SĂ©verin Caveri (1908-1977)

Fils du préfet René Caveri mis à la retraite comme antifasciste en 1926 et de Clémentine Roux, il nait le . Il fut le principal protagoniste de la vie politique valdôtaine dans les vingt premières années d'autonomie. Membre de la Jeune Vallée d'Aoste, une société antifasciste, en 1928, il se réfugia en Suisse de 1943 à 1945. Après la Libération, il devint le leader de l'Union Valdôtaine, et en fut le président jusqu'à 1973. Membre du premier Conseil de la Vallée d'Aoste, il fut nommé président de la région après la démission de Frédéric Chabod, jusqu'à 1954. Il fut depuis député du Parlement italien de 1958 à 1963, et président du Gouvernement régional de 1963 à 1966, et président du Conseil régional en 1975. L'historien valdôtain Lin Colliard écrit de lui : « Il sera rappelé comme l'un des principaux acteurs du XXe siècle, et l'un des meilleurs représentants de la pensée laïque locale ». Séverin Caveri meurt le .

Émile Chanoux (1906-1944)

Émile Chanoux naît dans le petit village de Rovenaud, hameau de la commune de Valsavarenche, en 1906, fils d'un garde-chasse originaire de la vallée de Champorcher. Jeune étudiant en droit, il se lie d'amitié avec l'abbé Trèves et devient vice-président de la Jeune Vallée d'Aoste, un mouvement qui visait la défense de l'identité valdôtaine et de la langue française. Il exerce la profession de notaire. Antifasciste convaincu, il devient le chef du Comité de Libération Nationale d'Aoste. Martyr de l'autonomie valdôtaine, il succombe pendant la Seconde Guerre mondiale, des séquelles des tortures qui lui ont été infligées ou assassiné par ses geôliers fascistes.

Renzo Coquillard (1925-2013)

Renzo Coquillard naît à Aoste le . Son nom de combat était « Coqui ». Il a appartenu au 13e Groupe Émile Chanoux, où il est entré le . À partir du , il rejoint le groupe Arthur Verraz à Cogne, avec qui il participe aux actions les plus importantes contre les Allemands. Comme la majorité des partisans de Cogne, il doit quitter cette zone après l'attaque nazi-fasciste du . Il s'enfuit en France avant de retourner en Italie le [1].

Albert Deffeyes (1913-1953)

Ne Ă  Aoste le , Il adhère dès la dĂ©cennie 1920 Ă  la sociĂ©tĂ© antifasciste valdĂ´taine La jeune VallĂ©e d'Aoste. Professeur de Lettres internĂ© en Suisse de 1943 Ă  1945, le , il est Ă  Aoste, l'un fondateurs et des principaux animateurs de l'Union valdĂ´taine, et son idĂ©ologue. Directeur de son journal « L'Union ValdĂ´taine Â» de dĂ©cembre 1945 Ă  octobre 1948, conseiller communale Uv d'Aoste (1946-1948) et conseiller rĂ©gional en 1949. Surintendant de l'Ă©ducation de RĂ©gion autonome VallĂ©e d'Aoste (1947-1948), il fut nommĂ© assesseur rĂ©gional au tourisme, aux antiquitĂ©s et aux beaux-arts ( - ). Il meurt Ă  Aoste âgĂ© de 40 ans le . La place du Palais RĂ©gional Ă  Aoste porte son nom, ainsi qu'un refuge dans le Vallon de La Thuile.

Chanoine Maxime Durand (1885-1966)

Plaque dédiée à Maxime Durand près de l'église Saint-Laurent, à Aoste.

Michel Maxime Durand nait le à Signayes, sur la colline d'Aoste, de Paul-Joseph, agriculteur, et de Virginie-Marie Coquillard[2]. Il entre au Grand séminaire et est ordonné prêtre en 1910. Vicaire à Avise, Saint-Vincent, Arvier et Fénis il est ensuite professeur au Petit séminaire. Curé de Saint-Étienne à Aoste en 1934. Il est nommé membre de l'Académie Saint-Anselme en 1927 et en devient le secrétaire l'année suivante. Il fut polémiste fougueux, toujours en première ligne dans la défense de la langue française et du particularisme valdôtain. Président de l'Académie Saint-Anselme de 1954 à 1966. Il meurt à Aoste le .

CĂ©sar Ollietti (Mesard) (1918-1948)

Fils du notaire d'Aoste Felice Ollietti, un des membres fondateurs du Parti Populaire dans la Vallée d'Aoste, et frère cadet de l'alpiniste Basile Ollietti mort avec Amilcar Crétier lors d'une ascension du Cervin, il nait à Aoste le , docteur en droit et capitaine de réserve dans l'armée puis maquisard sous le pseudonyme de Mesard ou Mézard. Il fut d'abord séparatiste, et même franchement partisan de l'annexion à la France. il prend le commandement de la Résistance valdôtaine après la mort tragique d'Émile Chanoux. Le courant italophile de la Résistance cherche à l'écarter en nommant le général d'Alpins Arnaldo Magliano commandant de la zone militaire de la Vallée d'Aoste, Mézard se réfugie en Suisse avec son état major. Les autorités de l'Italie libérée nomment alors en janvier 1945 comme commandant de la Résistance valdôtaine le major Auguste Adam, qui réussit à convaincre Mézard d'abandonner ses tentations annexionnistes en mars 1945. Son revirement fut déterminant pour la victoire du parti anti-annexionniste. Il meurt le .

Ernest Page (1888-1969)

NĂ© Ă  Saint-Vincent le . Son attachement Ă  la langue française et Ă  la VallĂ©e d'Aoste a Ă©tĂ© une constante de toute sa vie. Vice-prĂ©sident de la Ligue ValdĂ´taine, il fut l'un des premiers membres de la Jeune VallĂ©e d'Aoste, les deux mouvements les plus importants, dĂ©fendant l'identitĂ© valdĂ´taine et la langue française Ă  l'Ă©poque fasciste. Il participa Ă  la rĂ©union de Chivasso avec Émile Chanoux le , et fut sĂ©paratiste, en 1944-45. Il fut l'un des membres fondateurs de l'Union ValdĂ´taine et membre du premier Conseil de la VallĂ©e d'Aoste. Élu assesseur rĂ©gional Ă  l'instruction publique de 1946 Ă  1948, et sĂ©nateur de la RĂ©publique italienne de 1948 Ă  1952. Il Ĺ“uvra pour inculquer aux jeunes gĂ©nĂ©rations le culte de la « petite Patrie Â», comme les ValdĂ´tains dĂ©finissent leur rĂ©gion, et de la langue française. DĂ©cĂ©dĂ© Ă  Aoste le .

Marie Nouchy (1911-1994)

NĂ©e le Ă  Aoste, oĂą elle frĂ©quente le LycĂ©e classique, Marie Nouchy dĂ©croche une maĂ®trise en jurisprudence auprès de l’UniversitĂ© de Turin, oĂą elle se fait remarquer par le professeur Giulio Einaudi grâce Ă  ses grandes capacitĂ©s intellectuelles. Antifasciste depuis toujours, condamnĂ©e Ă  l'exil Ă  Padula avec sa sĹ“ur Philomène Ă  cause de ses opinions. Après son retour Ă  Aoste, elle participe Ă  la RĂ©sistance en dĂ©montrant un caractère ferme et courageux. S’étant rĂ©fugiĂ©e en Savoie, elle fait partie du ComitĂ© de LibĂ©ration qui se forme Ă  Veyrier-du-Lac, rĂ©unissant les rĂ©fugiĂ©s valdĂ´tains qui souhaitent l’annexion de la VallĂ©e d’Aoste Ă  la France. Elle joue un rĂ´le important dans la « mission Mont Blanc Â», dirigĂ©e par le docteur Henri Voisin et par le capitaine Humbert Anthonioz et chargĂ©e de prĂ©parer l’annexion par une propagande intense auprès de la population. Avec d’autres nombreux ValdĂ´tains annexionnistes, formant le « ComitĂ© d’Introd Â», elle participe Ă  l’organisation de la grande manifestation du et figure parmi les 35 notables qui signent, Ă  cette occasion, un appel pour demander aux Nations Unies d’internationaliser la « question valdĂ´taine Â» et aux autoritĂ©s alliĂ©es d’organiser un plĂ©biscite sur le sort politique de la VallĂ©e, conformĂ©ment aux principes de la Charte de l’Atlantique. Ă€ la suite de la manifestation populaire du , qui aboutit Ă  l’occupation du bureau du prĂ©sident du Conseil de la VallĂ©e FrĂ©dĂ©ric Chabod, elle est poursuivie par un mandat d’arrĂŞt et se rĂ©fugie en France, oĂą elle Ă©pouse son compagnon de lutte Albert Milloz (v. par. suivant). Établie Ă  Paris, elle joue un rĂ´le important dans la tentative d’obtenir, lors du traitĂ© de paix qui clĂ´t la seconde guerre mondiale, une garantie internationale pour le statut d’autonomie de la VallĂ©e d’Aoste. Cette tentative ayant Ă©chouĂ© dans des circonstances qui font peser de lourds soupçons sur certains reprĂ©sentants de la classe dirigeante valdĂ´taine de l’époque, Marie Nouchy et son mari acquièrent dĂ©finitivement la nationalitĂ© française en 1948[3]. Ă€ partir des annĂ©es 1960, ils alternent des sĂ©jours en VallĂ©e d’Aoste avec leur rĂ©sidence principale Ă , qu’ils ont fixĂ©e sur la CĂ´te d’Azur, Ă  Cagnes-sur-Mer, oĂą Marie Nouchy commence Ă  rĂ©diger son autobiographie : frappĂ©e par une grave maladie l’empĂŞchant d’écrire, elle continuera de la dicter Ă  une secrĂ©taire jusqu’à la veille de sa mort, survenue Ă  l'âge de 83 ans le .

Donat Nouchy (1922-2001)

NĂ© Ă  Saint-Marcel en 1922, prĂŞtre en 1946, en 1948 Donat Nouchy est nommĂ© curĂ©-prieur d’Arnad : il gardera cette charge jusqu’à 1990. Expert d’art, en 1950 il est Ă©lu membre de l’AcadĂ©mie Saint-Anselme. La mĂŞme annĂ©e il entreprend la restauration radicale de l’église paroissiale d'Arnad, avec l’appui de l’administration rĂ©gionale, dans le but d’en rĂ©cupĂ©rer les caractĂ©ristiques architecturales romanes, et rebâtit la cure et la maison rurale attenante. Il construit aussi la nouvelle chapelle de Clos-de-Barme en 1980 et en 1982 il restaure celles d’Échallod et d’Echallogne. Il est nommĂ© membre de la Commission diocĂ©saine pour l’art sacrĂ© de 1952 Ă  1969 et en 1974, du ComitĂ© diocĂ©sain pour l’émigration (comme dĂ©lĂ©guĂ© Ă©piscopal) l’annĂ©e suivante, du Conseil presbytĂ©ral en 1967 et en 1970, et de la Commission diocĂ©saine pour la pastorale de la famille en 1969. Dans son activitĂ© pastorale il faut signaler en particulier son attention vis-Ă -vis des jeunes, pour lesquels il fonde dès les annĂ©es 1940 l’association sportive « Il Quadrifoglio » (Le trèfle), et des ouvriers, qui sont nombreux dans la rĂ©alitĂ© socio-Ă©conomique de la Basse VallĂ©e ; dans les annĂ©es 1970 et 1980 il s’engage notamment dans la lutte contre la diffusion de la drogue. Amoureux depuis toujours de la VallĂ©e d’Aoste, de sa langue et de sa culture, ami et disciple du chanoine Joseph BrĂ©an, il frĂ©quente les milieux politiques rĂ©gionalistes et se lie d’amitiĂ© Ă  Conrad Gex, dont il devient le confident. Au dĂ©but des annĂ©es 1970 il soutient le mouvement des DĂ©mocrates Populaires et collabore Ă  son journal « Nouvelles ValdĂ´taines » ; après la rĂ©unification de l’Union valdĂ´taine, il se rapproche Ă  nouveau du mouvement, il participe Ă  plusieurs Congrès nationaux unionistes en qualitĂ© de non-adhĂ©rent et collabore Ă  la revue « Peuple ValdĂ´tain ». PĂŞcheur passionnĂ©, il assure la prĂ©sidence de l’Association ValdĂ´taine de la PĂŞche de 1978 Ă  1982. En 1990 il est nommĂ© chanoine de la cathĂ©drale d'Aoste, chancelier Ă©piscopal et aumĂ´nier du monastère des CarmĂ©lites de Quart. Responsable des archives du diocèse d'Aoste, il inventorie celles de la Curie Ă©piscopale et collabore avec les Archives historiques rĂ©gionales dans le projet de classement des archives paroissiales, tout en assurant son assistance aux chercheurs et aux Ă©tudiants qui les consultent. Tout au long de son activitĂ© pastorale, jusqu’à sa mort survenue en 2001, il Ă©crit de nombreux articles concernant les problèmes de la jeunesse, l’idĂ©ologie communiste, l’histoire valdĂ´taine et l’Église en VallĂ©e d’Aoste, publiĂ©s dans plusieurs journaux et notamment dans le bulletin inter-paroissial « Le RĂ©veil Â» et dans la revue du ComitĂ© des traditions valdĂ´taines « Le Flambeau Â». Son ouvrage principal est L'Ă©glise d'Arnad, Ă©ditĂ© en 1959.

Albert Milloz (1920-2005)

Le lieutenant Albert Milloz nĂ© Ă  Aoste le , fut l'un des plus actifs protagonistes des Ă©vĂ©nements liĂ©s au rattachement de la VallĂ©e d'Aoste Ă  la France et Ă  la requĂŞte de la garantie internationale. Il Ă©tait chef du groupe maquisard valdĂ´tain « Ruitor Â» qui avait Ă©tabli son cantonnement premièrement Ă  la caserne de Bellecombe, et ensuite au refuge Marguerite du Ruitor, sur les hauteurs de La Thuile. Il entreprit une coopĂ©ration Ă©troite avec les maquisards de la Haute Tarentaise qui se concrĂ©tisa entre autres dans une mission semi-officielle, pendant l'Ă©tĂ© 1944, dirigĂ©e par le capitaine Fasso (France) dont le but Ă©tait celui de tester les sentiments rattachistes des valdĂ´tains. Il fut blessĂ© par les Ă©clats d'un mortier lors d'un engagement avec des avant-postes allemands au Col du Mont, dans le haut Valgrisenche. Il s'engagea avec toutes ses Ă©nergies pour obtenir d’abord le plĂ©biscite, 20.000 signatures Ă  l'appui, et une fois le rĂŞve annexionniste brisĂ©, Ă  Ĺ“uvrer en faveur d'une garantie internationale que la Nouvelle-ZĂ©lande s'apprĂŞtait Ă  soutenir mais que les dirigeants valdĂ´tains de l'Ă©poque jugèrent mieux dĂ©daigner. Une fois la tempĂŞte passĂ©e, constatĂ© que la classe politique valdĂ´taine avait fait le choix de se mettre au service de Rome et avait vendu la francophonie pour une poignĂ©e d'argent, il refusa de regagner son pays bien-aimĂ©, plutĂ´t que d'assister Ă  son italianisation progressive. Il se fixe en France sur la CĂ´te d’Azur Ă  Cagnes-sur-Mer et en obtient sa naturalisation comme son Ă©pouse Marie Nouchy en 1948[4]. Il ne revient Ă  Aoste qu'après le dĂ©cès de cette dernière et y meurt en novembre 2005.

Alexandre Passerin d'Entrèves (1902-1985)

Provenant d'une très ancienne famille noble valdôtaine, fils d'Hector Passerin d'Entrèves et de Maria Gamba il nait à Turin le 26 avril 1902. Alexandre Passerin d'Entrèves et Courmayeur est nommé préfet au lendemain de la Libération, et s'employa aux côtés de Frédéric Chabod pour empêcher les démarches des partisans de l'annexion à la France. Il soutint l'intérêt pour la Vallée d'Aoste à jouir de l'autonomie sous la souveraineté de l'Italie. Membre du premier Conseil de la Vallée d'Aoste en 1946, il démissionna bientôt à cause de ses engagements universitaires. Revenu en Italie après un long enseignement à Oxford, il suivit de près l'évolution de la Vallée d'Aoste, avec un œil particulièrement attentif pour la culture et la défense du français, en leur consacrant à maintes reprises des articles dans le quotidien turinois La Stampa, qui ont été recueillis dans ses livres Scritti sulla Valle d'Aosta (Écrits sur la Vallée d'Aoste) et Les bornes du royaume. Il meurt le .

Mgr Jean-Joconde Stévenin (1865-1956)

Provenant d'une famille gabençoise d'origine allemande, il nait le , il peut ĂŞtre considĂ©rĂ© comme le « Don Sturzo Â» valdĂ´tain. Il fut en effet l'âme du Parti Populaire rĂ©gional, et contribua Ă  la diffusion de l'idĂ©al rĂ©gionaliste et de dĂ©centralisation administrative. Son esprit foncièrement autonomiste l'amena Ă  ĂŞtre, en 1945 encore, l'un des protagonistes principaux de l'autonomie valdĂ´taine. Il rĂ©digea l'un des premiers projets de Statut spĂ©cial.

Joseph-Marie Trèves (1874-1941)

Joseph-Marie Trèves est un prêtre catholique et résistant valdôtain connu sous le nom d'abbé Trèves. Il est notamment le fondateur du mouvement régionaliste La jeune Vallée d'Aoste. Son nom est étroitement lié au mouvement de résistance contre le régime fasciste en Vallée d'Aoste, qui visait à anéantir sa culture alpine et francophone.

Vincent Trèves (1922-2010)

Né à Châtillon le au village de Larianaz et adopté par une veuve de La Magdeleine, Vincent Trèves est bientôt confronté à une vie de travail et de sacrifices : petit berger, puis ouvrier de la Cogne, il parfait ses études en autodidacte. Sa fréquentation de l’Action Catholique le met en contact, en 1942, avec le chanoine Joseph Bréan (v. par. ci-dessus) et avec Émile Chanoux, qui jouent un rôle fondamental dans sa formation d’autonomiste et d’antifasciste. Il participe activement à la Résistance, en tant que commissaire politique de la Brigade « Marmore », et contribue à une action efficace de sensibilisation de la population locale vis-à-vis des valeurs de la liberté et de l’autonomie. À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, Trèves participe à la « Mission Mont-Blanc » du docteur Voisin, dans le but d’obtenir l’annexion de la Vallée d’Aoste à la France. Après l’échec de l’instance annexionniste et l’octroi des décrets du Lieutenant du Royaume instituant la circonscription autonome valdôtaine, il participe à la manifestation populaire du , à la suite de laquelle il est frappé d’un mandat d’arrêt et il est obligé de se réfugier à Paris, où il adopte la citoyenneté française. Avec d’autres réfugiés valdôtains, Marie Nouchy et Albert Milloz notamment, il œuvre pour obtenir, lors du Traité de Paix, la garantie internationale à l’autonomie valdôtaine : une démarche qui échoue dans des circonstances douteuses. Rentré en Vallée d’Aoste en 1947, il est arrêté et accusé d’attentat à l’intégrité de l’État, crime pouvant comporter la peine de mort. Incarcéré à Turin, il est libéré au bout de 15 mois, la cour d’Assises de Gênes ayant constaté le non-lieu en application du traité de paix avec la France. Embauché en 1950 au casino de Saint-Vincent comme croupier, en 1952 il pose sa candidature en tant que représentant de l’Union valdôtaine aux élections municipales de La Magdeleine, où il est nommé syndic de 1952 à 1956. Des propos qu’il exprime lors de la campagne électorale pour le renouveau du Conseil de la Vallée en 1954 attirent à nouveau l’attention de l’autorité judiciaire, qui l’accuse d’apologie de crime pour avoir revendiqué son passé de combattant pour la liberté de la Vallée d’Aoste. L’année suivante il est condamné par le tribunal d’Aoste à un an, quatre mois et 15 jours de prison. Resté sans travail, à sa sortie de prison il accepte des emplois temporaires, jusqu’à ce que, lors des élections pour la troisième législature régionale (1959/63), il est élu conseiller de la Vallée dans la liste de l’Union valdôtaine. En 1965, il recouvre son poste de croupier au casino de Saint-Vincent. En 1970 il est réélu syndic de La Magdeleine, où, entre autres, il réalise l’aqueduc intercommunal avec les administrations de Chamois et d’Antey-Saint-André, et il entreprend l’étude d’un plan d’aménagement général de la Commune, en respectant sa vocation agropastorale, avec une attention particulière à la restructuration et à la revitalisation des villages. Membre de l’Assemblée de la Communauté de Montagne « Marmore » en 1974, de 1975 à 1980 il en assure la présidence. Lors de sa présidence du consortium du ru Courtaud, reliant Saint-Vincent au haut val d'Ayas, il en réalise la restructuration. Son témoignage sur les années de la Résistance et de la lutte pour l’autonomie a fait l’objet d'une autobiographie Entre l’histoire et la vie, publiée en 1999. Vincent Trèves est décoré du titre de « Chevalier de l’Autonomie » en 2007, trois ans avant sa mort, survenue le à Aoste.

Maria Ida Viglino (1915-1985)

Née à Gignod le , Maria Ida Viglino vit ses premières années de formation en France à Paris où elle obtient en 1931, son Brevet d’enseignement primaire supérieur; c'est dans la capitale française quelle entre en contact avec les socialistes à l'époque du Front populaire. Elle retourne en Italie en 1939, et s'inscrit à la Faculté de mathématique de Turin. Professeur de mathématiques et proviseur dans les écoles de la Vallée d'Aoste. Elle prit part active à la Résistance et joua un rôle important après la Libération : elle fit partie de la délégation qui se rendit à Turin et à Milan en afin d'obtenir l'autonomie, en tant que président du Comité de Libération Nationale (C.N.L.) de la Vallée d'Aoste. Elle fut membre du premier Conseil de la Vallée d'Aoste en 1946, mais renonça bientôt à cette charge pour reprendre l'enseignement. Assesseur régional technique à l'instruction publique en 1953-54, et, après sa rentrée en politique, elle fut élue conseillère régionale en 1972. Le , elle fut nommée assesseur régional à l'instruction publique, charge qu'elle occupa jusqu'à 1983. Exemple d'administrateur honnête et consciencieux, elle s'employa d'une façon déterminante pour l'enseignement de la langue française à l'école et pour l'épanouissement de la culture valdôtaine jusqu'à sa mort le . Elle est inhumée à Bionaz.

Notes et références

  1. (it) « Cordoglio dell'Anpi per la morte dei partigiani Renzo Coquillard e Guerrino Venturella », aostasera.it,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. Acte de naissance n°70 du 1 juin 1885
  3. le 21/05/1948 J.O. 290247
  4. Naturalisation du 8/05/1948 par J.O. 18.805.47

Bibliographie

  • Joseph-CĂ©sar Perrin, « Le groupe valdĂ´tain d'action rĂ©gionaliste », Cahiers sur le particularisme valdĂ´tain, Aoste,‎
  • (it) Elio Riccarand, Fascismo e antifascismo in Valle d'Aosta. 1919-1936, Aoste,
  • (it) Robert Nicco, La Resistenza in Valle d'Aosta, Aoste,
  • (it + fr) Robert Nicco, Il percorso dell'autonomia. Le parcours de l'autonomie, Quart, Musumeci Ă©d.,
  • (it) Elio Riccarand, Storia della Valle d'Aosta contemporanea. 1919-1945, Aoste, Stylos,

Articles connexes

Liens externes

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