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Prolapsus génital

Le prolapsus génital (ou « descente d’organes » dans le langage courant) est un déplacement anormal d’un ou plusieurs organes du pelvis féminin vers le bas.

Prolapsus génital
Description de cette image, également commentée ci-après
Schéma d'évaluation des prolapsus pelviens selon le système Pelvic Organ Prolapse Quantification (POP–Q)[1]
Classification et ressources externes
CIM-10 N81.9
CIM-9 618.9
DiseasesDB 25265
eMedicine 276259
MeSH D056887

Wikipédia ne donne pas de conseils médicaux Mise en garde médicale

DĂ©finition

Le pelvis, ou « petit bassin » de la femme, contient quatre organes : La vessie en avant, l’utérus et le vagin au milieu, et le rectum en arrière. Le prolapsus génital (ou « descente d’organes » dans le langage courant) est un déplacement anormal, soit d’un seul organe, soit de deux organes, soit des trois organes du pelvis vers le bas, avec, éventuellement, l’issue de cet organe à l’extérieur, à travers l’orifice vulvaire ou à travers l'anus.

Les termes utilisés pour qualifier les différentes composantes d'un prolapsus sont les suivants :

  • cystocèle : prolapsus de la vessie ;
  • hystĂ©rocèle : prolapsus de l'utĂ©rus dans son ensemble ;
  • trachĂ©locèle : prolapsus du col utĂ©rin (par exemple chez une patiente ayant subi une hystĂ©rectomie subtotale (ablation du seul corps utĂ©rin en laissant en place le col) ;
  • rectocèle : descente du rectum dans le vagin ;
  • prolapsus rectal : descente du rectum Ă  travers l'anus ;
  • Ă©lytrocèle ou hĂ©drocèle : prolapsus du cul-de-sac de Douglas (partie la plus dĂ©clive du pĂ©ritoine pelvien) ;
  • entĂ©rocèle : prolapsus d'anses intestinales Ă  l'intĂ©rieur d'une Ă©lytrocèle ;
  • colpocèle : prolapsus du fond vaginal (par exemple chez une patiente ayant subi une hystĂ©rectomie totale). Ce terme est parfois utilisĂ© par excès pour qualifier des prolapsus de la paroi antĂ©rieure ou postĂ©rieure du vagin accompagnant une cystocèle ou une rectocèle (on parle alors de « colpocèle antĂ©rieure Â» ou de « colpocèle postĂ©rieure Â») ;
  • syndrome du pĂ©rinĂ©e descendant : descente anormale de l'ensemble du pĂ©rinĂ©e, Ă  la poussĂ©e abdominale.

La classification du prolapsus en fonction de son importance se fait classiquement en trois stades, dont la définition est clinique :

  • stade I : Prolapsus n'arrivant pas jusqu'Ă  l'orifice vulvaire.
  • stade II : Prolapsus arrivant jusqu'Ă  l'orifice vulvaire, mais ne le dĂ©passant pas.
  • stade III : Prolapsus dĂ©passant l'orifice vulvaire (on parle de « prolapsus extĂ©riorisĂ© Â»).

Le prolapsus génital peut parfois s’accompagner d’une incontinence urinaire, mais pas toujours (il peut y avoir effectivement une incontinence urinaire sans prolapsus génital, et un prolapsus génital sans incontinence urinaire, les deux phénomènes étant dus à des mécanismes différents). D’ailleurs, par des phénomènes complexes, certains prolapsus peuvent « masquer » une incontinence urinaire, qui ne va apparaître qu’après le traitement chirurgical du prolapsus.

Épidémiologie

Le prolapsus gĂ©nital est responsable d'un cinquième des indications de chirurgie gynĂ©cologique[2]. Son incidence annuelle, en Grande-Bretagne, est de 2 cas pour 1 000 femmes[3].

Causes

Les trois organes du pelvis sont maintenus Ă  leur place naturelle par deux moyens :

  • des moyens de suspension : essentiellement constituĂ©s par les ligaments qui tiennent ces organes, et par les fascias, sortes de ciments naturels qui solidarisent ces trois organes entre eux ;
  • des moyens de soutènement : essentiellement constituĂ©s par les muscles du pĂ©rinĂ©e (muscles releveurs de l'anus).

Un prolapsus génital va donc apparaître si ces moyens deviennent défaillants. Les causes les plus classiques en sont les suivantes :

  • la constipation, qui augmente la pression intra-abdominale, appliquĂ©e sur les structures du pelvis ;
  • la mĂ©nopause, et la carence en hormones qui en dĂ©coule (qui abĂ®me les fascias et dĂ©solidarise les organes entre eux) ;
  • le surpoids et l’obĂ©sitĂ© (qui provoque une pression trop importante de l'abdomen sur les organes du pelvis, et qui distend les ligaments) ;
  • des grossesses multiples ;
  • des troubles neurologiques : paraplĂ©gie, qui entraĂ®ne une dĂ©nervation du pelvis et un affaiblissement de ses muscles ;
  • l'âge, le risque doublant Ă  chaque dĂ©cennie Ă  partir d'un certain âge[4] ;
  • des accouchements difficiles (usage de forceps, par exemple), des accouchements de gros enfants (plus de 4 kg), qui abĂ®ment les muscles du pĂ©rinĂ©e. Ces derniers facteurs sont classiques mais n'ont cependant pas Ă©tĂ© prouvĂ©s[2] ;
  • Certains sports, comme le "step", qui entraĂ®nent de fortes pressions sur le pĂ©rinĂ©e.

Parfois, cependant, aucune cause évidente n’est retrouvée.

SymptĂ´mes

Les symptômes dépendent, en partie, de l'importance du prolapsus.

En fonction de la prédominance du prolapsus sur l’un des trois organes du pelvis, les symptômes ressentis sont les suivants :

  • en cas de prolapsus prĂ©dominant sur la vessie :
    une « boule » qui sort à l’avant du vagin. Une sensation de « pesanteur », de « poids » dans le bassin. L’impression de devoir forcer pour uriner (« dysurie »). L’impression de ne pas vider complètement sa vessie, et de devoir y retourner peu de temps après avoir uriné (« miction en deux temps »). La nécessité d’aller uriner trop souvent (« pollakiurie »). Des envies pressantes d’aller uriner (« impériosités »), voire des fuites d’urines « par impériosité ». Des infections urinaires à répétition ;
  • en cas de prolapsus prĂ©dominant sur l’utĂ©rus :
    une « boule rosâtre ou rougeâtre» qui sort par le vagin (il s’agit du col de l’utérus, souvent irrité). Une sensation de « pesanteur », de « poids » dans le bassin. Éventuellement : De petits saignements (si le col de l'utérus est très irrité) ;
  • en cas de prolapsus prĂ©dominant sur le rectum :
    une « boule » qui sort à l’arrière du vagin. Une sensation de « pesanteur », de « poids » dans le bassin. Une constipation, parfois importante. La nécessité de devoir « rentrer la boule avec le doigt » pour pouvoir déféquer. L’impression de ne pas avoir complètement vidé son rectum en allant à la selle. Et rarement : une incontinence aux selles.

Ces symptômes peuvent, bien entendu, être « mêlés » entre eux en cas de prolapsus touchant deux ou trois organes.

Évaluation

L'examen gynécologique est indispensable.

Il existe plusieurs échelles permettant d'en évaluer la sévérité. L'une des plus employée est celle de la Société Américaine de Gynécologie qui classe les prolapsus en 5 grades[5].

Traitement

Le traitement du prolapsus génital doit être précédé par un bilan de son retentissement, et par la recherche d'anomalies associées. Il conviendra par ailleurs de corriger certains facteurs favorisants : récupérer une compétence abdominale correcte (les pressions abdominales doivent être correctement orientées lors de la toux, des éternuements...), traiter une constipation, donner un traitement hormonal substitutif en post-ménopause...

Un prolapsus urinaire ou gĂ©nital relèvera, dans l'immense majoritĂ© des cas, d'un traitement chirurgical (quand le prolapsus est Ă  un stade avancĂ© (2e et 3e degrĂ©s)). Effectivement, la rĂ©Ă©ducation pĂ©rinĂ©ale peut parfois maintenir un prolapsus dĂ©butant mais une fois que le prolapsus est avancĂ© (c'est-Ă -dire quand il est du 3e degrĂ©), elle ne permet pas de rĂ©intĂ©grer les organes qui sont « descendus ». Il faut donc commencer la rĂ©Ă©ducation dès les premiers signes pour permettre de limiter la « descente Â» de ce prolapsus et peut-ĂŞtre Ă©viter l'opĂ©ration. Cette rĂ©Ă©ducation permet toutefois de rĂ©duire les symptĂ´mes[6] - [7]. Son efficacitĂ© sur le prolapsus lui-mĂŞme reste douteuse[8].

Le traitement chirurgical a pour but de remplacer les moyens de suspension (fascias, ligaments) ou les moyens de soutènement (muscles du périnée) devenus défaillants, et le plus souvent les deux. Il fait appel le plus souvent, à l’utilisation de « prothèses » synthétiques (c'est-à-dire artificielles, n’utilisant aucun produit d’origine animale ou humaine) qui ressemblent à des tissus tricotés (comme les « mailles d’un filet ») : ces prothèses servant à remplacer les fascias défaillants, ou à suspendre les organes « descendus » à des ligaments naturels solides. Toutefois, depuis 2013, la FDA a déconseillé les prothèses insérées par voie vaginale devant les résultats très décevants (absence de bénéfice clinique pour la patiente, taux de réinterventions pour récidive inchangé, douleurs et dyspareunie fréquentes en cas de rétractation de la prothèse, extériorisation de la prothèse à un an dans 10 % des cas)[9].

Ce traitement peut se faire selon trois voies chirurgicales différentes :

La simplicité technique, le taux de complications réputé moindre, et la durée d’intervention plus courte ont fait préférer, pour beaucoup d'écoles chirurgicales, la voie vaginale chez les femmes en ménopause ou en pré-ménopause (alors que la cœlioscopie ou la laparotomie sont plus souvent réservées aux femmes plus jeunes, en raison de la meilleure efficacité à long terme et de la meilleure résistance aux importants efforts physiques). La chirurgie peut être assistée par un robot[10].

En cas de refus de l'intervention ou de contre-indication de cette dernière, l'utilisation d'un pessaire peut être discutée. Elle consiste en la mise en place d'un dispositif dans le vagin destiné à maintenir les organes ptosés en place. Elle nécessite un suivi régulier.

Il n’y a pas de « traitement standard », et chaque cas est différent. Le choix de la technique est adapté à chaque patiente. Dans beaucoup de cas, une ablation de l’utérus (« hystérectomie ») est nécessaire, pour des raisons techniques. Dans tous les cas, une rééducation abdominale et périnéale est indispensable en post-chirurgie.


Notes et références

  1. (en) Persu C, Chapple CR, Cauni V, Gutue S, Geavlete P. « Pelvic Organ Prolapse Quantification System (POP-Q) - a new era in pelvic prolapse staging » J Med Life 2011;4(1):75-81. PMID 21505577.
  2. (en) Doshani A, Teo REC, Mayne CJ. « Uterine prolapse Â» BMJ 2007;335:819-823.
  3. (en) Mant J, Painter R, Vessey M. « Epidemiology of genital prolapse: observations from the Oxford family planning association study Â» Br J Obstet Gynaecol. 1997;104:579-85. DOI 10.1111/j.1471-0528.1997.tb11536.x.
  4. (en) Swift SE, Woodman P, O'Boyle A et al. « Pelvic organ support study (POSST): the distribution, clinical definition and epidemiology of pelvic organ support defects Â» Am J Obstet Gynecol. 2005;192:795-806.
  5. (en) Barber MD, Walters MD, Bump RC, « Association of the magnitude of pelvic organ prolapse and presence and severity of symptoms Â» The American Urogynecologic Society 24th Annual Scientific Meeting, 2003.
  6. (en) Wiegersma M, Panman CM, Kollen BJ, Berger MY, Lisman-Van Leeuwen Y, Dekker JH, « Effect of pelvic floor muscle training compared with watchful waiting in older women with symptomatic mild pelvic organ prolapse: randomised controlled trial in primary care Â» BMJ 2014;349:g7378.
  7. (en) Hagen S, Stark D, Glazener C et al. « Individualised pelvic floor muscle training in women with pelvic organ prolapse (POPPY): a multicentre randomized controlled trial Â» Lancet, 2013;383:796-806
  8. (en) Hagen S, Stark D, Maher C, Adams E. « Conservative management of pelvic organ prolapse in women Â» Cochrane Database Syst Rev. 2006;(4):CD003882.
  9. D. Raudrant, « Vers la disparition des prothèses par voie vaginale – ou, les recommandations de la FDA ne sont-elles pas valables en France ? », Gynécologie Obstétrique & Fertilité, vol. 41, no 3,‎ , p. 147–148 (DOI 10.1016/j.gyobfe.2013.01.002, lire en ligne, consulté le ).
  10. (en) Lee RK, Mottrie A, Payne CK, Waltregny D, « A review of the current status of laparoscopic and robot-assisted sacrocolpopexy for pelvic organ prolapse Â», Eur Urol. 2014;65:1128-37.
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