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Procès de Dachau

Le procès de Dachau est le premier procès de criminels de guerre conduit par l'armĂ©e des États-Unis dans la zone d'occupation amĂ©ricaine au tribunal militaire de Dachau. Le procès se dĂ©roula du au dans l'ancien camp de concentration de Dachau, transformĂ© fin en camp d'internement.

4 décembre 1945: la salle d'audience avec la table des juges ; c'est dans cette salle qu'eut lieu le procès de Dachau

Lors de ce procès, 40 personnes furent inculpĂ©es pour crime de guerre liĂ© au camp de concentration de Dachau et Ă  ses camps annexes. Ă€ l'issue du procès, les 40 accusĂ©s furent reconnus coupables. 36 condamnations Ă  mort furent prononcĂ©es, parmi lesquelles 28 furent exĂ©cutĂ©es. L'affaire est officiellement nommĂ©e United States of America vs. Martin Gottfried Weiss et al - Case 000-50-2.

En plus du procès principal de Dachau, 121 procès secondaires eurent lieu, s'appuyant sur le procès principal (Parent Case) ; on compte environ 500 accusĂ©s supplĂ©mentaires. Le procès principal de Dachau fut le premier dans le cadre du Tribunal militaire de Dachau et a donc servi de modèle aux suivants. D'autres procès principaux et secondaires contre le personnel d'autres camps de concentration durèrent jusqu'en 1948[1].

Contexte historique

Les corps de dĂ©tenus dans le train d'Ă©vacuation de Buchenwald arrivĂ© entre le et le

Alors que l'armĂ©e de terre des États-Unis continuait d'avancer sur le territoire du Troisième Reich dans la dernière phase de la Seconde Guerre mondiale, elle fut confrontĂ©e aux traces des crimes des camps de concentration sans y ĂŞtre prĂ©parĂ©e et parfois en pleine bataille. Les soins Ă  apporter aux « Muselmänner Â», ces dĂ©tenus pour la plupart dĂ©charnĂ©s, affamĂ©s et gravement malades, ainsi que l'ensevelissement des milliers de dĂ©tenus morts d'Ă©puisement ou fusillĂ©s durant les marches de la mort placèrent l'armĂ©e amĂ©ricaine devant une tâche difficile[2].

Peu avant la libĂ©ration du camp de concentration de Dachau le , les soldats amĂ©ricains avaient dĂ©jĂ  atteint les camps annexes comme le rĂ©seau de camps de Kaufering. Tout comme d'autres camps annexes, le KZ-Kommando Kaufering IV (de) avait Ă©tĂ© Ă©vacuĂ© avant le , date de l'arrivĂ©e de l'armĂ©e amĂ©ricaine. Au cours de la dissolution du camp, des soldats SS avaient incendiĂ© les baraques des dĂ©tenus. Les soldats amĂ©ricains trouvèrent quelque 360 corps Ă  Kaufering IV ; on ne sait pas si ces dĂ©tenus moururent brĂ»lĂ©s vifs ou avaient dĂ©jĂ  Ă©tĂ© tuĂ©s avant l'incendie[3]. Dans le camp principal, les soldats amĂ©ricains dĂ©couvrirent d'abord le train d'Ă©vacuation de Buchenwald (Evakuierungszug aus Buchenwald (de)), oĂą se trouvaient jusqu'Ă  2000 corps dans plus de 38 wagons. Ă€ l'intĂ©rieur du camp, ils dĂ©couvrirent Ă©galement de nombreux cadavres non inhumĂ©s. Ces crimes ainsi que d'autres, commis durant la phase finale de la guerre dans le camp de concentration de Dachau et ses camps annexes, firent Ă©normĂ©ment de victimes dans les dernières semaines de la guerre. MĂŞme après la libĂ©ration, plus de 2200 anciens dĂ©tenus moururent des conditions d'internement dans les camps ou du typhus, qui continua de sĂ©vir[4].

C'est dans ces circonstances et dans le cadre du War Crimes Program (de) (programme visant la mise en place de tribunaux de guerre) que les enquĂŞteurs amĂ©ricains commencèrent leurs recherches, dĂ©jĂ  Ă  partir du , afin de trouver les personnes responsables de ces crimes ; l'enquĂŞte dura jusqu'au . Cela permit de recueillir des preuves sous forme de tĂ©moignages, de pièces Ă  conviction et de photographies. Rapidement, de nombreux criminels furent arrĂŞtĂ©s et internĂ©s, comme Martin Gottfried Weiss, prĂ©dĂ©cesseur du dernier commandant du camp Eduard Weiter. Le compte-rendu d'enquĂŞte fut terminĂ© le et forma la base de la demande de mise en accusation, et donc du procès principal de Dachau[5].

Base légale et accusation

Les accusés au procès principal de Dachau le 15 novembre 1945

C'est la directive JCS 1023/10 qui constitue la base de l'accusation formulée le par le Comité des chefs d'état-major interarmées. Cette directive, qui fut ensuite remplacée par la loi no 10 du Conseil de contrôle (Kontrollratsgesetz Nr. 10 (de)) du , autorisait le Commandant en chef américain Dwight D. Eisenhower à mettre en place un tribunal militaire afin de juger les criminels de guerre sur les territoires allemands occupés par les États-Unis. D'autres textes réglementèrent les compétences, les faits incriminables négociables, le pouvoir des cas faisant jurisprudence et les droits des accusés lors des procès militaires.

L'acte d'accusation, établi le et présenté ensuite aux accusés, comprend deux chefs d'accusation principaux réunis sous le titre de « Violation des usages et des lois de la guerre ». Étaient contenus dans l'acte d'accusation les crimes de guerre commis entre début et fin au camp de concentration de Dachau et dans ses camps annexes contre les civils alliés et les prisonniers de guerre, alliés ou non. Dans un premier temps, seuls les crimes commis contre les citoyens des quatre puissances ou de leurs pays alliés furent poursuivis. Les crimes commis par des Allemands contre des victimes allemandes restèrent longtemps impunis et ne furent souvent jugés que plus tard devant des tribunaux allemands. Les accusés furent mis en examen pour avoir pris part, de manière illégale, délibérée et collective, à la maltraitance et au meurtre de civils et de prisonniers de guerre alliés. En plus de leur participation aux crimes de guerre du camp de concentration de Dachau figuraient dans l'acte d'accusation des actes d'abus leur étant imputés de façon individuelle[6].

Les prévenus se virent inculpés de projet commun (Common Design) comprenant une participation consentante à un système de meurtres, de maltraitance et de traitement inhumain et impliquant donc une présomption de culpabilité. L'accusation dut par conséquent fournir la preuve que « chaque accusé avait pleine conscience de ce système, qu'il savait ce qui arrivait aux détenus ; elle devait également prouver pour chaque cas que l'accusé soutenait le fonctionnement de ce système et son organisation par son comportement et ses actions et qu'il participait à ce fonctionnement »[7]. Si cette preuve était apportée, la fixation individuelle de la peine variait selon le type et l'ampleur de cette participation. Ce modèle juridique n'était pas courant dans le droit traditionnel européen puisque lors des procès des criminels de guerre des alliés, aucune preuve individuelle des faits ne devait être apportée dans le cas de la perpétration d'un délit[8].

À l'origine, 42 membres de l'ancienne administration du camp devaient figurer parmi les accusés lors du procès de Dachau. Mais Hans Aumeier et Hans Beier n'étant pas présents, l'acte d'accusation ne put leur être notifié et ils furent rayés de la liste des suspects au début du procès. Beier fut plus tard condamné à la peine de mort lors de l'un des procès annexes au procès de Dachau, mais la sentence fut ensuite commuée en une peine d'emprisonnement. Après son extradition vers la Pologne, Aumeier fut condamné à mort lors du procès d'Auschwitz et exécuté par pendaison en à Cracovie. Le groupe des 40 accusés restants était composé de 32 membres du personnel du camp, cinq médecins et trois kapos. Parmi les 32 membres du personnel du camp figuraient entre autres le commandant du camp Martin Gottfried Weiss, son adjoint Rudolf Suttrop, le directeur du département politique Johann Kick (de) ainsi que les chefs du camp de détention préventive et de rapport. Le groupe des médecins accusés était composé du médecin spécialisé en médecine tropicale Claus Schilling, de trois médecins du camp et d'un médecin des troupes. Les trois kapos occupaient des fonctions de direction dans de camp de concentration de Dachau. Mis à part les Autrichiens Fridolin Puhr (de) et Johann Schöpp (de), des Volksdeutsche de Roumanie, tous les autres accusés étaient de nationalité allemande[9].

Conduite du procès et prononcé du jugement

Le , le Capitaine John Barnet certifie, devant le procureur en chef William D. Denson, l'authenticitĂ© des photographies prises lors de la libĂ©ration du camp de concentration de Dachau.
Le mĂ©decin du camp Hans Eisele (en) suit l'Ă©noncĂ© des chefs d'accusation dont il fit l'objet le 17 novembre 1945.

La crĂ©ation d'un tribunal de guerre pour y conduire le procès de Dachau fut dĂ©crĂ©tĂ©e le par le quartier gĂ©nĂ©ral de l'armĂ©e de terre des États-Unis et dĂ©butĂ©e le . Le gĂ©nĂ©ral de division John M. Lentz prit la direction du tribunal militaire ; comme les sept juges siĂ©geant Ă  ses cĂ´tĂ©s, il portait un uniforme durant l'audience. L'accusation, sous le commandement du procureur en chef William D. Denson, Ă©tait composĂ©e de quatre officiers amĂ©ricains. La dĂ©fense des accusĂ©s fut assurĂ©e par cinq officiers amĂ©ricains et par le conseiller juridique (de) allemand Hans von Posern. Le procès se dĂ©roulant en anglais, des interprètes Ă©taient chargĂ©s d'assurer la communication en anglais et en allemand entre la cour et les accusĂ©s. Des observateurs du procès issus de pays alliĂ©s devaient prendre part Ă  l'audience[10].

« Nous allons démontrer, avec l'autorisation de la Cour, qu'un système d'extermination fut mis en œuvre à Dachau durant la période en question. Nous allons prouver que parmi les victimes de cette extermination planifiée figuraient des civiles et des détenus de guerre, des individus qui n'était pas prêts à se soumettre au joug du national-socialisme. Nous allons également prouver que ces êtres humains furent utilisés comme cobayes pour des expériences, furent affamés et devaient dans le même temps accomplir un travail plus difficile que ce que leur condition physique leur permettait ; que les conditions d'existence en vigueur menaient obligatoirement à la maladie ou à la mort. En outre, nous allons montrer que, alors que l'Allemagne prenait d'assaut l'Europe, ces être humains étaient soumis à un traitement absolument inhumain et que chacun de ces accusés était une pièce de cette machine à extermination. », William D. Denson, procureur en chef, discours d'ouverture le

Après l'ouverture du procès le Ă  10 heures dans l'ancien camp de concentration de Dachau, le procureur commença la prĂ©sentation de l'acte d'accusation. Les juges militaires Ă©tablirent ensuite la lĂ©gitimitĂ© de la cour et sa compĂ©tence jurisprudentielle concernant les accusĂ©s. La fin de la phase d'introduction du procès fut toutefois interrompue par trois demandes de jugement de rejet de la part de la dĂ©fense. Celle-ci contesta premièrement la compĂ©tence de la cour et Ă©mit deuxièmement une critique selon laquelle la pĂ©riode prĂ©sentĂ©e des crimes n'Ă©tait pas assez prĂ©cise. La troisième demande de jugement de rejet concernait le nombre restreint d'avocats de la dĂ©fense par rapport aux 40 accusĂ©s, ce qui aurait pu considĂ©rablement entraver l'Ă©laboration d'une stratĂ©gie de dĂ©fense efficace en cas de dĂ©position d'un accusĂ© potentiellement incriminante pour les coaccusĂ©s. Les trois demandes furent rejetĂ©es par le tribunal militaire. La compĂ©tence de la cour fur justifiĂ©e par le statut de criminels de guerre des accusĂ©s, qui ne devraient donc pas ĂŞtre traitĂ©s selon les règles en vigueur pour les prisonniers de guerre puisque les crimes avaient Ă©tĂ© commis avant leur mise en dĂ©tention. La deuxième demande fut rejetĂ©e selon le motif que les prĂ©venus n'Ă©taient pas accusĂ©s en premier lieu de faits isolĂ©s mais d'un crime continu commis de façon collective. C'est pour cette mĂŞme raison que la cour ne fit pas droit Ă  la demande de diviser le procès en procès individuels[10].

Le prĂ©sident fit ensuite la lecture de l'acte d'accusation et expliqua les droits des accusĂ©s durant le procès. Les accusĂ©s dĂ©clarèrent tous qu'ils plaideraient non coupable. Puis le procureur prĂ©senta les faits de son point de vue et les justifia Ă  l'aide de moyens de preuve. Parmi les 139 pièces Ă  conviction autorisĂ©es figuraient 60 photographies, les registres de dĂ©cès du camp de 1941 Ă  1942 ainsi que d'autres documents Ă  charge comme les procès-verbaux des dĂ©positions des accusĂ©s. Les 69 tĂ©moins Ă  charge Ă©taient d'anciens dĂ©tenus ou des officiers de l'armĂ©e de terre des États-Unis ayant participĂ© Ă  la libĂ©ration du camp de concentration de Dachau et Ă  la documentation des crimes s'y Ă©tant dĂ©roulĂ©s. Les officiers des forces armĂ©es des États-Unis firent leur dĂ©position en premier. Ils rendirent compte des corps dans le train d'Ă©vacuation de Buchenwald et des conditions catastrophiques dans le camp principal au moment de sa libĂ©ration. Les anciens dĂ©tenus dĂ©crivirent les conditions d'existence inhumaines dans le camp de concentration de Dachau, en particulier par rapport aux vĂŞtements, Ă  la nourriture, au logement, au travail forcĂ©, aux Ă©pidĂ©mies, aux expĂ©riences mĂ©dicales, aux sĂ©lections, aux exĂ©cutions, aux maltraitances et aux meurtres. En plus de la situation dans le camp principal, les conditions d'existence catastrophiques dans les camps satellites furent Ă©galement dĂ©taillĂ©es.

La défense étaya ensuite son point de vue sur la situation à l'aide de 93 témoins, dont les accusés, ainsi que 27 preuves à conviction autorisées. Tout comme l'accusation, la défense soumit les témoins à un interrogatoire contradictoire[5].

Les membres du personnel du camp figurant parmi les prĂ©venus Ă©taient accusĂ©s de maltraitance et une partie d'entre eux Ă©tait Ă©galement accusĂ©e du meurtre de dĂ©tenus ; un autre chef d'accusation rĂ©unissait l'implication dans les exĂ©cutions et les dĂ©lits relatifs Ă  l'Ă©vacuation du camp. Les mĂ©decins du camp et le personnel mĂ©dical se virent accusĂ©s d'avoir participĂ© aux exĂ©cutions en constatant le dĂ©cès des victimes et en participant, pour certains, Ă  la sĂ©lection, Ă  la maltraitance et au meurtre de dĂ©tenus. Les membres de la kommandantur Ă©taient accusĂ©s d'avoir Ă©tĂ© les principaux responsables de la situation catastrophique du camp et d'avoir ainsi rendu possible le système de meurtres, de maltraitance et de nĂ©gligence inhumaine. Deux des trois kapos Ă©taient accusĂ©s de maltraitance et de meurtre de dĂ©tenus. Un kapo Ă©tait accusĂ© d'avoir participĂ© Ă  des exĂ©cutions. Les accusĂ©s minimisèrent les faits, dirent n'avoir fait qu'obĂ©ir aux ordres ou nièrent avoir Ă©tĂ© prĂ©sents aux moments et sur les lieux des crimes[11].

Claus Schilling lors de sa déposition devant la cour le 7 décembre 1945

Claus Schilling, 74 ans et le plus âgĂ© des accusĂ©s du procès principal de Dachau, fit l'objet d'une attention particulière. Schilling, qui n'Ă©tait ni membre de la NSDAP ni SS, Ă©tait un docteur en mĂ©decine tropicale diplĂ´mĂ© et habilitĂ©. MĂ©decin de renom, Schilling avait Ă©tĂ© Ă©lève de Robert Koch et s'Ă©tait spĂ©cialisĂ© dans la recherche sur le paludisme Ă  partir de 1898. Il continua son travail de recherche mĂŞme après ĂŞtre devenu professeur Ă©mĂ©rite en 1936 et rĂ©ussit Ă  convaincre Heinrich Himmler de la nĂ©cessitĂ© pour la guerre de concevoir un vaccin contre le paludisme. Peu après, un centre d'expĂ©rimentation fut mis Ă  sa disposition dans le camp de concentration de Dachau pour la poursuite de son Ă©tude sur le paludisme. De Ă  dĂ©but , le paludisme fut dĂ©libĂ©rĂ©ment transmis Ă  un nombre de dĂ©tenus du camp variant entre 1000 et 1200 qui furent ensuite soignĂ©s Ă  l'aide de mĂ©dicaments Ă  titre expĂ©rimental. Les dĂ©tenus furent plus de 100, probablement mĂŞme près de 400, Ă  mourir des suites de cette sĂ©rie d'expĂ©riences[12].

Devant la cour, Schilling ne nia pas avoir effectuĂ© ces expĂ©riences. Il subordonna les souffrances des victimes de ses expĂ©riences Ă  un intĂ©rĂŞt plus grand pour la science. Il pria donc la cour de le laisser achever et mettre par Ă©crit sa sĂ©rie d'expĂ©riences. De plus, il dit n'avoir rien eu Ă  voir personnellement avec les Ă©vĂ©nements du reste du camp. Le tribunal militaire ne suivit pas Schilling dans ses arguments.

Dans son plaidoyer final, le procureur en chef Denson mit en évidence l'existence d'un crime continu dans le camp de concentration de Dachau. Selon lui, les accusés rendirent possible les crimes des camps de concentration qui s'y produisirent par leur participation et collaboration au système de Dachau et devraient donc tous être déclarés coupables. Les trois kapos accusés investis par les SS seraient également coresponsables par extension du fonctionnement du système de Dachau et devraient donc être jugés coupables. Denson n'admit pas l'argument utilisé par les accusés de n'avoir fait qu'obéir aux ordres puisque celui-ci ne déliait pas les accusés de leur responsabilité par rapport aux crimes de guerre commis. Denson ne trouva pas non plus de circonstances atténuantes aux prévenus et plaida donc pour un jugement sévère pour tous les accusés.

Les avocats de la défense attaquèrent ensuite le Common Design, puisque ce principe ne correspondrait pas à la tradition judiciaire européenne et aurait d'après eux été appliqué de manière très arbitraire au cas des accusés. Selon eux, la conduite du procès des 40 accusés ne serait possible que de cette manière étant donné que dans plusieurs cas, aucune preuve relative aux actes individuels n'avait pu être apportée. Même certains témoins à charge auraient indiqué, dans le cas de l'ancien commandant du camp Weiß, que les conditions se seraient sensiblement améliorées dans le camp de concentration de Dachau sous sa direction. De plus, certains témoignages partiellement faux auraient été admis devant la cour et le fait que certains accusées aient été affectés contre leur gré n'aurait pas été pris en considération. Globalement et selon la conclusion de l'avocat de la défense, les principaux responsables auraient été jugés lors du procès de Nuremberg contre les principaux criminels de guerre et le procès principal de Dachau ne serait motivé que par un esprit de représailles.

Le , le tribunal militaire représenté par son président rendit son verdict. 36 peines de mort, une peine d'emprisonnement à perpétuité et trois peines d'emprisonnement avec travaux forcés obligatoires furent prononcées. Dans les attendus du jugement, la cour rappela le caractère criminel des actes commis collectivement, ce qui rendrait nécessaire la condamnation de tous les accusés.

  • L'ancien dĂ©tenu Eugen Seybold identifie le Dr Fritz Hintermayer le 22 novembre 1945
    L'ancien détenu Eugen Seybold identifie le Dr Fritz Hintermayer le
  • Le prĂŞtre polonais Theodore Korcz (Ă  gauche) assistĂ© du procureur en chef Denson fait la lecture du protocole des expĂ©riences sur le paludisme le 22 novembre 1945
    Le prêtre polonais Theodore Korcz (à gauche) assisté du procureur en chef Denson fait la lecture du protocole des expériences sur le paludisme le
  • Wilhelm Wagner durant sa dĂ©position lors du procès principal de Dachau le 30 novembre 1945
    Wilhelm Wagner durant sa déposition lors du procès principal de Dachau le
  • L'ancien dĂ©tenu Helmuth Breiding identifie Friedrich Wetzel le 22 novembre 1945
    L'ancien détenu Helmuth Breiding identifie Friedrich Wetzel le
  • Friedrich Wetzel (Ă  droite) durant sa dĂ©position le 30 novembre 1945
    Friedrich Wetzel (à droite) durant sa déposition le
  • Friedrich Wetzel (de dos avec le numĂ©ro 40) lors du prononcĂ© du jugement le 13 dĂ©cembre 1945
    Friedrich Wetzel (de dos avec le numéro 40) lors du prononcé du jugement le

Les 40 condamnations en détail

Accusé Rang Fonction Actes d'abus Condamnation
Martin Gottfried Weiss Obersturmbannführer SS Commandant du camp de concentration de Dachau Peine de mort, exécuté le
Rudolf Suttrop Obersturmbannführer SS Adjoint du commandant du camp de Dachau Peine de mort, exécuté le
Michael Redwitz (de) Hauptsturmführer SS Chef de la détention de protection dans le camp de Dachau (Schutzhaft) Maltraitance de détenus Peine de mort, exécuté le
Friedrich Ruppert Obersturmbannführer SS Obersturmbannführer SS Maltraitance de détenus, implication dans des exécutions Peine de mort, exécuté le
Wilhelm Welter (de) Hauptscharführer SS Chef du service de travail obligatoire au camp de Dachau Maltraitance de détenus, implication dans des sélections Peine de mort, exécuté le
Josef Jarolin (de) Obersturmführer SS Chef de la détention de protection au camp de Dachau Maltraitance et meurtre de détenus Peine de mort, exécuté le
Franz Trenkle (de) Hauptscharführer SS Chef de rapport et chef suppléant de la détention de protection au camp de Dachau Maltraitance de détenus, implication dans des exécutions Peine de mort, exécuté le
Wilhelm Tempel (de) Scharführer SS Chef du service de travail obligatoire dans le camp de Dachau Maltraitance de détenus, ayant pu entraîner la mort Peine de mort, exécuté le
Engelbert Niedermeyer (de) Unterscharführer SS Chef de baraquement, affecté au Kommando du crématorium du camp de Dachau Maltraitance de détenus Peine de mort, exécuté le
Josef Seuß (de) Hauptscharführer SS Chef de rapport dans le camp de Dachau Maltraitance de détenus Peine de mort, exécuté le
Leonhard Eichberger (de) Hauptscharführer SS Chef de rapport dans le camp de Dachau Implication dans des exécutions Peine de mort, exécuté le
Alfred Kramer (de) Oberscharführer SS Chef du camp satellite de Dachau Kaufering No 1 Maltraitance de détenus, ayant pu entraîner la mort Peine de mort, exécuté le
Wilhelm Wagner (de) Hauptscharführer SS Chef de la blanchisserie des détenus dans le camp de Dachau Maltraitance de détenus, ayant pu entraîner la mort Peine de mort, exécuté le
Johann Kick (de) Obersturmführer SS Directeur du département politique dans le camp de Dachau Maltraitance de détenus Peine de mort, exécuté le
Vinzenz Schöttl Obersturmführer SS Commandant suppléant du réseau de camps satellites de Dachau Kaufering Maltraitance de détenus, meurtre d'un détenu Peine de mort, exécuté le
Fritz Hintermayer (de) Obersturmbannführer Premier médecin du camp de Dachau Meurtre de deux détenues enceintes par injection, préparation du meurtre de sept détenus atteints de maladies mentales, implication dans des exécutions par le constat du décès des victimes Peine de mort, exécuté le
Johann Kirsch (de) Hauptscharführer SS Chef du camp satellite de Dachau Kaufering No 1 Maltraitance de détenus, ayant pu entraîner la mort Peine de mort, exécuté le
Johann Eichelsdörfer (de) Capitaine de la Wehrmacht Chef des camps satellites de Dachau Kaufering No 4, 7 et 8 Maltraitance de détenus Peine de mort, exécuté le
Otto Förschner Sturmbannführer SS Commandant du réseau de camps satellites de Dachau Kaufering Maltraitance de détenus, meurtre d'un détenu Peine de mort, exécuté le
Walter Langleist Oberführer SS Commandant en chef de la garde dans le camp de Dachau, commandant du camp du Kommando satellite de Mühldorf Maltraitance de détenus, ayant pu entraîner la mort Peine de mort, exécuté le
Claus Schilling Médecin spécialisé en médecine tropicale Chef de l'expérience sur le paludisme dans le camp de Dachau Procédé des expériences sur le paludisme sur des détenus, ayant pu entraîner la mort Peine de mort, exécuté le
Arno Lippmann (de) Obersturmführer SS Chef des camps satellites de Dachau Kaufering No 2 et 7, chef de la détention de protection sous Michael Redwitz Maltraitance de détenus Peine de mort, exécuté le
Franz Böttger (de) Oberscharführer SS Chef du travail obligatoire et du rapport dans le camp de Dachau Maltraitance de détenus, meurtre d'un détenu, implication dans des exécutions Peine de mort, exécuté le
Otto Moll Hauptscharführer SS Division du travail dans les camps satellites de Kaufering Maltraitance de détenus, exécutions de détenus par arme à feu durant la marche d'évacuation Peine de mort, exécuté le
Anton Endres (de) Oberscharführer SS Grade SS du service de santé dans le camp de Dachau Maltraitance de détenus, meurtre d'un détenu par injection, implication dans deux exécutions Peine de mort, exécuté le
Simon Kiern (de) Hauptscharführer SS Chef de baraquement dans le camp de Dachau Maltraitance de détenus, meurtre d'un détenu, implication dans trois exécutions Peine de mort, exécuté le
Fritz Becher (de) Kapo Doyen du baraquement des prêtres Maltraitance de détenus, ayant pu entraîner la mort Peine de mort, exécuté le
Christof Knoll (de) Kapo Doyen de baraquement et kapo dans le camp de Dachau Maltraitance et meurtre de détenus Peine de mort, exécuté le
Hans Eisele (de) Hauptsturmführer SS Second médecin du camp de Dachau Participation aux exécutions par le constat du décès des victimes Peine de mort, réduite à une peine d'emprisonnement à perpétuité
Wilhelm Witteler (de) Sturmbannführer SS Premier médecin du camp de Dachau Participation aux exécutions par le constat du décès des victimes Peine de mort, réduite à une peine d'emprisonnement de vingt ans
Fridolin Puhr (de) Hauptsturmführer SS Médecin des troupes en chef dans le camp de Dachau Participation aux exécutions par le constat du décès des victimes Peine de mort, réduite à une peine d'emprisonnement de vingt ans
Otto Schultz (de) Untersturmführer SS Directeur de l'entreprise Deutsche Ausrüstungswerke à Dachau Maltraitance de détenus Peine de mort, réduite à une peine d'emprisonnement de vingt ans
Fritz Degelow (de) Sturmbannführer SS Commandant de la garde dans le camp de Dachau Chef d'un transport d'évacuation Peine de mort, réduite à une peine d'emprisonnement de dix ans
Emil Mahl Kapo Kapo dans le crématorium du camp de Dachau Implication dans des exécutions Peine de mort, réduite à une peine d'emprisonnement de dix ans
Sylvester Filleböck (de) Untersturmführer SS Officier de ravitaillement dans le camp de Dachau Peine de mort, réduite à une peine d'emprisonnement de dix ans
Friedrich Wetzel (de) Hauptsturmführer SS Chef de l'administration du camp de Dachau Peine de mort, réduite à une peine d'emprisonnement de dix ans
Peter Betz (de) Hauptscharführer SS Chef de rapport, chef de Kommando et affecté dans les bureaux de la kommandantur du camp Maltraitance de détenus Peine d'emprisonnement à perpétuité, réduite à une peine d'emprisonnement de quinze ans
Hugo Lausterer (de) ScharfĂĽhrer SS Chef de Kommando dans le camp satellite de Dachau Feldafing Peine d'emprisonnement de dix ans
Albin Gretsch (de) UnterscharfĂĽhrer SS Membre de la garde dans le camp de Dachau et dans les camps satellites Peine d'emprisonnement de dix ans
Johann Schöpp (en) Soldat SS Membre de la garde dans le camp de Dachau et le camp satellite de Dachau Feldafing Peine d'emprisonnement de dix ans réduite à une peine d'emprisonnement de cinq ans

Procédure de révision

Arthur Haulot, président du comité international des détenus de Dachau, déposa au nom du comité un recours en grâce pour les trois kapos condamnés à mort puisqu'ils étaient à la fois coupables et victimes et auraient donc dû être traités différemment des autres accusés[5].

Des recours en grâce furent déposés pour de nombreux autres accusés par les familles, amis, collègues ou même voisins. Ce fut le cas pour le docteur en médecine tropicale Claus Schilling, pour qui des recours en grâce furent déposés entre autres par des collègues des instituts Robert Koch, Bernhard Nocht et Kaiser Wilhelm. Les recours en grâce pour Schilling insistaient fortement sur sa renommée scientifique, ses mérites et son importance pour la science, son absence de prise de position politique et son comportement irréprochable. Schilling serait, d'après certains recours en grâce, un chercheur passionné qui n'avait pas volontairement prévu la mort de sujets lors des séries d'expériences mais qui, au contraire, n'avait que souhaité sauver des vies humaines.

« Sans aucune prise de position politique, il n'aimait que sa science, son violon et sa femme. », extrait d'un recours en grâce pour Claus Schilling

Lors de la procédure de révision, la défense demanda l'acquittement des accusés Mahl, Becher, Knoll, Schöpp, Gretsch, Lausterer, Betz, Suttrop, Puhr, Witteler et Eisele. À leur sens, aucune déposition réellement incriminante ni aucune preuve n'auraient été présentées contre ces accusés. De plus, les jugements contre les autres accusés seraient excessivement sévères[5].

Durant la procédure de révision, qui passa par deux instances de révision, l'implication personnelle des accusés dans le cadre d'un crime commis collectivement joua un très grand rôle. Après vérification des documents du procès et des arguments présentés par l'accusation et la défense, la majeure partie des jugements prononcés fut entérinée. La peine de mort du médecin du camp Eisele, qui fut plus tard également un des accusés du procès principal de Buchenwald, fut commuée en une peine d'emprisonnement à perpétuité. De la même façon, les peines de mort de Puhr et de Mahl furent commuées en peines d'emprisonnement et la peine d'emprisonnement de Schöpp fut réduite de cinq ans. Dans le cas de Mahl, sa disposition à témoigner ainsi que sa complicité plus faible que celle des deux autres kapos furent également prises en compte. On ne put pas prouver qu'Eisele avait été personnellement impliqué dans des actes de maltraitance ; l'amélioration des soins médicaux dans le camp ainsi que, dans le cas du médecin des troupes Puhr, le fait qu'il n'ait jamais été présent en personne dans le camp des détenus, furent pris en considération. La recommandation de réduire la peine de Schöpp de moitié fut justifiée par son enrôlement de force dans la Waffen-SS, par sa fonction insignifiante dans le camp en comparaison à celle des autres accusés et par le fait qu'il n'ait maltraité aucun détenu. Après la conclusion de la seconde instance de révision, les peines de mort de Witteler, Schulz, Degelow, Wetzel et Filleböck furent également commuées en peines d'emprisonnement. Ces derniers avaient certes occupé des fonctions importantes dans le camp mais se seraient efforcés d'y améliorer les conditions de différentes façons. Delegow aurait effectivement dirigé une marche d'évacuation, mais il aurait veillé au déroulement humain de la marche ; de plus, il n'aurait été présent personnellement que quelques jours dans le camp. Le commandant en chef des forces armées des États-Unis suivit les recommandations des deux instances de révision et confirma les autres jugements[10].

Exécution des jugements

Après le prononcé du jugement, les condamnés furent transférés dans différents établissements pénitentiaires, en grande partie dans la prison de Landsberg pour criminels de guerre. 28 des 36 condamnations à mort furent finalement exécutées par pendaison les 28 et dans la prison de Landsberg. Les exécutions eurent lieu à huis clos[10] - [5].

Les peines d'emprisonnement furent progressivement réduites à la suite de la procédure de révision et des recours en grâce. Au milieu des années 1950, tous les détenus jugés au procès de Dachau avaient été libérés, au moins avec sursis, pour bonne conduite, grâce à une amnistie ou pour des raisons de santé.

RĂ©actions et effets sur la population

"Rééducation": les habitants de la ville de Burgsteinfurt vont au cinéma, où sont projetées des images d'après la libération des camps de concentration de Bergen-Belsen et Buchenwald le 30 mai 1945. La police militaire britannique ainsi que des policiers allemands sont stationnés à l'entrée du cinéma.

Les jugements rendus dans le procès principal de Dachau furent les plus sévères de tous les procès de camps de concentration ayant eu lieu dans le cadre du Tribunal militaire de Dachau. Ceci est essentiellement dû au fait que le procès ait été conduit si peu de temps après la fin de la guerre et que les juges du tribunal militaire aient pu, sur place, se faire un image plutôt détaillée de la situation catastrophique après la libération du camp de Dachau.

Lors des procès suivants, les juges compĂ©tents ne pouvaient plus se rĂ©fĂ©rer Ă  cette expĂ©rience, qui avait jouĂ© un rĂ´le important dans la dĂ©cision du jugement[13]. De plus, durant la guerre froide, de nombreuses peines furent successivement commuĂ©es après avoir Ă©tĂ© reçues en appel et les prisonniers de Landsberg furent libĂ©rĂ©s de façon prĂ©maturĂ©e, les alliĂ©s de l'ouest voulant former une alliance avec l'Allemagne de l'Ouest[14].

Lors du procès principal de Dachau, tout comme lors des autres procès de camps de concentration tenus par les alliĂ©s, la sanction et l'expiation de droit des crimes nazis furent d'abord placĂ©es au premier plan. De plus, la population devait ĂŞtre informĂ©e des crimes nazis et le caractère criminel de ces actes de violence devait ĂŞtre clarifiĂ©. En outre, ces procès devaient permettre de mettre en place un processus de rĂ©flexion collective au sein de la population allemande afin d'Ă©tablir une culture de droit et dĂ©mocratique dans l'Allemagne d'après-guerre et, ainsi, dans la sociĂ©tĂ© allemande. Le fait symbolique que le procès ait lieu Ă  Dachau ainsi que le choc collectif des rapports et des images des crimes dans les camps de concentration produisirent un effet certain dans le sens de la rĂ©Ă©ducation dans l'Allemagne de l'immĂ©diat après-guerre, Ă©galement visible dans les mĂ©dias contemporains publiĂ©s Ă  l'Ă©poque. Le premier choc des atrocitĂ©s dans les camps de concentration fut suivi d'un mouvement collectif de dĂ©solidarisation d'avec les dĂ©tenus de Landsberg de la part d'une grande partie de la population[2]Hermann Göring et Heinrich Himmler furent rapidement dĂ©signĂ©s comme les principaux responsables des atrocitĂ©s des camps de concentration ; le fait de rejeter la faute sur eux pouvait prĂ©senter le danger d'une justice des vainqueurs subordonnĂ©e sur des personnes moins haut gradĂ©es. Cette subordination Ă©tait Ă©galement favorisĂ©e par le système juridique du Common Design, difficilement comprĂ©hensible en Allemagne, et par l'approbation et la participation Ă  un système criminel qui, a priori, rendait des verdicts de culpabilitĂ© mĂŞme sans preuve individuelle des faits. Les tribunaux militaires s'efforcèrent donc de prouver individuellement les dĂ©lits incriminant les accusĂ©s lors des procès de Dachau, ce qui fut effectivement possible dans la plupart des cas[1].

Les procès annexes de Dachau

Alexander Piorkowski dans le camp d'internement britannique à Westertimke près de Brême, le 16 mai 1945
La fiche de détenu de Sebastian Schmid, qui présente deux photos et ses empreintes digitales ; Schmid était l'un des accusés d'un procès annexe au procès principal de Dachau. Chauffeur et mécanicien en qualité de Unterscharführer SS au camp de Dachau, il fut condamné le 18 septembre 1947 à une peine d'emprisonnement à perpétuité pour maltraitance de détenus. En appel, sa peine fut commuée en une peine d'emprisonnement de dix ans. Les fiches de détenus furent mises en place pour tous les accusés des procès de Dachau.

121 procès annexes comptant environ 500 accusĂ©s supplĂ©mentaires vinrent s'ajouter au procès principal de Dachau du au . En raison du grand nombre de procès annexes, plusieurs procès furent parfois conduits parallèlement. Parmi les accusĂ©s figuraient quelques mĂ©decins de camp, quelques kapos et, en majoritĂ©, des membres du personnel du camp. Les procès annexes Ă©taient basĂ©s sur le procès principal de Dachau et furent donc conduits selon un format rĂ©duit. Ă€ l'inverse du procès principal, les procès annexes ne duraient rarement plus de quelques jours ; on y jugeait surtout des groupes de un Ă  neuf accusĂ©s SS de rang moins Ă©levĂ© ; les jugements concernaient pour la plupart des actes de maltraitance et des meurtres de prisonniers alliĂ©s commis dans le camp de Dachau et dans les camps satellites. En revanche, le procès de MĂĽhldorf contre le personnel du Kommando satellite de MĂĽhldorf fut conduit en tant que procès principal[5]. Trois des 121 procès annexes nĂ©cessitèrent une attention toute particulière puisqu'ils impliquaient un ancien commandant de camp et son adjudant, un mĂ©decin SS et un chef de rapport dont les condamnation Ă  mort prirent une ampleur nationale : 

  • Le procès contre Alex Piorkowski et Heinz Detmers (Case No. 000-50-2-23 US vs. Alex Piorkowski et al) conduit du 6 au Ă©tait dirigĂ© contre un ancien commandant du camp de concentration de Dachau et son adjudant. Piorkowski avait commandĂ© le camp de Dachau de Ă  fin et Detmers avait Ă©tĂ© son adjudant de 1940 Ă  . Comme les accusĂ©s du procès principal, ils Ă©taient tous deux inculpĂ©s de crime de guerre contre des civils alliĂ©s et des prisonniers de guerre et plaidèrent Ă©galement "non coupable" après la lecture de l'acte d'accusation, Piorkowski se vit accuser en particulier de certains actes survenus sous son commandement : exĂ©cutions de prisonniers de guerre soviĂ©tiques, expĂ©riences pseudo-mĂ©dicales sur des dĂ©tenus et maltraitance arbitraire allant au-delĂ  des châtiments prĂ©vus par la Lagerordnung. Detmers aurait Ă©galement prit part Ă  ces crimes dans le cadre des actes collectifs. Les deux accusĂ©s, qui suivirent les recommandations de leurs conseillers juridiques, ne se prononcèrent pas durant le procès mais furent dĂ©clarĂ©s coupables malgrĂ© le fort engagement de leur avocat amĂ©ricain. Après les procĂ©dures de rĂ©vision et les recours en grâce, la condamnation Ă  mort de Piorkowski fut maintenue mais la peine d'emprisonnement de quinze ans de Detmers fut rĂ©duite Ă  cinq ans. Detmers fut plus tard accusĂ© Ă  nouveau dans le procès principal de Nordhausen et Piorkowski fut exĂ©cutĂ© par pendaison le Ă  Landsberg. [15]
  • Le procès du mĂ©decin Rudolf Brachtel et du kapo Karl Zimmermann (Case No. 000-50-2-103 US vs. Rudolf Brachtel et al) fut conduit du au . Brachtel Ă©tait accusĂ© d'avoir, en tant qu'assistant temporaire de Claus Schilling, volontairement transmis le paludisme Ă  des dĂ©tenus et pratiquĂ© des ponctions du foie non nĂ©cessaires mĂ©dicalement. Kapo en chef de l'infirmerie, Zimmermann Ă©tait accusĂ© d'avoir maltraitĂ© et tuĂ© des dĂ©tenus d'une injection de phĂ©nol. Mais les charges contre Zimmermann, qui avait repris le poste de Josef Heiden, ne purent ĂŞtre maintenues. Finalement, les deux hommes furent dĂ©clarĂ©s non coupables[12].
  • Le procès de l'accusĂ© Georg Schallermair (Case No. 000-50-2-121 US vs. Georg Schallermair) fut conduit du 18 au . Schallermair Ă©tait inculpĂ© en tant qu'ancien chef de rapport du Kommando satellite de MĂĽhldorf ; en raison de sa position, il Ă©tait accusĂ© d'ĂŞtre coresponsable des conditions catastrophiques dans le Kommando. De plus, il fut avĂ©rĂ© qu'il avait battu des dĂ©tenus Ă  mort. Schallermair fut dĂ©clarĂ© coupable et condamnĂ© Ă  mort par pendaison le , jugement maintenu lors de la procĂ©dure de rĂ©vision[16]. Mais Ă  partir de 1950 se mit en place en RĂ©publique FĂ©dĂ©rale d'Allemagne une campagne pour l'abolition de la peine de mort, Ă  laquelle de hauts reprĂ©sentants sociĂ©taux et politiques prirent part. Ainsi, le ministre de la justice Thomas Dehler pria le prĂ©sident de la RĂ©publique fĂ©dĂ©rale Theodor Heuss de remettre un recours en grâce au gĂ©nĂ©ral Thomas T. Handy pour Schallermair et Hans-Theodor Schmidt, condamnĂ© Ă  mort dans le procès de Buchenwald. [17] Mais Handy, qui avait dĂ©jĂ  commuĂ© onze peines de mort en peines d'emprisonnement, refusa cette demande. Il justifia le cas de Schallermair de la façon suivante :

« Georg Schallermair était, en sa qualité de chef d'un Kommando, directement responsable des détenus du camp satellite de Dachau Mühldorf. Lui-même a battu de nombreux détenus de telle sorte qu'ils moururent de leurs blessures. Parmi les 300 êtres humains amenés au camp à l'automne 1944, seuls 72 étaient encore vivants quatre mois après. Chaque jour, il se rendait à la salle mortuaire avec un détenu dentiste afin d'arracher les dents en or des morts. Dans ce cas, il n'y a aucun fait ni aucun argument qui pourrait justifier la grâce d'une quelconque façon. »

Schallermair et Schmidt furent exĂ©cutĂ©s par pendaison le Ă  Landsberg avec Oswald Pohl et quatre autres dĂ©linquants non graciĂ©s. Il s'agit des dernières peines de mort exĂ©cutĂ©es Ă  Landsberg. [3]

Articles connexes

Bibliographie

  • Case No. 000-50-2 (US vs. Martin Gottfried Weiss et al) Tried 13 Dec. 45. (online, anglais, document PDF, 39 Mo)
  • Holger Lessing, Der erste Dachauer Prozess (1945/46). Nomos, Baden-Baden 1993, (ISBN 3-7890-2933-5).
  • Ludwig Eiber, Robert Sigl (Ă©dit.), Dachauer Prozesse – NS-Verbrechen vor amerikanischen Militärgerichten in Dachau 1945–1948. Wallstein, Göttingen 2007, (ISBN 978-3-8353-0167-2).
  • Ute Stiepani, Die Dachauer Prozesse und ihre Bedeutung im Rahmen der alliierten Strafverfolgung von NS-Verbrechen. Dans: Gerd R. Ueberschär: Die alliierten Prozesse gegen Kriegsverbrecher und Soldaten 1943–1952. Fischer, Francfort-sur-le-Main 1999, (ISBN 3-596-13589-3).
  • Robert Sigel, Im Interesse der Gerechtigkeit. Die Dachauer Kriegsverbrecherprozesse 1945–1948. Campus, Francfort-sur-le-Main 1992, (ISBN 3-593-34641-9).
  • Joshua M. Greene, Justice at Dachau – The Trials of an American Prosecutor. Broadway, 2003, (ISBN 978-0-7679-0879-5).
  • Martin Gruner, Verurteilt in Dachau. Der Prozess gegen den KZ-Kommandanten Alex Piorkowski vor einem US-Militärgericht. WiĂźner, Augsbourg 2008, (ISBN 978-3-89639-650-1).
  • Ernst Klee, Das Personenlexikon zum Dritten Reich: Wer war was vor und nach 1945. Fischer, Francfort sur le Main 2007, (ISBN 978-3-596-16048-8).

Notes et références

  1. Ute Stiepani, Die Dachauer Prozesse und ihre Bedeutung im Rahmen der alliierten Strafverfolgung von NS-Verbrechen, dans Gerd R. Ueberschär, Die alliierten Prozesse gegen Kriegsverbrecher und Soldaten 1943–1952, Frankfurt am Main, 1999, p. 229 ss.
  2. Katrin Greiser, Die Dachauer Buchenwaldprozesse – Anspruch und Wirklichkeit – Anspruch und Wirkung, dans Ludwig Eiber, Robert Sigl (Hrsg.), Dachauer Prozesse – NS-Verbrechen vor amerikanischen Militärgerichten in Dachau 1945–1948., Göttingen, 2007, p. 160-161.
  3. Wolfgang Benz, Barbara Distel (Ă©dit.)
  4. Stanislav ZámeÄŤnĂ­k, Das war Dachau..
  5. Robert Sigel: Im Interesse der Gerechtigkeit.
  6. Dachau-Hauptprozess, Case No. 000-50-2 (US vs. Martin Gottfried Weiss et al) Tried 13 Dec. 45, p. 3-4 ; Holger Lessing, Der erste Dachauer Prozess (1945/46) Baden-Baden, 1993, p. 83-84.
  7. Robert Sigel, Im Interesse der Gerechtigkeit. Die Dachauer Kriegsverbrecherprozesse 1945–1948, Frankfurt am Main, 1992, p. 44.
  8. Florian Freund, Der Dachauer Mauthausenprozess, dans Dokumentationsarchiv des österreichischen Widerstandes, Jahrbuch 2001, Wien, 2001, p. 35–66.
  9. Holger Lessing, Der erste Dachauer Prozess (1945/46), Baden-Baden, 1993, p. 91-92.
  10. Holger Lessing: Der erste Dachauer Prozess (1945/46).
  11. Procès principal de Dachau: Case No. 000-50-2 (US vs.
  12. Michael Bryant: Die US-amerikanischen Militärgerichtsprozesse gegen SS-Personal, Ă„rzte, und Kapos des KZ Dachau 1945–1948. Dans
  13. Michael Bryant: Die US-amerikanischen Militärgerichtsprozesse gegen SS-Personal, Ă„rzte, und Kapos des KZ Dachau 1945–1948. Dans: Ludwig Eiber, Robert Sigl (Ă©dit.
  14. Norbert Frei: Vergangenheitspolitik.
  15. Martin Gruner: Verurteilt in Dachau.
  16. Review and Recommendations du Deputy Judge Advocate's Office du War Crimes Group du 7
  17. Jens Bisky: Zwei Klassen von Menschen, dans: Berliner Zeitung du 8 mars

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