Otto Moll
Otto Moll né le à Hohen Schönberg (Grand-duché de Mecklembourg-Schwerin) mort le à la prison de Landsberg est un sous-officier SS Hauptscharführer affecté entre 1944 et au secteur des krematoriums d'Auschwitz-Birkenau.
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(à 31 ans) Landsberg am Lech |
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Nuremberg Court Prison (d) () |
Dans le livre Des Voix sous la cendre (textes rédigés en Yiddish par Gradowsky, Lewental et Langfus, retrouvés enterrés après guerre près des ruines des Krematoriums) Yakov Garrai, un juif de Salonique survivant du Sonderkommando des Bunkers 1 et 2 (« la maison rouge » et « la maison blanche ») et du Krematorium II à partir du 12 mai 1944, décrit Otto Moll comme un fou sadique d'une cruauté sans bornes.
Surnommé « L'Ange de la Mort » à cause de la blouse blanche de médecin qu'il avait coutume de revêtir sur son uniforme SS lorsqu'il arrivait aux Kremas juché sur sa moto, Otto Moll était la terreur des membres de tous les Sonderkommandos.
Venu du camp de Gleiwitz I, il est nommé comme responsable en chef des Bunkers 1 et 2 et des quatre Krematoriums de Birkenau à partir du 5 mai 1944, en remplacement de Peter Voss puis d'Erich Muhsfeldt. Il a assassiné plusieurs milliers de personnes de sa propre main.
A partir du 6 septembre 1944, Erich Muhsfeldt reprend sa place, et Otto Moll est chargé par Rudolf Höss d'établir un plan visant à faire disparaître toute trace des assassinats ayant eu lieu à Birkenau entre 1942 et 1945 (le Krematorium V étant le dernier bâtiment à servir encore de lieu d'exécution jusqu'en janvier 1945).
Yakov Garrai raconte la fois où Moll a exécuté plus de 250 « musulmans » (un terme du vocabulaire des camps désignant des déportés hommes ou femmes arrivés au dernier degré d'épuisement) arrivés du ghetto de Lodz en août 1944, dans la salle de déshabillage du Krematorium II, d'abord à l'aide d'un tisonnier, puis d'un fusil.
Les innombrables crimes imputables à Otto Moll, de même que sa violence bestiale, sont également décrits dans l'ouvrage rédigé par Shlomo Venezia sur les Sonderkommandos, un autre survivant arrivé à Auschwitz-Birkenau en même temps que Yakov Garrai.
Comme l'explique ce dernier : « Otto Moll n'avait rien d'humain. Pour lui, le meurtre était un jeu d'enfant. Il venait, sortait son pistolet et tirait sur n'importe qui. Moll, c'était le pire de tous... ».
Zalmen Lewental, membre du Sonderkommando et tué lors de la révolte du 7 octobre 1944, surnommait Otto Moll « le meurtrier mondial ».
Dans son manuscrit Des Voix dans la nuit, issu des rouleaux rédigés en yiddish et enfouis près des Krematoriums, Lejb Langfus décrivait également Otto Moll et ses nombreux actes de cruauté, particulièrement ses « jeux » sadiques envers les enfants. Il notait que « son stratagème de prédilection consistait à créer une agitation folle [parmi les enfants] afin que leur panique soit totale ».
Yakov Garraï raconte encore : « Jacques Benbenishti était peintre. Otto Moll l'avait fait venir dans sa maison afin qu'il peigne quelques tableaux. Dès qu'il a ramené Jacques au camp, il l'a exécuté. »
Alors qu'Otto Moll a été pendu en mai 1946 à Landsberg am Lech à la suite de son procès, Yakov Gabbaï raconte pourtant qu'il aurait été capturé par les Russes, puis « mis en pièces » (sic) par des prisonniers.
Cette fin semble davantage relever d'un souhait de vengeance que de la réalité, même si aucune photo montrant sa dépouille n'a été publiée à la suite de son exécution (comme cela fut le cas pour les condamnés à mort du Procès de Nuremberg).
Biographie
Il entre à la SS en . Il intègre en 1940 le personnel des camps de concentration, d'abord à Sachsenhausen, puis à Auschwitz-Birkenau à partir de . En 1942, il est responsable des bunkers 1 et 2 (deux chaumières aménagées en chambres à gaz au printemps 1942). Il est ensuite Lagerführer dans les sous-camps de Fürstengrube et Gleiwitz 1, puis en , pendant la période de la déportation des Juifs hongrois, il est rappelé à Auschwitz-Birkenau pour être chef des krematoriums (K2 à K5). À l'évacuation du camp en , il est transféré au Camp de concentration de Dachau puis à Ravensbrück. Arrêté par les alliés, il est jugé par un tribunal militaire américain en , condamné à mort pour crimes de guerre puis pendu à la prison de Landsberg en .
Otto Moll laisse, selon les témoignages de déportés survivants, le souvenir d'un homme d'une cruauté et d'un sadisme très marqués. Les membres du Sonderkommando d'Auschwitz l'avaient surnommé « Malakh Hamoves » (L'ange de la mort en yiddish)[1].
Notes et références
- Shlomo Venezia et Béatrice Prasquier (trad. de l'italien, préf. Simone Veil ;), Sonderkommando : dans l'enfer des chambres à gaz, Paris, Librairie générale française, coll. « Le livre de poche » (no 31526), , 249 p. (ISBN 978-2-253-12891-5, OCLC 1000091079), p. 88