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Prix Michelin d'aviation

Le Prix Michelin d'aviation est une rĂ©compense de 100 000 francs attribuĂ©e au premier aviateur rĂ©alisant un vol Paris/sommet du Puy de DĂ´me en faisant le tour de la cathĂ©drale de Clermont-Ferrand en moins de 6 heures Ă  bord d'un aĂ©ronef avec deux occupants. Ce prix a Ă©tĂ© proposĂ© par les frères Michelin, Édouard et AndrĂ©, le . Le prix a Ă©tĂ© remportĂ© par Eugène Renaux accompagnĂ© d'Albert Senouque qui ont posĂ© leur biplan Maurice Farman Ă  moteur Renault le Ă  14 h 23, après 5 h 10 de vol.

Le règlement

« Ce prix sera attribuĂ© au pilote du premier appareil Ă  deux places occupĂ©es qui Ă©tablira, avant le , le record suivant, rĂ©gulièrement homologuĂ© : s'envoler d'un point quelconque des dĂ©partements de la Seine ou de Seine-et-Oise, passer au-dessus du parc de l'AĂ©ro-Club de France, voler jusqu'Ă  Clermont-Ferrand, virer autour de la cathĂ©drale en la laissant Ă  droite et Ă  une distance d'environ 1 300 mètres, puis venir se poser au sommet du Puy-de-DĂ´me, dans la zone dĂ©limitĂ©e par la dernière branche du chemin de fer. Le parcours devra ĂŞtre effectuĂ© dans un dĂ©lai moindre de six heures, temps chronomĂ©trĂ© du passage au-dessus de l'AĂ©ro-Club de France Ă  l'atterrissage au sommet du Puy-de-DĂ´me[1]. »

Contexte

Au , au moment de la création de prix, le record de durée de vol établi par Henry Farman n'est que de 1 min 28 s, ce qui explique l'accueil railleur de la presse à l'annonce de la création du prix Michelin d'aviation, L'Aurore titrant par exemple « Paris-Clermont en avion, la bonne blague[2] ! »

Tentatives avortées

La tentative de Weymann et Fay

Weymann et Fay, avant leur tentative, Grand prix Michelin 1910.

En , Charles Weymann et Manuel Fay effectuent la première tentative Ă  bord d'un biplan Farman[3]. DĂ©collĂ©s de Buc, ils sont gĂŞnĂ©s par la brume Ă  partir de Nevers et s'Ă©garent : lorsqu'ils retrouvent leur chemin près de Volvic Ă  seulement 15 km du but, le dĂ©lai de 6 h fixĂ© par le règlement est dĂ©passĂ©[4]. Ils sont obligĂ©s d'atterrir dans le hameau d'Égaules. Cette expĂ©dition aĂ©rienne est un exploit, prĂ©sentĂ© comme tel par la presse spĂ©cialisĂ©e[5] et mentionnĂ© dans la presse quotidienne[4] - [6].

La tentative des frères Morane

Fin , Robert Morane vient dans la région de Clermont-Ferrand pour reconnaître le « minuscule terrain d’atterrissage »[7]. Le , Robert et Léon Morane effectuent la deuxième tentative au départ d'Issy-les-Moulineaux[4]. Après avoir longuement fait chauffer le moteur 100 H P 4 cylindres de leur monoplan Blériot, ils décollent et passent à la verticale du parc de l'Aéro-club de France à 9 h 48 min 33 s, ce qui lance le chronométrage officiel. Ils s'écrasent en route près de Boissy-Saint-Léger, blessant grièvement ses occupants[3] : Léon a une jambe cassée et Robert souffre de contusions internes[8].

  • LĂ©on et Robert Morane, mise en route du moteur avant la tentative.
    LĂ©on et Robert Morane, mise en route du moteur avant la tentative.
  • LĂ©on et Robert Morane avant le dĂ©part.
    Léon et Robert Morane avant le départ.
  • LĂ©on et Robert Morane au dĂ©collage pour leur tentative.
    Léon et Robert Morane au décollage pour leur tentative.

Cet accident conduit André Michelin le à rajouter aux conditions d'obtention du prix que l'aéronef à l'arrivée ne soit pas brisé, afin d'obliger les concurrents à utiliser des aéronefs susceptibles d'atterrir en douceur[9].

La tentative réussie d'Eugène Renaux et Albert Senouque

Eugène Renaux et Albert Senouque avant le départ, Prix Michelin d'Aviation 1911

Le , Eugène Renaux et son passager Albert Senouque remportent le prix[10] en réalisant le vol en 5 h 10 min, ravitaillement compris[11].

Préparation du vol

Au matin du , Eugène Renaux se rend dans un garage de Paris en compagnie de Maurice Farman du commissaire et du chronométreur officiel afin de faire le point sur les conditions météorologiques sur le parcours[12]. Le règlement imposant de démarrer le chronomètre en vol à la verticale du parc de l'Aéro-Club de France, près de Saint-Cloud, Renaux se rend ensuite à l'aérodrome Maurice Farman, à Buc, où son aéronef, un biplan Farman[11] muni d'un moteur Renault, l'attend. À 9 h 12, Eugène Renaux et son passager Albert Senouque, survolent le parc : le chronomètre est déclenché. Pour remporter le Prix, il devront se poser au sommet du Puy de Dôme avant 15 h 12[13].

Le vol et les ravitaillements

Ă€ 10 h 18, ils passent au-dessus de Montargis.

À 11 h 53, Renaux et Senouque se posent sur l'aérodrome des Peupliers, près de Nevers pour se ravitailler. Une foule importante les y attend, et pendant que Senouque fait le plein, Renaux en profite pour s'alimenter. Ils redécollent à 12 h 7[11].

À 13 h 20, ils survolent Moulins où la foule s'est amassée sur les quais de l'Allier pour les voir passer.

Après avoir survolé Gannat, ils enroulent la cathédrale de Clermont-Ferrand à 14 h 10, comme le stipule le règlement, les cloches de la cathédrale et les sirènes de l'usine Michelin retentissant spécialement pour l'occasion[14].

L'arrivée

Arrivée d'Eugène Renaux et Albert Senouque sur le Puy de Dôme.

Renaux et Senouque se posent en douceur au sommet du Puy de DĂ´me Ă  14 h 23, soit 5 h 10 min après la verticale de l'AĂ©ro-club de France, en ayant survolĂ© la cathĂ©drale de Clermont-Ferrand au passage : toutes les exigences Ă©tant remplies, ils remportent le Prix Michelin d'aviation et les 100 000 francs promis aux vainqueurs[4].

Commémoration

Stèle au sommet du Puy de Dôme rappelant l'exploit d'Eugène Renaux.

Une stèle de Raoul Mabru est inaugurée le [15] sur le sommet du Puy de Dôme, à l'endroit où Eugène Renaux et Albert Senouque se sont posés.

Pour célébrer le centenaire de l'évènement, L'Aventure Michelin, musée consacré à l'histoire du groupe Michelin, a présenté en une exposition itinérante sur le sujet[16].

Références

  1. Grand Prix Michelin de 100 000 francs, règlement, illustration d'un communiqué de presse Michelin.
  2. L'Aurore, .
  3. Champeaux 2006, p. 56.
  4. Le Petit Parisien, .
  5. Manuel Fay, « De Paris à Clermont par les airs. Impressions d'un passager », La Vie au grand air: revue illustrée de tous les sports,‎ , p. 683-687 (lire en ligne)
  6. « L'aviation. De Paris au Puy de Dôme », Le Patriote des Pyrénées,‎ (lire en ligne)
  7. Armand Sauzet, « Un cinquantenaire: Eugène Renaux et Albert Senouque remportent le 7 mars 1911 le Grand Prix Michelin Paris Puy de Dôme », Royal Journal, no 79,‎ , p. 3
  8. « Collection Jules Beau, p. 16-17 », sur Gallica (consulté le ).
  9. Champeaux 2006, p. 58.
  10. Annie Moulin-Bourret 1997, p. 96.
  11. La Revue AĂ©rienne no 59 - 25 mars 1911
  12. Interview d'Eugène Renaux sur Radio Cité, Encyclopédie sonore de l'aviation, 1936.
  13. Le Petit Parisien, no 12548, 8 mars 1911.
  14. Champeaux 2006, p. 59.
  15. L'Aérophile - août 1923.
  16. L'aventure Michelin

Bibliographie

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